• "Catastrophe écologique" sur un grand fleuve

    du Maroc"

     
    Depuis le 15 juillet, des milliers de cadavres de poissons infestent les eaux de la Moulouya, un fleuve de 600 km situé dans le nord-est du Maroc. Des analyses sont en cours mais les défenseurs de l’environnement jettent l’opprobre sur une raffinerie de sucre qu’ils accusent de "crime écologique".
     
    Alertées par la population, les associations locales de défense de l’environnement, regroupées au sein du collectif "Ecolo plateforme du Maroc du nord", lancent un cri d’alerte. La faune de la Moulouya, un fleuve dont l’embouchure est classée site d’intérêt biologique et écologique (ou SIBE, une zone géographique protégée du Maroc), est en voie d’extinction. Sur plusieurs dizaines de kilomètres dans la province de l’Oriental (nord-est), des poissons morts jonchent les côtes, un spectacle nauséabond que montrent de nombreuses vidéos.
     
     
    Cette vidéo a été filmée par les membres d'associations environnementales, le 18 juillet, le long du fleuve. Toutes leurs autres images sont disponible ici
     
    Les écologistes pointent du doigt Sucrafor, une usine sucrière de betteraves, filiale du groupe marocain Cosumar qui détient le monopole de la production nationale marocaine de sucre. Ce n’est pas la première fois que cette société est mise en cause dans la pollution de la Moulouya. Dans les années 1980 et 1990, les défenseurs de l’environnement avaient déjà signalé que Sucrafor dépassait les quotas autorisés de rejets d’eaux usées dans le fleuve.
     
    Cette affaire intervient un mois après l’adoption de la nouvelle Constitution marocaine, où il est stipulé à l’article 35 que l’Etat garantit aux citoyens les "conditions leur permettant de jouir des droits à l’accès à l’eau, à un environnement sain et au développement durable".
    Contributeurs

    "Pour sauver la Moulouya, nous, les écolos, attendons que le roi fasse l'arbitrage au nom de la nouvelle constitution"

    Najib Bachiri est président de l’association Humain et environnement à Berkane, une ville de la région de l’Oriental, dans le nord-est du Maroc.
     
    Le 15 juillet, une personne est venue me voir au siège de l’association à Berkane avec un poisson mort à la main. Il voulait m’informer d’un ‘problème’ dans les eaux de la Moulouya. Avec les autres membres du collectif, nous avons longé le rivage depuis l’embouchure du fleuve, dans la mer Méditerranée, pour remonter à la source de la contamination. Sur des dizaines de kilomètres, j’ai vu toutes sortes de poissons morts. Après 50 km, nous sommes arrivés au niveau de l’Oued Zebra, un affluent situé près de la ville de Zaïo. A cet endroit, le fleuve dégageait une odeur irrespirable, l’eau était noire et très chaude. Non loin de là, il y a Sucrafor, une raffinerie de sucre.
     
    "Ce n’est pas un hasard si les poissons sont morts à la fin de la campagne betteravière de l’usine"
     
    Selon nous, c’est évident que les poissons ont été intoxiqués par des produits chimiques rejetés par l’usine. Mais le directeur du Sucrafor, que nous avons rencontré le 20 juillet, refuse d’admettre que les déchets de son entreprise sont toxiques. Il nous a dit que nous n’avons aucune preuve et que seule la chaux [et pas de produit chimique] était utilisée dans le processus de raffinage de la betterave. Selon lui, l’Office national des eaux potables (ONEP), qui rejette ses eaux usées dans la Moulouya, pourrait être à l’origine de la pollution. Mais si c’était le cas, le problème s’étalerait sur toute l’année et n’apparaîtrait pas soudainement au moins de juillet, à la fin de la production du sucre [Le site de Cosumar indique que la campagne betteravière démarre en mai et s’étale en moyenne sur une période de trois mois]. Ce n’est pas un hasard si les poissons sont morts à cette période. Sucrafor est responsable d’un crime écologique.
     
    [FRANCE 24 a tenté de contacter le directeur de Sucrafor. Pour l'instant, nous n'avons pas eu de réponse].
     
    "Des paysans m’ont dit que leurs brebis étaient mortes après avoir bu l’eau de la Moulouya"
     
     
    Des agents de la gendarmerie royale ont fait des prélèvements qui sont actuellement à l’étude dans leur laboratoire à Rabat. Nous attentons les résultats des analyses et si Sucrafor est bien à l’origine de la catastrophe, nous mènerons l’affaire devant les tribunaux. Mais en attendant, les riverains de la Moulouya sont très inquiets. N’ayant aucune information, les paysans n’ont pas irrigué leurs parcelles craignant que l’eau du fleuve ne contamine les cultures de melons et de pastèques, prédominantes dans la région. Et ce n’est pas tout. Des paysans nous ont dit que leurs brebis étaient mortes après avoir bu l’eau de la Moulouya.
     
    "Je vois cette catastrophe comme un test pour le roi et sa nouvelle Constitution"
     
    En tant que défenseur de l’environnement, je vois cette catastrophe comme un test pour le roi et sa nouvelle Constitution qui a élargi les droits environnementaux de ses sujets. L’écologie est un concept vraiment nouveau dans le monde politique marocain. C’est devenu une mode mais qui ne change rien à la réalité. Les deux partis écologistes du pays restent silencieux sur cette affaire. Il existe aussi un ministère en charge de ces questions, mais sa dénomination est assez comique : c’est le ministère de l’Energie et de l’Environnement [ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement] et il est plus actif dans son premier domaine de compétence !
     
    Lors de son discours, le roi a insisté sur le retard que le Maroc avait à rattraper pour respecter les Conventions internationales dont il est signataire. Je pense ici à la Convention de Ramsar [C’est la Convention sur les zones humides d’importance internationale, en vigueur depuis 1975, a été signée par le Maroc en 1981. Il s’agit d’un traité international qui vise à respecter la conservation des ressources en eaux des pays signataires]. Pour sauver la Moulouya, nous attendons que le roi fasse l'arbitrage au nom de la nouvelle constitution, si les autorités compétentes restent passives face à cette affaire."
     
    Ce billet a été rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24.

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  • Une fuite de 216 tonnes de pétrole en mer du Nord

    Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 16/08/2011 à 16:56

     

    Au large d'Aberdeen, un oléoduc fuit depuis une semaine et a déjà déversé 216 tonnes de pétrole dans la mer du Nord. Le groupe Shell tente de colmater la brèche.

    Il n'y aura pas de marée noire dans la mer du Nord. Depuis la semaine dernière, un oléoduc d'une plateforme pétrolière appartenant au groupe Shell fuit par deux endroits. Ce mardi, alors que 216 tonnes d'or noir -soit 1300 barils- s'étaient déjà déversés au large de l'Ecosse près d'Aberdeen, Glen Cayley, directeur technique des activités d'exploration-production du groupe en Europe a assuré que seuls deux barils continuaient de s'écouler par jour. A titre de comparaison, l'explosion l'an dernier d'une plateforme exploitée par le groupe britannique BP au large de la Louisiane avait provoqué le déversement de dizaines de millions de litres de brut dans le golfe du Mexique. 

    Shell avait déjà indiqué ce week-end que la fuite était désormais "sous contrôle" et "considérablement réduite", et que la compagnie s'efforçait d'y mettre un terme. "Nous travaillons sans relâche pour l'éliminer" a ajouté Glen Cayley, au micro de BBC Radio 4. Avant de préciser que "le pétrole s'échappait à deux endroits du même oléoduc, et que si l'écoulement principal a pu être contenu dès jeudi, le deuxième point d'épanchement, de petite taille, s'avère plus difficile à atteindre et à colmater, en raison de sa position et de l'importante végétation sous-marine qui l'entoure." 

    La fuite la plus importante dans la région depuis dix ans

    Le gouvernement britannique assure par ailleurs que la fuite, la plus importante dans la région depuis dix ans, ne touchera pas les côtes du pays. De son côté, l'organisation Greenpeace a dénoncé un "manque inquiétant de transparence de la part de Shell", lui reprochant d'avoir mis deux jours à faire état de cette fuite de pétrole. 

    Cette fuite intervient alors que Shell se retrouve déjà sur la sellette en matière d'environnement, l'ONU ayant mis le géant pétrolier en cause ce mois-ci dans la vaste pollution pétrolière qui souille depuis des décennies le sud du Nigeria.


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  • Aggravation d'une fuite de pétrole en mer du Nord

    publié le 15/08/2011 à 19:37

    La rupture d'un oléoduc de Royal Dutch Shell la semaine dernière en mer du Nord a provoqué une "importante" marée noire, avec une fuite persistante, ont déclaré lundi le gouvernement britannique et la compagnie pétrolière.

    "Les estimations actuelles évoquent une fuite de plusieurs centaines de tonnes de brut", a déclaré le ministère de l'Energie et du Changement climatique (DECC).

    "Pour le plateau continental britannique de la mer du Nord, la fuite est importante", a ajouté un porte-parole du DECC. "Ils (Shell) s'efforcent de maîtriser complètement la fuite."

    Une fuite de cette échelle constituerait la plus grave marée noire en mer du Nord depuis l'an 2000, lorsque plus de 500 tonnes s'étaient déversées dans la mer, selon les données du DECC.

    D'après Shell, près de 216 tonnes de pétrole, soit l'équivalent de 1.300 barils, se sont déversés en mer du Nord, une fuite qualifiée de "significative".

    "Le travail se poursuit pour empêcher le pétrole situé sous la ligne de flottaison de s'écouler dans la mer", a déclaré lundi la compagnie pétrolière dans un communiqué distinct. "Nous avons pris le problème très au sérieux et nous y avons répondu rapidement."

    Le pétrole d'un puits du gisement de Gannet, à 180 km à l'est d'Aberdeen (Ecosse), propriété de Shell, s'écoule depuis mercredi, mais la pression diminue depuis que la multinationale a fermé le puits le jour même.

    Le champ pétrolier de Gannet est la propriété conjointe de Shell et d'Exxon. Shell en assure l'exploitation.

    A titre de comparaison, l'explosion du puits Macondo de BP avait entraîné l'an dernier la fuite de 5 millions de barils.

    Le DECC s'est fait l'écho des prévisions de Shell qui estime que la marée n'atteindra pas le rivage dans la mesure où il est dispersé naturellement par les vagues.

    L'organisation de défense de l'environnement Greenpeace ainsi que la Société royale pour la protection des oiseaux (RSPB) ont déploré un manque d'information sur l'incident.

    Sarah Young, Alex Lawler, Zaida Espanna et Matt Scuffham; Hélène Duvgneau pour le service français

    Par Reuters


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  • LONDRES - La fuite de pétrole en mer du Nord est "sous contrôle" selon Shell

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    Créé le 13/08/2011 à 18h25 -- Mis à jour le 13/08/2011 à 18h45

    LONDRES - Une fuite de pétrole repérée cette semaine sur un pipeline de Shell en mer du Nord au large des côtes écossaises est "désormais sous contrôle", mais la nappe s'étend sur 31 kilomètres, a annoncé samedi le géant pétrolier anglo-néerlandais.

    "La fuite sur le pipeline de notre plateforme Gannet Alpha est sous contrôle", a affirmé Shell dans un communiqué.

    Selon les estimations de la compagnie, la nappe de pétrole court sur 31 kilomètres de long et, dans sa plus grande extension, sur 4,3 kilomètres de large.

    La société n'a pas précisé le volume de pétrole déversé, mais selon une source chez Shell, la nappe ne dépasse pas "200 tonnes" de pétrole.

    Le géant pétrolier a estimé que la nappe "sera naturellement dispersée sous l'effet des vagues et n'atteindra pas les côtes".

    La fuite a été repérée sur un pipeline qui relie un puits et une plateforme de production en mer du Nord, située à environ 180 kilomètres à l'est d'Aberdeen, sur la côte écossaise.

    "Le puits sous-marin a été fermé mercredi et le pipeline situé au fond de l'océan a été isolé et dépressurisé. La fuite de pétrole a été considérablement réduite", a assuré Shell, précisant qu'un sous-marin télécommandé surveillait la fuite.

    "Nous comprenons au vu ce qu'a dit Shell qu'un volume limité de pétrole peut être libéré", a déclaré de son côté un porte-parole du ministère britannique de l'Energie, qui a promis d'enquêter sur le sujet.

    Les autorités écossaises ont indiqué être "en contact étroit" avec Shell.

    Le champ pétrolier où s'est produit la fuite appartient conjointement à Shell et à Esso (groupe américain Exxon-Mobil), mais est exploité par la société anglo-néerlandaise.

    Cette fuite intervient alors que Shell est sur la sellette après la publication début août d'une étude sans précédent de l'ONU qui le met en cause, ainsi que le gouvernement nigérian, dans la pollution pétrolière de très grande ampleur touchant le sud du Nigeria.

    Pour l'ONU, après 50 ans d'extraction de brut, la pollution pétrolière dans la région de l'Ogoniland est telle qu'elle pourrait nécessiter l'opération de nettoyage la plus vaste jamais réalisée au monde.

    © 2011 AFP

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  • Écologistes et agriculteurs bretons s'écharpent
    sur le dossier des algues vertes
     
    Écologistes et agriculteurs bretons s'écharpent sur le dossier des algues vertes
    La mort de 36 sangliers sur la côte Nord de la Bretagne a remis sur le devant de la scène la question de la pollution liée aux algues vertes. Problème de santé publique, la dangerosité des "laitues de la mer" suscite de nombreuses controverses.
    Par Charlotte BOITIAUX (texte)
     

    Comme presque chaque été depuis trois ans, les algues vertes s'invitent sur les plages bretonnes. Après les décès suspects de deux chiens à Hillion en juillet 2008, d'un chauffeur qui transportait des algues vertes à Lantic en juillet 2009 et d'un cheval à Saint-Michel-en-Grève en août 2009, la découverte de 36 sangliers morts à Gouessant, dans la baie de Saint-Brieuc (nord de la Bretagne), en juillet dernier, a relancé le débat sur la dangerosité de ces "laitues de mer".

    Alors que la controverse se limitait jusqu'alors au seul cadre environnemental - comment réduire le rejet excessif de nitrates d’origine agricole, principale cause de la prolifération des algues vertes ? - ces algues vertes sont devenues un véritable problème de santé publique. A savoir : ces dernières qui, en pourrissant, dégagent de l’hydrogène sulfuré (H2S), un gaz mortel, peuvent-elles présenter un risque mortel pour l'homme ?

    Les résultats des dernières analyses effectuées sur les sangliers se font toujours attendre, mais la réponse ne fait aucun doute pour Sauvegarde du Penthièvre et Sauvegarde du Trégor, deux associations écologistes bretonnes qui s’apprêtent à porter plainte contre l’État pour "mise en danger de la vie d’autrui". Leurs plaintes devraient rejoindre le millier d’autres -collectives et individuelles - déposé sur le bureau d'Anne-Marie Bellot, la juge d’instruction du pôle de santé publique du Tribunal de grande instance de Paris.

    Hydrogène sulfuré, responsable ou pas ?

    L'initiative n’est pas du goût de certains agriculteurs, qui ont reçu le soutien d'Eva Joly, la candidate à la présidentielle d'Europe Ecologie-Les Verts, en déplacement ce vendredi à Hillion. Ces derniers enjoignent les défenseurs de l'environnement à faire preuve de davantage de "prudence et de raison". Président de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, Olivier Allain doute ainsi du lien établi entre les algues vertes et le décès des 36 sangliers.

     

    Si les résultats des premières analyses menées sur cinq d'entre eux ont mis en évidence la présence de H2S dans leurs poumons, il rappelle aussi que, chez l'un des animaux autopsiés, aucune trace du gaz mortel n'a été décelée. Celui-ci préfère privilégier la thèse d'un empoisonnement, l'un des deux sangliers analysés à cette heure présentant des traces de chloralose, un poison mortel, selon l'AFP.

    A l’instar d’Olivier Allain, Stéphane, éleveur bovin dans les Côtes d’Armor contacté par FRANCE 24, estime que certaines associations écologistes vont un peu vite en besogne. "Je ne dis pas que les algues vertes sont hors de cause, je me demande simplement pourquoi d'autres espèces n'ont pas été touchées, d'autant plus que les sangliers sont des animaux robustes. C’est étonnant qu’ils aient été les seuls à mourir."

    S'il reconnaît que l’hypothèse de l’empoisonnement n’est pas à exclure, Jean-François Piquot, le porte-parole de l’association Eau et Rivière de Bretagne, estime toutefois qu'elle ne peut expliquer, à elle seule, la mort des sangliers. "La quantité de poison retrouvée n’était pas suffisante pour tuer les bêtes. Peut-être y a-t-il eu combinaison entre le poison et le H2S...?", s'interroge-t-il. Une précaution dont fait également preuve Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l’Écologie, qui préfère attendre le résultat des analyses avant de se prononcer.

    Les algues vertes n’affectent pas le tourisme breton

    "Cependant, Olivier Allain ne peut nier une réalité indiscutable : la Bretagne concentre 60% des cochons et 30% des bovins français (…), reprend Jean-François Piquot, qui tient à rappeler le rôle de l’agriculture intensive dans la multiplication des "marées vertes". Une telle concentration sur un territoire grand comme la Bretagne est un non-sens... L’État est clairement responsable. Il a permis l’accroissement de ce cheptel sans tenir compte des dégâts qu'ils pouvaient causer sur l'environnement".

    Reste une question : les algues vertes - qui ont terni l’image de la Bretagne - constituent-elles un danger pour l’économie locale ? "Seules quelques plages souffrent de marées vertes. Mais dans l'ensemble, il n'y a aucun impact négatif sur le tourisme", répond Michael Dodds, directeur du Comité régional du tourisme de Bretagne, sans pour autant fournir de chiffres sur l'évolution de la fréquentation touristique de ces deux dernières années.

    Quoi qu'il en soit, le gouvernement a prévu, lui, dans son plan de lutte contre les algues vertes de février 2010, une réduction des fuites de nitrates de 30% à 40% vers les eaux de huit baies de Bretagne particulièrement touchées par le fléau vert d’ici à 2015. Une diminution suffisante pour faire retomber la polémique ?

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