C’est à Molenbeek-Saint-Jean, commune de l’agglomération bruxelloise et foyer de l’islamisme radical en Belgique, qu’ont été arrêtées au moins sept personnes dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris. C’est là qu’aurait été louée une des voitures utilisées par les tueurs. Ce nom apparaît aussi au cours de plusieurs enquêtes sur des attentats récents en Europe.
Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles, en mai 2014, qui a fait quatre morts, a séjourné dans cette commune pauvre de la banlieue de Bruxelles. L’enquête qui a suivi l’assaut contre une cellule terroriste à Verviers, en janvier 2015, a également conduit vers cette municipalité. Et Ayoub El-Khazzani, l’auteur de la tentative d’attentat dans un train Thalys, en août, y a également séjourné.
« Je constate qu’il y a presque toujours un lien avec Molenbeek, qu’il y a un problème gigantesque. Les mois passés, beaucoup d’initiatives ont déjà été prises dans la lutte contre la radicalisation mais il faut aussi plus de répression », a reconnu dimanche le premier ministre belge, Charles Michel.
« Nous allons travailler de manière intense avec les autorités locales. Le gouvernement fédéral est prêt à fournir plus de moyens pour améliorer la situation sur le terrain, dans tout le pays et dans les endroits où il y a des problèmes » .
« Ils ne viennent pas tous d’ici, a répondu la bourgmestre Françoise Schepmans, et la plupart du temps, ils ne sont que de passage. » La mairie aurait néanmoins mis en place récemment, selon la Libre Belgique, une formation destinée à repérer la radicalisation violente à destination des policiers, agents de quartier, éducateurs, fonctionnaires communaux, professeurs, qui y travaillent.
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Havre relativement sûr pour djihadistes
C’est la Belgique, qui, en Europe occidentale, produit le plus de combattants islamistes proportionnellement à sa population. Dans ce petit pays de 11 millions d’habitants, 494 djihadistes ont été identifiés : 272 sont en Syrie ou en Irak, 75 sont présumés morts, 134 sont revenus et 13 sont en route, selon les services belges.
Malgré le renforcement de sa législation antiterroriste, le démantèlement de filières de recrutement et de cellules terroristes depuis les années 1990 et les condamnations qui ont suivi, la Belgique reste un havre relativement sûr pour les djihadistes.
« L’Europe est devenue sans frontière, donc il est normal qu’ils [les auteurs d’attentat] en profitent aussi. Mais il faut faire en sorte que nous ne soyons plus une base pour ceux qui partent faire la guerre en Europe », a déclaré le bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur.
Le procès du groupe salafiste Sharia4Belgium à Anvers en février a aussi mis en lumière le rôle du pays dans la radicalisation de plusieurs jeunes Français revenus de Syrie.
La Belgique est aussi une plaque tournante pour le trafic d’armes. Selon les médias belges, une partie de l’arsenal utilisé par les frères Kouachi dans l’attaque contre Charlie Hebdo à Paris en janvier, et par Amédy Coulibaly contre un magasin cacher, a été achetée à Bruxelles.
Le procureur fédéral belge Frédéric Van Leeuw a donné en août une idée de l’ampleur du problème : dès cet été il avait « ouvert davantage de dossiers liés au terrorisme que pour l’année 2014 dans son intégralité, et il s’agissait d’une année record avec 195 dossiers ».