• Nucléaire allemand : comment la France a remporté le jackpot

    Créé le 28-02-2012 à 12h06 - Mis à jour à 12h11     

    L'arrêt de huit réacteurs nucléaires décidé par l'Allemagne suite à la catastrophe de Fukushima a rapporté 360 millions d'euros sur neuf mois à la France, via l'électricité exportée outre-Rhin, selon une étude.

     
     

     (c) Afp

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    L'arrêt de huit réacteurs nucléaires décidé par l'Allemagne en mars 2011, suite à la catastrophe de Fukushima, a rapporté 360 millions d'euros sur neuf mois à la France, via l'électricité exportée outre-Rhin, selon une étude du cabinet SIA Conseil publiée mardi 28 février. Après le moratoire décrété par le gouvernement d'Angela Merkel, qui a conduit à la fermeture de huit réacteurs (dont un était déjà à l'arrêt), l'Allemagne a dû "à très court terme combler sa baisse de production en activant principalement ses moyens thermiques, réduire massivement ses exportations et devenir importateur sur certaines frontières", rappelle l'étude. La France "a répondu à très court terme au besoin allemand en passant d'une situation importatrice à exportatrice sur leur frontière commune", ce qui a été rendu possible par une forte disponibilité des réacteurs français et une faible consommation intérieure liée à un climat doux, ajoute le cabinet, qui évalue le "jackpot" ainsi dégagé par l'Hexagone en vendant de l'électricité à l'Allemagne à 360 millions d'euros entre mars et décembre 2011.

    Nouveaux espoirs pour 2012

    Le cabinet dit avoir effectué ce chiffrage en analysant d'une part les données sur les échanges d'électricité entre la France et ses voisins, qui montrent que la France est devenue soudainement exportatrice nette vers l'Allemagne suite au moratoire décrété outre-Rhin, et d'autre part sur un prix moyen du mégawatt-heure ainsi exporté évalué à 51 euros.

    SIA Conseil ajoute que la France "peut encore en 2012 espérer tirer des revenus supplémentaires en exportant vers l'Allemagne".

    Cependant, le cabinet prévient qu'au final, "les consommateurs européens vont devoir payer la note" de la sortie allemande du nucléaire, "qui, selon l'estimation de certains opérateurs comme EON, avoisinera un surplus de 5 euros par mégawatt-heure sur leur facture d'électricité".

    En effet, l'Allemagne va devoir consentir de lourds investissements dans le démantèlement de ses réacteurs et les énergies renouvelables, et le prix du C02 va augmenter, des impacts qui devraient se propager à l'échelle européenne en raison de l'intégration grandissante des marchés nationaux de l'électricité et du CO2.

    (Avec AFP)

    Challenges.fr

     

    Par Challenges.fr


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  • 27 février 2012 - 22H12  

    Le réchauffement de l'Arctique apporte froid et neige à l'Europe
     

    La réduction des glaces dans l'océan arctique dû au réchauffement pourrait expliquer les hivers fortement enneigés et très froids de ces dernières années dans certaines parties de l'hémisphère nord, selon des chercheurs américains dont les travaux sont publiés lundi

     
    La réduction des glaces dans l'océan arctique dû au réchauffement pourrait expliquer les hivers fortement enneigés et très froids de ces dernières années dans certaines parties de l'hémisphère nord, selon des chercheurs américains dont les travaux sont publiés lundi

    AFP -   La réduction des glaces dans l'océan arctique dû au réchauffement pourrait expliquer les hivers fortement enneigés et très froids de ces dernières années dans certaines parties de l'hémisphère nord, selon des chercheurs américains dont les travaux sont publiés lundi.

    Depuis que la superficie de la banquise est tombée à un niveau record en 2007, des chutes de neiges nettement plus abondantes que la normale ont été observées dans de vastes régions nord américaines, du continent européen et de la Chine, soulignent-ils. 

     

    Durant les hivers 2009-2010 et 2010-2011, l'hémisphère nord a enregistré sa deuxième et troisième plus fortes accumulations de neige dans les annales.

    Les données recueillies de 1979 --début des observations par satellites-- à 2010 montrent une diminution d'un million de km2 de la superficie des glaces de l'océan arctique en automne soit 29,4% de sa surface et l'équivalent de deux fois la France, précisent les scientifiques de l'Institut de Technology de Géorgie (sud-est).

    Cette diminution des glaces arctiques a correspondu à une couverture neigeuse hivernale nettement plus élevée que la normale dans le nord-est des Etats-Unis, le nord-ouest et le centre de l'Europe ainsi que le nord de la Chine, ajoutent-ils.

    "Notre étude démontre que la diminution des glaces de l'océan arctique est liée à des changements dans le circulation atmosphérique de l'hémisphère nord en hiver", souligne Judith Curry, présidente de l'Ecole des sciences atmosphériques et de la Terre à l'Institut de Technology de Géorgie et principal auteur de cette communication.

    Ces travaux paraissent dans la version en ligne des Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) datée du 27 février 2012.


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  • Un séisme de magnitude 4,9 secoue la Côte d'Azur

    Publié le dimanche 26 février 2012 à 23h47  - 25 source CEA-DAM

     

     

     

     

    Un séisme de magnitude 4,9 a été ressenti ce dimanche soir dans le Var et les Alpes-maritimes. Son épicentre a été localisé dans les Hautes-Alpes.

    La terre a tremblé pendant un peu plus de cinq secondes à 23:37 ce dimanche soir.

    Selon le centre sismologique euro-méditerrannéen, l'épicentre de la secousse se situe à Crevoux à quelques kilomètres d'Embrun dans les Hautes-Alpes et à 12 km au nord-est de Barcelonette.

    Localisé à Crevoux

    Il s'agit pour l'heure d'une localisation automatique qui n'a pas encore été validée par un sismologue.

    Le commissariat à l'énergie automatique (CEA-DAM) a évalué la magnitude à 4,9 sur l'échelle de Richter.

    Une profondeur de 3 km

    Le tremblement de terre a également été confirmé par le site gouvernemental américain USGS qui a enregistré la secousse à une magnitude de 4,7 et une profondeur de 3 km.

    Une réplique à 3,7 une heure plus tard

    Le CEA-DAM a déjà signalé une réplique d'une magnitude de 3,7 à 23h39. Ce deuxième séisme a été localisé à 9 km de Barcelonette.

    Les internautes réagissent sur les réseaux sociaux

    Beaucoup de personnes ont réagi en temps réel à la secousse sur les réseaux sociaux et notamment Twitter. Les fans de notre page Facebook n'ont pas hésitéà commenter leurs frayeurs provoquées par le séisme.


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    <nav class="poucet">M > Le Magazine > L'époque</nav>

    Les révolutionnaires de la terre

    Reportage – Ils sont déjà ruraux ou anciens citadins. Exploitants agricoles, ils n'utilisent ni engrais ni pesticides. Au moment où le Salon de l'agriculture attire les foules, ces nouveaux paysans restent minoritaires. Par Camille Labro / Photos Antoine Agoudjian
     
    <figure> Charles et Perrine Hervé-Gruyer et leurs enfants dans leur ferme biologique du Bec  Hellouin, en Normandie. </figure>

    Le pays est immobilisé sous la neige, et Jean-Luc Desplat piaffe d'impatience. Il doit aller se promener en forêt. " La nature qui reprend ses droits, c'est magnifique ! ", exulte-t-il. Fils d'agriculteurs productivistes en Touraine, il est " né dans les produits phytosanitaires (...) Mon père fut l'un des premiers de la région à introduire des maïs hybrides, ma mère élevait des poules pondeuses en cage. Elle en a eu jusqu'à 40 000. " Sur les 50 hectares de Dolus-le-Sec (Indre-et-Loire) dont il a hérité, qu'il a patiemment soignés et replantés, le paysan boulanger fait désormais pousser des variétés anciennes de froment, du trèfle, des tournesols, sans aucun intrant (apport) chimique. De ses blés qu'il écrase, il fait des miches de pain bio. Il s'est construit une maison écologique et circulaire, avec murs de paille et toilettes sèches. On est loin des exploitations ultramodernes mises en avant au Salon de l'agriculture.

    Depuis quelques années, les campagnes voient apparaître des agriculteurs d'un nouveau genre. Préférant au terme d'exploitant agricole celui de paysan, ces hommes et ces femmes ont décidé de tourner le dos au modèle productiviste issu de la révolution verte des années 1960, sans pour autant jeter la pierre à leurs aînés " Mes parents ont vécu leur époque en toute sincérité, raconte Jean-Luc Desplat. Dans les années 1970, les produits chimiques, c'était magique, cela représentait un soulagement immense pour les agriculteurs ; et on n'avait aucune idée des contreparties néfastes. Je reproduis le modèle de mes parents, dans le sens où j'essaie de répondre aux questions de mon époque. "

    Et l'époque de Jean-Luc Desplat est tout autre. Un malaise a gagné les campagnes. Les villages sont désertés. Les petits domaines agricoles disparaissent (plus de 20 000 fermes mettent la clé sous la porte chaque année), phagocytés par les grandes exploitations mécanisées. Perdus dans la spirale des marchés internationaux et la dépendance aux pesticides et aux engrais chimiques, soutenus par des subventions-béquilles, certains agriculteurs sont en plein désarroi. " Au quotidien, témoigne Desplat, les agriculteurs se plaignent énormément, se sentent victimes, la solitude est terrible, le taux de suicide est élevé [trois fois plus que chez les cadres, selon une enquête de l'Institut de veille sanitaire publiée en 2010]. " Pour réinsuffler de la vie dans sa campagne et des " espaces d'échange entre les communautés ", Jean-Luc Desplat loue une partie de ses terres à de jeunes agriculteurs en maraîchage bio ou petit élevage. " Il est toujours possible de lâcher un, deux ou dix hectares pour aider un jeune qui veut s'installer. Lorsque j'ai suggéré l'idée à la FNSEA [syndicat majoritaire des agriculteurs français], ils n'y avaient tout simplement pas pensé. " Desplat fait partie de ces paysans- qui ont choisi de faire autrement, repensant leur fonction au sein de la société pour réenchanter un métier qui est aussi un mode de vie.

    A quelques kilomètres de Dolus, sur un plateau " saccagé " qu'il a mis plusieurs années à réhabiliter, Xavier Mathias a installé son " champ de pagaille " - deux hectares où il cultive, en bio non labellisé, des centaines de variétés de légumes étranges qui ne figurent pas au catalogue officiel. Ail rocambole, hélianthes, pois de coeur, haricots ying yang ou poires de terre... Ses graines, il les déniche par le réseau Semences paysannes ou chez Kokopelli, qui revendiquent le droit aux semences libres. Comme d'autres, il n'a que faire des réglementations restrictives sur les semences : " On ne va quand même pas nous mettre en prison pour ça ! ", feint-il de s'insurger.

    Esprit libre, auteur d'articles et d'ouvrages potagers, Xavier Mathias vend ses incroyables légumes à quelques magasins et restaurants locaux, mais aussi aux chefs parisiens à travers des circuits comme Terroirs d'avenir. Chaque printemps, il organise des journées portes ouvertes, où il vend des centaines de plants à des particuliers, pour propager ses trouvailles. " Ce que je fais, ce n'est pas compliqué, tout le monde peut le cultiver dans son jardin ou sur son balcon. " Xavier Mathias et sa famille, trois enfants et une épouse institutrice, vivent aujourd'hui, modestement, de la production de leur ferme, sans subvention. " J'ai eu des aides locales pour construire mon bâtiment, explique-t-il, mais je n'ai pas voulu de l'aide à l'installation des jeunes agriculteurs : ce type de subventions ne soutient pas l'agriculture, cela ne fait qu'injecter de l'argent dans le système... J'ai refusé de mettre le doigt dans l'engrenage. "

    Bien qu'il soit cerné de vastes et mornes champs de céréales, Xavier Mathias se dit confiant : " Mine de rien, les petites exploitations "farfelues", sans aide ni emprunt, ça tient le choc. Parmi les collègues qui privilégient le bio et la vente directe, j'en vois beaucoup qui peinent, mais pas qui ferment ! " Solides comme des roseaux, ces nouveaux paysans sont souvent mal vus par les agriculteurs conventionnels qui les entourent.

     

    Or, il est aussi de grosses exploitations qui prouvent qu'on peut faire différemment. Philippe Fourmet, petit-fils d'agriculteurs de la Meuse, près de Verdun, applique le changement à grande échelle. En dix ans, cet ex-conventionnel a tourné le dos aux pesticides et au labour intensif, pour faire passer ses 380 hectares de cultures céréalières en biodynamie. Il soigne et nourrit désormais ses cultures à l'aide de traitements naturels microdosés, prouvant à ses voisins dubitatifs que le " changement est possible, même sur de grandes surfaces ". Certes, son rendement est moindre. Mais ses coûts le sont aussi, puisqu'il ne dépense plus rien en intrants chimiques. Il ne gagne pas moins d'argent. Ce qui fait vraiment la différence pour lui, c'est qu'il ne " détruit plus le paysage ", mais qu'il participe, aujourd'hui, à le recréer. Il a, par la même occasion, réappris à aimer son métier. " Je suis un paysan heureux, même si c'est énormément de travail, confie-t-il. Je peux répondre aux quatre questions fondamentales de l'humain : qui suis-je ? où vais-je ? pourquoi et comment j'y vais ? Je vous défie de trouver un exploitant agricole conventionnel qui puisse répondre à ces questions... " Philippe Fourmet est convaincu que, pour changer, il faut d'abord prendre du recul. " Une profonde réforme de la pensée est nécessaire, affirme-t-il. Jadis, le paysan était peut-être rustre et inculte, mais il possédait plein de bon sens. Aujourd'hui, les jeunes agriculteurs sortent des écoles la tête farcie d'idées mauvaises sur les lois de la nature. On n'envisage plus, par exemple, qu'une plante puisse pousser sans engrais ! "

    Si le virage opéré par Philippe Fourmet éveille plutôt la curiosité de ses collègues, l'arrivée de Charlotte de Clerck à Miré (Maine-et-Loire) a fait frémir dans les chaumières. Fille d'aristocrates et de propriétaires terriens, elle était psychologue du travail à Paris. Qu'elle décide de retaper le corps de ferme et de s'installer sur les terres familiales, passe encore. Mais lorsqu'elle a choisi, en 2006, de s'en occuper elle-même (les terres étaient louées à un exploitant agricole), ce fut le tollé général. " J'étais la méchante bourgeoise qui leur prenait leur dû, je me suis mis tout le village à dos, raconte-t-elle. Sous prétexte que j'ai eu quelques chardons, on m'a menacée de m'expulser et de m'imposer un agriculteur... La seule solution était de devenir agricultrice à part entière, et je me suis lancée dans l'agroforesterie. "

    Depuis, Charlotte de Clerck plante des frênes, alisiers et érables par milliers, sur ses 60 hectares de cultures (blé, tournesol, colza) qu'elle convertit progressivement en bio. " Je plante un arbre tous les mètres, explique-t-elle. Certains pour faire du bois raméal fragmenté [BRF, une technique qui permet de protéger et d'enrichir les sols], d'autres pour faire du bois d'oeuvre, pour les générations futures. " Pour rien au monde, cette néorurale de 35 ans, mère de deux enfants, ne retournerait à la ville. Même si ses voisins la guettent en attendant qu'elle " tombe de [sa] branche ". Paysanne par passion et bosseuse acharnée, elle a choisi la voie durable et se dit persuadée que " les changements dans l'agriculture viendront de la ville ". Des " nouveaux paysans " comme elle, sans doute, qui portent un regard neuf sur la terre, mais aussi des consommateurs urbains. " L'agriculture changera quand les Français auront compris- qu'en se nourrissant, ils font des choix cruciaux ", assure Philippe Fourmet. Pour que l'agriculteur comprenne ce qu'il fait et que le consommateur -comprenne ce qu'il mange, il faut, renchérit Jean-Luc Desplat, " réinstaurer le dialogue entre la ville et la campagne ".

    C'est ce qu'ont fait Denise et Daniel Vuillon, producteurs prolifiques de la région varoise, lorsqu'ils ont imaginé, en 2001, un système de ventes directes inspiré des CSA américaines (Community Supported Agriculture) et créé la première Association pour le maintien de l'agriculture paysanne (AMAP). Véritable partenariat entre un agriculteur et un groupe de consommateurs locaux, qui s'engagent à acheter les " paniers " hebdomadaires de la ferme, l'AMAP assure prix justes, produits de qualité et rapports humains introuvables au supermarché. " L'AMAP nous apporte une grande sérénité et une reconnaissance de notre métier, affirme Denise Vuillon. C'est un modèle viable et durable. " 6 000 paysans (soit 2 % des exploitations agricoles) fonctionnent aujourd'hui en AMAP et 1 % des consommateurs français s'y approvisionne en fruits et légumes. D'autres initiatives mûrissent, tel le nouveau réseau La Ruche qui dit oui. Fédérant plusieurs producteurs et " consom'acteurs " en ventes directes, il compte déjà 450 ruches en France.

    A la ferme du Bec Hellouin, ce froid jeudi de février, les " amapiens " sont venus malgré les routes enneigées. Dans leurs paniers, betteraves, vitelottes, topinambours, échalotes, courge et bouteille de cidre. Malgré cette récolte hivernale un peu maigre, ils repartent heureux. Car un passage dans la ferme de Charles et Perrine Hervé-Gruyer vous met forcément en joie. " C'est une aventure passionnante et éreintante ", confie Charles Hervé-Gruyer à propos de son activité. Elle juriste internationale, lui ancien marin et réalisateur de documentaires qui a " toujours rêvé d'être paysan- ", Charles et Perrine ont tout quitté pour s'installer en Normandie en 2003. Avec leur capital personnel, ils ont racheté une longère au toit de chaume et aménagé leur ferme biologique " à l'instinct ". Quatre ans plus tard, ils découvraient la permaculture, une approche " systémique " peu connue en Europe, qui s'inspire de la nature pour créer des espaces comme des écosystèmes, harmonieux et fonctionnels. Habitée d'animaux, traversée de ruisseaux et de petites plages " pour les enfants ", parsemées d'îlots, de vallons et d'arbres, la ferme du Bec Hellouin est aussi paradisiaque que poétique. Forêt-jardin, cultures sur butte, potager mandala (en cercles concentriques), les biotopes se complètent et se répondent. " A la belle saison, jubile Charles Hervé-Gruyer, c'est bourré de plantes aromatiques et médicinales, de fleurs, de papillons, d'oiseaux, de carpes, d'écrevisses... Pas besoin de se forcer pour aller au boulot ! "

    Charles et Perrine, qui se sont aussi inspirés du jardinage à la japonaise et des travaux de l'agriculteur américain Eliot Coleman, peuvent se targuer d'une productivité étonnante : " La moyenne de paniers AMAP pour une ferme bio classique, c'est 40 par hectare. Nous arrivons à faire plus de 100 paniers par semaine sur un demi-hectare. " Ces résultats ont attiré plus d'un expert sur place, y compris leurs maîtres à penser, de l'agro-écologiste Pierre Rabhi à Philippe Desbrosses, père du label AB, ou l'ingénieur agronome Marc Dufumier (Agro Paris Tech). Tant et si bien que les Hervé-Gruyer viennent d'ouvrir un centre de formation théorique et pratique (" pour tous ceux qui rêvent de changer de vie ") et se sont associés à l'INRA (Institut national de recherche agronomique) afin d'étudier si " une micro-agriculture manuelle intensive, de haute qualité environnementale, peut devenir une vraie solution alternative et générer un emploi par hectare, voire plus " (l'agriculture conventionnelle emploie actuellement trois personnes pour 100 hectares).

    Création d'emplois, qualité de vie, alimentation saine et abondante, qualité de l'environnement : conçue par deux néo-ruraux rêveurs, la ferme du Bec Hellouin est une magnifique promesse d'avenir. " Jamais nous n'aurions imaginé qu'en nous lançant dans l'agriculture, nous serions amenés à aborder tant de questions, confie Perrine Hervé-Gruyer. Au début, nous voulions juste renouer avec la terre... Mais c'est aussi cela, aujourd'hui, être paysan. "

    Photos Antoine Agoudjian

     
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  • Europe de l'énergie: Un chantier colossal lancé dans les Pyrénées

    Mis à jour le 15.02.12 à 18h30

    Le chantier d'une nouvelle liaison électrique franco-espagnole a été lancé mercredi dans les Pyrénées, un ouvrage innovant et coûteux qui doit aider la France à faire face à ses pics de consommation d'électricité en hiver et soutenir les énergies renouvelables. "La construction de cette ligne va permettre de doubler la capacité d'interconnexion (échange d'électricité, ndlr) entre la France et l'Espagne, pour la porter de 1.400 à 2.800 mégawatts", a expliqué Yves Decoeur, le patron d'Inelfe, société responsable du projet, en présentant le chantier à la presse.

    Cette ligne à très haute tension sera longue de 65 km, entre Santa Llogaia, en Catalogne, et Baixas dans les Pyrénées-Orientales. Outre un tunnel central de 8,5 km creusé à travers les Pyrénées, elle comprendra des tranchées couvertes et des stations de conversion d'électricité à ses deux extrémités. Son but premier est de sécuriser l'approvisionnement électrique des deux pays, en permettant notamment à la France d'importer plus de courant d'Espagne lors des pics de consommation hivernaux.

    La dernière liaison franco-espagnole a 30 ans

    "Il existe déjà quatre liaisons entre la France et l'Espagne, mais la dernière a été construite il y a 30 ans et il y a un besoin de capacités d'interconnexion (supplémentaires) entre les deux pays", a souligné Decoeur. La vague de froid qui s'achève a démontré l'utilité de telles "passerelles électriques" transfrontalières: en France, la chute des températures a fait grimper la consommation de courant au niveau jamais vu de 101.700 mégawatts le 8 février, et obligé le pays à importer massivement du courant de tous ses voisins, dont l'Espagne.

    Il s'agit aussi d'accompagner le développement des énergies solaire et éolienne des deux côtés des Pyrénées. En effet, ces énergies dites propres ont l'immense désavantage d'être intermittentes, c'est-à-dire qu'elles produisent du courant pas forcément au moment où l'on en a besoin. Comme l'énergie ne se stocke pas à grande échelle, cela impose de pouvoir exporter les éventuels surplus d'électricité et à l'inverse, d'en importer quand la production éolienne ou solaire est insuffisante, d'où le besoin de nouvelles interconnexions.

    Ce problème est particulièrement pressant côté espagnol, où les énergies renouvelables représentent déjà plus du tiers de la production d'électricité (contre environ 13% en France). Il arrive que les Espagnols soient obligés de déconnecter des éoliennes de leur réseau, car elles produisent trop de courant par rapport à la demande, et les connexions avec la France ne suffisent pas à écouler le trop-plein.

    Une première mondiale

    La construction de cette ligne à très haute tension, en gestation depuis 1994, va nécessiter de surmonter plusieurs défis techniques. Pour apaiser d'intenses oppositions locales côté français au passage d'une ligne aérienne, il avait été décidé en 2008 de l'enterrer. Le coût est énorme: 700 millions d'euros, en partie financés par l'Union européenne. Cela a imposé de lourdes contraintes techniques: comme il est impossible de faire passer du courant alternatif sur de telles distances, la ligne convoiera du courant continu, qui sera transformé à ses extrémités en courant alternatif, en faisant appel à la technologie dite VSC.

    Or, souligne Decoeur, cette technologie "n'a jamais été utilisée à ce niveau de puissance", ce qui fait de cette ligne "une première mondiale", qui pourrait servir d'exemple à d'autres projets. Paris et Madrid ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin, et veulent porter leurs capacités d'interconnexion à au moins 4.000 mégawatts avant 2020. S'il est convenu qu'il n'y aura pas d'autre ligne dans les Pyrénées catalanes, une liaison sous-marine est à l'étude dans le Golfe de Gascogne.

    © 2012 AFP

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