Le président russe Vladimir Poutine a ordonné mardi à ses navires de guerre déployés en mer Méditerranée d'entrer en "contact direct" avec le porte-avions Charles-de-Gaulle et de "coopérer avec les alliés" français. "Un détachement naval français mené par un porte-avions arrivera bientôt dans votre secteur. Il faut établir un contact direct avec les Français et travailler avec eux comme avec des alliés", a déclaré Vladimir Poutine lors d'une réunion de l'état-major de l'armée russe consacrée aux opérations militaires en Syrie.
Le président russe s'est par ailleurs entretenu par téléphone avec son homologue français François Hollande, avant une rencontre prévue le 26 novembre. Les deux chefs d'État se sont mis d'accord pour une "coordination plus étroite" de leurs agences de renseignement sur le conflit syrien après les attentats vendredi à Paris, a indiqué le Kremlin.
Un "attentat" à la bombe
Comme la France après ces attentats, la Russie a décidé mardi d'intensifier ses frappes en Russie en raison du crash d'un avion russe en Égypte, désormais considéré comme un attentat par Moscou. Des bombardiers stratégiques russes ont pour la première fois frappé des positions de l'organisation État islamique (EI) en Syrie, où Moscou mène depuis le 30 septembre une campagne de frappes aériennes, a indiqué le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou lors de la réunion de l'état-major.
Jusqu'à présent, la Russie n'utilisait en Syrie que des bombardiers tactiques et des avions d'appui au sol. L'utilisation de bombardiers stratégiques à long rayon d'action, plus puissants et décollant depuis la Russie, constitue une nouvelle étape dans la démonstration de force militaire russe dans le pays. Des bombardiers Tu-22 ont frappé mardi matin des cibles de l'EI dans les provinces de Raqa (nord-est) et de Deir Ezzor (est), tandis que des Tu-160 et des Tu-95MC ont bombardé les provinces d'Alep (nord-ouest) et d'Idleb (nord-ouest), selon Sergueï Choïgou.
"Intensifier ses opérations en Syrie"
Selon le chef d'état-major russe Valeri Guerassimov, l'aviation de Moscou a frappé en 48 jours d'intervention 4 111 cibles en Syrie pour un total de 2 299 sorties, détruisant 562 postes de commandement, 64 camps d'entraînement et 54 ateliers de fabrication de munitions et de matériel. "Le nombre de sorties a doublé, ce qui permet de mener des frappes puissantes et précises sur les combattants de l'EI sur tout le territoire de la Syrie", s'est félicité le ministre de la Défense.
L'armée russe a en outre annoncé qu'elle allait renforcer son contingent aérien en Syrie de 37 avions, dont 8 Su-34 et 4 Su-27. Le président français François Hollande a annoncé lundi que le porte-avions Charles-de-Gaulle allait être déployé en Méditerranée orientale pour prendre part aux opérations en Syrie. Il va quitter Toulon, dans le sud de la France, jeudi. La France a promis d'"intensifier ses opérations en Syrie" après les attentats meurtriers du 13 novembre à Paris, revendiqués par les djihadistes de l'EI. Dimanche soir, l'aviation française a massivement bombardé Raqqa, capitale de facto du groupe dans le nord de la Syrie.