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    12/12/11 - 04h23 - Sonia Delrieu (Saiper Pas974)

    Les nouveaux désobéisseurs

    Depuis les réformes initiées par le gouvernement Sarkozy, des enseignants du premier degré ont décidé d’entrer en résistance et de désobéir aux ordres de l’éducation nationale, soit pour des motifs éthiques en refusant de renseigner base élèves, soit pour contester la stigmatisation des élèves en refusant les évaluations de CM2 et l’aide personnalisée telles qu’elles nous ont été imposées. Ces camarades ont été sanctionnés, très durement pour certains.

    Mais il existe de nouveaux désobéisseurs dans l’Éducation nationale qui, eux non plus, ne se soumettent pas aux injonctions de l’Académie et font fi de l’État de droit dans lequel nous vivons. Ils imposent leurs propres directives, leurs propres calendriers, leurs propres obligations de service et obtiennent ce qu’ils souhaitent c’est-à-dire l’obéissance soit en usant de menaces, d’humiliations et de pressions soit en utilisant la flatterie, voire même en ayant recours aux passe-droits.

    Contrairement à nos camarades, eux ne seront jamais sanctionnés. Et forts de cette impunité, ils se permettent de gérer les personnels de manière autoritaire et méprisante. Dans le contexte actuel, où le harcèlement moral est pris très au sérieux par l’ensemble de l’administration publique, nous subissons pourtant de plus en plus de pression et de défiance de la part d’une hiérarchie qui use et abuse de son autorité sur des collègues fragilisés par les ordres et contre ordres auxquels il faut se plier sans délais. Et, ce n’est pas l’évaluation telle qu’elle est définie dans les nouveaux dispositifs qui améliorera la situation dans les écoles. Seule une forte solidarité entre collègues pourra nous préserver des attaques incessantes qui nous sont faites et dont le seul objectif est d’isoler, d’humilier les récalcitrants.

    Comment seront épargnés dans un entretien individuel, en face à face avec une hiérarchie qui se croit toute puissante, les plus fragiles d’entre nous ? Alors que l’essence même de notre métier est de faire la classe, nous ne serons plus évalués que sur notre capacité à la soumission.

    Prenons plutôt exemple sur ces nouveaux désobéisseurs de l’éducation nationale et refusons nous aussi cette évaluation 2012 car, selon toute vraisemblance, la sanction est déjà prévue : nous passerons tous à l’ancienneté pendant trois ans !


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  • Le "janot", ancêtre du troll

    Juste un mot | Chronique | LEMONDE | 10.12.11 | 14h17   •  Mis à jour le 10.12.11 | 17h57

    Sur mon bureau, depuis quelques jours, deux dicos bourrés de bons mots me narguent. Epatants mais à mille lieues l'un de l'autre. Il s'agit de Quand votre culotte est devenue pantalon, de Daniel Lacotte (Pygmalion), et de l'Encyclopédie de la web culture, de Titou Lecoq et Diane Lisarelli (Robert Laffont).

    Deux cadeaux de Noël utiles. Lacotte nous retrace l'histoire de mots savoureux, comme "pantalon" qui vient de Pantalone, le sale bonhomme de la commedia dell'arte, "rodomontade" issu de Rodomonte, le matamore du poème épique Roland amoureux (1487), ou "sacripant" du nom d'une fripouille du même poème. Lecoq et Lisarelli, eux, nous présentent des personnages hauts en couleur de la Toile : "hackers", "geeks", "nerds", "kikoolols", Frédéric Lefebvre ("intarissable source de rigolade sur le Net")... Et le fameux "troll".

     

    Qu'est-ce qu'un troll ? C'est un e-sacripant qui vient pourrir une discussion, un forum, un blog par ses "coms" (commentaires) vicieux, stupides, provocateurs, importuns. Parfois, le troll est juste un imbécile qui n'a même pas lu le texte qu'il commente, mais tient à ramener sa science, à tirer la discussion vers ses obsessions.

    Mais nos webencyclopédistes distinguent des sous-population de cette engeance : le troll de base (le c...), le troll ontologique (à l'intelligence perverse), le troll flatteur (qui couvre d'éloges étouffants Alain Minc ou Jean Daniel), les trolls chasseurs (qui attaquent en bande - trollent - ) et quelques trolls-stars.

    Notons au passage que le troll de base s'exprime souvent dans un français approximatif, emporté qu'il est par l'importance et l'urgence de son commentaire.

    Et c'est là qu'intervient l'aimable érudition de Daniel Lacotte. Dans son ouvrage, il évoque un ancêtre du troll de base : le "janot". L'acteur et auteur de théâtre Louis Dorvigny a popularisé ce personnage dans sa pièce de 1776 Janot, ou les battus paient l'amende. Janot est un parfait idiot qui s'exprime dans une syntaxe approximative. Du coup, le "janotisme" signale aussi bien la bêtise crasse qu'une phrase idiote par défaut de construction. Quant à la "janoterie", c'est une plaisanterie de mauvais goût. Nous sommes bien avec le janot au royaume troll des remarques débiles bourrées de fautes.

    Pour autant, faut-il interdire les commentaires stupides ou malveillants sur Internet ? La réponse est dans la question : Internet étant un espace de liberté quasi absolu, on ne saurait y interdire quoi que ce soit. Lecoq et Lisarelli préfèrent nous donner de bons conseils pour calmer le troll et éteindre les feux des coms assasins : ne pas répondre, laisser dire, ne pas exciter le troll, l'ignorer.

    Au fait, pour ceux des lecteurs qui se posent la question : un kikoolol est un(e) préado qui s'exprime en langage SMS sur son skyblog ou sur les réseaux sociaux. Lecoq et Lisarelli nous précisent qu'on les appelle aussi des "kevin" ou des "jean-kevin". Quant à Lacotte, il nous dit tout sur l'origine du mot venant du grec "lycée"... où les kikoolols se préparent à entrer.


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  • DSK : ces étranges appels français au procureur de New-York

    Par A.Gu., le 09 décembre 2011 à 10h43 , mis à jour le 09 décembre 2011 à 19h43

    Dossier : Affaire DSK

    Des fonctionnaires du quai d'Orsay et de la Justice auraient contacté le bureau du procureur de New York au lendemain de l'arrestation de DSK pour lui donner des informations sur l'affaire Banon et celle du Carlton de Lille, affirme vendredi Libération. Le gouvernement français dément.

     
     
     
    Les journalistes devant le tribunal de New York juste avant l'audience de DSK le 1er juillet 2011Les journalistes devant le tribunal de New York juste avant l'audience de DSK le 1er juillet 2011 © TF1-LCI

    Des fonctionnaires du Quai d'Orsay et de la Chancellerie ont-ils contacté le bureau du procureur de New York au lendemain de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New-York afin de lui communiquer des informations sur l'affaire Tristane Banon et celle du Carlton de Lille ? C'est ce qu'affirme Libération, vendredi. Selon le quotidien, un accord avait été conclu entre les avocats de DSK, arrêté le 14 mai pour une agression sexuelle sur une femme de chambre au Sofitel, et le bureau du procureur Cyrus Vance pour sa libération sous caution. La remise en liberté était prévue le 15 mai, mais les procureurs auraient changé d'avis "en fin de soirée sans en donner la raison".

    Selon le quotidien, ce sont deux fonctionnaires, l'un travaillant pour le Quai d'Orsay, l'autre pour le ministère de la Justice, qui ont téléphoné dans l'après-midi du 15 mai à l'un des adjoints du procureur. "Des éléments auraient alors été transmis à John McConnell sur l'affaire Tristane Banon mais également sur une éventuelle implication de DSK 'dans une affaire de prostitution dans le nord de la France'", précise Libération.

    Les deux fonctionnaires contactés par Libération ont catégoriquement démenti toute intervention. Démenti également venu de l'Exécutif jeudi à la mi journée. "Seuls le consul général et son adjoint à New York ont eu des contacts avec les autorités new-yorkaises, en l'occurrence exclusivement la police et la prison de l'Etat" dans le cadre de la protection consulaire, a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, interrogé par l'AFP. "A aucun moment, le ministère n'a appelé le bureau du procureur", a-t-il ajouté. La Chancellerie oppose également "le démenti le plus catégorique aux allégations dénuées de tout fondement et d'ailleurs de la moindre vraisemblance, selon lesquelles un fonctionnaire en poste au ministère de la Justice serait entré en contact le 15 mai 2011 avec le bureau du procureur de New York pour lui transmettre des informations", a déclaré Bruno Badré, son porte-parole. Quant au procureur de New York, , il a refusé de commenter l'article de Libération, expliquant que l'affaire était "close". 

    Un scénario déjà évoqué

    Le scénario dont parle Libé avait déjà été évoqué par le biographe de l'ancien directeur général du FMI, Michel Taubmann, dans une interview à Reuters le 1er décembre. "A partir du moment où Dominique Strauss-Kahn a été arrêté à New York, il y a eu des pressions de la part du gouvernement français, des autorités françaises, pour l'enfoncer en donnant des informations fausses parce qu'à ce moment-là, DSK n'était pas incriminé dans l'affaire du Carlton et à l'heure qu'il est, il n'est toujours pas incriminé", a-t-il répété vendredi sur Canal+.

    La chaîne BFM TV a diffusé jeudi des images de vidéo surveillance du Sofitel, mais ces dernières ne permettent pas de tirer de conclusions. On y voit notamment la femme de chambre,
    Nafissatou Diallo,  expliquer avec des gestes ce qui se serait passé dans la suite 2806 aux membres de la sécurité de l'hôtel, et déambuler ensuite dans les couloirs de manière décontractée. On voit également deux agents de sécurité du Sofitel esquisser une "danse de célébration", durant 13 secondes, après que la police a été alertée.

    Après la diffusion de ces vidéos jeudi, le journaliste américain
    Edward Epstein a diffusé sur son site personnel et sur le site de partage de vidéos YouTube trois vidéos, dont l'enregistrement du coup de téléphone à la police. Cet appel a été passé le 14 mai dernier, peu après l'agression dont l'accuse la femme de chambre de l'hôtel, Nafissatou Diallo. L'enregistrement dure 4 minutes 27 (lire article
    ). 

     

    Par A.Gu. le 09 décembre 2011 à 10:43

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  • Quelques arpents de vigne, une cabane en pierre, un goût de liberté

    Cet été, les chibottes sur la route de Vals-prés-Le Puy avaient un air de bories méridionales. Avec ses collègues muraillers, Fabien Habauzit, un habitant de Mézères, avait travaillé à remettre en état ces cabanes de paysans en pierre-sèches alors que le soleil cognait durement et se réverbérait sur leurs parois de pierre noire. Il ne manquait que les cigales. Mais en plein mois de décembre, avec une petite pluie ennuyeuse et le froid qui prend vite le bout des doigts si on ne se sert pas d'une tronçonneuse ou d'une cisaille, elles se fondent nettement plus dans le territoire et dans le climat passablement rude de la Haute-Loire.

    En hiver, les chibottes se fondent dans le décor de la Haute-Loire. © Antonin Sabot / LeMonde.fr

    En ce début d'hiver, Fabien Habauzit et Manuel Duveau sont pourtant revenus travailler sur le site. Un peu plus loin que le "sentier des chibottes", qu'ils ont restauré pour le compte de la région et de l'agglomération du Puy, ils défrichent une parcelle qui contient une de ces petites cabanes, au cœur d'un terrain aménagé en de belles terrasses.

    Le projet, s'il fait suite à la restauration de cet été est pourtant conçu autour d'une logique bien différente. Novatrice. Cet été, les deux muraillers n'étaient que les exécutants d'une demande des pouvoirs publics. Cette fois, ils sont partie prenante de la remise en état des lieux et ne veulent pas juste "faire joli" : "On va planter de la vigne ici", annonce Manuel. Pourtant le terrain ne lui appartient pas.   C'est la ville de Vals qui l'a acheté et Fabien et lui ont proposé de le remettre en état et de restaurer la chibotte qui s'y tient. Ensuite ils maintiendront le tout en état contre le droit de l'exploiter.  

    Manuel Duveau a déjà commencé à défricher le terrain où il aimerait planter de la vigne. ©Antonin Sabot / LeMonde.fr

    L'affaire n'est pas encore conclue, mais dans l'idée que s'en font Manuel et Fabien, il s'agirait d'une nouvelle sorte de partenariat public/privé. Bien éloignés des délégations de pouvoirs pharaoniques et complexes que l'on voit souvent pour la gestion de l'eau ou des cantines scolaires, Manuel et Fabien ne rêvent que de pouvoir exercer leur savoir-faire, non contre rétribution, mais contre le droit d'utiliser ce terrain. Il s'engageraient ensuite à exploiter le sol de manière écologique et selon un cahier des charges établi entre eux et la mairie. A leurs yeux, il s'agit d'un échange entre un peu de moyens financiers (à l'échelle de la commune) et les compétences des deux hommes. Une sorte de location de terrain dont le tarif serait la préservation d'un patrimoine culturel et agricole.

    A l'échelle d'une collectivité, le prix à payer ne semble pas trop lourd. Une fois le terrain acheté et la la chibotte restaurée, il ne resterait que des pieds de vignes à acheter pour ensuite voir la parcelle entretenue et son patrimoine préservé. "Trois mille pieds de vigne à 1,5 euros, c'est pas grand'chose pour eux, si ? estime Manuel. Alors que pour Fabien et moi, c'est pas possible d'investir ça. Notre part à nous, c'est notre force de travail."

    Ce n'est pas la révolution verte, mais déjà en été Fabien m'avait parlé de ses envies d'exploiter des terres laissées à l'abandon. "Y'a plein de gens qui aimeraient cultiver un bout de terre, se rendre un peu plus indépendants", expliquait-il. Mais il s'était alors heurté à une certaine incompréhension et à l'attachement des gens du coin à la terre. Ce bout de terrain en friches détenu par une collectivité locale semble alors une aubaine pour commencer un changement de paradigme. "Il y a une continuité non ?", raisonne Fabien, en pensant à ce nouveau projet. Plus besoin d'être propriétaire d'un terrain pour en faire quelque chose d'utile.

    Rien n'est encore signé et les détails du cahier des charges sont encore loin d'être posés.   Mais, premier signe positif selon Fabien et Manuel, "la mairie a montré qu'elle voulait faire quelque chose des chibottes" et ne pas laisser tomber dans l'oubli le petit patrimoine, celui des paysans et de temps pas si éloignés mais déjà un peu oubliés  . Ceux où on devait exploiter le moindre recoin de terre pour survivre et où ces pentes emplies de cailloux étaient une vraie richesse, pas un espace abandonné.

    Les deux hommes parlent déjà des travaux à mener. "On défriche et ensuite il faudra préparer un peu la terre. Remonter quelques murs des terrasses. L'an prochain, engrais vert, et ensuite on plante les vignes." Ils rêvent du vin qu'ils feront par ici, grâce au micro-climat que créent les énormes quantités de pierres volcaniques en emmagasinant puis en restituant la chaleur du soleil. "Et le terroir ici, c'est de la bombe, souffle Manuel. De la terre de volcan. La chaleur, tu la sens dans le vin."

    ©Antonin Sabot / LeMonde.fr

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    Cet été, le réalisateur Sylvain Lion a tourné un documentaire sur la restauration des chibottes de Vals. Vous pouvez en voir les premières minutes ici :

    Chibotte, la main de l'homme


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  • Des agents américains ont blanchi de l'argent pour infiltrer les cartels mexicains

    LEMONDE.FR avec AFP | 04.12.11 | 13h56

    Des agents américains ont participé au transfert et au blanchiment de millions de dollars d'argent de la drogue dans le cadre de la lutte contre les cartels mexicains.

    Des agents américains ont participé au transfert et au blanchiment de millions de dollars d'argent de la drogue dans le cadre de la lutte contre les cartels mexicains.REUTERS/Tomas Bravo

    Des agents américains ont participé au transfert et au blanchiment de millions de dollars d'argent de la drogue dans le cadre de la lutte contre les sanglants cartels mexicains, rapporte dimanche 4 décembre le New York Times.

    Citant des agents, ex-agents, et des responsables, le quotidien indique que des membres des forces de l'ordre américaines, notamment de l'administration antidrogue fédérale américaine (DEA), ont fait passer illégalement la frontière à des centaines de milliers de dollars en liquide et déposé d'importantes sommes sur des comptes indiqués par les trafiquants, ou ouverts par les agents eux-mêmes à cette fin.

    Les opérations devaient permettre, selon les responsables cités par le journal, de mettre à jour les circuits de transfert et de blanchiment d'argent, et, de façon encore plus importante, de chercher à identifier leurs dirigeants.

    LAISSER SE POURSUIVRE LES TRAFICS PENDANT DES ANNÉES

    Une fois le processus d'infiltration lancé, la DEA peut laisser se poursuivre les trafics pendant des mois ou des années, le temps d'arriver à ses objectifs, souligne le journal.

    La DEA, qui a déjà mené des opérations semblables dans d'autres pays, n'emploie de telles méthodes au Mexique que depuis quelques années, souligne le New York Times, relevant que les responsables de la DEA refusent d'évoquer publiquement ces opérations, de crainte de les mettre en péril.

    Mais Michael Vigil, un ancien responsable passé depuis au secteur privé, cité par le journal, souligne que "nous essayions que ces opérations soient toujours supervisées de près. Les agents ne faisaient pas du blanchiment pour faire du blanchiment".

    Le Mexique est en proie à une véritable guerre de la drogue, qui a fait plus de 45 000 morts depuis fin 2006, quand le gouvernement a envoyé l'armée combattre les cartels, qui ont de leur côté multiplié les tueries.

    Blog Les Anonymous menacent un cartel mexicain


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