L’information avait été éventée par plusieurs médias espagnols, lundi 4 janvier, en milieu d’après-midi. La nomination de Zinédine Zidane comme entraîneur du Real Madrid a été officialisée par le président du club, Florentino Pérez, lors d’une conférence de presse organisée au stade Santiago Bernabéu dans la soirée. Zidane a brièvement pris la parole pour dire :
« Je veux remercier le club de m’offrir la possibilité d’entraîner (....) le meilleur club du monde. Je vais tenter d’y mettre tout mon coeur.Je crois que tout va bien se passer ».
A la tête de la « Castilla », l’équipe réserve du Real, depuis l’été 2014, l’ancien numéro 10 des Bleus et ancien milieu de la « Casa blanca » (231 matchs au compteur entre 2001 et 2006) remplace l’Ibère Rafael Benitez, en poste depuis juin 2015.
La désignation du « sphinx » Zidane, 43 ans, a été décidée lors d’une réunion d’urgence organisée par la direction du club. Elle fait suite au match nul (2-2) concédé par les Merengue contre Valence, dimanche 3 janvier. Premier Français à occuper cette fonction au Real, le Marseillais prend les rênes d’une phalange classée troisième de Liga, à quatre points derrière son frère ennemi de l’Atlético, surprenant leader du championnat, et deux longueurs du FC Barcelone, qui avait humilié le Real 4-0 au Bernabeu le 21 novembre.
Alors que les Galactiques ont changé vingt fois d’entraîneur en vingt ans, Zidane hérite d’un effectif traumatisé par une année 2015 sans titre et une litanie de scandales (affaire de la sextape de l’attaquant français Karim Benzema, élimination en Coupe du roi pour une erreur administrative). En prenant les commandes du club le plus titré (dix Ligues des champions) et le plus riche d’Europe depuis une décennie (549,5 millions d’euros de revenus à l’issue de la saison 2013-2014), le quadragénaire relève un défi de taille, lui qui gravite au sein de l’organigramme du Real depuis 2009. Soit trois ans après l’arrêt de sa carrière, ponctuée par un fameux coup de boule asséné à l’Italien Marco Materazzi, et une expulsion en finale du Mondial 2006.
Ambassadeur du club
<figure class="illustration_haut " style="width: 534px"></figure>
Ambassadeur du club, conseiller de Florentino Pérez, puis éphémère directeur sportif des Galactiques (2011-2012), « Zizou » était devenu l’adjoint de l’entraîneur italien Carlo Ancelotti en juin 2013. Après le règne tumultueux et infécond (2010-2013) du Portugais José Mourinho, la nomination du technicien italien et de son illustre adjoint avait représenté un signal d’apaisement à destination de la communauté « madridiste ».
« Avec son histoire personnelle, sa tranquillité, son intelligence, Zidane aurait pu choisir n’importe quel poste, sur le banc ou dans les bureaux », assurait en juin 2013 le Brésilien Roberto Carlos, ex-défenseur du Real (1996-2007). Du Marseillais, qui avait permis à sa formation, d’une reprise de volée fabuleuse, de remporter en 2002 son neuvième titre en Ligue des champions, les supporteurs conservent l’image d’un sportif resté loyal envers l’institution merengue. Car, depuis son recrutement en 2001 contre 75 millions d’euros, Zinédine Zidane n’a jamais quitté la capitale espagnole. Il y possède une vaste villa à colonnades, située à proximité du complexe de Valdebebas, le centre d’entraînement du Real.
« Ce qui est certain, c’est que nous voulons que tout le projet sportif dans les quatre prochaines années soit mené par Zidane », avait déclaré, en juin 2013, Florentino Pérez, alors en pleine campagne pour sa réélection. D’octobre 2011 à janvier 2014, Zidane a multiplié également les séminaires pour obtenir le diplôme de manageur au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES).
« Son arrivée sur le banc était dans les tuyaux », assurait au Monde, en 2013, Jean-Pierre Karaquillo, cofondateur et directeur de l’établissement.
« Zidane est un garçon prodigieusement intelligent. Il avance à petits pas et ne part pas à l’aventure. Chez nous, il a acquis des outils en marketing, gestion et management. En septembre, il doit encore présenter un projet devant un jury après avoir préparé quatre dossiers. Florentino Pérez a compris qu’il devait l’utiliser davantage que comme une icône. Il est plus que ça. »
Accélération de sa carrière d’entraîneur
<figure class="illustration_haut " style="width: 534px"></figure>
En août 2014, la Fédération espagnole de football (RFEF) avait été saisie d’une plainte du Centre national de formation des entraîneurs (Cenafe), qui reprochait à l’icône d’entraîner la Castilla, en troisième division, sans les diplômes adéquats. Deux mois plus tard, Zidane avait été suspendu pour trois mois par la RFEF avant d’être blanchi par le Tribunal administratif du sport espagnol (TAD). Le champion du monde 1998 avait obtenu, en mai 2015, le diplôme d’entraîneur UEFA et sa licence professionnelle européenne. Il pourrait valider son DEPF (diplôme d’entraîneur professionnel de football) au printemps 2016.
A la tête de l’équipe réserve du Real, il s’était distingué en dirigeant, à partir d’octobre 2014, son fils aîné Enzo (20 ans) avant de le nommer capitaine. Gardien de la Juvenil B (17 ans) du Real, son deuxième fils, Luca, avait remporté, en mai 2015, le championnat d’Europe des moins de 17 ans avec l’équipe de France.
Nouveau guide des Galactiques, l’ex-numéro 5 de la « Maison blanche » aura, à terme, comme mission d’offrir à sa formation un énième titre en Liga. Il cherchera à imiter son prédécesseur Carlo Ancelotti — vainqueur du tournoi en 2014 — en décrochant un onzième triomphée en Ligue des champions. En février, l’ex-meneur de jeu des Bleus retrouvera sur sa route l’AS Roma en huitièmes de finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes.
L’avènement de « Zizou » à la tête des Merengue préfigure sans conteste l’accélération de sa carrière d’entraîneur. En octobre 2012, Zidane avait assuré qu’il aspirait à « devenir un jour sélectionneur de l’équipe de France ». « A partir du moment où il a décidé qu’il serait sur un banc de touche, il est susceptible d’être sélectionneur de la France ou d’un autre pays, confiait, en mars 2014, au Monde, le patron des Bleus, Didier Deschamps. Et avec l’histoire qu’il a avec ce maillot, il est possible que ça lui arrive. »