• <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Retraites complémentaires : ce que prévoit l’accord patronat-syndicats

    Le Monde.fr avec AFP et Reuters | <time datetime="2015-10-16T19:39:49+02:00" itemprop="datePublished">16.10.2015 à 19h39</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-10-17T14:41:26+02:00" itemprop="dateModified">17.10.2015 à 14h41 lien </time>

    Manifestation devant les locaux du Medef à Paris, le 16 octobre.

    Un « accord de principe » a été trouvé entre trois syndicats et le patronat sur l’avenir des régimes de retraites complémentaires, notamment autour d’un système de bonus-malus incitant les salariés à travailler plus longtemps, ont annoncé, vendredi 16 octobre, des représentants syndicaux. C’était la sixième fois qu’une telle réunion plénière avait lieu, depuis l’ouverture des négociations en février. Une réunion se tiendra le 30 octobre pour la finalisation de cet accord.

    • En quoi consiste le système de bonus-malus ?

    Le patronat, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC sont parvenus à s’entendre sur un mécanisme d’abattements et de bonifications. A partir de 2019, un salarié remplissant les conditions pour toucher sa retraite de base à taux plein (c’est-à-dire âgé de 62 ans et ayant cotisé 41,5 années pour ceux nés en 1957, par exemple) aura le choix entre plusieurs options :

    - soit il arrêtera de travailler et sa pension complémentaire sera diminuée de 10 % pendant au moins deux ans (peut-être trois si la situation financière des régimes le justifie) ;

    - soit il restera sur le marché du travail jusqu’à 63 ans, auquel cas le malus ne s’appliquera pas.

    Celui qui prolongera sa carrière d’une, deux ou trois années supplémentaires touchera un coup de pouce (de 10 % à 30 %).

    Les retraités les plus modestes ne seront pas soumis à la décote.

    • Quelles sont les autres mesures prévues ?

    Le texte de l’accord prévoit la sous-indexation des pensions, d’un point par rapport à l’inflation (2,1 milliards d’euros), et le décalage dans le temps de la revalorisation annuelle des retraites (1,3 milliard).

    • Quelles sont les économies attendues ?

    Le texte devrait permettre de dégager des « gains » de 6,1 milliards en 2020, alors que l’objectif visé était légèrement supérieur à 8 milliards. La sous-indexation des pensions doit rapporter 2,1 milliards d’euros et le décalage dans le temps de la revalorisation annuelle des retraites 1,3 milliard.

    Mais les réserves accumulées par les régimes Agirc-Arrco permettront de combler la différence, a expliqué Claude Tendil, le chef de file de la délégation patronale. Ensuite, a-t-il ajouté, les partenaires sociaux sauront réguler le système grâce aux capacités de « pilotage » que leur donne l’accord ficelé vendredi.

    Les régimes de retraite complémentaire rencontrent d’importantes difficultés financières depuis plusieurs années. En 2014, le déficit de l’Agirc a atteint 1,98 milliard d’euros et celui de l’Arrco, 1,15 milliard (contre respectivement 1,24 milliard d’euros et 405 millions d’euros en 2013).

    • Quel est l’équilibre des « efforts » entre salariés et entreprises ?

    Les économies d’ici à 2020 seront principalement portées par les salariés, alors qu’une hausse des cotisations patronales rapportera environ 700 millions d’euros par an à l’horizon 2019. Sachant que, selon le patronat, « l’Etat s’est engagé à compenser une partie significative de cet effort », grâce à une baisse des cotisations versées par les entreprises en faveur de la branche accidents du travail-maladies professionnelles (qui est excédentaire).

    Lire : Retraites complémentaires : une voie étroite pour les négociations

    • Pourquoi la CGT et FO n’ont-ils pas approuvé le texte ?

    Malgré une nouvelle révision à la baisse des décotes envisagées par le Medef et un geste supplémentaire en matière de cotisations patronales, les négociateurs de la CGT et de FO ont estimé que ces propositions restaient inacceptables.

    Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a dénoncé le projet, estimant que les salariés et les retraités « vont devoir payer [...] une nouvelle fois ».

    Lire aussi l'entretien : Medef : « Pas question d’un accord a minima sur les retraites complémentaires »

    • Cet accord préfigure-t-il une future réforme des retraites ?

    « L’échec était annoncé, cela n’est pas le cas », s’est réjoui le négociateur de la CFE-CGC, Serge Lavagna, à l’issue de la journée de négociation entre les partenaires sociaux. Egalement satisfait, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a estimé samedi matin sur France Inter que l’accord était « le début de la retraite à la carte que la CFDT a souvent poussée, avec un libre choix » de départ.

    Il a défendu « des mesures justes » avec des « efforts partagés », entre les salariés et le patronat : « Je rappelle que le patronat ne voulait aucune cotisation patronale supplémentaire, aucune contribution des entreprises. »

    Le premier ministre, Manuel Valls, s’est dit réjoui de cet accord, ajoutant que le gouvernement « accompagnera [s]a mise en œuvre ».

    « Un tabou est tombé », s’est pour sa part félicité, vendredi soir, M. Tendil, le chef de file de la délégation patronale. Le bonus-malus constitue, d’après lui, « l’élément le plus fort, le plus courageux » de l’accord car il incite les salariés à changer de comportement et à rester dans le monde du travail plus longtemps.

    L’analyse est tout autre dans le camp des non-signataires. Le texte « enclenche un changement complet dans toute l’architecture de la retraite complémentaire », s’est inquiété Philippe Pihet (FO). Le risque est grand de mettre le doigt dans un engrenage dangereux, a renchéri Eric Aubin (CGT) : « Demain, on pourrait avoir un gouvernement tenté par le recul de l’âge légal de départ à la retraite en s’appuyant sur ce qui se fait dans cet accord sur les retraites complémentaires. »

    </article>

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  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Colère des policiers : les annonces de Manuel Valls

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2015-10-14T11:48:37+02:00" itemprop="datePublished">14.10.2015 à 11h48</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-10-14T17:29:09+02:00" itemprop="dateModified">14.10.2015 à 17h29  lien </time>

     

    Manuel Valls, a dit « entendre la colère et le malaise » des policiers, mercredi 14 octobre. Alors qu’ils manifestaient sous les fenêtres de la garde des sceaux après la fusillade lors de laquelle un policier de la brigade anticriminalité (BAC) de 36 ans a été grièvement blessé, le premier ministre a détaillé à Matignon une série de mesures destinées à « corriger » des « dysfonctionnements » dans la justice.

    Lire le reportage : Place Vendôme, les policiers manifestent « contre des décisions de justice incompréhensibles »

    • Une réforme de la procédure pénale d’ici la fin de l’année

    Répondant à une revendication ancienne des forces de l’ordre, Manuel Valls a annoncé qu’un projet de loi visant à « alléger » la « gestion de la garde à vue » serait présenté « dans les prochains mois » en conseil des ministres.

    « Il sera désormais autorisé de récapituler dans un procès-verbal unique de fin de garde à vue l’ensemble des formalités procédurales représentatives du droit », a précisé le premier ministre, qui a également annoncé la « mise en place de plates-formes téléphoniques, notamment pour rechercher un avocat ou un interprète » et la « dématérialisation du registre de la garde à vue ».

    Au-delà de la garde à vue, « c’est tout le formalisme procédural de l’enquête de police judiciaire qui sera également revu et allégé, proportionnellement au degré de gravité des affaires. La règle du code de procédure pénale “un acte de procédure, un procès-verbal” sera supprimée. Certains actes pourront ainsi être regroupés sous la responsabilité du procureur de la République », a poursuivi Manuel Valls. « Pour les contentieux de masse, l’extension du recours aux procédures simplifiées sera recherchée, notamment par le biais d’une harmonisation nationale. Pour la première fois, une circulaire générale de politique pénale traitera du sujet », a ajouté le premier ministre.

    Les mesures qui peuvent être lancées « à droit constant » seront « en vigueur avant la fin de l’année », tandis que les modifications réglementaires viendront « rapidement », et pour certaines « dans les tout prochains jours », selon Manuel Valls.

    • Des mesures contre le trafic d’armes lourdes

    « Outre la violence des règlements de comptes entre malfaiteurs, [les armes lourdes] aggravent les risques encourus par les policiers et les gendarmes », a dit M. Valls. Ainsi, les « peines encourues pour acquisition, détention ou cession d’armes de catégorie A et B, c’est-à-dire les plus lourdes, seront portées de trois à cinq ans d’emprisonnement ». Ce durcissement « permettra l’usage de certaines techniques spéciales, comme les mesures de géolocalisation ou les perquisitions facilitées », a-t-il assuré.

    Le chef du gouvernement a également annoncé deux autres mesures « sur proposition de la garde des sceaux, Christiane Taubira ». D’abord, « la technique du coup d’achat » — le fait pour un policier de se présenter comme un acheteur potentiel pour les besoins de son enquête — qui a été « utilisée avec efficacité contre les filières de trafiquants de stupéfiants » sera « étendue au trafic d’armes ». « Le recours aux techniques spéciales d’enquête sera généralisé en matière de trafic d’armes, même lorsque la caractérisation de bande organisée ne peut être démontrée », a ajouté Manuel Valls.

    Le premier ministre a aussi annoncé qu’un « plan ambitieux » de lutte contre les armes à feu serait détaillé « dans les prochains jours ». Il comprendra un volet opérationnel, un volet de renseignement et un volet de coopération européenne.

    • Les permissions de sortie durcies pour les détenus

    La question des permissions de sortie des détenus, dont un dysfonctionnement est à l’origine de la manifestation de mercredi, a également été évoquée. Manuel Valls a fait part de son souhait d’« éviter » les permissions sans « nécessité avérée » : elles seront donc « recentrées » sur « le respect de la dignité humaine » (obsèques d’un parent, visite en cas de maladie grave…) et des « exigences du projet de réinsertion sociale » du détenu.

    La garde des sceaux, Christiane Taubira, a elle aussi insisté sur la nécessité de « prévenir tout risque de libération injustifiée » de détenus et de mieux encadrer leurs permissions.

    M. Valls a par ailleurs mis en garde contre tout « bouleversement » du droit « sous le coup de l’émotion » : « Il n’est pas question de désigner [la justice] comme bouc émissaire de chaque affaire dramatique », a-t-il dit.

    </article>

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  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    A Riyad, Manuel Valls discret sur la question des droits de l’homme

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-10-13T16:50:09+02:00" itemprop="datePublished">13.10.2015 à 16h50</time> | Par

    Manuel Valls et le ministre de l'intérieur saoudien, Mohammed Ben Nayef Ben Abdulaziz (à sa droite), à Riyad, le 13 octobre.

    « Ici, c’est le nouveau monde », glisse, impressionné, Manuel Valls , lundi 12 octobre tard dans la soirée dans le hall du gigantesque palace Ritz-Carlton de Riyad. Le premier ministre s’apprête à passer une partie de sa nuit à boucler les ultimes détails des accords commerciaux entre la France et l’Arabie saoudite. Quelques heures plus tôt, il a ouvert le dîner de gala du Forum franco-saoudien qui réunit les plus grands groupes hexagonaux (Thales, Airbus, Areva, EDF, SNCF, Alstom, Veolia…) ainsi que plusieurs PME, venus faire des affaires avec le très riche régime wahhabite.

    Lire aussi : Paris et Riyad concluent 10 milliards d’euros de contrats et d’accords

    Dans son discours, M. Valls a vanté le « partenariat exceptionnel et privilégié » entre les deux pays, qui doit encore, selon lui, « être amplifié » . Il est également revenu sur les violences la semaine dernière chez Air France et les images du DRH de la compagnie aérienne molesté par des salariés révoltés par un plan de restructuration en préparation qui ont fait le tour de la planète. « Ces événements n’ont rien à voir avec la France qui se réforme », tient à assurer M. Valls aux investisseurs saoudiens.

    Lire aussi (abonnés) : Le conflit chez Air France déborde sur le terrain politique

    Ne pas froisser le régime

    En revanche, à la tribune du forum, coorganisé par Business France et la branche internationale du Medef, le chef du gouvernement n’a pas eu un mot concernant les droits de l’homme dans le « nouveau monde » saoudien. Pas le lieu, explique en substance son entourage. La situation y est pourtant préoccupante alors qu’au cours des trois dernières décennies, plus de 2 000 exécutions ont eu lieu dans le royaume, dont 134 rien que pour l’année 2015.

    Ali Mohammed Al-Nimr, opposant chiite de 21 ans accusé d’avoir manifesté contre le roi, est toujours menacé d’être décapité et crucifié publiquement « jusqu’au pourrissement de ses chairs ». Le cas de ce jeune homme a choqué l’opinion publique internationale, jusqu’à François Hollande qui a demandé en septembre au régime saoudien de « renoncer à cette exécution ». Pareil pour Raïf Badaoui, ce blogueur progressiste accusé d’avoir « insulté l’islam » et condamné à dix ans de prison, dix ans d’interdiction de sortie du territoire et 1 000 coups de fouet. Sans parler de la condition des femmes saoudiennes, ni des bombardements récents de l’armée du régime au Yémen qui ont engendré un véritable carnage dans la population civile.

    Lire aussi : Multiplication des appels à la clémence pour Ali Al-Nimr

    Interrogé mardi à Riyad avant son retour en France, Manuel Valls a déclaré avoir abordé avec le roi Salman la situation des droits de l’homme en Arabie saoudite. Mais le premier ministre prend soin de peser ses mots afin de ne pas froisser le régime. « Quand on a une relation de confiance, cela nous donne la possibilité d’évoquer très concrètement l’ensemble des dossiers. Nous avons abordé ces questions-là, en rappelant la position de la France contre la peine de mort », assure-t-il, ajoutant avoir appelé le roi à la « clémence » sur le cas d’Ali Mohammed Al-Nimr.

    « On va essayer de sauver cette vie »

    Côté français, on affirme que la discrétion est le meilleur gage de réussite en pareille situation. « Les droits de l’homme, on en parle, mais dans la discrétion des entretiens, on ne va pas faire des communiqués de presse », avait prévenu Matignon avant même la tournée au Moyen-Orient de Manuel Valls. « Il ne s’agit pas de faire une déclaration pour faire plaisir en France, mais de faire comprendre à ses interlocuteurs qu’il faut évoluer », explique Manuel Valls. Une prudence partagée par le ministre des affaires étrangères. « Faire de grande déclaration pour se faire applaudir dans les journaux est contre-productif », confie Laurent Fabius, qui ajoute à propos d’Ali Mohammed Al-Nimr : « C’est un combat long et difficile. On va essayer de sauver cette vie. »

    Pour le gouvernement, la bonne santé des relations commerciales entre la France et l’Arabie saoudite est un atout pour faire avancer le dossier des droits de l’homme. « Plus on est fort économiquement, plus on est en position de défendre nos valeurs », assure l’entourage de M. Valls.

    Mais pas question de sacrifier les contrats industriels sur l’autel des droits de l’homme. « On ne peut pas faire du commerce uniquement avec des Etats qui sont impeccables sur le plan humain », assume M. Fabius. Une real économie relayée par les grands industriels français présents à Riyad, selon lesquels la persistance de la peine de mort en Arabie saoudite n’est pas une circonstance suffisante pour interrompre les relations commerciales. « Dans ce cas, on ne fait plus d’affaires non plus avec les Etats-Unis et la Chine », explique le patron d’un « champion » national.

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    Décryptage

    Air France : la police et l’Etat sur le tarmac

    Par Christophe Alix , Richard POIROT et Amandine Cailhol <time datetime="2015-10-12T20:06:09" itemprop="datePublished">12 octobre 2015 à 20:06  lien </time>
     
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    <figure class="article-image article-header-image" itemprop="image" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> <figcaption class="read-left-padding caption" itemprop="description"> A Roissy, lundi, des salariés d’Air France se mobilisent en soutien<br/> à leurs collègues interpellés, en présence du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent (à gauche). Photo Albert Facelly pour "Libération"

    </figcaption> </figure>

    En dépit de la garde à vue, lundi, de six salariés du groupe, direction et syndicats disent vouloir relancer le dialogue dans un dossier devenu très politique.

    Cette semaine chez Air France devait être celle de l’apaisement. Elle a commencé par des interpellations avant le lever du soleil. «Tout ça risque de mettre le feu aux poudre, alerte André Villanueva, secrétaire de section CGT du fret de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. En cause : la méthode employée par la police, venue arrêter quatre salariés d’Air France à leur domicile, lundi, une semaine après les incidents en marge du comité central d’entreprise.

    La direction avait alors annoncé un plan de licenciements portant sur 2 900 postes. Les opérations se sont déroulées vers 6 heures du matin, dans le Val-d’Oise, en Seine-et-Marne, dans les Yvelines et l’Aisne, «sans incident», selon le parquet de Bobigny. Une cinquième personne a été interpellée un peu plus tard et une autre placée en garde à vue après avoir été convoquée.

    Décidées «sur la base de témoignages et de la vidéosurveillance», ces interpellations hérissent une partie des organisations syndicales. «Avait-on besoin de venir les chercher au petit matin, si cela se trouve devant leurs enfants ? questionne l’élu CGT. Une simple convocation aurait suffi, les gens seraient venus, ils n’auraient pas fugué. Ce ne sont pas des voyous.» «On a voulu les humilier», s’agace une salariée qui explique être sous le choc et solidaire avec ces salariés qui «ont risqué leur liberté pour défendre leurs droits». Et un élu SUD d’ajouter : «Entre l’annonce des licenciements, les propos déplacés du PDG d’Air France [lors des rencontres patronales de Royaumont, en décembre 2014, où ils remettaient en cause les droits des travailleurs, ndlr], les arrestations : la direction a allumé plusieurs mèches.»

    Que risquent les salariés interpellés ?

    «Peut-être que les personnes arrêtées seront juste interrogées, mais ce que l’on craint, ce sont les licenciements», note le syndicaliste. En parallèle de ces interpellations, des notifications de sanctions devaient en effet être envoyées, lundi, par la direction d’Air France. Or le groupe a déjà annoncé que les personnes impliquées pourraient être licenciées. Et ce, alors que le Premier ministre, Manuel Valls, a promis des «sanctions lourdes» contre ceux qu’il avait qualifiés de «voyous». Ils risquent trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. De quoi diviser les syndicats.

    D’un côté, les plus réformistes ne se formalisent pas de ces interpellations. «C’est normal, note Pascal Duran de la CFTC. Ces arrestations étaient obligatoires. Ce qui s’est passé est scandaleux. On ne rentre pas dans une réunion comme ça pour agresser un DRH.»

    De l’autre, les organisations plus contestataires, qui plaident la détresse des salariés face à la «violence sociale» de la situation pour expliquer leurs gestes. Leur sort pourrait donc peser dans la suite du conflit social. D’autant que le symbole autour de ces six employés est double. D’abord parce qu’ils travaillent dans la branche Cargo ou Air France Industries, comme magasiniers ou encore logisticiens. «Or ce sont des secteurs qui ont déjà payé un lourd tribut au cours des dernières réformes mises en place par le groupe, explique l’élu SUD. Non seulement le fret est en sous-effectif, mais il est aussi très touché par la sous-traitance. Du coup, les gens ont peur, surtout qu’ils ont déjà fait beaucoup d’effort jusqu’alors.»

    Autre élément abrasif, plusieurs des salariés interpellés sont syndicalistes, et certains auraient des mandats syndicaux. L’un d’eux était candidat aux élections de délégués du personnel en mars, sous les couleurs de la CGT. Un élément qui a, sous doute, pesé dans le réveil des politiques qui n’ont pas manqué de s’exprimer. Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a évoqué un «jour de deuil» et souhaité «que la résistance et la colère soient plus contagieuses que la peur». Cécile Duflot (EE-LV) s’est également fendue d’un message ironique sur Twitter.

    D’autres, comme Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, et plusieurs élus PG, se sont rendus au rassemblement de soutien organisé à Roissy par la CGT, lundi après-midi, qui a réuni environ 150 personnes. Réclamant la libération des salariés interpellés, l’élu PCF a qualifié les interpellations d’«indignes de la République». Des discours aux antipodes de ceux tenus par le camp de Les Républicains, très virulents à l’égard des interpellés, sur fond de contestation de la légitimité des syndicats.

    Où en sont les négociations ?

    Parallèlement à ces arrestations, la direction et les syndicats ont repris le chemin du dialogue. Les présidents d’Air France-KLM et d’Air France, Alexandre de Juniac et Frédéric Gagey, ont reçu vendredi le SNPL, principal syndicat des pilotes et qui, fin septembre, avait refusé les conditions imposées par la direction, et notamment une amélioration de productivité de 17 %. Un blocage qui avait entraîné l’activation, par la direction d’Air France, du désormais fameux plan B. «On a essayé d’apaiser la situation après une semaine riche en événements», dit poliment Emmanuel Mistrali, porte-parole du syndicat. Les parties ont convenu de «limiter la communication à l’extérieur» histoire de faire retomber le soufflé. Une autre réunion est prévue dans les prochains jours afin de «fixer un cadre aux futures négociations», poursuit le commandant de bord.

    Mais si la direction est prête à rediscuter des termes du plan, elle a fixé une date limite. Selon Flore Arrighi, présidente de l’Unac, un syndicat d’hôtesses et stewards reçu ce lundi, la direction réclame un accord d’ici à la fin de l’année, faute de quoi «elle entamera le processus de PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] à partir de janvier». Les discussions risquent une nouvelle fois d’être compliquées et dépendront encore de la négociation entre les pilotes et la direction.

    Les syndicats refusent tout départ contraint. «Pour nous, les efforts ont été faits, rappelle Sophie Gorins, secrétaire générale du SNPNC. Les salariés ont donné 20 % de productivité. Il y a moins d’hôtesses et de stewards à bord, on est à l’os. Et tout ça pour quoi ? On ne voit pas les bénéfices de ces 20 %.» Une direction moins arrogante, qui arrête de monter les syndicats les uns contre les autres et qui propose aux salariés un plan stratégique, voici les autres demandes des représentants du personnel. Le SNPNC sera reçu mercredi, en compagnie de l’Unsa. «La poignée de main risque d’être fraîche», sourit Sophie Gorins qui, lors du rassemblement du 5 octobre, avait réclamé la démission des deux responsables.

    L’Etat doit-il s’impliquer directement ?

    La question commence apparemment à faire débat au sein du gouvernement entre les partisans de la fermeté qui soutiennent mordicus la direction d’Air France. Alors que le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, dans la foulée du discours de fermeté tenu par Manuel Valls la semaine dernière, a qualifié de «personnes stupides» mais «isolées» les auteurs de violences sur les cadres du groupe et réitéré sa confiance à la direction pour adapter l’entreprise aux contraintes d’un secteur aérien devenu archi-concurrentiel, Ségolène Royal fait entendre sa petite musique dissonante. Certes, elle ne veut pas «critiquer un ministre» mais «chercher à opposer les salariés les uns aux autres, ça n’a jamais marché», poursuit-elle. Une manière de dire que l’Etat, actionnaire à 17 % de la compagnie, ne peut pas systématiquement se ranger au côté du PDG d’Air France-KLM, d’Alexandre de Juniac, et se désintéresser du sort des salariés sur lesquels pèse désormais la menace de licenciements en cas de refus de nouveaux importants efforts de productivité.

    Trois syndicats (FO, l’Unsa et la CGT) ont demandé à l’Etat de nommer «sans plus attendre» un médiateur avec «mandat de dresser d’autres perspectives que celle de l’attrition d’Air France». Message reçu par Ségolène Royal qui s’y est dit favorable. Au siège de la compagnie où les négociations ont repris avec les personnels navigants (pilotes, hôtesses et stewards), on fait passer le message que cette «médiation n’est pas d’actualité». Mais elle pourrait le devenir rapidement en cas d’enlisement des discussions, la direction s’étant donné pour objectif de parvenir à un accord avec les navigants d’ici à la fin de l’année, faute de quoi elle lancera son plan social aux conséquences lourdes pour 2017. Mais au-delà de cette médiation sur laquelle misent les syndicats pour atténuer les nouveaux efforts de productivité demandés au personnel, l’implication de l’Etat vise également à le mettre devant ses responsabilités «d’Etat stratège et actionnaire» qui, selon les syndicats, «ne pourra échapper à un débat politique sur le transport aérien français». Une allusion directe à certains coûts qui pèsent sur la compagnie et pour lesquels l’Etat est décisionnaire : les redevances payées à Aéroports de Paris (environ 500 millions), qui rapportent de confortables dividendes à l’Etat et qui vont continuer à augmenter (1,65 % en 2017) alors qu’elles sont en baisse de 7% à Amsterdam ; la «taxe Chirac» de solidarité sur les billets d’avion, rebaptisé «taxe Air France» au sein de la compagnie et dont elle se plaint d’être une des seules compagnies européennes à s’acquitter (71 millions d’euros pour le groupe Air France-KLM en 2014). «L’Etat doit nous donner un environnement favorable pour nous battre», explique, dans une interview aux Echos, Gilles Laurent, en charge des opérations aériennes de la compagnie. Un discours pour le coup susceptible d’unir direction et syndicats face à l’Etat.

    Christophe Alix , Richard POIROT , Amandine Cailhol

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    Economie.

    Le jury du Nobel récompense un

    spécialiste des inégalités

    Publié le <time datetime="2015-10-12">12/10/2015 - 16:08    lien </time> </header> <aside class="article-sitesocial" id="article-sitesocial"> <aside class="view view-civ-mostpopular-most-viewed view-id-civ_mostpopular_most_viewed view-display-id-entity_view_2 view-dom-id-4750861824e33e1d30740036a20a4145" id="view-civ-mostpopular-most-viewed"></aside>
    </aside> <figure class="article-illustration"><figcaption>Angus Deaton, lauréat du prix Nobel de l’économie 2015. 
      PHOTO AFP / PRINCETON UNIVERSITY / LARRY LEVANTI </figcaption></figure>

    L’Américano-Britannique Angus Deaton a reçu le Nobel d’économie 2015 pour ses travaux sur la pauvreté et les inégalités. Comme tous les ans, certains élèvent la voix pour mettre en doute la légitimité de ce prix.

    <aside class="article-ad"> </aside> <aside class="article-tertiary">
     
    </aside>

    Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, surnommé prix Nobel d’économie, a été attribué lundi 12 octobre à l’Américano-Britannique Angus Deaton. Agé de 69 ans, ce professeur à l’université américaine de Princeton (New Jersey) a été primé “pour son analyse de la consommation, de la pauvreté et du bien-être”.

    “Pour élaborer des politiques économiques qui promeuvent le bien-être et réduisent la pauvreté, nous devons d’abord comprendre les choix de consommation individuels”, explique le jury, dont le communiqué est cité par The New York Times. “Plus que quiconque, Angus Deaton a amélioré cette compréhension. En liant des choix individuels précis et des résultats globaux, ses travaux ont contribué à transformer les champs de la microéconomie, de la macroéconomie et de l’économie du développement.”
     

    Les théories imparfaites de l’économie

    A la différence des autres prix Nobel, celui d’économie ne trouve pas son origine dans le testament rédigé par Alfred Nobel en 1895 ; il a été créé en 1968, pour célébrer le 300e anniversaire de la Banque de Suède. En 2014, il avait récompensé les travaux du Français Jean Tirole.
     


    Comme chaque année, la remise de cette distinction est aujourd’hui l’occasion pour certains d’en contester la pertinence. “Il y a sept ans, pratiquement tous les économistes relevant du courant dominant n’ont pas vu venir la crise financière mondiale. Et pourtant, ce lundi, on continue à glorifier l’économie en tant que science, et à la mettre ainsi sur un pied d’égalité avec la physique, la chimie et la médecine”, s’emporte le journaliste et anthropologue néerlandais Joris Luyendijk, dans les colonnes du Guardian.

    Le problème, selon lui, n’est pas qu’il existe un prix Nobel d’économie, mais qu’il n’en existe pas pour la psychologie, la sociologie ou l’anthropologie, “ce qui laisse entendre que l’économie est non pas une science sociale, mais une science exacte. Cela crée l’illusion que le travail des économistes n’est pas de construire des théories intrinsèquement imparfaites, mais consiste à découvrir des vérités éternelles.”
     

    Pascale Bo

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