• Hollande sur les manifs anti-"Charlie" :

    "Nous n'insultons personne"

    Le Point - Publié le <time datetime="2015-01-19T23:06" itemprop="datePublished" pubdate=""> 19/01/2015 à 23:06</time> - Modifié le <time datetime="2015-01-19T23:13" itemprop="dateModified"> 19/01/2015 à 23:13</time>

    La France défend ses "idées", a déclaré le président, alors que des manifestations contre la une de "Charlie Hebdo" agitent le monde musulman.  lien

    <figure class="media_article panoramique" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> François Hollande aux festivités pour le 70e anniversaire de l'AFP. <figcaption>François Hollande aux festivités pour le 70e anniversaire de l'AFP. © ALAIN JOCARD / POOL / AFP </figcaption> </figure>


     

    François Hollande a assuré lundi que la France n'"insult(ait) personne" quand elle défendait ses "idées", évoquant à demi-mot les manifestations à travers le monde contre le dessin de Mahomet publié à la une du dernier Charlie Hebdo. "Nous n'insultons personne lorsque nous défendons nos idées, lorsque nous proclamons la liberté, au contraire, nous respectons toutes celles et tous ceux à qui nos idées s'adressent pour les faire partager", a lancé le chef de l'État, qui s'exprimait à l'occasion du 70e anniversaire de l'Agence France-Presse.

    "La France ne fait pas de leçon, à aucun pays, mais la France n'accepte aucune intolérance" et "le drapeau français, c'est toujours celui de la liberté", a-t-il encore souligné.

    Manifestations en Tchétchénie

    Près de deux semaines après l'attentat contre l'hebdomadaire satirique à Paris, les manifestations anti-Charlie Hebdo se sont poursuivies lundi, notamment en Tchétchénie, après un week-end marqué par de violentes émeutes au Niger. Le chef de l'État a rendu un hommage appuyé aux journalistes tués ou blessés dans l'exercice de leur fonction et tout particulièrement au photographe pakistanais de l'AFP Asif Hassan, grièvement blessé vendredi lors d'une manifestation anti-Charlie Hebdo à Karachi.

    Il couvrait "une manifestation, comment dire, anti-liberté", a relevé le chef de l'État.

    Pour François Hollande, les journalistes de Charlie Hebdo voulaient "tout simplement que leur impertinence, leur insolence soient comprises comme une forme de tolérance et de respect pour toutes les croyances".

    La liberté d'expression, "valeur universelle"

    Ainsi, selon lui, "s'il y a un hommage que nous pouvons rendre à Charlie Hebdo, c'est de faire en sorte que la liberté de la presse, la liberté d'expression mais aussi la laïcité soient partout défendues, promues" car "elles méritent d'être défendues chaque jour, partout dans le monde".

    Soulignant que la liberté d'expression était "une valeur universelle", le président a assuré qu'il ne s'agissait pas "de dicter aux autres ce qu'ils doivent penser mais simplement de faire respecter ce qui est pensé, ce qui est exprimé, ce qui est dit librement".

    Par ailleurs, il s'est engagé à ce qu'un projet de loi renforçant "la protection du secret des sources" soit examiné au Parlement cette année.

    De son côté, le président de l'AFP Emmanuel Hoog a souligné l'indépendance de l'AFP, qui "ne sera jamais la voix de la France".

    "Tous les personnages qu'a dessinés Charlie sont là"

    Il a insisté aussi sur la responsabilité qui incombe aux journalistes : "Il faut que nous soyons en permanence en capacité de mesurer les conséquences des informations que nous sortons", a-t-il noté. "Être deux fois responsables : pour nous-mêmes et pour ceux qui vont nous lire, ou nous voir. Et la sensibilité du monde est non seulement extrême sur certains sujets mais également extrêmement diverse".

    L'anniversaire des 70 ans de l'AFP a réuni plusieurs centaines de personnes au palais Brongniart, face à l'Agence.

    "Tous les personnages qu'a dessinés Charlie sont là, c'est la preuve que Charlie vit", a lancé le rédacteur en chef de Charlie Hebdo Gérard Biard, au vu des nombreuses personnalités présentes, notamment politiques. A ses côtés, l'urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur du journal.

    Etaient notamment venus le Premier ministre Manuel Valls, ainsi que plusieurs ministres dont Fleur Pellerin (Culture) et Najat Vallaud-Belkacem (Education), les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée Claude Bartolone et Jean-Louis Debré (président du Conseil constitutionnel).

    Côté UMP, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand et Rachida Dati, mais aussi Rama Yade (UDI), la présidente du Front national Marine Le Pen ou encore Claude Chirac, qui représentait son père.

    Plusieurs responsables religieux ont également assisté à cet anniversaire, dont Haïm Korsia, grand rabbin de France, et Mohammed Moussaoui, président d'honneur du Conseil français du culte musulman et président de l'Union des mosquées de France.

    Les dirigeants des médias étaient largement représentés, avec notamment les patrons des groupes France Télévision, Rémy Pflimlin, et de France Medias Monde (RFI, France 24), Marie-Christine Saragosse, ainsi que des dirigeants du Figaro, des Echos, de L'Humanité ou du Monde.


    votre commentaire
  • Ça pour moi c'est la France" :

    l'émouvant plaidoyer de

    Jamel Debbouze

    L' Obs <time>Publié le 19-01-2015 à 07h43Mis à jour à 09h42</time>

    VIDEO. Plus d'une semaine après les attentats qui ont endeuillé la France, le comédien lance un cri de colère : "La France, c'est ma mère, on ne touche pas à ma mère !"

    Jamel Debbouze le 24 mai 2013. (JOELSAGET/AFP) Jamel Debbouze le 24 mai 2013. (JOELSAGET/AFP)
    <aside class="top-outils"> </aside> <aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"> <section class="social-buttons js-share-tools"></section></aside>

     

     

    <article>

    <aside class="inside-art" id="js-article-inside-art"> <section class="obs-article-brelated">

    À lire aussi

    </section> </aside>

    C’est un Jamel Debbouze meurtri et visiblement très touché qui a pris la parole face caméra pour la première fois depuis les attentats qui ont touché la France.

    "J'ai passé mon temps à ne pas dire que j'étais musulman. Pas parce que je n'étais pas fier, loin de là. Mais parce que je considérais que ce n'était pas un sujet, qu'on n'avait pas besoin d'affirmer son identité ou sa différence", a-t-il confié dans l'émission "Sept à Huit" sur TF1 dimanche 18 janvier.

    Aujourd'hui, j'ai presque besoin de le revendiquer comme pour dire : ne vous inquiétez pas, on est pareil, malgré nos différences. Je suis Français, musulman, artiste, je suis né à Barbès, j'ai grandi à Trappes, je suis père de deux enfants, marié à une chrétienne journaliste très, très belle [Mélissa Theuriau, NDLR]. Et ça, pour moi, c'est la France. La France, c'est ma mère, on ne touche pas à ma mère !"

    "Ça ne se fait pas de ne pas respecter les morts"

    Alors que la France s’interroge sur une partie de sa jeunesse qui a refusé de respecter à l’école la minute de silence en hommage aux victimes de Charlie Hebdo, le comédien ne mâche pas ses mots :

    C'est complètement débile, c'est irrespectueux. Ça ne se fait pas de ne pas respecter les morts. On ne se comporte pas comme ça. C'est sans précédent ce qui est arrivé, c'est arrivé au coeur de la capitale et ça concerne tout le monde ! [...] Ces gamins-là, ils ne sont pas éduqués, ne sont pas encadrés ou ne sont tout simplement pas aimés."

    Il regrette également que les jeunes des banlieues n'aient pas été assez nombreux à la marche républicaine du dimanche 11 janvier.

    Enfin, sur la question des caricatures de Mahomet qui enflamment le monde musulman, Jamel Debbouze reconnaît que "le blasphème le met mal à l'aise".

    C'est pas ma culture, ça me fait pas rire. Mais on ne peut pas insulter, agresser et tuer juste parce qu'on est pas d'accord", ajoute-t-il.
    </article>

     

    <header></header>

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Charlie Hebdo: un journal turc brave seul l'interdit dans le monde musulman

    MONDE | Mis à jour le mercredi 14 janvier 2015 à 14h31

    <header>Un journal d'opposition turc a bravé mercredi, seul, les pressions et menaces qui se multiplient dans les pays musulmans en publiant des caricatures, dont une de Mahomet, du journal satirique Charlie Hebdo paru après l'attentat qui a décimé sa rédaction.</header> <aside class="features nbr1 clearfix">

    Un policier devant le siège du quotidien Cumhuriyet à Istanbul, le 14 janvier 2015

    Un policier devant le siège du quotidien Cumhuriyet à Istanbul, le 14 janvier 2015 - Ozan Kose

     
    </aside>

    Après un contrôle de police nocturne, le quotidien Cumhuriyet, ennemi juré du président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan, a distribué dans son édition du jour un encart de quatre pages en turc reprenant l'essentiel du nouveau numéro de Charlie Hebdo et reproduit sa "une" qui suscite, à nouveau, la colère du monde islamique.

    Sur ce dessin de Luz, un Mahomet la larme à l’œil tient une pancarte "Je suis Charlie", le slogan des millions des manifestants qui ont défilé en France et à l'étranger pour condamner les attaques jihadistes qui ont fait 17 morts en trois jours à Paris.

    Cumhuriyet est, pour l'heure, le seul organe de presse à avoir osé cette publication dans un pays musulman.

    Comme ce fut le cas à chacune des précédentes publications de caricatures du prophète, le Charlie Hebdo a suscité mercredi une tempête de critiques et de mises en garde, parfois violentes, aux quatre coins du monde islamique.

    Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite basée en Egypte, a appelé mardi à "ignorer" ces nouveaux dessins représentant le prophète Mahomet qualifiés de "frivolité haineuse".

    Comme Al-Azhar, Téhéran a condamné un "geste insultant" qui, selon la porte-parole de la diplomatie iranienne, "peut relancer le cercle vicieux du terrorisme".

    "C'est un acte extrêmement stupide", a renchéri, menaçante, la radio du groupe Etat islamique (EI), qui contrôle de larges pans de territoire en Irak et en Syrie.

    L'Union mondiale des oulémas musulmans a estimé pour sa part, depuis son quartier général du Qatar, qu'il n'était "ni raisonnable, ni logique, ni sage" de publier de nouveaux dessins "offensant le prophète ou attaquant l'islam".

    La direction de Cumhuriyet a longtemps hésité avant de braver ces interdits. Comme l'avait souhaité Charlie Hebdo, le journal devait initialement publier l'intégralité du nouveau numéro, mais s'est finalement contenté, après un vif débat interne, d'un encart de quatre pages, conscientes des risques de représailles.

    "Solidarité"

    "Nous avons publié ce supplément par solidarité avec Charlie et pour défendre la liberté d'expression", a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du quotidien, Utku Cakirözer.

    "Mais nous avons respecter la sensibilité religieuse de la société turque", a-t-il ajouté pour justifier de ne pas avoir reproduit in extenso la Une de l'hebdomadaire français.

    "Je le répète une fois encore, le terrorisme est un crime contre l'Humanité, quelle que soit son origine. C'est pour cela qu'il (le prophète) tient dans sa main une pancarte +je suis Charlie", a-t-il aussi écrit dans ses colonnes, "cette caricature n'a rien à voir avec le prophète Mahomet, c'est un symbole d'humanité et d'équité".

    Fondé en 1924 par un proche du fondateur de la Turquie moderne et laïque Mustafa Kemal Atatürk, Cumhuriyet ("La République" en turc) est résolument opposé au régime du président Erdogan. Il a fait l'objet ces dernières années de nombreux procès et a été la cible d'attentats. Plusieurs de ces journalistes ont été emprisonnés.

    M. Cakirözer a indiqué à l'AFP avoir reçu depuis mardi des menaces téléphoniques.

    La police turque a fait une descente dans la nuit de mardi à mercredi à l'imprimerie du journal à Istanbul pour examiner son contenu avant de donner, après un coup de fil à un procureur, son feu vert à sa distribution.

    Des effectifs de police ont été déployés autour du siège de Cumhuriyet à Istanbul et de sa rédaction à Ankara. Dans la capitale, un petit groupe d'étudiants pro-islam a défilé devant le journal sans incident, selon l'agence de presse gouvernementale Anatolie.

    La publication des précédentes caricatures de Mahomet a valu de vives critiques au journal français en Turquie. En 2013, un ministre l'avait qualifié de "torchon".

    Dans un entretien accordé la semaine dernière à l'AFP, le plus haut dignitaire religieux de Turquie, Mehmet Görmez, a condamné sans restriction l'attentat qui a visé Charlie Hebdo mais a déploré le dénigrement des valeurs de l'islam "au nom de la liberté d'expression".

    En guise de soutien à Charlie Hebdo, les trois principaux journaux satiriques turcs ont publié cette semaine la même couverture noire barrée du slogan "Je suis Charlie".


    votre commentaire
  • <header id="titre_article">

    Bygmalion : Jouyet admet que Fillon lui a parlé

    LES ECHOS | <time datetime="2014-11-09T11:20:26+01:00">LE 09/11 À 11:20, MIS À JOUR À 17:55  </time>lien 
    </header><section id="gauche_article">
    • <figure itemid="/medias/2014/11/09/1062484_bygmalion-jouyet-admet-que-fillon-lui-a-parle-web-tete-0203926071653_660x486p.jpg" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"><figcaption itemprop="description">

    Bygmalion : Jouyet admet que Fillon lui a parlé - AFP

     
    </figcaption></figure>

  •  
  • Le secrétaire général de l’Elysée a admis dimanche que François Fillon lui a parlé, lors d’un déjeuner en juin dernier, de l’affaire Bygmalion et des pénalités pour la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy.

    Revirement. Après avoir démenti jeudi toute intervention de l’ex-Premier ministre auprès de lui concernant les affaires judiciaires de Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l’Elysée a changé de fusil d’épaule dimanche après-midi. Dans une déclaration lue à l’AFP, Jean-Pierre Jouyet a finalement admis que François Fillon a évoqué, lors d’un déjeuner en juin dernier avec François Fillon, les pénalités pour la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy tout en précisant que l’Elysée « ne pouvait rien s’agissant de cette procédure relevant de la justice ». Et de rappeler « que, depuis mai 2012, il n’y a plus aucune intervention de la présidence de la République dans une procédure judiciaire ».

     
    Verbatim de la déclaration

    « François Fillon m’a fait part de sa grave préoccupation concernant l’affaire Bygmalion. Il s’en est déclaré profondément choqué (...) Il a également soulevé la question de la régularité du paiement des pénalités payées par l’UMP pour le dépassement des dépenses autorisées dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy », a ajouté Jean-Pierre Jouyet. « J’ai fait part à mes interlocuteurs (ndlr, M. Fillon et Antoine Gosset-Grainville, ex-directeur adjoint de cabinet de M. Fillon et ami commun des deux hommes) du fait que la présidence de la République ne pouvait rien s’agissant de cette procédure relevant de la justice », a ajouté à l’AFP Jean-Pierre Jouyet.

    Henri Guaino, député UMP proche de Nicolas Sarkozy, avait demandé dimanche matin à Jean-Pierre Jouyet de « s’expliquer » et aux journalistes du « Monde » de produire l’enregistrement qui prouverait que le secrétaire général de l’Elysée a menti. « Je suis accablé par le climat qui règne dans notre pays, je ne reconnais plus mon pays », a expliqué dimanche au "Grand Rendez-vous i<télé-europe .="" 1-le="" :="" a="" accusations="" ait="" ajouter="" ancien="" appareil="" celui="" cette="" contre="" croire="" de="" demander="" des="" dit="" e="" em="" et="" fait="" fillon="" fut="" guaino="" henri="" hommes="" importants="" importe="" intervenir="" je="" la="" le="" les="" marche="" ministre="" ne="" nicolas="" ois="" pas="" peux="" plume="" plus="" porter="" premier="" que="" qui="" ral="" sa="" sarkozy="" sarkozy.="" surprise="" taire="" telles="" un="" voir="">Le secrétaire général de l'Elysée accuse M. Fillon, voilà la véritable information (...) S'il a tenu ces propos, c'est une affaire d'Etat".</télé-europe>

    Produire la bande

    Les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont rapporté et maintenu hier que Jean-Pierre Jouyet leur a fait le récit d’une demande d’intervention de M. Fillon auprès de lui pour accélérer les procédures judiciaires visant Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Jouyet, qui fut un secrétaire d'Etat d'ouverture (2007-2008) quand Nicolas Sarkozy était à l'Elysée, a démenti mais les deux journalistes disent qu'ils ont enregistré l'entretien avec son assentiment.

    « Évidemment, on ne peut pas en rester là, ils (les journalistes) vont produire cette bande (...) Je demande que la bande soit mise sur la table », a-t-il ajouté. Quant à M. Jouyet, « qu’il s’explique et si les explications ne sont pas convaincantes, on ne peut pas en rester là », a enchaîné l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.

    Mais les deux journalistes préfèrent, à ce stade, tenir cet enregistrement à la disposition de la justice et n'entendent "répondre à aucune injonction politicienne", ont-ils déclaré à l'AFP. 

    Source AFP
    </section>

votre commentaire
  • Fillon a-t-il sollicité l?Élysée pour faire chuter Sarkozy ?

    <header>

    Fillon a-t-il sollicité l’Élysée pour faire

    chuter Sarkozy ?

     
    <figure>
     
    <figcaption>© AFP | François Fillon (à gauche) et Jean-Pierre Jouyet</figcaption></figure>

    Vidéo par FRANCE   Texte par Charlotte BOITIAUX 

    Dernière modification : 09/11/2014

    </header>

    "Le Monde" a affirmé samedi détenir des preuves selon lesquelles l’ex- Premier ministre UMP a demandé, en juin, à Jean-Pierre Jouyet, porte-parole de l’Élysée, d’accélérer les procédures judiciaires à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Récit.

    Que s’est-il exactement passé pendant ce fameux déjeuner du 24 juin 2014 entre le secrétaire général de l’Élysée, Jean-Pierre Jouyet, et l’ancien Premier ministre UMP François Fillon ? D’après les révélations des deux journalistes du "Monde", Francis Lhomme et Gérard Davet, l’ancien hôte de Matignon aurait, ce jour-là, pressé Jouyet, un de ses amis qui fut également secrétaire d’État dans son gouvernement, d’abattre politiquement Nicolas Sarkozy.

    De quelle manière ? Dans leur livre à paraître "Sarko s’est tuer", et dans leur article très détaillé, publié samedi 8 novembre, les deux journalistes expliquent que François Fillon a incité le secrétaire général de l’Élysée à "taper vite" sur l’ancien président de la République afin d’accélérer les poursuites judiciaires à son encontre. À l’époque, l’affaire Bygmalion bat son plein. Fillon en aurait donc profité pour essayer de manœuvrer contre son rival : surfer sur le scandale pour pousser François Hollande, par l'intermédiaire de Jouyet, à peser sur l'affaire judiciaire concernant les dépassements de frais de campagne de 2012 de Sarkozy*. "C’est de l’abus de bien social Jean-Pierre", lui aurait lancé Fillon, "c’est une faute personnelle, l’UMP n’avait pas à payer […] Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir. Alors agissez !".

    >> À lire sur France 24 : Enquête sur le paiement par l'UMP des pénalités infligées à Sarkozy sur ses comptes de campagne 2012

    Révélations explosives

    En moins de 24 heures, l’affaire fait la une des médias français. Il faut dire que les révélations sont explosives : un ancien Premier ministre UMP qui "complote" avec le plus proche collaborateur de François Hollande, un président socialiste, en vue d’abattre un adversaire de sa propre famille politique, ça fait mauvais genre. L’affaire prend déjà une tournure judiciaire et François Fillon, conscient de l’image désastreuse que cette affaire va lui coller sur le dos, porte plainte pour diffamation contre "Le Monde" et contre ses deux journalistes.

    Seulement voilà, le binôme Lhomme-Davet, autant réputés pour leur sérieux que pour leur professionnalisme, avaient, eux aussi, "blindé" leur version. Sereins, ils ont donc affirmé détenir… un enregistrement audio prouvant la nature de leur allégation ! La conversation enregistrée, non diffusée, n’est pas celle du déjeuner, mais celle d’une interview de Jean-Pierre Jouyet, interrogé au palais présidentiel, le 20 septembre. Selon Francis Lhomme et Gérard Davet, le secrétaire général de l’Élysée a, de son plein gré, rapporté les propos de Fillon et les deux journalistes affirment avoir enregistré l’entretien avec l’assentiment de l’intéressé.

    >> À lire sur France 24 : Fillon veut "court-circuiter Sarkozy et se positionner pour 2017"

    Une information doublement gênante pour François Fillon : non seulement l’ancien Premier ministre, qui s’est toujours présenté comme un homme intègre face à Nicolas Sarkozy, revêt aujourd’hui l’habit du traître – ou du moins du rival déloyal –, mais il risque surtout de mettre en grave péril sa candidature pour la présidentielle de 2017. Si les enregistrements du "Monde" sont avérés et si la voix de Jouyet est authentifiée, quelle serait sa ligne de défense ? Fillon accusera-t-il aussi son ami de diffamation?

    Le beau rôle de François Hollande

    Jusqu’à présent, le secrétaire général de l’Élysée a adopté la même stratégie que Fillon : nier les allégations du "Monde". Mais son implication dépasse la sphère personnelle pour porter atteinte à la plus haute institution de l’État : un ami intime du président de la République entretenant des relations "troubles" avec un ancien ministre de droite, "c’est très grave", a confié un membre de l’exécutif à l’AFP, sous couvert d’anonymat."C'est une affaire d'État", a lancé, de son côté, Henri Guaino, un proche de Sarkozy, au micro de Europe 1. En outre, un porte-parole de la présidence discutant avec un tiers d’un possible concours de l’État sur des procédures judiciaires en cours, laisse sous-entendre que la séparation des pouvoirs n’est qu’un leurre démocratique.

    Le palais présidentiel, sollicité samedi par l'AFP, est resté silencieux. Mais un proche du président souligne que François Hollande s'est toujours tenu scrupuleusement au respect de l'indépendance de la justice.

    Le chef de l'État n'est pas mis en cause dans l’article du "Monde". Selon les propos rapportés de Jean-Pierre Jouyet, François Hollande a opposé un non catégorique à toute intervention de sa part dans cette affaire. "François (Hollande) m'a dit: ‘Non, non, on ne s'en occupe pas’", relate le quotidien. Le chef de l’État semble être le seul à ressortir doublement gagnant de cette affaire : en honorant la fonction présidentielle et en refusant d’interférer dans le domaine de la justice, François Hollande a par la même occasion démenti l’existence d’un "cabinet noir" à l’Élysée, dont le but serait de tirer les ficelles dans les procédures judiciaires lancées contre Nicolas Sarkozy.

    Avec AFP

    ---------------------------------------------


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique