• Danse avec les stars 27/10/2012 à 14h07

    Congrès du PS : ce que vous n’avez pas vu à la télé

    Mathieu Deslandes | Journaliste Rue89

    On ne vous a jamais raconté de congrès politique par le menu ? C’était avant. Embarquez avec nous pour Toulouse !

    Ségolène Royal, Pier Luigi Bersani, Harlem Désir, Sigmar Gabriel et Jean-Christophe Cambadélis, le 26 octobre 2012 au Congrès de Toulouse (Chamussy/Lancelot Frédéric/SIPA)

    Quai de Tounis, à Toulouse, Harlem Désir me double. Il est dans sa voiture, moi dans le bus 38. Il est 13h11. « Risque de courant fort », avertit un panneau en contrebas du pont du Garigliano. Je me dis que de ce côté-là, le PS est à l’abri.

    Devant le Parc des Expositions, ce vendredi, la pluie fait des claquettes et la CGT manifeste. Les 4 000 participants annoncés à ce congrès sont encore invisibles. A l’intérieur, j’avale un croque-monsieur socialiste (4,5 euros). Constat d’une photographe : « Il manque une salle de sieste. » Sympa, je lui indique l’infirmerie, bien pourvue en lits de camp.

    « La préhistoire, c’est chez nous ! »

    Un seul VIP dans la salle : Bertrand Delanoë. Petit pull bleu ciel, tout petit jean, le maire de Paris a enfilé son costume de militant. Il lit le journal. En homme politique honnête, il ne cherche pas à dissimuler son ennui.

    L’essentiel
    • Les socialistes tenaient leur 76e congrès ce week-end à Toulouse.
    • Il a servi à mettre en scène l’unité du parti ainsi que sa solidarité avec le gouvernement. Il s’agissait de « faire bloc » derrière le Premier ministre.
    • Jean-Marc Ayrault est venu défendre sa méthode et donner un nom à la politique qu’il poursuit : « le nouveau modèle français ».
    • Martine Aubry a transmis le témoin à Harlem Désir, le nouveau premier secrétaire du PS.

    Pour la cinquième fois, un orateur appelle les « chers camarades » à prendre place dans la salle. Pour tuer le temps, la régie balance un spot sur la région Midi-Pyrénées. On y voit Martin Malvy, son président. Il lance :

    « La préhistoire, c’est chez nous ! »

    Ils ont de ces idées. Zebda lui succède, « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? ». Derrière moi, quelqu’un craque :

    « Ils parlent des socialistes ou quoi ? »

    A 15 heures, les écrans géants offrent le triste et vain spectacle d’une caméra qui tente tous les cadrages possibles pour donner l’illusion d’une salle pas trop vide.

    Entouré de chaises inoccupées, on voit par exemple Sofiane Gomis. Boucles d’oreilles et piercing sur la lèvre, il est le délégué de la fédération du Pas-de-Calais. Présent à Reims en 2008, il ne voulait pas rester sur ce calamiteux souvenir. « J’avais envie de vivre un congrès apaisé. » L’impatience des Français, il l’entend, mais ne la comprend pas trop :

    « On ne gouverne pas avec une baguette magique. On a cinq ans pour faire changer les choses. »

    Festival de clichés

    Au micro, Sébastien Denard, le premier fédéral, inaugure le festival de clichés sur « la ville rose qui n’a jamais aussi bien porté son nom ».

    Dix minutes plus tard, Axelle Lemaire ose « la ville rose qui n’a jamais été aussi rose ». Axelle Lemaire ? Mais si, vous savez, celle qui a refusé le poste de ministre des Français de l’étranger. Ses syllabes sont criardes et très découpées. Elle doit fréquenter de jeunes enfants un peu sourds.

    Personne n’écoute ensuite Catherine Trautmann parler d’Europe. Elle a l’habitude. Mais le brouhaha qui gagne la salle ne cessera plus de la journée. Sigmar Gabriel, le patron du SPD allemand, se taille un petit succès avec la formule suivante :

    « Merkel veut des démocraties conformes au marché. C’est le contraire qu’il nous faut. »

    Pier Luigi Bersani, le président du Parti démocrate italien, joue la carte intemporelle :

    « C’est l’Europe de Jacques Delors qui n’est pas encore là. »

    Au même moment, la condamnation de Silvio Berlusconi fait vibrer les smartphones.

    Ségolène Royal : « Avançons ! »

    16h30. Voici l’attraction de la journée : Ségolène Royal. Son attachée de presse a distribué son discours. Le nom de François Hollande n’y figure pas. Finalement, l’Ex le prononcera quatre fois. Elle offre aussi quelques os à ronger aux exégètes de l’interpénétration de la vie privée et de la vie politique :

    « Que chacun trouve son espace pour construire sa vie en respectant celle des autres. »

    Surtout, elle presse l’exécutif d’agir :

    « Transformons nos engagements en actes ! Ayons le courage de lever tous les faux obstacles ! »

    Faire remonter les interrogations et les impatiences des « sans-voix », voilà comment elle voit son rôle. « Avançons ! », répète-t-elle, avant de rendre hommage à Mitterrand (ce matin, dans l’éphéméride de La Dépêche, j’ai vu que c’était son anniversaire) et de proposer la construction des « Etats d’Europe unis ».

    On se croirait chez Drucker

    « Ségolène, merci pour ce que tu es, pour ce que tu représentes ! », hurle Axelle Lemaire. Les applaudissements, bien mous, redoublent pour saluer l’arrivée de Martine Aubry.

    Jaurès, tant cité, se voit offrir un peu de répit par Jean-Christophe Cambadélis. Celui-qui-aurait-pu-être-un-brillant-premier-secrétaire-mais-à-qui-Désir-a-été-préféré choisit Habermas, mais les sténos qui sous-titrent les discours en direct l’amputent de son H. Suit un grand moment de cirage de pompes ministérielles :

    « Notre remarquable ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius que je vous demande d’applaudir. »

    On se croirait chez Drucker.

    Le délégué du PC chinois n’est pas d’accord

    Puis JCC tonne :

    « Ça suffit les critiques, ça suffit les attaques, ça suffit les coups bas, à chaque instant, contre le gouvernement, contre les ministres, contre le PS... Ça suffit ! »

    « Merci Harlem ! », lance l’orateur suivant. Lapsus du jour.

    Un peu plus tôt, « Camba » a salué les « camarades haïtiens qui sont là », les « amis venus clandestinement de Syrie ou d’Iran qui sont là »... 170 personnes sont parquées dans la zone « invités internationaux ». Je les rejoins.

    Quel rôle doit jouer un parti au pouvoir selon eux ? Abdeslam Seddik, du PPS (Parti du progrès et du socialisme) marocain, m’explique qu’il faut « une certaine distance entre le parti et le gouvernement pour jeter un regard critique sur l’action menée ».

    Le délégué du Parti communiste chinois trouve au contraire qu’il ne doit pas y avoir l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre le parti et le gouvernement.

    « Faisons un cauchemar... »

    Je médite leurs paroles en faisant un tour au stand des souvenirs. 15 euros la boule à neige, 20 euros les 100 ballons, 4,5 euros les cinq capotes, 12 euros la clé USB. Bon. On verra une autre fois.

    17h48. Guillaume Bachelay s’égosille à toute vitesse et le congrès sort de sa torpeur.

    « Faisons un cauchemar : imaginons une France où Sarkozy aurait été réélu... »

    Il a tricoté un sketch où l’on stigmatise les corps intérmédiaires et les étrangers au petit déjeuner, les chômeurs « cancer de la société » au déjeuner, où l’on décrète au goûter que « l’écologie, ça suffit », où l’on augmente la TVA au dîner et où l’on se couche en se disant que décidément, l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire.

    Hessel : « Ne perdez plus de temps ! »

    Il offre trois autres formules à ses camarades en mal d’inspiration :

    • « La droite, ça commence par un D comme déficit » ;
    • « L’Europe ne doit plus être le ravi de la crèche mondiale » ;
    • « Le socialisme, c’est le partage, alors pourquoi ne pas partager aussi les mandats et les fonctions ? »

    Marre des grincheux. Pour lui, « le congrès de Toulouse, c’est le congrès de la fierté ! »

    Stéphane Hessel chevrote son message par vidéo interposée (« Ne perdez plus de temps ! ») et à la tribune, les orateurs se succèdent, quatre minutes chacun.

    On enfile les citations « plus que jamais d’actualité » et les poncifs sur « les lendemains qui déchantent ». On répète que « le débat et la confrontation font partie de notre ADN. » Julien Dray insiste : il n’y a pas de « couacs », pas de « dysfonctionnements », mais des « discussions volontaires ». On a compris.

    « Tu as trois minutes, Colette »

    Les pompiers postés aux portes de la salle ont l’air déprimé. Et s’ils étaient de droite ? Je m’inquiète de leur état psychologique. Ils affirment qu’ils n’ont « pas le droit de répondre aux questions ».

    Il est 19h09. Il y a bien longtemps qu’il n’y a plus l’ombre d’une trompe d’éléphant dans la salle. Une certaine Colette Gros (« Tu as trois minutes, Colette, merci de les tenir ») propose des primaires européennes pour désigner un candidat commun progressiste à la présidence de la commission européenne.

    Mon attention est de plus en plus flottante. J’entends Thierry Marchal-Beck, le président des Jeunes socialistes, regretter que « cet adversaire, le monde de la finance, six mois après, gouverne encore ». Il parle fort et fait de grands gestes :

    « Génération de la crise, soulève-toi. »

    Mais la salle est déjà partie lever le coude ailleurs.

    « Ils ont aligné tous les ministres »

    Samedi. Mes chaussures sont encore trempées. La nuit et le sèche-cheveux de l’hôtel n’auront pas réussi à les sauver. A l’entrée du Parc des expositions, une dame du service d’ordre annonce qu’aujourd’hui, « c’est différent, y aura du monde, ils ont aligné tous les ministres ».

    La sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol est punie : on lui a collé la première intervention de la journée. Mais comme elle est caustique elle dit : « J’aime ces moments d’intimité. » Il est 9h54. Deux minutes plus tard, elle s’interrompt :

    « Parler devant une salle vide est plaisant parce qu’on se regarde droit dans les yeux, mais parler devant une salle vide aussi bruyante qu’une salle pleine est assez troublant. »

    Elle vient de fixer la ligne de ce congrès : chers-camarades-écoutez-moi-s’il-vous-plaît. La prière reviendra, inlassablement, d’intervention en intervention.

    « Comme on dit dans les Deux-Sèvres... »

    Que disent les orateurs à leurs camarades qui ne les écoutent pas ?

    • Que « 30% du parti est aujourd’hui pour la sortie du nucléaire » ;
    • qu’il faudrait organiser « un Solférino du développement durable, comme il y a eu un Grenelle de l’environnement » ;
    • que « le rôle du parti, comme on dit dans les Deux-Sèvres, c’est d’être un va-devant » (dixit Delphine Batho) ;
    • que « le cumul n’est pas de gauche, pas démocratique »...

    Pauvre Paul Quilès ! Obligé, amer, de se rendre à l’évidence :

    « La dissuasion nucléaire, je ne pense pas que ça intéresse tout le monde dans ce congrès... »

    Crèmes glacées

    Les salariés de Pilpa, un fabricant de crèmes glacées, venus raconter leur lutte, n’ont guère plus de succès. Sauf lorsqu’ils s’écrient :

    « Le changement, c’est maintenant ! Pilpa vivra ! »

    Dans ce qui ressemble à un réflexe pavlovien, la salle se lève et se sent socialiste.

    10h49. François Rebsamen fait le coup du cauchemar, comme Bachelay vendredi, et le coup de « la ville rose qui n’a jamais aussi bien porté son nom », comme tout le monde. Encore une intervention pour rien.

    Métaphore de son parcours politique, Robert Hue erre sans trouver sa place. Il échoue dans le carré réservé à la presse. Dans les travées, quelques caciques devisent sur un PS « balkanisé », transformé en « coopérative de personnalités ».

    Le match des Gérard

    Il est chaud, Benoît Hamon. Il est venu balayer le procès en amateurisme instruit par la droite, cette « belle bande de professionnels qui nous ont laissé 600 milliards d’euros de déficits supplémentaires », ce « concentré d’efficacité et d’intelligence qui nous a fait un million de chômeurs en plus », ce « concentré de compétences qui nous a laissé 350 000 pauvres de plus »...

    Place au match des Gérard. Collomb croit pouvoir affirmer que l’heure n’est plus aux congrès-concours de formules audacieuses mais Filoche, se charge de lui montrer qu’un congressiste se chauffe toujours par la gauche. Son résumé du débat rigueur / relance est expéditif :

    « Essayez de brancher un chauffe-plat dans un réfrigérateur ! »

    Mais à 11h28, il triomphe en s’écriant : « C’est magnifique les cotisations sociales ! »

    Instant testostérone

    Elisabeth Guigou « espère que le quinquennat de François Hollande nous laissera le même souvenir que celui [sic] de François Mitterrand ». Un « chef d’entreprise socialiste » ose l’anaphore « moi chef d’entreprise ». On a honte pour eux.

    11h51, instant testostérone, voici Manuel Valls, très applaudi. Il entonne un couplet sur « les sondages, les cotes de confiance, les indicateurs statistiques, les cotes d’avenir [...] les baromètres des baromètres » :

    « Quand ils sont mauvais, ce n’est pas bon, et quand ils sont bons, on me dit que ça peut être mauvais. »

    Valls, ce fayot

    Il enchaîne sur un très bel exercice de fayotage à l’égard de Jean-Marc Ayrault, ce « Premier ministre disponible, à l’écoute, qui arbitre, tranche, coordonne les engagements ». Ecoutez son cri :

    « Je suis fier d’être ministre de Jean-Marc Ayrault ! »

    Suit Anne Hidalgo. Elle dit « je me réjouis, oui je me réjouis », « nous avons compris et nous avons appris », parle de « cette expérience qui est la nôtre » et explique que l’emploi, oui l’emploi, c’est important (et elle n’a pas peur de le dire).

    Le jeu est simple : il faut faire se succéder à la tribune le maximum d’intervenants. Peu importe ce qu’ils ont à dire, ils seront contents, leurs amis aussi, leur sensibilité sera représentée, et le folklore proprement perpétué. Mais personne n’est dupe.

    Anémone et Roberto Benigni

    Prenez Claude Bartolone, ce président de l’Assemblée qui parle de plus en plus comme Roberto Benigni. Une phrase mise à part (« La dette, c’est un contresens de la nature, c’est de la souffrance différée »), il n’a tellement rien à dire qu’il abdique :

    « Chers camarades, vous trouverez la fin de mon intervention sur mon blog. »

    Marie-Noëlle Lienemann (qui, elle, ressemble de plus en plus à Anémone) affirme que « le capital public est une idée neuve » et que « si à Florange on ne trouve pas d’autre solution, il faut nationaliser ». L’assemblée semble assister à son intervention comme on avale un médicament au goût répugnant.

    L’aspirateur et « Le Temps des cerises »

    Même absence d’enthousiasme devant Pierre Moscovici. Pourtant, il fait des efforts. Il se montre tour à tour :

    • orgueilleux (il salue la victoire de François Hollande avant de rappeler qu’il a été « vous le savez, le directeur de sa campagne présidentielle ») ;
    • provocateur (« Croyez que je ne suis pas tombé amoureux de je ne sais quel chiffre ») ;
    • condescendant (« Nous devons être sérieux ») ;
    • dogmatique (« Le combat contre l’endettement, c’est le combat de la gauche »).

    Non, vraiment, c’est bizarre. A 12h42, Mosco se tait. Un collègue journaliste radio me demande : « C’était le dernier ministre, non ? Alors c’est l’heure du sandwich. » Tant pis pour Pervenche Bérès.

    Quelques minutes plus tard, dans cette grande salle vide, on passe l’aspirateur sur « Le Temps des cerises ».

    « La gauche qui se lève tôt »

    14h46. Olivier Faure, protégé de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, député de Seine-et-Marne, annonce, lyrique :

    « Je suis venu vous parler de la gauche qui se lève tôt. »

    Sa meilleure phrase.

    Il invite le PS à aller à la rencontre de cette « France périurbaine », cette « France des petits collectifs et des rocades »... « Ces Français attendent de nous l’attention qu’ils méritent. S’ils nous voient à leurs côtés, alors la progression de Marine Le Pen sera endiguée », croit-il.

    On voit défiler des vieilles gloires sur le retour et des inconnus qui ne donnent pas envie de les connaître. Je commence à trouver le temps long. Mais à 15h06, l’enthousiasme contenu depuis vingt-quatre heures se libère enfin.

    Aubry : « J’espère que d’autres partiront »

    « Martine ! Martine ! Martine ! », scande la salle. Accueil de star pour la maire de Lille. Leitmotiv : « Je suis heureuse ». C’est tout sauf un discours d’adieu.

    Certes, elle passe le témoin à Harlem Désir, le « militant » parfait pour « reprendre le combat contre tous les racismes, toutes les discriminations ». Mais « ma génération a peut-être encore des choses à apporter au pays », glisse-telle. Devenue une sorte d’intouchable papesse, elle peut tout se permettre :

    « Je suis partie... mais j’espère que d’autres aussi le feront. Il faut changer. »

    Elle se pose en principal soutien de Jean-Marc Ayrault, cet « homme de gauche qui est droit ». Puis elle se lance dans un cours sur la compétitivité.

    « Le coût du travail, c’est la cerise sur le gâteau. Il faut d’abord traiter le gâteau. Mais attention au sens dans lequel on met la cerise. »

    L’incompréhension se lit sur les visages. La salle entière tente mentalement de se représenter comment on peut voir plusieurs sens à une cerise et décroche.

    « C’est facile de signer des pétitions »

    Elle assigne une tâche aux socialistes : « expliquer le sens » de la politique menée « au pied des HLM, sur les marchés ».

    « Ne cédons pas à la tentation de haranguer le gouvernement. Nos réactions, passons-les aux ministres directement ou au Parti socialiste. Arrêtez de parler dans la presse ! Les Français ont besoin de nous voir comme un seul bloc. »

    Elle insiste :

    « Si nous voulons être utiles, ce sont les Français qu’il faut convaincre [sur le “mariage pour tous”, sur le droit de vote des étrangers, ndlr]. C’est facile de signer des pétitions, c’est moins facile d’aller convaincre son voisin. »

    Une minute trente de standing ovation.

    « Dix ministres au Medef... »

    Et soudain, on entend le mot « idéologie ».

    « Mener la bataille culturelle, lutter contre l’idéologie dominante, c’est notre mission principale. »

    C’est Emmanuel Maurel qui parle. Pour le nouveau leader de l’aile gauche du parti, « il n’y a pas de compétitivité sans salaires corrects, il n’y a pas de compétitivité sans protection sociale de qualité, il n’y a pas de compétitivité sans services publics forts. »

    « Fraternellement », il demande :

    « Un ministre socialiste aux universités d’été du Medef, ça va ; dix ministres, était-ce bien nécessaire ? »

    « Cher Harlem »

    Il annonce qu’il a « proposé à Harlem » que le PS mène « trois grandes campagnes » dès la fin du congrès :

    • une sur le droit de vote des étrangers ;
    • une sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ;
    • une pour une loi contre les licenciements boursiers.

    Pour ce « cher Harlem », ça va être compliqué de se défiler.

    Trois ministres défilent ensuite (je me retiens d’écrire une vacherie sur leurs costumes) :

    • Arnaud Montebourg (qui a franchi un nouveau cap dans la préciosité) affirme que « l’Etat est de retour » et raille la droite qui, « pendant que des pans entiers de notre industrie étaient déménagés hors de France, organisait dans les sous-préfectures des débats sur l’identité nationale ».
    • Vincent Peillon brode sur « les aurores incertaines » et affirme – ô, sublime audace ! – « Nous préférons les valeurs de la connaissance, du respect, de la transmission, de la laïcité à celles de l’argent, du bling-bling, du désengagement européen, du mépris des étangers. » Non mais quelle audace !
    • Stéphane Le Foll invite les socialistes à avoir confiance en eux pour que les Français aient confiance en eux. Voilà voilà.

    Corvée de timbres et pointes sèches

    Au quatrième rang, Cambadélis s’offre une petite revue de presse égotiste sur iPad.

    Au cinquième, corvée de timbres pour un délégué de la fédération de l’Eure. Il a des dizaines de cartes postales à affranchir, toutes à l’effigie de François Hollande. Son premier fédéral, Marc-Antoine Jamet, a décidé d’écrire aux militants.

    Derrière, ça facebooke, ça tweete, ça se remaquille, ça s’examine la chevelure, ça fait la moue en se triturant les pointes sèches.

    « Congrès du Parti national-socialiste »

    Pendant ce temps, Alain Bergounioux, un des rares intellectuels de ce parti, parle de l’urgence qu’il y a à réhabiliter l’idée de « responsabilité collective », la rhône-alpine Claire Donzel s’en prend aux « jeunes hommes socialistes qui n’ont pas compris que leurs soeurs, leurs mères, sont des hommes comme les autres », et Malek Boutih parle de lui.

    Malaise en écoutant la bourguignonne Nesrine Zaïdi. D’abord parce qu’elle dit la vérité :

    « C’est bizarre de parler entre deux ministres, j’ai l’impression d’être un entracte, un divertissement... »

    Elle précise qu’elle « plaisante », mais c’est exactement ça.

    Malaise ensuite à 17h11 quand elle exprime sa « joie de [s]’exprimer au congrès du Parti national-socialiste ». Hum. Elle patauge.

    Coitus interruptus

    Une voix la coupe : « Je vous demande d’accueillir Jean-Marc Ayrault, notre Premier ministre ! » Musique.

    Coitus interruptus, c’est finalement David Assouline qui apparaît. On ne comprend rien à ce qu’il raconte. Il est pourtant porte-parole du PS depuis que Benoît Hamon est entré au gouvernement.

    17h23. « Je vais vous demander une nouvelle ovation pour le Premier ministre de la France », intime la sono. C’est la troisième de la journée. C’est tellement spontané.

    Jean-Marc Ayrault est venu exiger du temps :

    « Comme si en 100 jours nous pouvions interrompre la montée du chômage, rétablir la croissance, mettre fin aux inégalités, régler la crise de l’euro, arrêter la guerre en Syrie… »

    Le « nouveau modèle français » d’Ayrault

    Il est aussi venu revendiquer sa méthode, « celle de la mobilisation de toutes les forces du pays, de la fédération de toutes les énergies, de l’adhésion des Français à des solutions durables qui permettent d’ancrer le changement dans la durée » :

    « Je revendique le choix de la négociation, au risque d’être parfois critiqué sur le rythme des réformes. »

    Il bombe le torse : « Nous choisissons d’être audacieux en actes plutôt que radicaux en paroles ! » (Si seulement...)

    Après « le rêve français » de François Hollande, Jean-Marc Ayrault a trouvé un concept dont il a l’air très content : « le nouveau modèle français ».

    Qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas la question. C’est un peu tout à la fois. C’est tout ce qu’il veut faire – y compris « le non-cumul des mandats pour assurer la parité, la diversité et le renouvellement des générations », et là, la salle est en délire. Elle se lève et l’applaudit aussi chaleureusement qu’Aubry – l’honneur est sauf.

    « Danse avec les stars »

    Ayrault regagne sa place, Faure le renvoie sur scène avec Désir. Flashs. C’est dans la boîte.

    Une dame du service d’ordre commence à s’inquiéter :

    « Si ça continue on va rater le début de “Danse avec les stars”. C’est pas bientôt fini ? »

    Non. Encore quelques minutes de gloire pour :

    • « le gardien de la tombe de François Mitterrand » (le maire de Jarnac, Jérôme Royer) ;
    • Pierre Larrouturou (« Notre rôle, c’est d’être des fouteurs d’espoir », OK Pierre) ;
    • une intersyndicale de Sanofi, des autocollants plein les blouses ;
    • Jérôme Guedj (« Le rôle du socialisme, c’est de créer de la conscience politique là où il y a de la conscience sociale », OK Jérôme) ;
    • une poignée d’autres intervenants dont je n’ai pas le temps de noter les noms.

    « Le changement d’heure, c’est maintenant »

    Un type crie au scandale parce que « le texte de synthèse a changé entre Paris et Toulouse, et on nous dit que c’est venu d’en haut ». Personne ne réagit. Ils ont l’air d’avoir l’habitude.

    Je me demande où est Jack Lang. Je me demande où est Lionel Jospin.

    Patrick Bloche présente sa nouvelle coiffure et ses conclusions : il a assisté à des débats d’une « extraordinaire densité », à des échanges d’une « extraordinaire richesse ». Tu parles ! En élaguant les répétitions et les propos convenus, le journée aurait pu tenir en deux heures.

    Dans le hall, j’entends trois fois la même blague :

    « Le changement d’heure, c’est maintenant ! »

    Repousser les limites du gnangnan

    Dimanche. Des marathoniens en collant ont envahi la ville. Les militants lestés de cassoulet se font attendre. Le juke-box socialiste, lui, est immuable : Patti Smith et Barbara pour chauffer la salle.

    On récite la litanie des 204 nouveaux membres du conseil national, le « parlement » du PS, censés représenter ses différentes sensibilités. On se dote d’une « charte éthique ». On regarde des petits films sur les riches heures du parti. On écoute des discours qui repoussent les limites du gnangnan.

    « Jean-Marc Ayrault n’est pas un homme des dîners en ville », nous apprend Kader Arif, le ministre des Anciens combattants.

    « Soyons fiers de Jean-Marc Ayrault parce qu’il est nous ! »

    Désir comme aux Césars

    11h39. Harlem Désir arrive. Il remercie le monde entier, comme aux Césars. Puis, en un peu moins d’une heure, parvient à faire oublier qu’il a été désigné plus qu’élu.

    Cinq standing ovations ! Des militants déchaînés qui tapent des mains sur les tables ! Même Martine Aubry s’y est mise. Même le Premier ministre s’est levé (après avoir échangé un regard avec Brigitte Ayrault).

    Vous méritez une récompense

    Le fond de son propos n’a pourtant rien de trépidant. Il veut « inventer un nouveau modèle économique pour l’après-crise. » Affirme que « l’avenir de la France, c’est l’Europe ». Que « rien ne sera possible si nous ne restaurons pas l’unité de la République ». Et qu’il faut « bâtir un nouveau parti socialiste ».

    Mais il a su trouver les mots pour enthousiasmer l’homo solferinus. Si vous êtes arrivés jusqu’à ces lignes, c’est que vous faites partie des courageux. Vous méritez une récompense : je vous ai concocté le top 10 des phrases les plus applaudies d’Harlem Désir.

    Le mur de l’argent :

    « Oui, il y a dans notre pays un nouveau mur du privilège et de la rente, comme on parlait hier du mur de l’argent [...] Eh bien je veux être clair : [...] ce nouveau mur du privilège et de la rente, nous allons l’abattre ! »

    La « nostalgie Sarkozy » :

    « Ils essaient de faire croire à une “nostalgie Sarkozy”, mais de quoi les Français devraient-ils être nostalgiques ? Du yacht de monsieur Bolloré ou de celui de monsieur Takieddine ? Du soutien à Ben Ali ou de la tente de Kadhafi plantée dans les palais officiels en plein Paris ? Des interviews dans Minute de Nadine Morano ou des “Auvergnats” de Brice Hortefeux ? Du paquet fiscal ou de la TVA sociale ? »

    Le SMS :

    « Le changement, cela ne va pas à la vitesse d’un SMS, cela ne se fait pas d’un coup de menton ! »

    La droite donneuse de leçons :

    « Nous n’avons aucune leçon à recevoir de la droite : la droite c’est 600 milliards de dettes en 5 ans ; les comptes sociaux plombés ; 70 milliards de déficits du commerce extérieur. Et plus d’un million de chômeurs supplémentaires en 5 ans. »

    L’Europe, l’Europe, l’Europe :

    « Oui nous voulons une autre Europe, plus sociale, plus démocratique, mais nous n’y parviendrons pas avec moins d’Europe [...] J’assume de vouloir que nous soyons le parti le plus européen de France. »

    Pas de pitié sur la parité :

    « Il est inacceptable, dix ans après la première loi, que des partis puissent encore payer pour se dispenser de réaliser la parité. Alors je propose une mesure simple : supprimer le financement public aux partis qui ne respectent pas la parité »

    Harlem « Vie de meuf » Désir :

    « Je serai un premier secrétaire féministe. »

    Occupy Solférino :

    « A tous ceux qui prédisent ou qui redoutent un parti-godillot, je dis : vous allez être surpris ! [...] Voilà mon message dans ce congrès : Socialistes, ouvrez grandes les portes du parti, occupez Solférino et invitez y les Français ! Prenez le pouvoir ! »

    Les promesses, ça se tient (1/2) :

    « Oui nous donnerons le droit de vote aux étrangers aux élections locales ! »

    Les promesses, ça se tient (2/2) :

    « Oui, nous ferons la loi sur le non-cumul des mandats. »

    12h39. Le congrès est terminé. Reste à démonter la salle. Les permanents du PS vont enfin pouvoir libérer l’énergie révolutionnaire qui sommeille en eux.


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  • En rouge et noir 28/10/2012 à 22h10

    En pleine galère, Berlusconi ne peut même pas compter sur le foot

    Clément Guillou | Journaliste Rue89

    Silvio Berlusconi lors d’une conférence de presse, à Lesmo (Italie), 27 octobre 2012 (Giuseppe Cacace/AFP)

    S’il est une semaine où Silvio Berlusconi aurait bien eu raison de se poser devant son grand écran pour voir le Milan AC régaler, c’était bien celle-là. Pour digérer son choix de ne pas se présenter aux prochaines élections législatives. Pour oublier sa condamnation à un an de prison pour fraude fiscale.

    Sauf que depuis le début de la saison, personne ne passe un bon moment en voyant jouer le Milan AC. Il n’y a d’ailleurs plus grand monde. Le stade est à moitié vide et 24 000 abonnements ont été vendus, le pire total de l’ère Berlusconi, ouverte en 1986. Le patron lui-même n’a pas montré son lifting à San Siro depuis la saison dernière.

    Cette semaine, les Rossoneri ont perdu à Malaga leur sixième match sur 11 disputés cette saison. Une pénible victoire 1-0 face au Genoa, samedi, leur a permis de s’éloigner de la zone de relégation.

    Le buteur ? Une fois de plus le jeune Stephan El-Sharaawy, le jour de ses 20 ans. Sans « Il Faraone » – il est d’origine égyptyienne –, il n’y aurait rien à sauver dans ce Milan AC. El-Sharaawy maîtrise déjà les codes du monde du travail : il a dédié son but à « Il Cavaliere », celui qui le paye et pourrait être son grand-père.

    « Je ne peux pas m’y consacrer »

    Mais Berlusconi a-t-il encore la tête au foot ? Pour le derby face à l’Inter Milan, début octobre, il avait préféré assister aux 60 ans de son ami Vladimir Poutine.

    Silvio a beau avoir des galères persos, le peuple « milaniste » attendait de lui un message, l’oreille collée au transistor. Il lui a livré cette phrase sibylline :

    « L’AC Milan est une équipe qui a particulièrement besoin de soins en ce moment, mais je ne peux pas m’y consacrer. »

    Chaque supporter l’a tournée et retournée dans sa tête en s’endormant et en faisait l’exégèse dimanche matin, devant son ristretto au comptoir. Mais la seule chose qui soit sûre, c’est que cette déclaration ne clarifie pas les intentions de Berlusconi vis-à-vis du club.

    L’administrateur délégué Adriano Galliani, le vrai patron du club au jour le jour, assure que Berlusconi ne perd pas une miette des mésaventures du Milan AC.

    « Il sait tout du Milan, il est très présent et reviendra au stade. Comme le dit James Bond à son chef M, il n’est jamais parti. »

    Promis : Berlusconi ne laissera pas mourir le club et l’entrée au capital d’investisseurs qataris – les mêmes que ceux du PSG – ou russes – de bons amis de Silvio – n’est pas à l’ordre du jour. Les promesses de Galliani valent ce qu’elles valent : cet été, il assurait qu’Ibrahimovic et Thiago Silva restaient au club « à 99% ».

    Une saignée à l’intersaison

    Silvio Berlusconi et Adriano Galliani lors d’un match contre Parme à San Siro, 28 janvier 2007 (Giuseppe Cacace/AFP)

    Si Zlatan et le défenseur brésilien sont arrivés à Paris, c’est parce que le Milan AC avait besoin d’argent frais.

    Le Milan AC a les poches percés. Près de 70 millions d’euros de pertes en 2010 comme en 2011, ce qui le classe parmi les mauvais élèves en Italie et en Europe.

    L’excellent blog anglophone The Swiss Ramble relève que ses revenus n’ont augmenté que de 9% entre 2005 et 2011, loin des clubs avec lesquels il rivalisait il y a dix ans : le Real Madrid (74%), le Barça (117%), Manchester United (49%), le Bayern Munich (69%) ou même l’Inter Milan (31%).

    Ces deux prochaines années, Berlusconi souhaite que le club économise 150 millions d’euros. D’où un recrutement estival low-cost, façon Olympique Lyonnais, ciblant des joueurs gratuits (Montolivo, Pazzini échangé contre Cassano) ou démonétisés (De Jong, Bojan). Allegri voulait Kaka, il a eu Mbaye Niang, un jeune venu de Caen.

    Pas de quoi remplacer tous les vieux grognards partis à l’intersaison, piliers du Milan des années 2000 : Seedorf, Gattuso, Nesta, Inzaghi et dans une moindre mesure Zambrotta.

    Le rêve Guardiola

    Sans leader de vestiaire et privé du génial Ibrahimovic, qui débloquait nombre de matches, l’entraîneur Massimiliano Allegri est perdu. Il a déjà testé trois configurations, passant du 4-3-1-2 au 4-2-3-1 avant de tester un 3-4-3 qui fait plutôt ses preuves.

    Méconnu et peu apprécié de Berlusconi, Allegri s’est acheté un peu de tranquillité en réalisant ce que seuls Fabio Capello et Arrigo Sacchi avaient fait avant lui : ramener le titre de champion d’Italie à Milanello pour sa première saison.

    La presse italienne assure que Berlusconi ne se désintéresse pas du club et qu’il est navré de ses déboires. Il rêve, dès l’an prochain, de récupérer Pep Guardiola après son année sabbatique et de reconstruire l’équipe autour de lui.

    Pour cela, il faudra beaucoup d’argent. Il aimerait que cet argent vienne de l’étranger, quitte à céder une part minoritaire du club, mais Berlusconi a les moyens de se payer Guardiola seul : malgré les frais d’avocats, sa fortune est encore estimée à trois milliards d’euros.

    Il y a à peine plus d’un an, il envisageait encore de faire chauffer sa carte pour son club et de recruter rien moins que Cristiano Ronaldo

    « Si nous pouvions ajouter Ronaldo à l’équipe, je pense que cela ferait plaisir à tout le monde. Parfois, les rêves deviennent réalité. »

    « Un Milan qui gagne fait du bien à l’Italie »

    Les fans du Milan AC devraient même être rassurés que leur président ait finalement décidé de rester en politique. Berlusconi s’est toujours servi de son club pour soigner sa popularité.

    Fin août 2010, le Milan, soi-disant fauché, recrute Ibrahimovic et Robinho au moment où la coalition d’Il Cavaliere est affaiblie par des dissensions internes. En 2002, Berlusconi faisait le même coup en recrutant Rivaldo pour parer une baisse de sa popularité. Et lors de la campagne électorale de 2008, il avait annoncé le recrutement de Ronaldinho.

    Le plus célèbre des présidents de clubs dit peut-être n’importe quoi, mais il a un vrai projet pour son pays. Comme il le disait en 2011 :

    « Un Milan qui gagne fait du bien à l’Italie et renforce le gouvernement. Quand nous gagnons, tout le monde célèbre la victoire avec moi au Parlement et les gens sont heureux. »


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  • Accueil > Le congrès du PS > Congrès du PS : Harlem Désir a pris les clés

    Congrès du PS : Harlem Désir a pris les clés

    Créé le 28-10-2012 à 12h34 - Mis à jour à 20h45   lien

    Le nouveau premier secrétaire du Parti socialiste a prononcé son discours d'intronisation, dimanche à Toulouse.

     

    Harlem Désir lors de son discours au congrès PS de Toulouse, dimanche 28 octobre. (CHAMUSSY/LANCELOT/SIPA)

    Harlem Désir lors de son discours au congrès PS de Toulouse, dimanche 28 octobre. (CHAMUSSY/LANCELOT/SIPA)

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    12h30, l'heure de la photo de famille. Harlem Désir achève son discours au congrès de Toulouse dimanche, et aussitôt les dirigeants socialistes montent sur scène. Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault encadrent le nouveau premier secrétaire du PS. Les autres jouent des coudes pour se placer. Olivier Faure et David Assouline, rivaux pour le porte-parolat - qu'ils devraient se partager bien malgré eux -, se marquent à la culotte. De leur côté Emmanuel Maurel et Jérôme Guedj, les tenants de la motion de l'aile gauche, se faufilent sur scène à l'appel de Désir. Tout le monde est là, souriez, c'est dans la boîte !

    Harlem Désir, le premier, affiche sa mine réjouie. La tension du discours retombe. Avec elle, c'est trois jours de congrès qui se dissipent. Trois jours pour rien, ou presque. Toutes les questions de postes avaient été discutées en amont et les détails ont été réglés dans les coursives du palais des expositions. Pas de "nuit des résolutions", ces veillées nocturnes dans lesquels les courants se partagent au couteau, voire à la machette, les places au Conseil national. Les discours ont rythmé les jours, Ségolène Royal le vendredi, dans un exercice de style indéchiffrable, Martine Aubry libérée samedi, suivie d'un Jean-Marc Ayrault en quête de réconfort. Et donc "Harlem" ce dimanche.

    Des fulgurances

    On attendait de savoir qui de de l'apparatchik grisonnant ou de l'ancienne bête médiatique de SOS racisme allait l'emporter chez Désir. On a eu les deux. Le nouveau premier secrétaire a franchi l'étape obligée du grand discours sans la flamboyance d'autrefois mais avec quelques fulgurances. Comme cette pique qui fait mouche dans la salle sur le mariage homosexuel : "Ce n'est pas parce que M. Copé et M. Fillon ne s'aiment pas qu'ils doivent empêcher ceux qui s'aiment de se marier."

    C'est d'ailleurs sur la droite que Désir s'en sort le mieux. Bonne nouvelle pour les socialistes, car c'est en bastonneur anti-UMP que le gouvernement conçoit le parti. "A chaque fois que M. Fillon fait une proposition, il déchire une page du code du travail", lance-t-il à l'adresse de l'ancien Premier ministre. "Quant à M. Copé, il est peut-être sur le point de se faire voler son pain au chocolat par M. Fillon, mais ce n'est pas une raison pour empoisonner la France en jouant sur les peurs, les préjugés et les amalgames." Avec la crédibilité du militant antiraciste, il attaque l'extrême droitisation de l'UMP : "ils courent se réfugier dans les jupes de Marine Le Pen."

    Occupy Solférino !

    Pour son premier discours, Désir respecte scrupuleusement les codes socialistes. Une louche d'histoire, de Jaurès à Mitterrand, quelques citations bien senties de René Char et d'Aimé Césaire, une touche d'Europe sauce Delors... Il surprend son monde tout de même en lançant dans un style à la Hessel : "Socialistes ouvrez grandes les portes du parti, occupez Solférino, et invitez-y les Français." La Puerta del Sol à Solférino !

    Sur le rôle du parti, Désir prévient : "A tous ceux qui prédisent ou qui redoutent un parti-godillot, je dis : Vous allez être surpris !" Il rappelle les engagements sociétaux du parti, le mariage homosexuel, le droit de vote des étrangers aux élections locales et le non cumul des mandats. Le triptyque magique qui garantit à l'orateur une standing ovation.

    Le discours touche à sa fin, Martine Aubry apparaît sur le grand écran. Elle glisse un mot à l'oreille d'Ayrault avec un air de passeuse de témoin convaincue. Celui qu'elle n'a pas choisi a bien pris le relais.


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  • Accueil > Monde > Ouragan Sandy : 375.000 personnes évacuées à New-York

    Ouragan Sandy : 375.000 personnes évacuées à New-York

    Créé le 27-10-2012 à 10h03 - Mis à jour le 28-10-2012 à 22h00   lien

    Par ailleurs, des centaines de vols ont été annulées dans les aéroports de la plus grande ville des Etats-Unis et le métro va devoir fermer. Barack Obama appelle à la vigilance.

     

    New-York retient son souffle avant l'arrivée de l'ouragan Sandy. (ANDREW BURTON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

    New-York retient son souffle avant l'arrivée de l'ouragan Sandy. (ANDREW BURTON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
     

    Les premiers effets de l'ouragan Sandy se sont fait sentir dimanche 28 octobre le long des côtes américaines, avec des inondations et une mer déchaînée, les autorités ordonnant l'évacuation de zones à risque et multipliant les préparatifs face à la tempête.

    "Super storm", "Monsterstorm" ou encore "Frankenstorm", en référence à la fête d'Halloween : les médias américains rivalisaient de superlatifs pour souligner la taille et la dangerosité potentielle de la tempête, qui doit se renforcer en rencontrant un front froid du Canada, selon les prévisions des services météorologiques.

    Ceux-ci s'attendent à ce que l'ouragan touche les terres, sans doute mardi matin, entre le Massachusetts et la Virginie.

    Sans attendre, les autorités ont multiplié les mesures de précaution. A New York, ville la plus peuplée du pays, le maire Michael Bloomberg a ordonné l'évacuation de 375.000 habitants de zones risquant d'être inondées. Le réseau de transports publics, y compris le métro, sera fermé à partir de 19 heures (1 heure du matin en France).

    Obama appelle les Américains à la vigilance

    Barack Obama a appelé ses compatriotes à prendre "très au sérieux" le danger potentiel que représente l'arrivée prochaine de l'ouragan Sandy sur la côte est des Etats-Unis, et de suivre les conseils de précaution délivrés par les autorités.

    La tempête "n'a pas encore atteint la côte. On ne sait donc pas où elle va frapper, où il y aura l'impact le plus important et c'est pourquoi il est si important d'être prêt à réagir massivement et rapidement", a-t-il déclaré à des journalistes lors d'une visite au siège de l'Agence fédérale chargée des situations de crise (FEMA).

    Des centaines de vols intérieurs annulées

    "Suspendre le réseau de transport le plus important d'Amérique du Nord représente un effort monumental" mais qui doit être effectué suffisamment en amont de l'arrivée de l'ouragan, a expliqué le patron de la MTA, Joseph Lhota.

    Parcs, aires de jeu et plages seront également interdits au public à partir de dimanche après-midi et des centaines de vols intérieurs et internationaux ont été annulés dans les aéroports de New York et d'autres villes de la côte est.

    Dimanche, à 15 heures GMT, l'ouragan se trouvait à 930 kilomètres au sud de New York et progressait vers le nord-est à la vitesse de 22 km/h, selon le Centre américain de surveillance des ouragans (NHC), basé à Miami. "Il devrait obliquer vers le nord puis le nord-ouest ce soir ou tôt lundi", selon le NHC.

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    L'est des Etats-Unis retient son souffle

    Samedi, les autorités américaines avaient multiplié les préparatifs et les avertissements en prévision de l'arrivée de l'ouragan Sandy sur la côte est des Etats-Unis, dont la rencontre avec un front froid venu du Canada risque de provoquer une tempête d'une violence inédite.

    La confluence de l'ouragan et du front froid devrait s'opérer mardi matin, une semaine avant la présidentielle, quand l'énorme masse d'air touchera les terres entre la Virginie et le Massachusetts, deux Etats séparés d'un millier de kilomètres, selon les prévisions météorologiques.

    Surnommée "Frankenstorm", en raison de la proximité avec la fête d'Halloween mercredi, Sandy se trouvait samedi à 15 heures GMT à 570 kilomètres au sud-est de Charleston (Caroline du Sud) et continuait de monter vers le nord parallèlement à la côte à la vitesse de 15 km/h, selon le Centre américain de surveillance des ouragans (NHC), basé à Miami.

    Plus puissant qu'Irène

    Les vents soufflent à 120km/h mais devraient se renforcer dimanche et se faire sentir à plus de 700 kilomètres de l'oeil du cyclone, selon le NHC. Une pression de 958 hectopascals -la pression atmosphérique normale étant de 1.015 - a été enregistrée par un avion militaire, note le NHC, soit un niveau jamais observé en 60 ans dans la région, selon des météorologues.

    Par rapport à l'ouragan Irène qui avait touché en août 2011 la côte atlantique et inondé des villes entières, laissant derrière lui 47 morts, "on attend un impact plus important au niveau de la montée des eaux. Même chose avec le vent", a prévenu James Franklin, du NHC. Sandy a déjà fait 59 morts dans les Caraïbes, essentiellement en Haïti et à Cuba.

    Un tiers du territoire affecté

    La rencontre de Sandy avec un front froid reste le plus préoccupant. C'est une "tempête extrêmement rare et dangereuse" qui menace 60 millions de personnes sur son chemin et "pourrait provoquer des milliards de dollars de dégâts", s'inquiète Alex Sosnowski, météorologue pour le site spécialisé Accuweather.com.

    Jusqu'à un tiers du territoire américain pourrait être affecté, des Etats de Caroline (est) jusqu'à ceux du nord-est et, à l'intérieur des terres, jusqu'à l'Ohio.

    "Les préparatifs pour Sandy sont la priorité du président (Barack Obama)", a assuré la Maison Blanche, tandis que celui-ci faisait campagne dans le New Hampshire (nord-est).

    Sandy a déjà bouleversé l'emploi du temps du candidat républicain Mitt Romney et du vice-président démocrate Joe Biden, qui ont chacun annulé des déplacements prévus ce week-end à Virginia Beach en Virginie. 

    New-York en état d'urgence

    "C'est le moment de vérifier vos provisions, de voir comment rester en contact avec votre famille, et de rester informé", a conseillé Craig Fugate, le patron de la Fema, l'agence fédérale de gestion des crises.

    Le gouverneur de l'Etat de New York a déclaré l'état d'urgence tandis que le maire de la ville, Michael Bloomblerg, a invité les habitants à bien s'informer sans pour autant céder à la panique. L'état d'urgence a par ailleurs été déclenché dans la capitale, le Maryland, la Pennsylvanie, la Virginie, le New Jersey et le Connecticut.

    A Washington, par exemple, des employés évalueront tôt lundi matin la situation école par école avant de prendre la décision d'accueillir les élèves. La société gérant le métro de la ville a de son côté annoncé qu'elle se préparait à disposer des sacs de sable à proximité des bouches de métro risquant d'être inondées et vérifiait ses dispositifs de pompage.

    VIDEO 2

    45.000 prêts à intervenir

    Très critiquée pour son manque de réactivité après un violent orage fin juin, la compagnie locale d'électricité Pepco s'est empressée de faire savoir que tous ses employés étaient mobilisés et 2.500 personnes supplémentaires étaient prêtes à intervenir en renfort. Mais elle a prévenu que des "dizaines voire des centaines de milliers de clients pourraient être privés d'électricité".

    Plus de 45.500 soldats de la Garde nationale sont aussi en alerte, mais seuls 63 ont pour l'heure été sollicités, selon le Pentagone.

    Enfin, la marine est revenue sur sa décision de faire appareiller une vingtaine de navires de Norfolk (Virginie), les dernières prévisions pour la région suggérant que le renforcement des amarres devrait suffire.


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  • Accueil > Société > Le patron de Relais et Châteaux charge Bulot et Villepin

    Le patron de Relais et Châteaux charge Bulot et Villepin

    Créé le 28-10-2012 à 09h24 - Mis à jour à 11h40  lien

    Jaume Tapies indique avoir été approché par l'ancien Premier ministre pour lui demander de retirer sa plainte.

    Dominique de Villepin. (WITT/SIPA)

    Dominique de Villepin. (WITT/SIPA)
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    Le président de la chaîne hôtelière Relais & Châteaux, Jaume Tapies, charge son prédécesseur Régis Bulot, mis en examen pour "escroquerie en bande organisée", et l'ami de celui-ci, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, dans un entretien au "Journal du Dimanche" ce 28 octobre.

    Jaume Tapies, qui a siégé pendant treize ans au conseil d'administration de la chaîne d'hôtels de luxe avant d'en prendre la direction en novembre 2005, estime avoir été berné par celui qu'il appelle "Machiavel-Bulot".

    "Personne n'aurait pu imaginer qu'il avait un compte suisse, puis un compte aux Bahamas, et qu'il participait au pillage de l'association (gérant la chaîne) avec des fonds en espèces," plaide-t-il dans cette première interview depuis que scandale a éclaté au grand jour.

    L'hebdomadaire rappelle que la justice enquête notamment sur un système de "nuitées gratuites" offerte à des personnalités dans des Relais & Châteaux.

    "Pour ces 'personnalités', il devait effectivement y avoir une liste, mais nous ne l'avons jamais trouvée. La seule personne qui en avait connaissance était Régis Bulot. J'ai changé ce système", assure Jaume Tapies.

    "Qu'un ancien Premier ministre fasse cette démarche me choquait"

    Il indique par ailleurs avoir été approché par Dominique de Villepin, un ami de Régis Bulot, à la fin 2009, pour lui demander de laisser tomber.

    "Via un membre de l'association, Dominique de Villepin m'a fait savoir qu'il voulait me rencontrer. Nous avons convenu d'un déjeuner. J'ai aussitôt prévenu les gendarmes, qui m'ont conseillé de ne pas y aller seul ni avec quelqu'un de ma famille. Je m'y suis rendu avec mon secrétaire général".

    "M. de Villepin a dit d'emblée qu'en tant qu'ancien Premier ministre, il s'était renseigné, qu'il avait appelé les gendarmes, et que le dossier était vide. Il a ajouté qu'un président ne devait pas attaquer un autre président, et que cela mettait ma carrière en péril", raconte le responsable.

    "Il était clair qu'il voulait que j'arrête, que je retire la plainte. J'ai essayé de lui expliquer qui était vraiment son ami Régis Bulot, mais il avait l'air de ne pas y croire. Qu'un ancien Premier ministre fasse cette démarche me choquait. J'avais devant moi un ancien Premier ministre dont l'ami était à mes yeux un voyou et qui me demandait de laisser tomber cette affaire".

    Un rapport "accablant"

    Jaume Tapies révèle que l'escroquerie de Régis Bulot ne se limitait pas à des surfacturation du papier servant à imprimer les guides de la chaîne, mais aussi sur les opérations préalables à leur impression.

    "Le rapport m'a été remis récemment et il est accablant. Certaines années, les surfacturations dans ce seul secteur atteignaient 400.000 euros. Nous avons des preuves que ce système existait depuis 1997. Je viens d'adresser ce rapport aux enquêteurs et ils pourront se pencher sur cette nouvelle piste".

    "En réalité, c'est toute la chaîne de réalisation du guide qui était pipée. Globalement, j'estime qu'un million d'euros par an partait en fumée, soit environ 30% de tout ce qui était facturé à Relais & Châteaux pour le guide annuel", estime le responsable.


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