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    Birmanie : après les émeutes, un calme précaire

    règne à Meiktila

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-03-23T11:00:58+01:00" itemprop="datePublished">23.03.2013 à 11h00</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-03-23T11:42:34+01:00" itemprop="dateModified">23.03.2013 à 11h42</time>

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    Un journaliste birman offre une friandise à un soldat, le 23 mars à Meiktila.

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    Un calme précaire régnait, samedi 23 mars, dans une ville du centre de la Birmanie où durant trois jours ont eu lieu de véritables pogroms antimusulmans qui ont fait au moins une vingtaine de morts. En dépit de ce relatif retour à la normale à Meiktila, ville située entre la capitale Naypyidaw et Mandalay, cette nouvelle série d'émeutes contre la minorité musulmane pose de nombreuses questions sur la stabilité sociale dans ce pays multi ethnique et pluriconfessionnel engagé sur la voie de la démocratisation : sur la soixantaine de millions de Birmans, environ 4% de la population est musulmane, la plupart des disciples du prophète étant d'origine indienne.

    L'armée patrouillait samedi la ville où des gangs armés de jeunes extrémistes bouddhistes, parfois appuyés par des moines, ont saccagé des mosquées et brulé des commerces musulmans depuis mercredi, après qu'une rixe eut éclaté dans une boutique vendant de l'or. Certaines sources évoquent le meurtre d'un moine bouddhiste, avant le début des émeutes.

    UN MOINE BOUDDHISTE ARMÉ D'UN POIGNARD

    Des photographes et journalistes birmans racontent avoir vu des cadavres brûlés gisant le long des rues. Confrontés à des émeutiers, certains ont dû retirer les cartes mémoires de leurs appareils photos ; l'un d'entre eux a été menacé par un moine bouddhiste armé d'un poignard.

    Des centaines de musulmans ont trouvé refuge dans un stade de football protégé par les forces de l'ordre. De nombreux témoignages font cependant état d'une passivité de ces dernières aux premières heures des émeutes, laissant penser que, de manière délibérée ou non, la police et l'armée se sont montrées impuissantes à ramener le calme et à défendre les musulmans contre ce qui a toutes les apparences d'un pogrom organisé ou incité par des extrémistes locaux.

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    Des pompiers tentent d'éteindre un incendie, le 22 mars à Meiktila. Une querelle entre un couple bouddhiste et des commerçants musulmans serait à l'origine des affrontements.

    Crédits : REUTERS/Soe Zeya Tun

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    Cette nouvelle série de violences dirigées contre la minorité musulmane s'est produite après les graves émeutes interconfessionnelles qui avaient éclaté en juin et septembre dans l'Etat de l'Arakhan, au nord-ouest de la Birmanie. Au moins 150 personnes, majoritairement des musulmans, avaient été tuées dans ces incidents provoqués par le viol d'une femme bouddhiste.

    En Arakhan, les quelque 800 000 membres de l'ethnie rohingya, composée de musulmans d'origine bengalie, dont beaucoup sont implantés en Birmanie depuis des lustres, représente une minorité réprimée durant de longues années au temps de la junte militaire : les Rohingyas ne jouissent pas de la citoyenneté birmane et sont déchus de la plupart des droits accordés aux 135 autres ethnies du "Myanmar".

    EXPLOSION DE VIEILLES RANCŒURS

    Les émeutes antimusulmanes ne sont cependant pas un phénomène totalement nouveau en Birmanie : durant la colonisation britannique, des centaines de musulmans furent tués lors de semblables pogroms dans les années trente, à une époque où la Grande-Bretagne pratiquait une politique d'immigration consistant à encourager les Indiens à s'établir dans le pays à des fins d'exploitation agricole. Il y avait alors 500 000 Indiens vivant en Birmanie, la moitié d'entre eux étaient musulmans. Plus récemment, les musulmans avaient aussi été les cibles de violences en 1997 et 2001.

    Certains spécialistes remarquent que la démocratisation en cours depuis le retrait de la junte militaire au printemps 2011 a permis l'explosion de vieilles rancœurs et de séculaires frustrations d'ordre ethnico-religieuses. L'Etat d'urgence a été imposé à Meiktila et dans les districts environnant par le président birman Thein Sein, une décision qui va permettre à l'armée de ramener l'ordre. Le contexte actuel de démocratisation avait eu cependant pour effet de confiner les soldats dans leurs casernes au terme de presque un demi-siècle de junte militaire...

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  • En Birmanie, des images de la violence

    inter-religieuse

    Le Monde | <time datetime="2013-03-22T17:52:58+01:00" itemprop="datePublished">22.03.2013 à 17h52  </time> lien

    Au moins une vingtaine de personnes sont mortes après des heurts entre bouddhistes et musulmans dans la province de Mandalay. Le président Thein Sein a instauré l'état d'urgence dans quatre communes.

    • Des pompiers tentent d'éteindre un incendie, le 22 mars à Meiktila. Une querelle entre un couple bouddhiste et des commerçants musulmans serait à l'origine des affrontements.

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  • Aung San Suu Kyi, un rêve birman

    Documentaire. A 22h40 sur France 2

    « Je souhaite que l’on comprenne que le chemin est encore long. Il faut que le monde entier le sache et ne présume pas que la Birmanie va bien. Nous n’allons pas encore bien. Nous essayons d’aller bien. » Les paroles de celle qui incarne la résistance de tout un peuple remettent les choses à leur juste place. Alors que certains se gargarisent déjà de printemps birman, Aung San Suu Kyi se montre beaucoup plus prudente. Le tournant démocratique pris par le pays est-il irréversible ? Rien n’est moins sûr. Comme le dit l’ancien journaliste U Win Tin, compagnon de route âgé de 83 ans, dont dix-neuf passés en prison : « Il y a une lueur au bout du tunnel, mais nous sommes toujours à l’ intérieur du tunnel. »

    Tourné sur plusieurs mois, ce documentaire débute sur l’espoir immense soulevé par la candidature et l’élection d’Aung San Suu Kyi au Parlement et s’achève par des considérations plus pratiques : comment rebâtir un pays avec seulement 43 députés sur les 664 que comptent les deux chambres ? Son parti, la Ligue nationale pour la Démocratie (LND), dispose d’une marge de manoeuvre réduite, et l’ex-général Thein Sein, devenu président en 2011, garde une grande partie des cartes politiques et économiques en main. Il y a à peine plus de deux ans, la « Dame de Rangoon » était encore assignée à résidence et les élus du LND purgeaient des peines de prison. C’est dire le chemin parcouru. Et les obstacles encore à vaincre car, si les militaires n’assurent plus officiellement le pouvoir, ils continuent à tirer les ficelles.

    Les « avancées démocratiques » qui soulèvent l’enthousiasme des investisseurs laissent parfois à désirer, et il suffit d’un rien pour que les vieux réflexes reprennent le dessus : en septembre 2012, une manifestation de paysans et de moines contre la confiscation de terres pour un projet minier a été réprimée avec la sauvagerie habituelle.

    Obtenir une interview d’Aung San Suu Kyi n’est pas simple. Les journalistes du monde entier veulent rencontrer celle que les Birmans appellent « Mère Suu ». Il a fallu patienter plusieurs mois avant qu’elle accepte enfin. C’était en juillet, deux mois après son élection. La mousson venait de commencer. Il pleuvait et l’architecture nord-coréenne de Naypyidaw, la capitale du pays depuis huit ans, était plus triste encore. Les nouveaux députés emménageaient dans leurs logements de fonction. Ils allaient siéger dans une assemblée largement dominée par un parti proche des militaires.

    « Ce n’est pas le genre de Parlement qui favorise le dialogue entre ses membres », déclarait Aung San Suu Kyi avec son sens de l’understatement très britannique. Consciente de la fragilité de la situation, celle qui a survécu à quinze ans d’isolement pèse ses mots mais ne les mâche pas : « Le pouvoir législatif n’est pas suffisant. Nous avons besoin d’un Etat de droit. La démocratie ne sera réelle que lorsque les militaires auront officiellement et fermement soutenu le processus démocratique. » Pour l’heure, cela reste un voeu pieux. Car si les militaires ont lâché du lest politiquement, ils ne sont pas prêts à renoncer à leurs privilèges. « De chaque côté de cette route, les terres des paysans ont été confisquées au profit des militaires et de gens haut placés », explique l’ancien rappeur Zayar Thaw, ex-bête noire de la junte, qui est néanmoins parvenu à se faire élire dans le fief des généraux, la circonscription de Naypyidaw.

    Ici, le chômage des paysans est le problème majeur. Du jour au lendemain, ils ont été dépossédés de leurs champs, de leurs forêts, de leurs rizières, des résidences ont poussé un peu partout, et la circulation des chars à boeufs a été interdite sur les routes. Assise à genoux parmi les villageois, Aung San Suu Kyi les écoute, les conseille, tente d’apporter des solutions. Les moyens dont elle dispose sont si modestes, les besoins du pays, tellement immenses. « Il faut comprendre que rien ne changera du jour au lendemain », répète-t-elle avec ce mélange de douceur et de fermeté qui la caractérise. Tous ces gens, qui n’ont jamais rien connu d’autre que l’oppression, boivent les paroles de celle qui veut les libérer de la peur, cette peur inoculée comme un virus dès la naissance. Dans les villes, les foules scandent les refrains des rappeurs, se libèrent, mais dans les campagnes, la peur est toujours là. La junte a réprimé les gens de manière si terrible, en un temps où l’information ne circulait pas comme aujourd’hui, où internet n’existait pas.
    Un documentaire remarquable sur une grande figure de la non-violence, d’une détermination et d’une maîtrise fascinantes.

    Eric de Saint-Angel


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  • Accueil > Monde > Birmanie: Aung San Suu Kyi réélue à la tête du premier parti d'opposition

    Birmanie: Aung San Suu Kyi réélue à la tête du premier parti d'opposition

    Créé le 10-03-2013 à 07h21 - Mis à jour à 14h55    lien

    Aung San Suu Kyi a été réélue dimanche à la tête du principal parti de l'opposition birmane, appelant sa Ligue nationale pour la démocratie (LND) à "saisir" sa chance avant les élections de 2015 à l'issue d'un congrès historique qui n'a pas répondu aux appels à rajeunir sa direction.
(c) Afp

    Aung San Suu Kyi a été réélue dimanche à la tête du principal parti de l'opposition birmane, appelant sa Ligue nationale pour la démocratie (LND) à "saisir" sa chance avant les élections de 2015 à l'issue d'un congrès historique qui n'a pas répondu aux appels à rajeunir sa direction. (c) Afp

    RANGOUN (AFP) - Aung San Suu Kyi a été réélue dimanche à la tête du principal parti de l'opposition birmane, appelant sa Ligue nationale pour la démocratie (LND) à "saisir" sa chance avant les élections de 2015 à l'issue d'un congrès historique qui n'a pas répondu aux appels à rajeunir sa direction.

    L'ancienne prisonnière politique, députée depuis près d'un an, a été réélue présidente à l'unanimité par les 120 membres du comité central, a précisé à l'AFP une source au sein du parti, alors qu'aucun autre candidat ne s'était présenté contre elle.

    Mais au delà de sa chef de file incontestable, la Ligue, dont les 850 délégués se sont réunis pendant trois jours pour le premier congrès de leur histoire, est secouée par de vives querelles internes qui ont notamment conduit à l'expulsion de quatre membres, interdits d'accès à la réunion.

    Des "conflits" que la lauréate du prix Nobel de la paix a reconnus samedi lors d'un discours plaidant pour l'unité. Un appel répété dimanche.

    "Je voudrais vous demander de ne pas laisser des sentiments personnels mettre en danger l'avenir du pays", a-t-elle insisté.

    "Nous devons saisir notre chance. Dans le cas contraire, ce sera une perte non seulement pour la LND, mais aussi pour le pays".

    Le parti est donné favori pour les législatives de 2015 et doit dans cette perspective définir une stratégie et lancer des réflexions sur les problèmes du pays - la santé, l'éducation, le retard de développement, la corruption.

    Sans oublier tourner la page de vingt années de quasi-clandestinité sous un régime militaire qui n'avait pas reconnu sa victoire aux élections de 1990.

    Depuis la dissolution de la junte en mars 2011 et grâce aux réformes lancées par le nouveau régime, la Ligue a réintégré le processus politique.

    Portée par l'extraordinaire charisme de Suu Kyi, elle est devenue l'an dernier le premier parti d'opposition parlementaire, au terme de législatives partielles remportées haut-la-main.

    Mais elle est à ce stade incapable d'assumer les responsabilités du pouvoir, selon les analystes, qui décrivent la réticence des compagnons de route de Suu Kyi, tous octogénaires, à céder la place à une nouvelle génération de militants.

    "Je remercie les membres qui ont lutté main dans la main avec la LND pendant 25 ans, et je salue aussi nos nouveaux membres", a déclaré Suu Kyi dimanche.

    "Un parti peut être énergique s'il est revigoré avec du sang nouveau tout le temps", a-t-elle ajouté à la clôture du congrès.

    Mais si huit des quinze membres du comité exécutif sont effectivement nouveaux, tous sont des vétérans de la LND, ce qui ne va pas mettre un terme aux critiques contre une hiérarchie accusée d'être déconnectée des réalités du pays.

    "Nous ne sommes pas complètement satisfaits (...). Nous voulons plus de sang nouveau parmi la direction", a commenté un jeune de la LND sous couvert de l'anonymat.

    "Nous voulons voir des gens dans la quarantaine ou la cinquantaine, qui sont éduqués et ont une expérience en politique, être plus impliqués", a-t-il ajouté, reconnaissant malgré tout que les membres du comité exécutif méritaient leur place pour "leurs longues années de sacrifice".

    Han Tha Myint, porte-parole de la Ligue, a reconnu la nécessité de rajeunir les rangs.

    "C'est notre principale inquiétude, la plupart de nos dirigeants deviennent âgés", a-t-il indiqué, assurant que la Ligue avait décidé de "renforcer" le rôle de sa jeunesse et de recruter des "gens compétents à l'extérieur".

    Mais malgré tout, "nous sommes prêts à diriger la Birmanie depuis longtemps", a-t-il ajouté.

    Une affirmation contestée. "Ils adoreraient (prendre le pouvoir), c'est certain, ils n'ont tout simplement pas la capacité ou l'expérience pour le faire", a commenté un diplomate occidental.


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    Un journal birman dénonce la désinformation d’un média d’État

    À droite, la photo résultant du crash d'un avion et que The New Light of Myanmar a implicitement associé à l'attaque perpétrée par le groupe armé indépendantiste du Kachin.
     
    La liberté de la presse se porte mieux en Birmanie, et le site du journal The Myanmar Times, un hebdomadaire détenu par des fonds privés, vient d’en donner la preuve en osant remettre en cause la véracité d’une légende relative à deux photos publiées dans le quotidien d’État The New Light of Myanmar.
     
    C’est The Irrawady, un site spécialisé sur la Birmanie et l’Asie du Sud-Est, qui relaie l’information. Un des clichés publiés dans The New Light of Myanmar présentait les photos d'un cadavre et d'une carcasse de mobylette comme conséquences de l’explosion d’une mine posée par l’armée indépendantiste du Kachin (KIA), un groupe qui lutte pour obtenir l’indépendance de la région du Kachin située dans le nord du pays. Les photos étaient ainsi légendées : "Un innocent meurt dans l’explosion d’une mine près du village de Zanan, sur la route entre Myitkyina et Putao".
     
    Or, selon The Myanmar Times, la photo de la mobylette montre en réalité les conséquences d’un crash d’avion survenu le 25 décembre dernier près de l’aéroport de Heho, dans l’État du Shan, à environ 200 kilomètres de la capitale Naypyidaw, dans le centre du pays.
     
    Il fallait oser pointer la supercherie d’un journal directement contrôlé par le pouvoir, et ce scénario aurait probablement été inimaginable il y a encore un an. Mais, signe que la Birmanie s’ouvre progressivement depuis l’arrivée au pouvoir de Thein Sein en février 2011, le ministre délégué à l’Information a immédiatement reconnu l’erreur : "J’ai vraiment honte. Nous allons devoir essayer d’en tirer les leçons", a-t-il déclaré, estimant que la légende erronée avait probablement porté atteinte à la confiance qu’ont les lecteurs dans les informations publiées par les journaux d’État.
     
    La censure officielle a été abolie en Birmanie le 20 août 2012. L’un de nos Observateurs avait alors néanmoins estimé que les risques d’autocensure restaient forts. The Myanmar Times semble être passé outre, sans s’attirer les foudres du ministère de l’Information. Ironie de l’histoire, selon The Irrawaddy, ce dernier venait de publier un communiqué qui accusait les médias privés de publier des "informations fabriquées" sur le conflit au Kachin.

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