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    « Printemps tunisien » : un Nobel en soutien à un processus fragile

    Le 14 janvier à Tunis, lors des célébrations du quatrième anniversaire de la révolution de 2011.

    « Fierté », « honneur », « excellente nouvelle pour la Tunisie ». Les formules revenaient dans tous les commentaires à Tunis dans la matinée du vendredi 9 octobre, quand la nouvelle s’est répandue : le prix Nobel de la paix était accordé au Quartet, cette plate-forme de dialogue issue de la société civile qui avait évité au pays de basculer dans le chaos deux ans et demi après son « printemps » de 2011.

    Ainsi la Tunisie stabilisait-elle une transition démocratique qui semblait alors menacée par la montée des violences salafistes et l’exacerbation concomitante de l’antagonisme entre le parti islamiste Ennahda – au pouvoir entre fin 2011 et début 2014 – et une opposition dite « moderniste » de plus en plus virulente. Début 2014, à la suite de l’adoption d’une Constitution progressiste et l’investiture d’un gouvernement « technocrate », la transition tunisienne parût reprendre son cours dans un climat relativement pacifié. En réalité, de nouveaux périls obscurcissaient l’horizon. La « révolution » tunisienne demeure non seulement un processus inachevé, mais surtout une œuvre fragile, menacée de régressions de toute sorte.

    Les acquis de ce « printemps » de 2011, le seul qui ait survécu dans le monde arabo-musulman, sont indiscutables. Une vie démocratique a bel et bien pris place, avec ses élections, ses débats parlementaires, ses partis politiques battant les estrades, ses médias pugnaces bien que parfois brouillons, sa société civile remuante, etc. Aussi imparfaites qu’elles soient, ces libertés conquises sont toujours chéries par la majorité des Tunisiens, même si un courant d’opinion néoconservateur commence à exprimer ouvertement sa nostalgie de l’ancien régime du dictateur déchu Zine Al-Abidine Ben Ali, où « il n’y avait pas la pagaille comme maintenant ». Amira Yahyaoui, l’une des figures de cette société civile – elle a dirigé jusqu’au printemps l’ONG Al-Bawsala (« la boussole »). qui milite pour la transparence démocratique – loue ces acquis en ces termes : « Les citoyens n’ont plus peur de leurs gouvernants, c’est la conquête la plus importante ».

    Même dans les zones délaissées de la Tunisie de l’intérieur, là où fermentent d’âpres ressentiments face aux promesses déçues de la Révolution en matière sociale et économique, un discours nuancé continue de prévaloir. Noumen Mhamdi, un des animateurs du mouvement des diplômés chômeurs de Kasserine, région qui aux côtés de Sidi-Bouzid et Gafsa s’est soulevée à l’avant-garde de la révolution, fin 2010-début 2011, exprime son désenchantement devant un horizon social toujours aussi bouché (le taux de chômage des diplômés est de 46,9 %) : « Les jeunes sont désespérés, ils ont perdu espoir dans l’avenir ». Mais dans le même temps, il se refuse à jeter le bébé avec l’eau du bain : « Je ne suis pas un déçu de la révolution, car nous avons gagné la liberté d’expression. C’est un exploit, c’est un trésor ».

    Lire aussi : La révolution tunisienne, une exception dans le chaos des « printemps arabes »

    Grèves et mouvements sociaux

    Les Tunisiens ont pourtant bien des raisons de se plaindre d’une transition qui est loin d’avoir répondu à leurs attentes. L’un des reproches les plus amers tient dans la stagnation économique et sociale. La croissance économique est en berne, elle n’atteindra en 2015 pas le 1 % officiellement escompté. Dans ce contexte, l’antagonisme entre le syndicat Union générale du travail tunisien (UGTT) et la fédération patronale UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat) – ironiquement tous les deux lauréats du Nobel – s’aigrit autour de négociations salariales dans le secteur privé. Des grèves et mouvements sociaux éclatent ici et là, notamment dans le bassin minier traditionnellement rebelle de Gafsa, où le printemps a été chaud. Pour ajouter à la confusion, le gouvernement dirigé par le parti Nidaa Tounes – écartelé entre son aile droite et son aile gauche – peine à élaborer un plan de réformes économiques cohérent, au grand dam de bailleurs comme le Fonds monétaire international (FMI).

    Dans ce climat morose, deux périls ont émergé en 2015. Le premier a été l’apparition d’un terrorisme djihadiste résolu à frapper dans le sang l’image internationale de la Tunisie, avec l’objectif évident de plonger le pays dans un chaos général. Les attentats visant le Musée du Bardo à Tunis (le 18 mars) puis un hôtel de Sousse (le 26 juin), qui ont causé la mort de 59 touristes étrangers, ont illustré cette nouvelle menace. L’Etat tunisien, déjà confronté au flottement de son appareil sécuritaire après la révolution, est apparu d’autant plus dépassé par les événements que les effets de contagion de la guerre dans la Libye voisine ajoutaient à son impuissance. Ces attentats sont survenus à un moment où la mouvance djihadiste tunisienne était en pleine recomposition : des cellules liées à la branche libyenne du groupe Etat islamique (EI) montaient en puissance dans un paysage jusque-là dominé par le groupe Okba Ibn-Nafaa, émanation d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) opérant à partir de la frontière algérienne.

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    A Sousse, sur le site de l'attentat, le 27 juin. </figure>

    Le second péril qui menace les acquis du « printemps » de 2011 tient précisément à la réponse sécuritaire de l’Etat à ce défi djihadiste. S’appuyant sur une opinion tunisienne tentée par des méthodes à poigne, le gouvernement a inspiré une série de projets de loi dénoncés comme « liberticides » par les organisations des droits de l’homme. Certains ont été abandonnés devant la controverse, d’autres ont été adoptés par l’Assemblée, tel le projet de loi « antiterroriste » voté en juillet.

    « Cela est bon pour le moral des Tunisiens après cette année passée dans la grisaille »

    A ce nouvel arsenal législatif s’est ajouté la proclamation de l’état d’urgence le 4 juillet après l’attentat de Sousse, un dispositif d’exception qui a permis à la police de limiter dans certaines circonstances la liberté de manifestation. Certes, cet état d’urgence a été levé début octobre, mais l’épisode a laissé un goût amer aux militants des droits de l’homme. Le sentiment prévaut dans certains milieux que des segments de l’Etat liés à l’ancien régime mettent à profit la crispation sécuritaire ambiante pour reprendre des positions perdues après la Révolution. « L’Etat profond est de nouveau à la manœuvre » dénonce ainsi Sihem Bensedrine, la présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD) dont le mandat de mettre en œuvre la « justice transitionnelle » rencontre bien des obstacles politico-administatifs. Ainsi, Amna Guellali, représentante de Human Rights Watch (HRW) à Tunis, se félicite-t-elle de ce prix Nobel, mais à la lumière de la menace diffuse planant sur les acquis de la révolution : « Ce prix Nobel rend hommage au rôle de la société civile tunisienne dans le maintien de la paix au plus fort de la crise de 2013. C’est important à un moment où cette même société civile est de plus en plus attaquée par des dérives sécuritaires ».

    Reste que ce prix Nobel réveille un vif espoir en Tunisie. Nombreux sont ceux qui y voient une réhabilitation d’une trajectoire historique unique en passe de dérailler, et donc un levier pour en redresser le cours. « Cela est bon pour le moral des Tunisiens après cette année passée dans la grisaille, commente Mokhtar Trifi, le président d’honneur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. Espérons que le monde, dont les projecteurs se braquent à nouveau sur notre petit pays, va prendre conscience que nous avons aussi besoin de son aide pour poursuivre l’œuvre entamée ».

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    Récit

    Le Pen-Hollande, le clash face à Merkel

    <time datetime="2015-10-07T20:06:12" itemprop="datePublished">7 octobre 2015 à 20:06</time>
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    Marine Le Pen, mercredi au Parlement européen. Photo Reuters  lien 

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    En plein hémicycle européen, la présidente du FN a qualifié le président français de «vice-chancelier, administrateur de la province France» s’attirant une réponse cinglante du chef de l’Etat.

    François Hollande n’est jamais aussi bon que lorsqu’il arrête de lire les notes laborieuses préparées par ses collaborateurs et qu’il refait de la politique. On a pu le constater une nouvelle fois hier, devant le Parlement européen à Strasbourg, où il s’exprimait en compagnie de la chancelière allemande, Angela Merkel. Hollande n’a pas laissé passer l’occasion de cogner une Marine Le Pen, éructante et déchaînée, qui venait de copieusement insulter et le président français et la Chancelière allemande.

    C’était le moment Hollande. Il faut dire que la présidente du groupe «Europe des nations et des libertés» n’a pas fait dans la subtilité, confondant manifestement le Parlement de Strasbourg réuni en session solennelle pour recevoir les deux chefs de gouvernements les plus importants de l’Union, avec un meeting électoral.

    «Aveuglément»

    S’adressant à la chancelière, accusée d’avoir commis «un geste irresponsable en décidant d’accueillir 800 000 migrants», Le Pen lui lance : «Merci, madame Merkel, de venir avec votre vice-chancelier administrateur de la province France.» Puis s’adressant au chef de l’Etat : «Monsieur le vice-chancelier, j’aurais aimé vous appeler monsieur le président de la République, mais, pas plus que votre prédécesseur, vous n’exercez cette présidence.» Elle lui reproche «de ne pas défendre la souveraineté française», mais «de se soumettre aveuglément à une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington». Et de dénoncer une «tentative absurde d’une domination allemande de l’Europe» : «Je suis la représentante du peuple français», je suis «l’anti-Merkel», lance-t-elle aux deux dirigeants.

    Merkel et Hollande hésitent entre l’accablement et le fou rire. Dans sa réponse aux chefs de groupes politiques, Merkel l’ignore ostensiblement. C’est Hollande qui s’y colle. «Si nous ne voulons pas du renforcement de l’Europe, il n’y a qu’une voie», comme le réclame Nigel Farage, le leader de l’Ukip britannique, «c’est de sortir de l’Europe » : «La seule voie possible pour celles et ceux qui ne sont pas convaincus de l’Europe, c’est de sortir de l’Europe, tout simplement. Il n’y a pas d’autre voie. Celle-là est terrible, mais elle est celle de la logique : sortir de l’Europe, sortir de l’euro, sortir de Schengen, et même, si vous pouvez, sortir de la démocratie parce que parfois, en vous entendant, je me pose cette question», a plaidé avec fougue le Président sous les applaudissements de l’hémicycle et d’une chancelière tout sourire. François Hollande a réfuté tout «abandon de la souveraineté», qui n’a «rien à voir avec le souverainisme», a-t-il affirmé. «La souveraineté européenne, c’est d’être capable de décider pour nous-mêmes et d’éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes», a-t-il conclu sous les acclamations des eurodéputés ravis et sous l’œil furibard de Le Pen.

    La chancelière allemande Angela Merkel, le 7 octobre 2015.

    François Hollande et Angela Merkel, mercredi.  (Photo AFP)

    Calculs

    Un incident franco-français, très inhabituel dans une enceinte où les forces politiques, aussi opposées soient-elles sur le plan intérieur, évitent de s’affronter en public sur des questions nationales. Merkel et Hollande se seraient bien passés de cet épisode : en venant s’exprimer ensemble à Strasbourg, ils ont voulu marquer l’importance du moment que vit l’Europe, la crise humanitaire la plus grave depuis 1945 qui met en jeu ses valeurs fondamentales. La chancelière a rappelé que le seul précédent d’une telle prise de parole commune date du lendemain de la chute du mur de Berlin. François Mitterrand et Helmut Kohl, «avaient conscience du bouleversement qui s’annonçait et ils ont pris l’engagement d’agir ensemble».

    Avec succès, a-t-elle souligné : la transition démocratique s’est effectuée sans heurts et toutes les anciennes Républiques populaires (plus trois anciennes républiques soviétiques) sont aujourd’hui membres de l’UE et ont atteint des standards de vie sans commune mesure avec ceux de la fin des années 80. «L’unification du continent» a été un succès majeur de la construction européenne : «Nous avons montré ce dont nous sommes capables.» Pour les deux responsables, l’Union est confrontée, avec l’arrivée des réfugiés, à un défi du même ordre : «Ce que nous vivons est durable» et «cela va modifier l’Europe comme cela a été le cas il y a vingt-cinq ans», a prévenu la chancelière. Le couple franco-allemand a donc pris l’engagement solennel d’agir ensemble, nul mur, nul repli sur le réduit national n’offrant une solution durable, selon François Hollande. Des discours solennels, d’une rare franchise, qui n’ont manifestement pas convaincu les europhobes, comme en a fait la démonstration Marine Le Pen.

    Par Jean Quatremer correspondant à Bruxelles

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  • Policier blessé à Saint-Ouen:

    Taubira envisage de modifier la loi

    sur les sorties de détenus

    <time class="metadata-date-published time" datetime="2015-10-06T17:17:41+02:00" itemprop="datePublished"> 06/10/2015 à 17h17 lien </time>

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    Mise en cause par la droite et des syndicats de police, Christiane Taubira envisage de mieux encadrer les sorties de détenus, au lendemain d'un braquage ayant laissé un policier dans un état grave en Seine-Saint-Denis.

     

     

     

     

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  • Le pape donne une leçon de morale à l?ONU

    Le pape donne une leçon de morale à l’ONU

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-09-26T00:59:02+02:00" itemprop="datePublished">26.09.2015 à 00h59</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-09-26T01:06:44+02:00" itemprop="dateModified">26.09.2015 à 01h06</time> | Par

    Le pape après son discours à l'Assemblée générale de l'ONU, le 25 septembre.

    Le drapeau du Vatican flotte sur le fronton des Nations Unies depuis à peine deux heures lorsque la Fiat 500 du pape François s’engage sur la rotonde qui mène au siège de l’ONU. C’est le quatrième pape de l’histoire à se rendre aux Nations Unies et il sait son discours très attendu alors que l’institution, qui célèbre son soixante-dixième anniversaire, est en perte de confiance, plombée par son incapacité à agir sur le dossier syrien.

    Le pape a donc adressé ses premiers mots à l’ensemble du personnel « la colonne vertébrale de l’organisation ». « Vous portez le souci de l’avenir de notre planète, et du genre de monde que nous allons laisser aux futures générations » leur a-t-il lancé alors que des « Papa, Papa » résonnaient dans le hall du palais de verre.

    Il s’est ensuite offert un bain de foule parmi 400 employés qui avaient gagné, lors d’une loterie, le droit de l’apercevoir. Il a pris place dans une petite voiturette de golf sur laquelle le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, l’accompagnait. Loin des oreilles de la presse, il a rencontré le président du conseil de sécurité pour le mois de septembre, l’ambassadeur russe Vitaly Tchurkin. Si rien n’a filtré de la rencontre entre les deux hommes, qui n’aurait duré que cinq minutes, le souverain pontife avait quelques sujets clés à aborder avec le Russe : les blocages au conseil de sécurité et l’implication russe dans les conflits syrien et ukrainien.

    Lire aussi : Le discours engagé du pape face aux élus américains

    Appel à l’examen de conscience

    Avec un quart d’heure d’avance sur le programme officiel, il a ensuite rejoint l’hémicycle de l’Assemblée générale où il a été accueilli par une ovation, les diplomates présents se levant d’un même élan. A la tribune, le pape était venu apporter un message de fermeté et il n’a pas hésité à donner un petit cours de morale politique en espagnol à l’aréopage de diplomates venu écouter un discours qui a duré près de 40 minutes.

    Les guerres en Syrie, Irak, Libye, Ukraine, Sud Soudan « doivent pousser a un examen de conscience de la part de ceux en charge de la conduite des affaires internationales » a-t-il lancé, dénonçant « les intérêts partisans » de la Realpolitik et une humanité en souffrance alors « qu’on ne fait que s’évertuer à énumérer des problèmes, des stratégies et des discussions » qui n’accouchent d’aucuns résultats.

    Jorge Bergoglio s’est aussi déclaré favorable à une réforme du conseil de sécurité pour « accorder à tous les peuples une participation et une incidence réelle et équitables dans les décisions ».

    Un plaidoyer pour la lutte contre le changement climatique

    Mais le thème central, qui aura dominé l’ensemble de son discours, est la lutte contre le changement climatique alors que le sommet pour le développement durable s’ouvrait juste après son passage à la tribune de l’Assemblée générale. Depuis la publication en juin de son encyclique Laudato si (« Loué sois tu »), le pape n’a cessé de dénoncer les déclarations de bonnes intentions qui ne sont pas suivies d’effets et partagé son espérance de voir la conférence de Paris sur le climat qui se tient en décembre prochain, déboucher sur « des accords fondamentaux et efficaces. »

    Il a par ailleurs plaidé pour la reconnaissance de l’existence « d’un véritable droit à l’environnement ». Car il y a urgence « la crise écologique peut mettre en péril l’existence même de l’humanité » pour le jésuite.

    Lire aussi : Pourquoi Pékin s’engage sur la limitation des gaz à effet de serre

    Le pape de 78 ans n’a pas oublié de s’adresser aux plus démunis. Ses quelques remarques liées à la justice sociale et au caractère asphyxiant des organismes financiers qui mettent les plus pauvres « au rebut », ont été très applaudies. De même que sa diatribe contre le trafic de drogue, « une guerre qui n’est pas assez combattue et qui tue des millions de gens » a-t-il souligné.

    Mais la grande surprise de son discours, c’est une toute petite phrase en forme de rétropédalage où le pape François évoque la « colonisation idéologique » qui impose « des modèles de vie anormaux et irresponsables » . Une allusion implicite au débat en cours aux Etats-Unis sur la théorie du genre et au mariage homosexuel, qui a été légalisé à New York en Juin dernier. Une petite phrase qui a jeté le trouble dans l’enceinte de l’Assemblée Générale qui s’attendait certainement à un discours plus « politisé » encore et moins « moraliste ».


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  • Place de La Nation à Paris: "Cinq jours pour rien" et des larmes

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    Place de La Nation à Paris: "Cinq jours pour rien" et des larmes

    <time>Publié le 03-09-2015 à 18h14Mis à jour à 20h43  lien </time>
     
    Les agriculteurs quittent la capitale, le 3 septembre 2015 (c) Afp
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    Les agriculteurs quittent la capitale, le 3 septembre 2015 (c) Afp
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    Paris (AFP) - "On a fait le job mais on n'a pas été respecté. Regardez, j'en pleure. Mais il faut rentrer maintenant". Sur le toit d'un camion rouge, place de la Nation à Paris, le responsable des Jeunes agriculteurs du Finistère tente de calmer les troupes échauffées. "Cinq jours pour rien", lâche un jeune éleveur déçu.

    Ce sont eux qui viennent de plus loin, "de la pointe de l'Europe" comme leur dit joliment leur leader, Sébastien Louzaouen. Et pour le moins, les annonces du Premier ministre n'ont pas calmé la colère paysanne.

    La bière sur la fatigue -- "on a dormi 3 heures en deux jours et demi" -- et des poings sont sortis, des bouteilles de bière ont fendu l'air.

    Quand le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, a pris la parole en milieu d'après-midi depuis le podium dressé au coeur de la place, les cornes de brume ont retenti pour couvrir sa voix, les pétards et les noms d'oiseaux aussi: "Vendu, Fumier".

    "Je suis venu et je n'ai rien: je repars comme une merde", hurle un jeune agriculteur lorrain avant d'ajouter: "on ne bougera pas!".

    Quelques jeunes suggèrent d'aller "aux Champs Elysées": "Laissez-nous passer, on est des agriculteurs, pas des casseurs, les Parisiens sont avec nous", s'égosille Dimitri, jeune éleveur finistérien, qui a bondi sur l'estrade.

    Les ainés tentent de calmer les plus jeunes: "Qu'est-ce que vous allez voir ce soir au 20H00: que la FNSEA est divisée ?", tente un homme.

    Mais la foule en redemande: les "ultras" sont acclamés, les médiateurs, sifflés.

    La voix cassée, les yeux rougis, Emmanuel Enaud, un immense gaillard, en polo noir, ne cherche même pas à dissimuler son chagrin: "Oui je pleure", dit-il en essuyant ses joues. "On n'a rien obtenu. Rien. Des allègements de cotisations? qu'est-ce que ça peut faire, on n'a plus de revenus!".

    - drapeaux de la FNSEA en berne -

    Il a quitté son élevage de porcs mardi soir en Ile-et-Vilaine et sera de retour vendredi soir au mieux: "A moi seul, j'effectue le travail de deux familles (les deux élevages qu'il a réunis) et je ne m'en sors pas". Alors c'est sûr, aucune envie de rentrer comme ça, les mains vides.

    "1.200 km pour rien", lâche son voisin.

    Bretons en tête, les convois de tracteurs avaient prévenu, avec les pancartes accrochées à leurs lames: "Convoi de la dernière chance", "Qui sème la misère récolte la colère", "Notre métier a un prix: y en a marre!".

    Ils sont venus dénoncer les charges, les normes, les contrôles, sociaux et environnementaux, la fiscalité, autant de poids qui les entravent face à la concurrence européenne, disent-ils.

    "On sait que les mesures anoncées ne sont pas satisfaisantes et les mecs, désespérés", soupire Guillaume Gauthier, représentant des JA de Saône-et-Loire. "Mais il y a du mieux. ils voulaient des garanties sur les prix ? sauf qu'on est dans un marché européen, et même mondial", raisonne-t-il. "Il faut rentrer et examiner calmemement ce qui a été dit".

    "Même si on fait ce métier par passion, on a besoin d'un revenu", plaide Jean-Philippe Nivost, éleveur près du Creusot.

    Stoïque, Xavier Beulin a laissé passer les insultes: "Je suis un salaud pour les industriels parce que j'exige trop, un salaud pour les éleveurs qui trouvent que ce n'est pas assez".

    "Il y avait des attentes sur les prix parce que certains sont dans des situations dramatiques", reconnaît-il. "Mais je suis pragmatique: ça fait deux mois qu'on se bat. Là, le Premier ministre s'est engagé personnellement", en matière de trésorerie notamment et sur une "pause" concernant les normes et règlements jusqu'en février.

    "Attention, s'époumonne Sébastien Laouzouen sur son camion:. Si on fait les guignols, on est mort. Moi aussi, je me sens +baisé+ par l'Etat. Mais il faut repartir pour des raisons logistiques. Si on se met en route à cinq heures et demi (17H30), on sera chez nous samedi matin: avec les préparatifs, cette journée, ca fait cinq jours de travail" perdus.

    Comme les troupes hésitent encore, il lance l'idée qui fait mouche: "Xavier Beulin se comportant comme le porte-parole du gouvernement, je vous invite à mettre les drapeaux de la FNSEA en berne sur les tracteurs".


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