Des avocats s’indignent, dans une lettre dont l’AFP a eu connaissance samedi, des«atteintes
graves et répétées» au secret professionnel après l’ouverture d’une enquête consécutive à
l’interception d’une conversation entre Me Thierry Herzog et son client Nicolas Sarkozy.
Vendredi, Le Monde a révélé qu’une information judiciaire pour violation du secret de l’instruction
et trafic d’influence ouverte le 26 février, trouvait son origine dans l’interception de discussions
au téléphone entre l’avocat et l’ex-chef de l’Etat. Elle avait été faite à la demande de juges enquêtant
sur les accusations de financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye de
Mouammar Kadhafi.
«Que le secret professionnel, socle de la défense, garantie fondamentale des libertés individuelles
dans un Etat de droit, fasse l’objet d’atteintes graves et répétées, menace l’essence même de notre
profession d’avocat et son indépendance», dénoncent dans la lettre les avocats signataires qui
apportent leur soutien à Me Herzog.
Dans le cadre de cette enquête, deux juges financières ont diligenté une série de perquisitions
le 4 mars, visant Me Herzog et un haut magistrat du parquet général de la Cour de cassation,
Gilbert Azibert. «Que les cabinets d’avocats soient aujourd’hui devenus un lieu privilégié dans
lequel les juges songent à rechercher les éventuelles preuves des instructions qui leurs sont confiées,
suscite l’inquiétude», peut-on encore lire dans la lettre.
«Nous alertons les pouvoirs publics sur le danger pour la démocratie de telles dérives et sur
l’impérieuse nécessité de protéger le secret professionnel, pilier de la profession d’avocat et sans
lequel aucune défense ne peut s’exercer», interpellent les signataires.
Selon la présidente de l’Association de défense des avocats pénalistes (Adap), Corinne
Dreyfus-Schmidt, le texte avait été signé par plusieurs centaines d’avocats samedi à la mi-journée.
Ce chiffre est appelé a augmenter, a poursuivi l’avocate, qui figure parmi les premiers signataires
avec d’autres grands noms du barreau, Henri Leclerc, Hervé Temime, Eric Dupond-Moretti,
Jacqueline Laffont, Pierre Haïk ou encore Christian Saint-Palais.
Signe de l’émoi suscité dans la profession par cette affaire, le bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur,
s’est rendu en personne jeudi à l’audience chez le juge des libertés et de la détention (JLD) où
étaient contestées les saisies réalisées chez Me Herzog, une démarche inédite. Le JLD doit rendre
en début de semaine une ordonnance pour notamment décider de restituer ou non son téléphone
professionnel à Me Herzog, a-t-on appris de sources proches du dossier.