Des fonctionnaires du Quai d'Orsay et de la Chancellerie ont-ils contacté le bureau du procureur de New York au lendemain de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New-York afin de lui communiquer des informations sur l'affaire Tristane Banon et celle du Carlton de Lille ? C'est ce qu'affirme Libération, vendredi. Selon le quotidien, un accord avait été conclu entre les avocats de DSK, arrêté le 14 mai pour une agression sexuelle sur une femme de chambre au Sofitel, et le bureau du procureur Cyrus Vance pour sa libération sous caution. La remise en liberté était prévue le 15 mai, mais les procureurs auraient changé d'avis "en fin de soirée sans en donner la raison".
Selon le quotidien, ce sont deux fonctionnaires, l'un travaillant pour le Quai d'Orsay, l'autre pour le ministère de la Justice, qui ont téléphoné dans l'après-midi du 15 mai à l'un des adjoints du procureur. "Des éléments auraient alors été transmis à John McConnell sur l'affaire Tristane Banon mais également sur une éventuelle implication de DSK 'dans une affaire de prostitution dans le nord de la France'", précise Libération.
Les deux fonctionnaires contactés par Libération ont catégoriquement démenti toute intervention. Démenti également venu de l'Exécutif jeudi à la mi journée. "Seuls le consul général et son adjoint à New York ont eu des contacts avec les autorités new-yorkaises, en l'occurrence exclusivement la police et la prison de l'Etat" dans le cadre de la protection consulaire, a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, interrogé par l'AFP. "A aucun moment, le ministère n'a appelé le bureau du procureur", a-t-il ajouté. La Chancellerie oppose également "le démenti le plus catégorique aux allégations dénuées de tout fondement et d'ailleurs de la moindre vraisemblance, selon lesquelles un fonctionnaire en poste au ministère de la Justice serait entré en contact le 15 mai 2011 avec le bureau du procureur de New York pour lui transmettre des informations", a déclaré Bruno Badré, son porte-parole. Quant au procureur de New York, , il a refusé de commenter l'article de Libération, expliquant que l'affaire était "close".
Un scénario déjà évoqué
Le scénario dont parle Libé avait déjà été évoqué par le biographe de l'ancien directeur général du FMI, Michel Taubmann, dans une interview à Reuters le 1er décembre. "A partir du moment où Dominique Strauss-Kahn a été arrêté à New York, il y a eu des pressions de la part du gouvernement français, des autorités françaises, pour l'enfoncer en donnant des informations fausses parce qu'à ce moment-là, DSK n'était pas incriminé dans l'affaire du Carlton et à l'heure qu'il est, il n'est toujours pas incriminé", a-t-il répété vendredi sur Canal+.
La chaîne BFM TV a diffusé jeudi des images de vidéo surveillance du Sofitel, mais ces dernières ne permettent pas de tirer de conclusions. On y voit notamment la femme de chambre, Nafissatou Diallo, expliquer avec des gestes ce qui se serait passé dans la suite 2806 aux membres de la sécurité de l'hôtel, et déambuler ensuite dans les couloirs de manière décontractée. On voit également deux agents de sécurité du Sofitel esquisser une "danse de célébration", durant 13 secondes, après que la police a été alertée.
Après la diffusion de ces vidéos jeudi, le journaliste américain Edward Epstein a diffusé sur son site personnel et sur le site de partage de vidéos YouTube trois vidéos, dont l'enregistrement du coup de téléphone à la police. Cet appel a été passé le 14 mai dernier, peu après l'agression dont l'accuse la femme de chambre de l'hôtel, Nafissatou Diallo. L'enregistrement dure 4 minutes 27 (lire article).
- Sofitel : "cette vidéo ne nous apprend rien" - 01 min 19 s