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    Vladimir Poutine, grand frère des fachos

    <time>Publié le 31-05-2014 à 19h03  lien </time>

    Le président russe est l'un des grands gagnants des élections européennes. Pour affaiblir l'Union, le chef du Kremlin soutient les partis d'extrême droite du continent. Enquête sur une nouvelle alliance.

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    Vladimir Poutine, le 9 mai 2014 à Sébastopol. (YURI KADOBNOV / AFP)
    Vladimir Poutine, le 9 mai 2014 à Sébastopol. (YURI KADOBNOV / AFP)
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    Les nouveaux députés européens vont bientôt être saisis d'une affaire peu commune - une histoire d'espionnage au profit de Moscou où l'accusé est l'un des leurs. Il s'appelle Béla Kovács. Le 25 mai, il a été réélu sur la liste du parti néonazi hongrois, Jobbik, qui a récolté 15% des suffrages. Ce Kovács est une figure de l'extrême droite du Vieux Continent. Depuis décembre, il préside l'Alliance européenne des Mouvements nationaux, une organisation qui regroupe plusieurs partis "frères". Son prédécesseur à ce poste était son "ami" du Front national, l'eurodéputé Bruno Gollnisch.

    Selon le procureur général de Budapest, qui vient de demander la levée de son immunité parlementaire, Kovács travaille pour les services secrets russes depuis sa première élection au Parlement de Strasbourg en 2009 - si ce n'est avant. L'intéressé, qui copréside la commission Russie-UE, a démenti. Mais l'accusation n'a pas surpris les observateurs de l'extrême droite.

    Des rumeurs au sujet de Kovács couraient depuis longtemps, depuis qu'en 2006 cet illustre inconnu, diplômé de l'Institut des Relations internationales à Moscou, a rejoint Jobbik en apportant une grosse somme d'argent dont il n'a jamais justifié la provenance. Une manne du Kremlin, selon plusieurs journaux hongrois.

    La même stratégie que l'Union soviétique avec les partis communistes

    Si Kovács est condamné, le SVR (l'ex-KGB) perdra un précieux informateur à Strasbourg. Il en trouvera sûrement d'autres, beaucoup d'autres. La Russie peut désormais compter sur le soutien des nombreux élus ultra-nationalistes qui viennent d'entrer en force au Parlement. Car, ces dernières années et singulièrement ces derniers mois, le Kremlin a noué, à bas bruit,des liens très étroits avec l'extrême droite européenne au point de devenir l'épicentre d'une sorte d'Internationale brune. Grand frère des fachos, Poutine est donc l'un des vainqueurs du scrutin de dimanche.


    Son pari ? Le politologue hongrois Péter Krekó a publié, en mars, une étude intitulée "The Russian Connection". Il y décortique les ressorts d'une stratégie qui ressemble fort à celle développée par le Kremlin avec les partis communistes au temps du bloc soviétique.

    "La Russie d'aujourd'hui veut déstabiliser la scène politique européenne qu'elle juge hostile à son égard, explique-t-il. Les partis d'extrême droite, tous anti-UE, seront très utiles dans cette entreprise qui vise aussi à affaiblir le lien transatlantique." Tête de liste du FN en Ile-de-France, leconseiller diplomatique de Marine Le Pen, Aymeric Chauprade, a encouragéles contacts de son organisation avec le régime Poutine. Il confirme, à sa façon, l'analyse du politologue hongrois : "Puisque les Américains ont réussi à contrôler les partis favorables à l'UE, il est logique que Moscou cherche à faire contrepoids avec nous", assure ce professeur de géopolitique qui milite pour une alliance militaire entre la France et la Russie.

    Marine Le Pen, pièce maîtresse du dispositif russe 

    L'opération séduction conduite par Moscou a débuté il y a quelques années. "Les premiers contacts ont été noués par l'Eglise orthodoxe via les groupes anti-avortement en Europe", raconte Marlène Laruelle, spécialiste du nationalisme russe. Mais cette stratégie a vraiment pris corps après leretour de Vladimir Poutine au Kremlin en mai 2012, quand l'homme fort de la Russie a entrepris un tournant ultra-conservateur.

    "En se présentant comme le défenseur de l'identité chrétienne et des valeurs traditionnelles de l'Europe, il nous a lancé un signal fort", estime Aymeric Chauprade. L'affaire du mariage pour tous l'année suivante va servir de catalyseur à ce rapprochement.

    Tandis que la France adopte la loi sur les unions de même sexe, la Douma décide de punir sévèrement la "propagande homosexuelle", plaçant ainsi la Russie à l'avant-garde du combat réactionnaire. Juste après, plusieursleaders européens d'extrême droite se précipitent à Moscou. En mai 2013, une délégation de l'Alliance européenne des Mouvements nationaux, conduite par Bruno Gollnisch et le fasciste italien Valerio Cignetti, est l'hôte de la commission de la Douma, chargée... des droits de l'homme.

    On y parle de la commune aversion pour le mariage gay. Quelques jours plus tard, le chef antisémite et antitsigane de Jobbik, Gábor Vona, est reçu par cette même assemblée, cette fois par la commission des affaires étrangères. Lors d'un discours devant les étudiants d'Alexandre Douguine, conseiller occulte du Kremlin (voir "le Nouvel Observateur" du 1er mai), il déclare que "la Russie peut devenir le fer de lance de la résistance politique et culturelle au bloc euro -atlantique".

    En juin 2013, c'est au tour de Marine Le Pen, "pièce maîtresse du dispositif russe", selon Marlène Laruelle, d'être accueillie avec tous les honneurs.

    Le voyage est organisé par un ancien para, Xavier Moreau, installé à Moscou depuis les années 1990, où il dirige une entreprise de sécurité. La présidente du Front national, qui avait été mal reçue à Washington, rencontre les plus hautes autorités : le vice-Premier ministre, Dmitri Rogozine, fondateur du parti nationaliste Rodina, et le président de la Douma, Sergueï Narychkine, un ancien du KGB, proche de Poutine.

    La chaîne d'Etat la plus regardée, Rossia 1, l'interroge à une heure de grande écoute. Elle y déclare : "La Russie a sauvé la Syrie." Pendant ce temps, son conseiller diplomatique, Aymeric Chauprade, lance à la Douma : "Les patriotes du monde entier, attachés [ ...] aux fondations de notre civilisation, tournent en ce moment leur regard vers Moscou." 

    La crise ukrainienne, premier test de l'entente avec l'extrême-droite 

    Dernière étape de ce rapprochement : en décembre 2013, le congrès de la Ligue du Nord italienne réunit les représentants des plus grands partis populistes européens, le FPO autrichien, le Vlaams Belang flamand ou leFront national. Et des émissaires de Russie unie, le mouvement de Poutine. L'alliance de fait est scellée. Elle est mise à l'épreuve juste après, avec la crise ukrainienne.

    En toute logique, les ultranationalistes ouest-européens devraient soutenirle gouvernement de Kiev et notamment sa composante extrémiste, Svoboda. Pourtant, ils se rangent tous derrière la Russie. Moscou a besoin d'eux. Il faut fournir un semblant de légitimité au référendum sur l'annexion de la Crimée, que la communauté internationale refuse de reconnaître.

    Des dizaines de prétendus observateurs, presque tous issus de l'extrême droite, se rendent dans la péninsule. L'équipée est organisée et financée par une obscure ONG baptisée pompeusement Observatoire eurasien pour la Démocratie et les Elections. En réalité, c'est une officine stipendiée par Moscou et dirigée par un certain Luc Michel, un néonazi belge, admirateur du IIIe Reich et de Poutine.

    Ces "observateurs" se mettent tout de suite au service de la propagande russe. Pendant le référendum, ils interviennent sur les grands médias d'Etat, notamment ceux destinés à l'étranger : la radio la Voix de la Russie et la télévision Russia Today.

    De Sébastopol, Aymeric Chauprade assure, le 16 mars, que le scrutin est une "réussite", qu'il permet la "réunification d'une province historique à la mère patrie". Un responsable du FPO autrichien déclare, lui, que ce référendum est "le train de la liberté qui va libérer l'Europe de l'UE". Et Nigel Farage, le leader du Parti pour l'Indépendance du Royaume-Uni (Ukip), affirme que Poutine est le "leader qu'il admire le plus".

    Le Pen effectue un deuxième voyage à Moscou  

    Les déclarations d'allégeance se font plus précises encore, après les troubles en Ukraine de l'Est. A Russia Today, le chef du FPO, Heinz- Christian Strache affirme que "l'escalade a été provoquée par l'Union européenne et les Etats-Unis". Nigel Farage assure que l'UE a "du sang sur les mains". Le chef de l'Aube dorée, le parti nazi grec, dit, lui, qu'il faut "tourner le dos aux sionistes américains et aux usuriers occidentaux" et faire alliance avec le Kremlin.

    Marine Le Pen, quant à elle, se rend de nouveau à Moscou pour y rencontrer une fois encore le patron de la Douma, Narychkine, interdit de séjour en Europe. Elle déclare partager "des valeurs communes» avec la Russie de Poutine. En échange de ces soutiens répétés, le Front national reçoit-il des subsides de Moscou ? Aymeric Chauprade assure que non.

    Le plus lèche-bottes des fachos est Volen Siderov, le leader du parti extrémiste bulgare, Ataka (qui, lui, empoche d'énormes sommes d'argent en provenance de Russie, si l'on en croit un télégramme américain publié, en 2011, par WikiLeaks).

    Ce Siderov est un homme peu recommandable mais puissant : comme Jean-Marie Le Pen, il a, en 2006, participé au second tour de l'élection présidentielle dans son pays. Il s'est aussi distingué en déclarant qu'il aimerait transformer "les Tsiganes en savon". Afin d'afficher sa loyauté vis-à-vis du Kremlin, Siderov a décidé de lancer la campagne européenne de son parti le 26 avril depuis... Moscou. Pour le récompenser, il a, le même jour, été décoré de l'Etoile de la patrie par la Chambre haute de Russie.

    Au Parlement européen, tout ce beau monde votera, à l'évidence, "dans le sens des intérêts russes et défendra la position de Moscou", assure le politologue Péter Krekó. S'ils parviennent à s'accorder sur la constitution d'un groupe parlementaire, les partis d'extrême droite disposeront de moyens importants pour soutenir la politique du Kremlin : un budget, des temps de parole, des vice-présidences et un droit de regard sur l'agenda. Sans parler des méthodes secrètes utilisées durant la précédente législature par la taupe présumée, le Hongrois Béla Kovács 

    Vincent Jauvert
     


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  • Nouvelle-Calédonie:

    la droite non indépendantiste

    reste majoritaire au Congrès

    A.S. avec AFP 
    Le 11/05/2014 à 14:07     lien 

    <article>

    La droite non-indépendantiste conserve la majorité au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, mais les indépendantistes kanak progressent à l'issue des élections provinciales dimanche dans cet archipel en cours de décolonisation.
        
    Les trois partis de la droite obtiennent 29 sièges sur 54 (-2 sièges) avec une nette avance pour le parti de centre droit Calédonie Ensemble qui en remporte 14 à lui seul. De leur côté, les indépendantistes totalisent 25 élus contre 23 lors de la précédente mandature, selon les projections du Haut-commissariat de la République.

    </article>

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  • Manifestation à Nantes en faveur

    d’une réunification de la Bretagne

    Par Les Echos | 19/04 | 17:15 | mis à jour à 19:42      lien 
     

    Une manifestation s’est tenue samedi après-midi à Nantes. Organisée par les collectifs Bretagne Réunie et 44 = Breizh, elle visait à réclamer le rattachement de la région Loire-Atlantique à la région Bretagne.

    Les collectifs Bretagne Réunie et 44 = Breizh ont lancé l’appel à manifester - AFP

    Les collectifs Bretagne Réunie et 44 = Breizh ont lancé l’appel à manifester - AFP

    Plusieurs milliers de personnes défilent samedi après-midi à Nantes au son des cornemuses pour réclamer la « réunification » de la Bretagne, c'est-à-dire lerattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne. La place de Bretagne, lieu de départ de la manifestation, était couverte de drapeaux bretons, et de très nombreux manifestants portaient des bonnets rouges, a constaté un journaliste de l'AFP. Des femmes portaient également le costume traditionnel breton. Des élus bretons de tous bords politiques ont pris la tête de cortège derrière une banderole proclamant « démocratie et réunification », en français et en breton.

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    Parmi les personnalités présentes dans le défilé, qui doit parcourir les rues de la Cité des Ducs de Bretagne pendant deux heures et demie, se trouvaient Christian Troadec, figure de proue du mouvement des Bonnets rouges et maire DVG de Carhaix (Finistère), le député UMP des Côtes d'Armor Marc Le Fur et le sénateur EELV de Loire-Atlantique Ronan Dantec.

    L'appel à manifester a été lancé par les collectifs nantais Bretagne Réunie et « 44 = Breizh », rejoints par le médiatique mouvement des Bonnets rouges qui s'est battu à l'automne dernier contre l'écotaxe. Les organisateurs, avant le départ de la manifestation, ont estimé à au moins 10.000 personnes le nombre des participants. Au milieu d'une foule de tous âges, on pouvait lire sur des pancartes les slogans « Vivre, décider et travailler dans une Bretagne réunifiée », « des Bonnets rouges unis pour une Bretagne réunie » ou encore « pas de décentralisation sans réunification », « une Assemblée bretonne avec le pays nantais, oui ».

    Moment « historique »

    Lors de prises de paroles avant le départ de la manifestation, les intervenants ont souligné que la Bretagne était peut-être arrivée « à un moment historique », avec l'ouverture du débat sur le redécoupage territorial . Le conseil régional de Bretagne a adopté jeudi soir un voeu en faveur de la « réunification » de cette région administrative avec la Loire-Atlantique et d'une Assemblée de Bretagne.

    Fermement opposé au démantèlement de sa région, le président PS des Pays-de-la-Loire Jacques Auxiette a dit de son côté samedi « Oui au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, mais avec les quatre autres départements », dans un entretien publié par « Ouest-France » . La Loire-Atlantique est séparée de la Bretagne depuis undécret pris en juin 1941 par le maréchal Pétain. La présence à Nantes du château des Ducs de Bretagne est l'un des arguments des partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne.

    A VOIR - La grande région Ouest de Jacques Auxiette, président (PS) des Pays-de-la-Loire :

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    Jacques Auxiette est favorable à une grande région de l’Ouest - Ouest France
    Jacques Auxiette est favorable à une grande région de l’Ouest - Ouest France

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    Ecoutes de Sarkozy : comment le gouvernement

    a raté sa communication

    En refusant d'avoir une stratégie claire, il a transformé une opportunité politique en désastre.

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    </hgroup> </header> <figure id="image_623729"> Les ministres Marie-Arlette Carlotti, Geneviève Fioraso, Christiane Taubira, et Najat Vallaud-Belkacem entourent le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l'Elysée, le 5 février 2014. <figcaption>Les ministres Marie-Arlette Carlotti, Geneviève Fioraso, Christiane Taubira, et Najat Vallaud-Belkacem entourent le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l'Elysée, le 5 février 2014. (LCHAM / SIPA)</figcaption> </figure> <section class="byline clearfix"> Par

    Mis à jour le <time datetime="2014-03-13T19:24:32+01:00" itemprop="dateModified">13/03/2014 | 19:24</time> , publié le <time datetime="2014-03-13T19:24:20+01:00" itemprop="datePublished">13/03/2014 | 19:24</time>

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    "On est le seul gouvernement capable de transformer de l'or en plomb." L'affaire des écoutes visant Nicolas Sarkozy provoque des regrets, voire des hurlements, chez de nombreux responsables de gauche, comme le relaie Le Monde du 13 mars. Alors qu'une information judiciaire pour "trafic d'influence" a été ouverte en raison du contenu des écoutes de l'ancien président de droite, c'est le gouvernement de gauche qui se retrouve obligé de se défendre face aux accusations de manipulation. La faute à une communication ratée sur laquelle francetv info s'est penché.

    Une communication chaotique

    Face à la révélation d'écoutes compromettantes pour Nicolas Sarkozy, le gouvernement a réagi de façon erratique, suivant une stratégie sans ligne claire.

    Le gouvernement se tait. Dans un premier temps, le gouvernement a préféré garder le silence, laissant à Harlem Désir, patron du PS, le soin d'évoquer "une affaire d'Etat". L'UMP, de son côté, vient soutenir Nicolas Sarkozy, dénonçant un harcèlement politicomédiatique et un complot piloté par le pouvoir en place, notamment Christiane Taubira.

    Taubira contre-attaque. Il faut attendre le lundi 10 mars au soir pour voir la garde des Sceaux nier ces accusations en direct sur TF1, affirmant qu'elle "n'avait pas l'information avant" que la presse révèle ces écoutes.

    Ayrault intervient. Le lendemain, l'UMP accélère et demande des clarifications au Premier ministre, accusant le gouvernement d'avoir placé l'opposition sur écoute. Sur le plateau de France 2, Jean-Marc Ayrault affirme que, comme le prévoit la loi, il a eu connaissance de la procédure dès le 26 février, tout comme Christiane Taubira, mettant à mal la version de la ministre de la Justice.

     

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    Mais il précise dans la foulée que celle-ci n'a pas pour autant menti, la veille, sur TF1 : "On lui pose la question : 'Qui était écouté, d'après vous ?' Elle a répondu : 'Je ne le sais pas.' Et ça, nous ne le savions pas."

    Taubira rectifie. Mercredi 12 mars, les critiques fusent sur les contradictions du gouvernement. Face au tollé, la ministre de la Justice soutient, lors d'un point presse, n'avoir aucune information "concernant la date, la durée, le contenu des interceptions judiciaires", et brandit, pour appuyer son propos, deux documents.

    Sauf que Le Monde parvient à retranscrire le contenu de ces feuilles datées du 26 février. Ces documents montrent que la garde des Sceaux a bien eu des informations sur le contenu des écoutes, contrairement à ce qu'elle venait d'affirmer plus tôt. L'opposition exige la démission de la ministre.

    Taubira re-rectifie. Jeudi 13 mars, la ministre de la Justice se défend à nouveau dans Le Monde, et écarte toute idée de démission, que des rumeurs lui prêtent. Elle explique que les lettres qui lui valent d'être vilipendée ne contiennent pas la retranscription des écoutes.

    Une communication mal préparée

    Une concertation très tardive. C'est avant tout dans la préparation de sa communication que le gouvernement semble avoir pêché. Le staff sarkozyste a commencé à peaufiner des éléments de langage et des réponses aux journalistes dès le jour où l'affaire a éclaté, soit le vendredi 7 mars au matin, comme l'affirme VSD. L'exécutif actuel, lui, n'a pas décidé d'accorder ses violons avant de communiquer. "Nous n'en serions pas là si nous avions calé quelque chose, reconnaît ainsi Christiane Taubira, évoquant son interview sur TF1 du lundi 10 mars. Certains récitent des éléments de langage. Pour ma part, je réponds aux questions, à mon détriment d'ailleurs" explique-t-elle dans Le Monde.

    Le quotidien précise également que ce n'est que le mardi 11 mars au soir que des éléments de langage ont été transmis entre l'Elysée et Matignon. Il a donc fallu quatre jours pour unifier le discours. Une "éternité pour la société médiatique actuelle qui veut de l'immédiateté", explique Anne-Claire Ruel, spécialiste en communication politique et auteure du blog Fais pas com' papa. Ce qui fait hurler un ministre anonyme : "C'est insupportable de nullité".

    Une méthode dépassée. Le mercredi 12 mars au matin, François Hollande a fini par réunir Jean-Marc Ayrault et Christiane Taubira pour trouver une porte de sortie : c'est là qu'il est décidé que la garde des Sceaux va s'expliquer à la fin du Conseil des ministres, quasiment à l'improviste, armée de ces documents.

     

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    "Elle a voulu utiliser le concept de 'triangulation', explique Anne-Claire Ruel. Elle introduit un troisième interlocuteur, représenté par le document brandi. C'est un truc de com' dépassé pour ne pas se retrouver seul face à des accusations." Cette mise en scène, qui n'a marché ni pour Gilbert Collard, ni pour DSK, rappelle Slate, rendait cet accident communicationnel prévisible.

    Une communication méprisée

    La peste ou le choléra ? Nombre de responsables de la majorité très en colère contre le Premier ministre et la garde des Sceaux ne comprennent pas leur choix de ne pas admettre d'emblée qu'ils étaient au courant de l'affaire. "Il suffisait de dire simplement ce qu'ils savaient, à savoir très peu de choses en réalité, soupire un ministre dans Le Monde. Heureusement que je n'ai pas une corde sous la main pour me pendre."

    Dire qu'ils ne savaient rien, c'était donc, pour Jean-Marc Ayrault et Christiane Taubira, s'exposer au risque d'être accusés de mensonge. Mais admettre qu'ils savaient, c'était laisser penser que les écoutes avaient un but politique. "C'est vrai que c'est un peu la peste ou le choléra, concède Anne-Claire Ruel. Mais il faut toujours mieux assumer. Là, ils sont tombés dans le piège, pourtant très gros, tendu par l'opposition."

    La gauche n'aime pas la communication. Déjà détectée lors du conflit Valls-Duflot, une sorte de "maladie héréditaire" semble empêcher toute communication unie et claire au gouvernement. Dans son livre L'homme sans com', Denis Pingaud estime que la mauvaise communication du pouvoir actuel est liée à la culture politique de la gauche, "habituée à la diversité des points de vue plutôt qu’à la discipline de l’argument".

    Le coup de boomerang. De façon générale, le gouvernement semble avoir un certain mépris pour la communication. Christiane Taubira s'était déjà distinguée en dénigrant un exercice proposé lors de l'émission des "Des paroles et des actes", en septembre 2013, sur France 2.



    "Pour le gouvernement, la communication est souvent synonyme de manipulation, de mensonge, explique Anne-Claire Ruel. Ils pensent qu'on peut toujours rattraper une erreur, rectifier. Ils n'ont pas compris que la communication est indispensable pour gouverner, pour faire passer des messages, et qu'elle a des conséquences politiques. A dix jours des municipales, c'est grave, d'autant qu'on voit dans les enquêtes d'opinion que les gens ont une défiance de plus en plus grande vis-à-vis du politique."

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