Le Français Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa, a été licencié mercredi par l’instance suprême du football, après avoir déjà été relevé de ses fonctions en raison de sa mise en cause dans une affaire de revente de billets au marché noir, a indiqué la Fifa.
Valcke, ancien bras droit du président Joseph Blatter lui-même suspendu pour 8 ans, avait été relevé de ses fonctions le 17 septembre. Le Français risque une suspension de 9 ans de toute activité liée au football. En plus des 9 ans de suspension requis le 5 janvier, la justice interne de la Fifa avait réclamé contre l’ex-N2 une amende de 100 000 francs suisses (92 165 euros). Le juge instructeur de la Fifa avait également demandé que sa suspension provisoire de 90 jours infligée le 8 octobre soit prolongée le 5 janvier de 45 jours. Cette suspension est donc toujours en vigueur et va au-delà de son poste de secrétaire général, puisqu’elle lui interdit toute activité liée au ballon rond.
Le Français est accusé d’avoir violé plusieurs articles du code d’éthique de la Fifa, en se rendant coupable notamment de conflit d’intérêts, d’avoir offert ou accepté des cadeaux et autres avantages ou d’avoir refusé de collaborer, selon la justice interne de la Fifa. La chambre d’instruction de la commission d’éthique de la Fifa «a choisi d’ignorer la conduite exemplaire de Jérôme Valcke et ses extraordinaires contributions durant son long mandat de secrétaire général», avait protesté le 5 janvier Harry Berke, l’avocat américain de Valcke, dans un communiqué transmis à l’AFP. L’ancien journaliste de Canal+ avait été relevé de ses fonctions «jusqu’à nouvel ordre» le 17 septembre suite à sa mise en cause par la presse anglaise.
Les médias britanniques avaient fait état d’un système qui aurait permis au Français de recevoir des commissions dans le cadre d’une opération de revente sur le marché noir de milliers de places lors de la dernière Coupe du monde au Brésil, en 2014.
Déjà écarté
Ces accusations se basent sur des courriers électroniques livrés en septembre à la presse par Benny Alon, ancien joueur professionnel israélien et consultant pour la société JB Sports Marketing. Valcke, via un communiqué de son avocat, avait alors vigoureusement nié mi-septembre «les allégations fabriquées et outrageuses». La Fifa, sur demande de la justice suisse, a ensuite transmis les courriers électroniques de Valcke au bureau du procureur général suisse.
Ancien directeur du marketing, déjà écarté de la Fifa en décembre 2006 lors de l’affaire Visa/MasterCard -litige entre la Fifa et deux de ses principaux sponsors- avant d’être rappelé et promu six mois plus tard par Blatter, Valcke avait déjà été mis en cause en juin dans un transfert de 10 millions de dollars de l’Afrique du Sud vers un compte du sulfureux Jack Warner, un des anciens vice-présidents de la Fifa. Depuis sa suspension, la chambre d’instruction de la commission d’éthique s’est aussi intéressée aux nombreux déplacements en jet privé de son secrétaire général, selon une source proche de la Fifa.
Son limogeage est un épisode supplémentaire dans la plus grave crise qu’ait connue la Fifa dans son histoire, entre procédures judiciaires suisse et américaine sur fond de corruption à grande échelle et vague d’arrestations de hauts dignitaires. Le président démissionnaire de la Fifa Joseph Blatter et le président de l’UEFA Michel Platini ont eux été suspendus le 21 décembre pour 8 ans de toute activité liée au football. Platini a déposé un appel, Blatter veut le faire. Mais les instructeurs de la Fifa, considérant cette sanction trop légère, eux qui réclamaient la radiation à vie contre ces deux hommes, ont également fait appel pour tenter d’obtenir une suspension plus sévère.