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Par marialis2.2 le 27 Novembre 2011 à 20:3127 novembre 2011 - 20H05
Durban au rythme des négociations climatiques et des espoirs de Desmond TutuDurban s'est mis au rythme de la conférence de l'ONU sur le climat, qui démarre lundi pour deux semaines, résonnant d'appels à la "justice" de militants venus à bord du "train du climat" ou en vélo et des premiers discours officiels au milieu des ultimes préparatifs.Avant même le début des négociations, la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres a rappelé de son côté, lors d'une conférence de presse, que la question de l'avenir du protocole de Kyoto, seul traité existant qui impose des émissions de gaz à effet de serre à une quarantaine de pays industrialisés, s'annonçait comme "une mission délicate" pour les gouvernements.AFP - Durban s'est mis au rythme de la conférence de l'ONU sur le climat, qui démarre lundi pour deux semaines, résonnant d'appels à la "justice" de militants venus à bord du "train du climat" ou en vélo et des premiers discours officiels au milieu des ultimes préparatifs.
"Nous n'avons qu'une maison et que vous soyez riches ou pauvres, c'est votre seule maison." Plus énergique que jamais, malgré ses 80 ans, Desmond Tutu s'est fait dimanche le porte-voix de ceux qui veulent davantage d'implication des pays riches contre le changement climatique.
"Nous devons avancer ensemble", a clamé le prix Nobel de la Paix devant quelques milliers de personnes lors d'un rassemblement-concert pour une "justice climatique" au stade de King's Park, au terme duquel a été présentée une pétition en ce sens signée par 200.000 personnes à travers le monde.
Une assistance clairsemée qui n'a pas douché l'enthousiasme de Kyla Davies, une Sud-Africaine, qui voit le rendez-vous de Durban comme "un très grand moment pour l'Afrique du Sud!".
Cette artiste, qui a mis en scène une pièce de théâtre pour enfants sur le changement climatique qui sera jouée en ville en marge de la conférence, est arrivée dimanche à Durban, à bord du "Train du climat" qui avait quitté Le Cap fin octobre et a traversé ensuite tout le pays.
Dylan McGarry, un jeune homme qui a fait le même voyage, renonnaît que ce ne sont pas les négociations elles-mêmes qui l'ont motivé: "Il n'y aura probablement pas de grand résultat, mais le côté positif peut venir des gens qui gravitent autour", espère-il.
Augusto Mafigo, président du syndicat national des petits fermiers au Mozambique, explique pour sa part avoir fait le déplacement, en bus, jusqu'à Durban pour "echanger les expériences avec d'autres".
"Nous voulons voir comment réussir à développer l'agriculture en s'adaptant au changement climatique", explique-t-il, vêtu d'un T-shirt "Nous voulons une justice climatique maintenant!"
Ailleurs en ville, sur la plage, les curieux pouvaient voir quelques militants de l'ONG Oxfam attablés les pieds dans l'eau.
Une action pour souligner l'impact à l'avenir du changement climatique sur le coût de la nourriture en raison de la multiplication attendue des événements météorologiques extrêmes comme les indondations ou les vagues de chaleur.
Autour du centre des conférences lui-même, qui va accueillir quelque 12.000 délégués, experts, ONG et journalistes jusqu'au 9 décembre, des ouvriers s'activaient encore dimanche autour des allées d'accès et des stands d'exposition pour que tout soit prêt pour l'ouverture officielle lundi matin.
Avant même le début des négociations, la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres a rappelé de son côté, lors d'une conférence de presse, que la question de l'avenir du protocole de Kyoto, seul traité existant qui impose des émissions de gaz à effet de serre à une quarantaine de pays industrialisés, s'annonçait comme "une mission délicate" pour les gouvernements.
Les pays en développement réclament de nouveaux engagements des pays industrialisés concernés par le protocole de Kyoto à l'issue d'une première période d'engagements se terminant fin 2012.
Mais plusieurs d'entre eux -- le Japon, la Russie et le Canada -- refusent de poursuivre dans un cadre qui ne s'applique pas aux Etats-Unis ni à la Chine, les deux plus grands émetteurs de CO2 au monde.
La bonne nouvelle, a toutefois souligné Mme Figueres, est "l'élan croissant pour l'action". Elle a évoqué les actions récemment mises en place dans une vingtaine de pays pour réduire les émissions de CO2, qui ont de nouveau battu des records l'an passé.
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Par marialis2.2 le 23 Novembre 2011 à 16:53
Valognes : le train de déchets nucléaires a pu partir
Publié le 23.11.2011, 07h23 | Mise à jour : 16h44
Cocktails molotov et cailloux contre gaz lacrymogènes : antinucléaires et forces de l'ordre se sont affrontés mercredi matin près de Valognes, le long de la voie ferrée que le dernier convoi de déchets nucléaires allemands retraités par Areva doit emprunter cet après-midi, mais que les militants voulaient bloquer.
Vers 16 heures, le train a finalement pu quitter le terminal.Auparavant pourtant, le directeur de cabinet du préfet de Benoît Lemaire avait indiqué que «les installations SNCF (avaient) été endommagées » et que « des réparations (étaient) en cours ». Selon Greenpeace qui n'appellait pas à bloquer le train, et selon des agents SNCF, un rail avait été soulevé par des manifestants avec un cric et beaucoup de boîtiers électriques avaient été incendiés.
3 blessés légers et 12 arrestations
Selon la préfecture, ces affrontements ont fait au moins trois blessés légers (un chez les gendarmes, deux chez les manifestants) et entrainé douze interpellations. Le procureur de Cherbourg a lui, confirmé que douze militants avaient été placés en garde à vue. Par ailleurs, une caméra de l'Agence France-Presse a été délibérément cassée par un militant antinucléaire lors d'une escarmouche avec la police.«J'étais en train de filmer, les CRS chargeaient, un militant habillé en noir et cagoulé m'a sauté dessus en criant tu filmes pas et s'en est pris à la caméra», a raconté la reporter de l'AFPTV.
La tension est en fait montée tôt dans la matinée entre forces de l'ordre et manifestants, quand 100 à 200 militants antinucléaires ont tenté de bloquer, en déposant des pierres ou des plaques de béton, la voie ferrée que devait emprunter le train de déchets nucléaires allemands. Peu après 8 heures, les forces de l'ordre ont riposté en faisant usage de bombes lacrymogènes et de matraques.
Des dizaines de milliers de manifestants attendus en Allemagne
Dans la nuit, les forces de l'ordre, très discrètes jusqu'alors, avaient érigé des barrages sur les principaux accès routiers menant à la voie ferrée dans et autour de Valognes. Depuis lundi, un hélicoptère survolait le site, tandis que des dizaines de véhicules de CRS et de gendarmes stationnaient aux alentours. Mardi, militants et forces de l'ordre étaient arrivés progressivement dans cette petite commune de la Manche. Départ avancé ou retardé, les rumeurs les plus contradictoires circulaient au sujet de ce 12e et dernier convoi de déchets nucléaires allemands, retraités par Areva, à destination de Gorleben.
Manifestation mardi soir à l'appel de Greenpeace, Sortir du nucléaire et Europe Ecologie les Verts (EELV).
AFP/KENZO TRIBOUILLARD
Le chargement est issu, selon Areva, de combustibles qui ont produit l'équivalent de la consommation électrique de 25 millions d'Allemands pendant un an. Pour les antinucléaires, ce chargement, c'est «plusieurs fois la radioactivité émise lors de la catastrophe de Fukushima». Selon le groupe nucléaire, ces déchets renferment certes la quasi-totalité de la radioactivité des combustibles irradiés, mais ces derniers sont vitrifiés et transportés, assure-t-il, dans une «forteresse roulante» et dans des emballages métalliques de 40 cm d'épaisseur.
En Allemagne, une manifestation est prévue mercredi à Berlin. La police allemande table sur plusieurs dizaines de milliers de manifestants d'ici à l'arrivée du train, moins qu'en novembre 2010 où la mobilisation avait atteint des niveaux record. L'Allemagne a depuis décidé de sortir du nucléaire.
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Par marialis2.2 le 21 Novembre 2011 à 19:38
Réchauffement: concentration historique de gaz à effet de serre dans l'atmosphère
Environnement - L'Organisation météorologique mondiale avertit que la concentration des gaz d'origine humaine mesurée dans l'atmosphère n'a jamais atteint un tel niveau depuis l'époque préindustrielle.
Les gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint des nouveaux pics en 2010, et leur taux d’accroissement s’est accéléré, annonce l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ce lundi.
Selon l’OMM, le forçage radiatif* de l’atmosphère par les gaz à effet de serre, qui induit un réchauffement du climat, s’est accru de 29% entre 1990 et 2010, le dioxyde de carbone contribuant pour 80% à cette augmentation.
« La teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre d’origine anthropique a atteint une fois de plus des niveaux jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle », a déclaré le secrétaire général de l’OMM, Michel Jarraud.
« Même si nous parvenions à stopper aujourd’hui nos émissions de gaz à effet de serre, ce qui est loin d’être le cas, les gaz déjà présents dans l’atmosphère y subsisteraient encore pendant des dizaines d’années et continueraient de perturber le fragile équilibre de la Terre, planète vivante, et du climat. »
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Par marialis2.2 le 21 Novembre 2011 à 19:32
La découpe des nageoires de requins dans le collimateur de l'Europe
LEMONDE.FR avec AFP | 21.11.11 | 14h08
La Commission européenne a proposé lundi 21 novembre d'interdire la coupe des ailerons des requins à bord des navires de pêche et le rejet à la mer les animaux encore vivants. Cette mesure vise ainsi à protéger les stocks de requins, dont une trentaine d'espèces sont menacées d'extinction dans le monde, essentiellement en raison de la forte demande d'ailerons qui, mijotés en soupe, sont un mets raffiné en Chine et dans d'autres pays asiatiques.
"En comblant le vide juridique dans notre législation, nous souhaitons éradiquer la pratique effroyable de l'enlèvement des nageoires de requin et assurer une protection nettement meilleure des requins", a déclaré Maria Damanaki, commissaire chargée de la pêche.
La nouvelle législation prévoit que les navires pêchant dans les eaux de l'Union européenne et les navires de l'UE pêchant dans le monde auront "l'obligation de débarquer les requins avec les nageoires attachées au corps". Les pêcheurs avaient jusqu'à présent la possibilité de débarquer les carcasses et les nageoires dans des ports différents, ce qui rendait les fraudes aisées.
73 MILLIONS DE REQUINS DISPARAISSENT CHAQUE ANNÉE
"Les contrôles seront désormais facilités, et il deviendra plus difficile de dissimuler l'enlèvement des nageoires", a spécifié Mme Damanaki. L'interdiction vise les flottes espagnoles et portugaises, qui pêchent dans tous les océans, a souligné la Commission. Les pêcheurs français, allemands et britanniques sont également concernés. Ils bénéficiaient d'exemptions pour la capture de requins, à condition de tout garder à bord à des fins de transformation. La mesure ne s'applique pas à la pêche artisanale, a-t-on précisé à la Commission.
"La proposition de la Commission est une étape positive pour la protection des requins", notamment dans l'Atlantique, a réagi la fédération d'ONG Shark Alliance. "L'UE, en particulier l'Espagne, est l'un des principaux fournisseurs d'ailerons à l'Asie", selon elle. La surpêche est responsable de la disparition de 73 millions de requins chaque année, selon l'association Environment Group (PEG), qui estime qu'une trentaine d'espèces sont directement menacées d'extinction.
A la différence des autres poissons, les squales sont fragilisés par leur cycle biologique car ils n'atteignent leur maturité sexuelle qu'après une dizaine d'années et n'ont que peu de petits à la fois. En Asie, les campagnes lancées par des ONG commencent à faire évoluer les traditions. Les hôtels de luxe Peninsula ont ainsi annoncé lundi le retrait de la soupe aux ailerons de ses restaurants.
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Par marialis2.2 le 20 Novembre 2011 à 19:38
L'arbre, allié de taille
| 20.11.11 | 18h07 • Mis à jour le 20.11.11 | 18h25
Donnez-moi un arbre et je sauverai le monde, nous dit le botaniste Francis Hallé, qui vient de publier Du bon usage des arbres. Un plaidoyer à l'attention des élus et des énarques (Actes Sud). Prenons-le au mot. Par quel arbre commencer ? Le platane que planta Buffon en 1785, à l'entrée du Jardin des plantes, à Paris. Les visiteurs peuvent constater sa grande forme 226 années après, alors qu'il n'a jamais été taillé.
Car le platane vit très longtemps, comme beaucoup d'arbres. Il est même "potentiellement immortel", précise Francis Hallé : "Un homme est sénescent, c'est-à-dire programmé pour mourir. Pas un platane." Après la chute des feuilles, la vie repart au printemps et l'arbre retrouve son génome juvénile. S'il n'était pas agressé par les accidents, les maladies ou les humains, le platane vivrait des siècles. "Quand on dit un platane centenaire, on parle d'un gamin en culotte courte", s'amuse le botaniste, qui connaît un olivier âgé de 2000 ans à Roquebrune-Cap-Martin (Côte d'Azur).
Ajoutons que l'arbre crée des colonies. Sexué, il distribue des graines alentour, mais il étend aussi des racines à partir desquelles des descendants poussent. Voilà pourquoi on trouve des platanes centenaires entourés de vieux frères, des peupliers se renouvelant depuis 10 000 ans dans l'Utah, des crésotiers (Larrea) de 13 000 ans dans le désert de Mojave (sud de la Californie), et un houx royal de 43 000 ans s'étalant sur un kilomètre, en Tasmanie. "L'histoire de notre espèce zoologique tient dans la vie d'un arbre. Cela devrait nous ramener à l'humilité", philosophe Francis Hallé. C'est sans doute le premier service que nous rend l'arbre.
L'autre prodige de l'arbre est de résoudre ses problèmes sans bouger. C'est un bon citoyen, décoratif, taiseux, économe, calme et courageux. Il se contente de peu - lumière, eau, oligoéléments - et déjoue ses ennemis sans bruit, en développant un arsenal chimique. Un if produit des molécules qui éloignent souris et insectes et, ce faisant, il fournit le taxol à l'homme, un anticancéreux efficace. Et chacun sait que le tilleul ou le bouleau, le noisetier ou le citronnier donnent des médicaments.
UN ÉPURATEUR D'ATMOSPHÈRE
Nous, humains, avec nos 2mètres carrés de peau, sous-estimons la surface de l'arbre. Pour la calculer, il faut mesurer chaque feuille recto verso, ajouter la surface du tronc, des branches et rameaux, des racines longues et fines et des poils absorbants, sans oublier les poches dans l'écorce. Un arbre feuillu de 15 mètres occupe au total 200 hectares, l'équivalent de Monaco. Il double de poids quand il est mouillé. Toute cette surface respire, nous fait respirer.
"Grâce à la photosynthèse, l'arbre est notre meilleur allié dans la lutte contre le réchauffement climatique ", estime Francis Hallé. Le platane de Buffon, comme tout arbre, absorbe quantité de dioxyde de carbone (CO2), responsable de l'effet de serre. 20 % à 50 % de la matière produite par l'arbre - bois, racines, feuillages, fruits... - est constituée de CO2. Ainsi, en respirant, l'arbre épure l'atmosphère. Il séquestre le dioxyde de carbone et les polluants urbains tels que les métaux lourds, le plomb, le manganèse, les suies industrielles, les oxydes d'azote et de soufre, l'ozone... Ceux-ci sont dissous par l'eau intérieure, puis stockés dans le bois. C'est pourquoi il faut couper les vieux arbres le moins possible. Plus ils sont grands, plus ils purifient l'air.
En même temps, l'arbre libère l'oxygène qui nous fait vivre, l'O2. Un humain adulte consomme environ 700 grammes d'O2 par jour, soit 255 kg par an. Pendant ce temps, un arbre moyen en produit 15 à 30 kg. Il faut donc une dizaine d'arbres pour oxygéner un homme. En plus, l'arbre humidifie et rafraîchit l'atmosphère par évaporation et transpiration. Une zone boisée de 50 m2 fait baisser la température de 3,5 °C et augmente le taux d'humidité de 50 %. L'agitation des feuillages, surtout des conifères, libère des ions négatifs qui auraient un effet bénéfique sur la santé et l'humeur. Et l'arbre accueille nombre d'espèces utiles.
Pascal Cribier, jardinier talentueux, habite au-dessus du jardin du Luxembourg, à Paris. Il désigne la cime rougeoyante des arbres : "Nous ne voyons que la moitié d'un arbre. Nous n'imaginons pas l'activité souterraine, la taille et la force de ses racines, les espèces qui vivent en symbiose avec lui. Nous oublions que, sans les arbres, le sol se dégrade vite, et pour toujours." C'est cette part secrète, souterraine, qui a décidé de la vocation de Pascal Cribier, à 18 ans. Il voulait comprendre, planter, mettre les mains dans la terre.
Devenu un artiste du jardin, il a exposé dans des galeries des blocs de racines noueuses. Il faut savoir que sous-bois, racines et sous-sols font vivre champignons, lichens, fougères, plantes épiphytes, insectes, vers et mammifères. Sous terre, les racines font circuler des tonnes d'eau pour abreuver les feuilles. Souvent, elles dépassent en longueur les branchages. Ainsi, le jujubier de Libye, haut de 2 mètres, possède des racines de 60 mètres.
"L'homme ne saurait vivre sans l'arbre, et il le menace partout, s'étonne Francis Hallé. Pourtant, la réciproque n'est pas vraie..." Les Nations unies ont déclaré 2011 Année internationale de la forêt. Les arbres abritent 50 % de la biodiversité terrestre et apportent la subsistance à 1,6 milliard d'humains.
Les enquêtes de l'ONU et du REDD - programme des Nations unies qui vise à réduire les émissions de CO2 causées par la déforestation et la dégradation des forêts - montrent que la moitié des forêts de la planète a été détruite au XXe siècle. Ainsi, 7,3 millions d'hectares de forêts tropicales ont disparu chaque année entre 2000 et 2005, soit 20 000 hectares par jour. Résultat, la déforestation et la dégradation des forêts tropicales contribuent pour 15 % à 20 % aux émissions de CO2 : brûlés, abattus, les arbres libèrent leur carbone.
A l'inverse, l'ONU estime que des plantations d'arbres pourraient compenser 15 % des émissions de carbone dans la première moitié du XXIe siècle. "J'ai plaqué mon chêne/Comme un saligaud", chantait Georges Brassens...
De l'aspirine au papier
Prenons un citadin qui déguste en terrasse une salade à l'huile d'olive et au citron avec des pignons, puis commande une omelette aux truffes et un verre de chablis. Au dessert, poire belle-Hélène accompagnée d'un café à la cannelle. En digestif, une goutte de vieux gin. Ensuite, après une aspirine, il prend quelques notes avec un stylo jetable sur un carnet. Cet homme vient de mettre quinze arbres à contribution. Un frêne pour sa chaise, un orme pour la table, un olivier, un pin parasol, un citronnier, un chêne pour la truffe, un robinier (faux acacia) pour le fût du vin blanc, un poirier et un cacaoyer, un caféier, un cannelier, un genévrier, un saule pour l'aspirine, du ricin pour le plastique, un pin sylvestre pour le papier. Nous ne saurions vivre sans les arbres.
La ville non plus. Octobre 2011 était le Mois international de l'arbre et de la forêt des villes. Ainsi en a décidé la FAO. Pourquoi protéger l'arbre citadin ? En 2030, 70 % de la population de la Terre vivra en ville. Il faudra la nourrir. Le monde rural n'y suffira pas. Déjà, l'agriculture urbaine et périurbaine existe dans les friches et bidonvilles. Les citadins pauvres plantent des arbres et des légumes pour se nourrir. Depuis des années, la FAO leur procure assistance et crédits.
En Europe, Bruxelles protège les 5 000 hectares de la forêt de Soignes, en pleine ville ; Zurich fait de même, Barcelone a classé sa forêt riveraine, Nantes prévoit de planter 1 400 hectares d'arbres à ses portes. Julien Custot, expert à la FAO, explique : "L'arbre urbain est fondamental pour préserver les sols, contenir les inondations, apporter de l'énergie, pourvoir des aliments sains. Il rend les villes plus agréables, plus fraîches. Il nous faut une vraie politique de foresterie urbaine." Le jardinier écologiste Gilles Clément ajoute : "L'urbanisme jouit d'un grand prestige dans un monde assujetti au principe économique "quand le bâtiment va, tout va". Un jardinier penserait plutôt : "Quand le jardin va, tout va". Il faut nourrir le monde avant même de le loger."
L'économiste indien Pavan Sukhdev, codirecteur de la Deutsche Bank de Bombay, est une des têtes chercheuses des TEEB, The Economics of Ecosystems and Biodiversity. C'est lui qui, en octobre 2010, a chiffré les services rendus par les écosystèmes à la conférence de Nagoya sur la biodiversité, dont la France vient de signer le protocole. Il calcule la valeur économique de la nature et ses dégradations. Après trois ans d'enquêtes menées par cent experts, "les gros chiffres impressionnent", affirme-t-il. Si nous divisions par deux le rythme de la déforestation d'ici à 2030, les réductions d'émission de CO2 allégeraient de 2 600 milliards d'euros le coût du réchauffement. L'érosion de tous les écosystèmes terrestres - forêts, sols ou encore zones maritimes - nous fait perdre entre 1 350 et 3 100 milliards d'euros chaque année. "Cette invisibilité économique des écosystèmes, explique Pavan Sukhdev, a mené à la crise écologique."
En jardinier, Pascal Cribier s'inquiète de ces chiffres : "Un arbre est inestimable, ce qu'il nous apporte n'a pas de prix..."
À LIRE
"DU BON USAGE DES ARBRES. UN PLAIDOYER À L'ATTENTION DES ÉLUS ET DES ÉNARQUES
(Actes Sud, 2011, 14 €)
"ITINÉRAIRESD'UN JARDINIER"de Pascal Cribier (Xavier Barral, 2009)
Frédéric Joignot
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