Il se faisait appeler Omar Omsen, de son vrai nom Omar Diaby, mais était surtout connu comme le premier recruteur jihadiste français. Grièvement blessé par balle le 29 juillet, il est mort dans la nuit de vendredi à samedi. C’est Romain Caillet, chercheur sur les questions islamistes, qui a annoncé, vendredi soir sur Twitter, que le jihadiste «serait mort suite à ses blessures». Une information rapidement confirmée par le journaliste de RFI David Thomson, spécialiste du jihadisme, puis par un membre de la famille d’Omar Omsen sur Facebook.

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Le Niçois de 40 ans, bien connu des services de renseignements, n’avait rien d’un jihadiste lambda. Il s’agissait même d’un des plus gros recruteurs francophones de jeunes combattants. Sa ­spécialité : des vidéos de ­propagande aux effets ­spéciaux dignes d’Hollywood postées sur Internet, et qui comptabilisaient plusieurs milliers de vues chacune. Le compteur de sa chaîne YouTube affiche en effet près de 800 000 visionnages. Star du web jihadiste francophone, il incite son public, dans des vidéos de deux heures sur fond sonore, à faire la hijra, l’émigration définitive vers un pays «sain» en terre musulmane et vers la Syrie en particulier. Il aurait réussi à s’entourer d’une centaine de recrues, organisées en katiba (brigade), dont le plus gros du contingent serait français.

Avant de faire l’objet d’un mandat de recherche internationale, Omar Omsen avait flirté avec le grand banditisme à Nice, où il a grandi. Né au Sénégal, il est incarcéré pour tentative de meurtre dans les années 90. Il fait également plusieurs allers-retours en prison pour des braquages à répétition. C’est à ce moment-là qu’il commence à prêcher un islam radical. L’homme se rapproche d’abord de Forsane Alizza, un groupe radical dissous en 2012 qui prônait un islam fondamentaliste, avant de rejoindre la Syrie en 2013. Là-bas, il devient «l’émir» de sa katiba pro Al-Qaeda et rapatrie une partie de sa famille sur place.

«Les gens de l’Etat islamique sont des jeunes ignorants»

Début 2014, lorsque le jihad en Syrie commence à être de plus en plus concurrencé par l’influence de l’Etat islamique, Omar Omsen fustige les nouveaux arrivants : «Les gens de l’Etat islamique sont en fait des jeunes ignorants sans formation religieuse sérieuse. Et puis ce sont d’anciens voyous dont le comportement déviant ressort dès qu’on leur met des armes entre les mains», expliquait sans ciller l’ancien braqueur, dans les pages de l’Obs. Mais sa réputation d’illustre cyber-propagandiste, ainsi que ses centaines de milliers de vues sur YouTube, n’auront pas suffi à pérenniser l’afflux de jeunes recrues face à la concurrence de l’Etat islamique.

Selon Jean-Charles Brisard, expert en terrorisme islamiste, ces derniers mois ont marqué le début de la fin du règne d’Omar Omsen. Sa brigade francophone se serait vidée de certains de ses membres, rentrés en France ou passés aux mains de l’Etat islamique. «Ces derniers temps, on était bien loin de la centaine de recrues du début, assure le spécialiste. A la fin, il était surtout concurrencé par d’autres brigades francophones qui sont apparues, notamment celle du Suisse Abou Suleyman Suissery.» Ce jihadiste romand avait combattu au sein de la brigade du Français avant de faire défection pour l’Etat islamique et créer sa propre katiba, «attirant avec lui de nombreux francophones anciens de la Jabhat ­al-Nosra».

Dans sa dernière vidéo postée sur YouTube, Omar Omsen, autrefois prolixe au sujet de l’Etat islamique, prend garde à ne pas attaquer son ennemi sur le terrain. «Un revirement de situation qui montrait sa faiblesse», en conclut l’expert. Face à de telles difficultés, pas le temps de tergiverser : la relève est déjà assurée. C’est un autre Français qui deviendra «émir» à la place du Niçois. Selon David Thomson, il s’agirait d’Abu Waqqas, originaire, pour sa part, de ­Savoie