Environ 5 000 personnes ont participé dans le recueillement jeudi soir à la marche blanche en mémoire de Chloé, neuf ans, enlevée, violée et tuée mercredi à Calais.
« On a compté environ 5 000 participants à la fin de la manifestation », qui avait débuté vers 18 h 00, a indiqué un porte-parole de la préfecture du Pas-de-Calais, selon qui l'itinéraire a dû être modifié en raison de l'affluence.
Natacha Bouchart, la maire de Calais, s'est adressée au micro à la foule, avant le départ de la marche : « Chloé n'était qu'une enfant, Chloé n'était que joie. Aujourd'hui, nous pleurons tous une enfant qui ne voulait que vivre ». « Comment affronter notre douleur ? », s'est-elle interrogée.
La famille de Chloé ouvrait le défilé
« Nous exprimons ensemble la douleur qui nous accable. Un destin terrible et injuste a fauché cette enfant qui ne nous sera jamais rendue », a-t-elle déclaré devant une foule émue.
Après un bref rassemblement devant l'hôtel de ville, les participants ont commencé leur marche en direction du quartier où Chloé a été enlevée, à quelques minutes à pied du centre-ville de Calais.
La famille de Chloé - ses parents, sa sœur et ses deux frères - ouvrait le défilé, très émue, portant des T-Shirts affichant la photo de la petite fille de neuf ans. La maire de Calais, Natacha Bouchart, était en tête de cortège.
« Repose en paix »
Celui-ci a été très silencieux. Il était composé de quantité d'enfants, d'adolescents et de leurs parents, la plupart recueillis et le visage ferme, certains portant des roses jaune pâle. Une seule banderole, « Repose en paix », a été brandie.
« On s'aperçoit que nos enfants ne sont pas à l'abri », a affirmé Cathy, mère de quatre filles âgées de 18 à 23 ans.
En veut-elle à la justice d'avoir relâché un récidiviste ? « Oui et non parce qu'ils ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent (...) », a répondu la quadragénaire, visiblement très émue. « Mais les professionnels qui décident de les relâcher (les récidivistes), on aimerait qu'ils passent quelques années à vivre avec eux », a-t-elle ajouté.
Joffrey, 29 ans, est venu la rose à la main : « Je ne pensais pas qu'il y aurait autant d'émotion, on devait venir pour elle, personne ne mérite ça », a-t-il dit.
« Ma vie ne pouvait pas continuer, mais je le fais pour elle »
Après être passés devant le domicile de l'enfant, dans une barre HLM de petite taille, proche du square où elle a été enlevée, les marcheurs ont défilé jusqu'à l'école de Chloé.
Ils ont terminé leur parcours en rejoignant l'hôtel de ville, à l'issue d'un défilé d'une heure.
Sur le perron de la mairie, la maire de Calais, aux cheveux courts teintés de mèches blondes, a de nouveau pris la parole au micro pour « remercier du fond du cœur » les participants.
« Ma vie ne pouvait pas continuer, mais je le fais pour elle (Chloé) », a déclaré la mère de la fillette, la voix troublée par les sanglots, avant d'entrer avec sa famille dans l'hôtel de ville en compagnie de Mme Bouchart.
Ainsi se terminait une journée douloureuse, qui avait commencé avec l'annonce par le procureur à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Valensi, des aveux du suspect.
Le Premier ministre Manuel Valls avait déjà promis un peu plus tôt que « toute la vérité sera(it) faite pour comprendre l'itinéraire » du suspect polonais. Sa garde à vue a été prolongée jeudi soir de 24 heures.
Les interrogatoires vont se poursuivre jusqu'à vendredi, a indiqué le parquet, soulignant sa volonté de « prendre le temps de boucler au mieux » l'enquête.
Une information judiciaire devait être ouverte pour enlèvement suivi de mort, et viol sur mineur de 15 ans.