Les enjeux. Le boycott décrété par plusieurs partis, et l’absence des grandes figures historiques de l’opposition qui en découle font du taux de participation la grande inconnue de ce scrutin.
Aucun des candidats en lice ne semble a priori pouvoir faire de l’ombre au chef de l’Etat sortant. Le taux de participation dira si ceux qui refusent cette élection ont été écoutés.
Trois des chefs de partis qui prônent le boycott, et qui sont donc absents cette fois-ci, Messaoud ould Boulkheir, Ahmed ould Daddah, et Jemil ould Mansour, avaient en 2009 récolté plus de 35 % des suffrages. Lors des législatives et municipales de novembre et décembre dernier, le boycott déjà décrété par certains partis n’avait pas eu d’incidence à en croire les chiffres officiels.
Dernier enjeu : le score du nouveau venu sur la scène politique, Biram ould Dah ould Abeïd. Militant contre l’esclavage, il brigue pour la première fois la magistrature suprême tout comme deux autres candidats Boydiel ould Houmeïd, et la seule femme du scrutin, Lalla Meryem Mint Moulaye Idriss.
Les candidats, leurs projets. Le grand favori du scrutin reste le président sortant, Mohamed ould Abdel Aziz. Ancien patron du Basep, la garde présidentielle, sous Maaouya ould Taya, il a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 2008, un an et demi à peine après l’élection de son prédécesseur qu’il avait pourtant soutenu. Elu en 2009 sous la bannière du « président des pauvres », il brigue aujourd’hui un second mandat.
Face à lui, une seule femme, Lalla Meryem Mint Moulaye Idriss. Elle est professeure de mathématiques. Plus que discrète pendant la campagne, elle se définit comme « opposante, uniquement pendant le temps de la campagne ».
Autre candidat, Boydiel ould Houmeïd, président du parti Wiam. Haut cadre de l’administration, et notable qui a longtemps gravité dans la sphère du pouvoir, il appartient à la communauté haratine, les descendants d’esclaves. C’est également le cas de Biram ould Dah ould Abeïd, président de l’IRA, une ONG de lutte contre l’esclavage. L’homme a dénoncé durant toute la campagne le racisme d’Etat érigé en système de gouvernance.
Le seul candidat à avoir déjà brigué deux fois le fauteuil présidentiel est Ibrahima Moctar Sarr, président du parti AJD MR. Défenseur des droits de la communauté négro-africaine et de l’unité nationale, il avait obtenu près de 5 % des suffrages en 2009.
Le déroulement du scrutin. Pour cette présidentielle, les électeurs voteront à l'aide d'un bulletin unique, sur lequel figure le nom de chacun des cinq candidats (en arabe et en français) leur photo et leur logo : un lion, un zébu, un nuage de pluie, une route, ou encore une étoile.
L’électeur peut aussi ne voter pour aucun candidat, et cocher la case neutre. Après avoir mis son bulletin dans l’urne, l’électeur doit tremper son doigt dans de l’encre indélébile, mesure censée éviter les votes multiples.
Les Mauritaniens qui souhaitent voter ont de 7h30 à 19h (heure locale) pour faire leur choix. Une fois les bureaux fermés, à 19h, les résultats seront collectés et centralisés par la Commission électorale nationale indépendante. C’est elle qui organise le scrutin et non plus le ministère de l’Intérieur comme en 2009. La Céni annoncera aussi les chiffres provisoires qui seront validés ensuite par le Conseil constitutionnel.
Les cartes d’électeurs qui n’ont pas été retirées sont encore disponibles ce samedi dans les centres de vote. Cependant, les électeurs peuvent, s’ils connaissent le numéro de leur bureau de vote, accomplir leur devoir uniquement avec leur carte d’identité. Le site internet de la Céni permet aussi de trouver son bureau de vote. Un numéro de téléphone, le 1717, est aussi mis à disposition pour orienter les électeurs, même si la Céni reconnaît qu’il ne fonctionne pas toujours.