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    RANGOON (AP) — Dix jours après sa libération, Aung San Suu Kyi a accueilli mardi à Rangoon son plus jeune fils, qu'elle n'avait pas vu depuis près de dix ans. Les retrouvailles ont eu lieu à l'aéroport, où est arrivé Kim Aris, qui avait enfin obtenu un visa de la junte birmane après des semaines d'attente en Thaïlande.

    "Je suis très heureuse", a confié la prix Nobel de la paix à son arrivée dans le terminal. Ses yeux se sont emplis de larmes quand elle a aperçu pour la première fois son fils.

    Souriante, l'opposante birmane a posé ensuite brièvement pour les photographes, tenant son fils par la taille, avant qu'ils ne sortent main dans la main de l'aéroport. Devant les journalistes et la sécurité de l'aéroport, Kim Aris, 33 ans, a enlevé son pull, sous lequel il portait un T-shirt sans manche révélant un tatouage au bras gauche du drapeau et de l'insigne du parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligne nationale pour la démocratie (LND).

    Via son avocat Nyan Win, Aung San Suu Kyi a remercié les autorités d'avoir finalement délivré un visa à son fils, qui réside en Grande-Bretagne et n'avait pas vu sa mère depuis décembre 2010. La junte militaire rejetait jusqu'à présent toutes ses demandes.

    Aung San Suu Kyi a été relâchée le 13 novembre dernier après plus de sept ans d'assignation à résidence. Elle a passé plus de quinze des 21 dernières années privée de liberté et n'a jamais rencontré ses deux petits-enfants.

    L'opposante, qui a obtenu le Nobel de la paix en 1991 pour son combat non-violent pour la démocratie en Birmanie, a été arrêtée pour la première fois en 1989, alors que Kim n'avait que 11 ans et son fils aîné Alexander 16 ans.

    Son époux britannique, Michael Aris, est mort d'un cancer en 1999 à l'âge de 53 ans sans avoir pu la revoir.La junte lui avait refusé systématiquement des visas les trois années précédant son décès. Autorisée par la junte à quitter le pays, l'opposante birmane avait préféré ne pas se rendre à ses obsèques de peur de ne pouvoir être autorisée à rentrer en Birmanie. AP

     

     


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  • BIRMANIE - 

    Article publié le : vendredi 12 novembre 2010 - Dernière modification le : samedi 13 novembre 2010

     
    L'opposante birmane Aung San Suu Kyi.
    L'opposante birmane Aung San Suu Kyi.
    Reuters
    Par Sophie Malibeaux

    Les sympathisants d'Aung San Suu Kyi ont attendu toute la journée ce vendredi 12 novembre devant les locaux de la Ligue Nationale pour la Démocratie. Cela fait désormais sept ans que la Prix Nobel de la paix est privée de liberté, assignée à résidence. Sa dernière peine expire ce 13 novembre et les rumeurs faisaient état d'une libération dès ce vendredi mais elles n'ont pas été confirmées. La junte tiendra-t-elle parole ?Aung San Suu Kyi a fait savoir qu'elle refuserait toute condition. Parmi les cadres du parti rassemblés devant le siège de la LND, il y avait l'ancien prisonnier politique et bras droit d'Aung San Suu Kyi au moment de la création du parti en 1988. Win Tin témoigne aujourd'hui de l'effervescence à l'approche d'une libération à laquelle il veut croire.


    L’assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi arrive à échéance ce samedi 13 novembre 2010. La veille, Rangoon bruissait de rumeurs sur une libération imminente de la « Dame de Rangoon », incitant les sympathisants de la Ligue Nationale pour la Démocratie à se réunir en masse au siège de la LND à Rangoon, dans l’attente de leur égérie. Quelque 500 personnes se sont retrouvées au cœur de l’ancienne capitale, tandis que des dizaines d’autres, et notamment des journalistes, faisaient le pied de grue devant la maison d'Aung San Suu Kyi, rue de l’Université à Rangoon. Sans qu’il soit possible de savoir ce qui se passait de l’autre côté des barricades.

     

     

     

    Au siège, les cadres du parti, dont Tin Oo le président et Win Tin - anciens prisonniers politiques et bras droits d'Aung San Su Kyi au moment de la création de la Ligue Nationale pour la Démocratie en 1988 - ont travaillé toute la journée à la préparation de l’événement, dans une atmosphère fébrile.
     
    Plus de 13 ans en détention depuis 1989
     
    Aung San Suu Kyi, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1991
    , était alors incarcérée depuis deux ans. Elle n’avait pas pu aller voter aux élections de 1990 qui ont vu la victoire de son parti. Après avoir passé six ans en détention, elle a été libérée en 1995, puis de nouveau été arrêtée en 2003. Jouissant d’une énorme popularité dans le pays, elle effectuait alors une tournée dans le nord, lorsqu’une embuscade tendue par des miliciens aux ordres de la junte se solda par un véritable massacre et l’arrestation de plusieurs membres de la LND dont Aung San Suu Kyi. Depuis cette date, la junte la confine dans sa résidence du bord du lac Inya, lui interdisant tout contact avec l’extérieur. En 2008, les limites fixées par la loi pour ce type de détention auraient dû lui permettre d’en sortir, mais la junte a décidé arbitrairement de prolonger de douze mois son assignation à résidence. Au bout de cette période, un épisode rocambolesque conduit la justice à lui octroyer trois ans et demi de détention supplémentaire, une peine réduite à dix-huit mois sur ordre du général Than Shwe, numéro un de la junte. Une nouvelle fois, le 7 novembre 2010, Aung San Suu Kyi se trouvera en détention pendant que le pays est appelé aux urnes. Puisque le délai de son assignation expire une semaine plus tard, ce 13 novembre 2010.
     
    Pour Win Tin, la junte n’a désormais plus aucun élément entre les mains pour prolonger cette détention. L’éminence grise de la LND veut croire en sa libération : 
     
    « Nous allons recevoir Aung San Suu Kyi, demain, si elle est libérée, nous nous réunirons avec les membres du parti et avec elle. Je ne pense pas qu’il y ait de grandes manifestations dans les rues à ce moment-là. Si le gouvernement refuse de la libérer, alors il faut s’attendre à des manifestations de colère.  Si en revanche elle retrouve la liberté comme il se doit, les gens seront vraiment heureux et nous serons prêts à l’accueillir dans notre quartier général. En la libérant au moment voulu, la junte militaire pourrait redorer son blason auprès de la communauté internationale. Car le monde entier, les Nations unies, l’Union européenne, les pays d’Asie, de nombreux pays et nombreux leaders appellent à sa libération. Si la junte la relâchait, ils se feraient une bonne réputation, sinon il faut s’attendre à de mauvaises réactions. »
     
    Aung San Suu Kyi ne renoncera pas
     
    Win Tin ne dispose cependant pas d’éléments lui permettant d’être sûr de la libération imminente d'Aung San Suu Kyi. Seule certitude, selon lui, elle n’acceptera aucun compromis lui permettant de retrouver la liberté. Lui-même, durant sa détention, a vécu l’annonce de sa libération, avant de se voir contraint de signer un engagement à renoncer à la politique, ce qu’il a catégoriquement refusé. De fait, libéré en septembre 2008, il se remet immédiatement au travail, au siège de la LND, et en visite de soutien aux familles des prisonniers. Il se dit certain de voir Aung San Suu Kyi adopter la même attitude :
     
    « Le gouvernement militaire a l'habitude de demander aux prisonniers politiques de signer une sorte d'engagement à renoncer à la politique, mais la plupart des prisonniers qui ont fait de la prison sous ce régime depuis maintenant une vingtaine d'années, en général, ils ne signent pas ce genre de papier. Ils sont très rares ceux qui ont signé. Jamais ils ne se résignent. Aung San Suu Kyi, elle, ne le fera pas, j'en suis absolument certain. »
     
    Une fois libérée, quelle serait néanmoins la marge de manœuvre de la « Dame de Rangoon », ainsi que l’appellent les Birmans ? Impossible de le savoir. Les partis politiques créés récemment par la junte viennent de remporter des élections organisées sur mesure. Ils maintiennent ainsi une emprise totale sur le pouvoir à tous les échelons du pays. L’expérience vécue par le dissident Win Tin augure mal de la liberté de mouvement future d'Aung San Suu Kyi. Depuis sa sortie de prison, Win Tin continue de voir sa liberté de circulation restreinte, tandis que la surveillance ne se relâche pas. Toute « libération » dans ce pays, sous contrôle des généraux depuis 1962, est à considérer comme une notion toute relative.

     


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  •  C'est en effet, une année CRUCIALE pour la BIRMANIE, ce qui place AUNG SAA SUNG, opposante bien connue aux Militaires, dans une position très difficile :

    • Elle s'et toujours refusée à l'utilisation de la violence,
    • mais elle vit depuis 20 ans en résidence surveillée...

    Pourtant elle avait été élue démocratiquement avec une large majorité! Mais la Junte Militaire est rentrée dans le jeu et le pays est tenu par une main de fer. Le fait qu'il n'y ait jamais eu de condamnation internationale commune, conforte le pouvoir en place.

    Les nouvelles lois électorales interdisent aux opposants tout accès au pouvoir à elle-même et à tous ses partisans...


    Le pouvoir à tout prix:

    Aujourd'hui, ils font très forts: ils démissionnent de l'armée et se présentent ainsi aux élections!
     
                                                        "QUID  de la démocratie ?"
     

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  •  De la pleutrerie à la responsabilisation: le pas que doit franchir l'Union Européenne dans le dossier birman

    2010 est une année importante pour la Birmanie.

    Tout d'abord, c'est l'année du vingtième anniversaire des élections législatives de 1990, remportées haut la main par le parti démocrate birman (NLD). Le parlement n'a pourtant jamais siégé en raison de la non-reconnaissance des résultats par la junte militaire qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1962. La plupart des élus démocrates ont été arrêtés, emprisonnés et torturés. 2010, c'est aussi l'année du vingtième anniversaire du prix Sakharov pour la démocratie et contre l'oppression dont Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix et leader de la NLD, fut lauréate en 1990. Aung San Suu Kyi a eu 65 ans cette année et est, à l'heure actuelle, toujours assignée à résidence dans son pays. Elle aura ainsi été privée de liberté quatorze des vingt dernières années. Mais 2010 c'est surtout une année d'une importance historique pour l'avenir de 57 millions de birmans puisque les généraux birmans ont décidé d'organiser un simulacre d'élections dont l'objectif est de pérenniser « légalement » leur influence.

    Le processus électoral programmé par les généraux birmans ne s'annonce ni libre ni équitable car il empêche la constitution de toute opposition crédible. Aung San Suu Kyi ainsi que nombreuses autres personnes de l'opposition sont ainsi frappées d'inéligibilité par la promulgation de récentes lois électorales (State Peace and Democracy Council Law No. 1/2010 et State Peace and Democracy Council Law No. 2/2010). Le 29 mars 2010, la NLD a annoncé que les conditions de participation imposées par ces lois électorales ne permettaient pas au parti de prendre part activement au processus électoral. Cette décision est lourde de conséquences: les lois électorales prévoient en effet que tout parti n’ayant pas signifié son adhésion au scrutin doit cesser d’exister ! Ainsi, le 7 mai dernier, la NLD d’Aung San Suu Kyi, ce parti qui porte depuis 20 ans, pacifiquement, l’espoir de l’écrasante majorité des birmans qui croient au changement, a été dissout.

    Dans cette perspective, l'Union Européenne (U.E.) – dont la Belgique assurera la présidence tournante jusqu’en décembre 2010 – doit s’affirmer en soutenant les démocrates birmans et en adoptant une position ferme par rapport aux généraux. Au regard du contexte actuel, quatre grandes priorités devraient impérativement être défendues par l’U.E.:

    1.  Sommer la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, y compris d’Aung San Suu Kyi; 

    2. Soutenir la mise en place d’une commission d’enquête internationale sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par le régime birman et dénoncés dans le récent rapport publié par M Quintana, rapporteur spécial des Nations Unies sur les Droits de l’Homme;

    2.   Exiger la cessation immédiate des attaques quotidiennes contre les minorités ethniques ainsi que le maintien de l'aide humanitaire et le renforcement de la protection des camps de réfugiés installés à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie;

    3.   Rejeter la farce électorale qui devrait être organisée à la fin d'année par la junte militaire, en conformité avec la décision prise le 29 mars 2010 par le parti d'Aung San Suu Kyi;

    Le mouvement démocratique birman repose tout particulièrement son espoir sur l'action européenne car un véritable changement ne peut concrètement s’apprécier qu’à travers des signes d’ouverture significatifs dans le chef des généraux. Or, force est de constater que la situation ne cesse de s’empirer de jour en jour pour la majorité de la population confrontée aux exactions de l’armée birmane. Afin de sensibiliser nos élus à leurs conditions de vie dramatiques, Actions Birmanie a accompagné quatre de nos parlementaires lors d’une traversée clandestine de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie en mars dernier (reportage de la RTBF accessible au lien suivant: http://www.rtbf.be/info/monde/birmanie/birmanie-au-coeur-de-lopposition-a-la-dictature-210183). Dès leur retour, en raison de l’urgence de la situation, ceux-ci ont interpellé conjointement notre ministre des affaires étrangères, Steven Vanackere, pour que la Belgique, dans le cadre de sa présidence de l’U.E., joue un rôle de premier plan dans la définition de la politique européenne commune sur la Birmanie à un moment charnière pour l'avenir de ce pays.

    « Si vous croyez aux lutins, aux elfes et aux trolls, vous pouvez croire qu’il y a un processus de démocratisation en Birmanie »

    P.S. Pinheiro (Précédent Rapporteur Spécial de l’ONU sur les Droits de l’Homme)


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  • Source: Actions Birmanie

    BIRMANIE : Analyse du processus électoral 

    Bien que la campagne électorale n'ait pas officiellement commencé, le parti de l’USDP (Union Solidarity and Development Party) joue déjà un rôle important. Dirigé par des membres du gouvernement actuel, y compris le Premier Ministre Thein Sein, le parti bénéficie de l'appui du mouvement pro-junte USDA (Union Solidarity and Development Association) et de la protection des plus hautes autorités de l'État. L’USDP a démarré très vite une campagne non officielle, recrutant régulièrement des partisans et des observateurs électoraux dans tout le pays et organisant des formations. 

    Jusqu'à présent, 42 partis ont déposé des demandes d’enregistrement pour participer aux élections et 33 se sont vus accorder une autorisation par la Commission électorale. Tous ces partis sont dans l’attente de l'annonce de la date des élections et ne peuvent démarrer leur campagne, car ils doivent d'abord recruter, dans les 90 jours, au moins 500 membres, pour des scrutins locaux, ou 1.000 membres, s’ils escomptent participer aux élections à l'échelle nationale. Dans le même temps, ils sont aux prises avec des problèmes financiers liés à la taxe d’enregistrement élevée que la loi électorale prévoit, à savoir 500.000 kyats (environ 500$) par candidat. Cette disposition a suscité beaucoup de questions sur la façon dont les partis politiques birmans seraient capables de faire face à cette requête, alors qu’1/3 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

    De tous les partis enregistrés, l’USDP est probablement l'un des rares à pouvoir se permettre ces frais.

     
    La Commission électorale a publié un premier ensemble de lois concernant la campagne, qui restreint la liberté d'association et de réunion. Il est notamment stipulé que les partis politiques enregistrés doivent obligatoirement demander la permission à la Commission électorale pour tout discours ou rassemblement organisés hors de leur propre bureau. Dans un même temps, le gouvernement a mis en place un nouvel organe de censure, la Division de l’enregistrement et de la vérification de la presse (PSRD), créée afin de renforcer encore un peu plus cette censure. 

    Than Nyein, porte-parole du parti National Democratic Force (NDF), groupe dissident de la LND, a déclaré que la NDF ne place pas de grands espoirs dans le processus électoral, mais a réaffirmé que la NDF a été créée afin de donner un statut juridique légal au parti. 
    Les membres dirigeants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) ont commencé, de façon imprévue, à voyager à travers le pays afin de rendre visite aux familles des prisonniers politiques et aux militants membres du Parti. L’objectif de ce voyage est de discuter des élections à venir et de justifier la décision de la LND de ne pas y participer. Il est également prévu de communiquer sur les concepts de droits individuels, de démocratie, et d’élections libres et équitables. En plus de tous ces échanges, ces voyages seront l’opportunité d'évaluer si les membres de la LND rencontrent des difficultés. En effet, la LND demeure une source d'aide sociale et économique importante pour de nombreuses familles en Birmanie, et ses dirigeants conservent une influence certaine sur le scénario électoral. À l'heure actuelle, la junte a fait le choix de ne pas intimider ou punir les dirigeants de la LND en liberté qui poursuivent leurs activités sociales et politiques, bien que leur parti soit devenu officiellement illégal. 

    Aung San Suu Kyi a encouragé le parti à travailler activement sur les questions de réconciliation nationale, de droits de l’homme et de démocratie. Elle a récemment demandé à son avocat, Nyan Win, de relayer l’idée que les citoyens ont le droit inaliénable de ne pas voter. Les avocats d’Aung San Suu Kyi ont été par la suite mis en garde par les autorités de ne pas transmettre aux médias les opinions de Suu Kyi sur les prochaines élections. 
    Des prisonniers politiques ont été questionnés par la « police spéciale » pour donner leur avis sur les élections et leur intention d’être ou non actif politiquement s’ils sont libérés. Ces enquêtes auprès de prisonniers politiques peuvent être liées à la peur du régime de ce que la LND, et les organisations de la société civile et de défense des droits de l’homme pourraient faire ; mais une autre possibilité est que ces interrogatoires soient utilisés pour déterminer quels prisonniers sont toujours de potentiels « dangereux » activistes, et lesquels pourront être relâchés. En effet, une nouvelle vague de libération de prisonniers est attendue avant la tenue des élections, une tactique classique du régime militaire pour alléger la pression internationale. Ces libérations pourraient se produire en septembre, au moment du débat annuel des Nations unies, et qui pourrait donner lieu à une nouvelle réunion ministérielle du groupe des amis de la Birmanie. 

    Après la visite du premier ministre chinois à Nay Pyi Daw, la junte a décidé de reporter après les élections la mise en œuvre du plan de gardes frontaliers (BGF), lorsque le nouveau gouvernement sera formé. La junte avait été plus que résolue à transformer l’ensemble des groupes de cessez-le-feu en forces frontalières, et ainsi prendre possession des territoires ‘manquants’, c’est-à-dire les portions du pays sous contrôle de milices et non de l’armée et des autorités nationales. Néanmoins, les groupes de cessez-le-feu continuent de garder non seulement le contrôle tant politique que militaire de leurs zones respectives, mais sont également vitaux dans les relations économiques transfrontalières, en particulier avec la Chine.

    Le premier ministre chinois Wen Jabao, lors de sa visite en Birmanie, n’a pas manqué de souligner que son pays n’accepterait pas un nouveau conflit le long de la frontière chinoise (un conflit avait éclaté en août 2009 dans la région Kokang, provoquant l’afflux de plus de 30.000 réfugiés en Chine). La junte a alors annoncé lors d’une réunion avec le groupe Wa (UWSA) que la question BGF sera gelée jusqu’aux élections. Si la perspective d’une reprise du conflit semble s’éloigner, la question ethnique n’en demeure pas moins éludée, ce qui pourrait avoir deux graves conséquences.

    La première est que le pays continuera d’être fragmenté, politiquement et économiquement. La junte et la commission électorale vont très certainement décider de suspendre la tenue du scrutin électoral dans les zones de cessez-le-feu en invoquant les lois électorales (qui permettent notamment d’arguer le manque de sécurité comme raison pour annuler les élections à l’échelle locale). Cette décision exclurait une partie du pays et de ses citoyens du processus politique et perpétuerait une situation d’instabilité et de fragmentation.

    L’autre conséquence sera l’intensification des activités d’espionnage et de pression sur les leaders ethniques, avec des impacts très négatifs sur les violations des droits de l’homme, déjà massives et généralisées dans les régions peuplées de minorités ethniques. 


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