Au lendemain de la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité de Matthieu, 19 ans, qui était jugé par la cour d'assises de Haute-Loire pour le viol et l'assassinat d'Agnès Marin en 2011, un an après le viol d'une autre jeune fille, ses avocats ont fait savoir qu'ils faisaient appel de ce verdict exceptionnel à l'encontre d'une personne mineure à l'époque des faits reprochés.

Une peine plus lourde que les réquisitions du ministère public

"Les avocats de la défense, Me Isabelle Mimran et Me Joëlle Diez, font appel de la décision rendue hier par la cour d'assises des mineurs du Puy-en-Velay à l'encontre de Matthieu, s'agissant de la peine la plus lourde pouvant être prononcée et l'excuse de minorité ayant été levée".

Ecartant l'excuse de minorité, l'avocate générale, Jeanne-Marie Vermeulin, n'avait requis "que" 30 années de réclusion contre ce jeune homme dont elle a qualifié la personnalité d'"ultradangereuse" tant il présente "des traits pervers très actifs et effrayants". La magistrate avait aussi requis une injonction de soins "sans limitation de durée". Sur ce point, le jury ne l'a pas suivi, mais concernant la peine de prison, il a décidé d'aller plus loin.

D'un dysfonctionnement judiciaire à un autre...

Cela faisait près de 25 ans que la peine maximale, soit la réclusion à perpétuité, n'avait plus été prononcée à l'encontre d'un mineur. A l'époque, le 27 janvier 1989, Patrick Dills était assis sur le banc des accusés pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz, dont il a été blanchi en 2002 et pour lequel la Cour de cassation vient de valider le renvoi aux assises du tueur en série Francis Heaulme. L'Etat, qui dans cette affaire s'est évertué et s'évertue encore à réparer son erreur, est aussi mis en cause dans la mort d'Agnès, assassinée par un violeur récidiviste.

Passant en revue les "carences et manquements" dans le suivi judiciaire, psychiatrique et psychologique de l'accusé après le premier viol qu'il a commis, l'avocate générale a estimé qu'on lui avait déroulé "une sorte de tapis rouge". Et Mme Vermeulin d'ajouter que son intégration au collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon relevait d'une "insulte au bon sens" car "c'était l'établissement le moins adapté possible au cas de Matthieu". L'avocat de la famille Marin, Me Francis Szpiner, s'est félicité de ce "grand réquisitoire prononcé par un grand magistrat" et a obtenu en première instance la condamnation voulue, mais il n'exclut pas pour autant d'engager des poursuites contre l'Etat "pour le dysfonctionnement de la justice" sans lequel le drame aurait, selon lui, pu être évité.

Le patronyme du suspect divulgué dans les médias

Quoi qu'il en soit, Matthieu, le meurtrier présumé d'Agnès sera donc rejugé. D'ici là, ses avocats comptent bien faire respecter son droit à l'anonymat, or son nom de famille a été prononcé sur les ondes de radios nationales ce 29 juin. Dans son communiqué, la défense du jeune homme rappelle "solennellement les dispositions de l'article 306 alinéa 6 du code de procédure pénale interdisant la divulgation de l'identité d'un mineur, ayant constaté leurs violations répétées dans les organes de presse et médias notamment nationaux".