Il a changé. Lui candidat, il promettait de ne pas recevoir à l’Elysée les parlementaires de la majorité. Lui président, il invite les responsables des partis de la majorité à dîner au Palais - après avoir, dès avril, accepté d’y recevoir les députés et sénateurs. Ce lundi soir, Harlem Désir (Parti socialiste), Pascal Durand (Europe Ecologie-Les Verts), Jean-Michel Baylet (Parti radical de gauche), Jean-Luc Laurent (Mouvement républicain et citoyen) et Robert Hue (Mouvement unitaire progressiste), retrouveront donc François Hollande et Jean-Marc Ayrault pour faire le point sur les dossiers de l’année écoulée, ceux de la rentrée - qui s’annonce chaude, notamment sur la question des retraites - et, surtout, faire bloc pour les municipales de 2014. Selon Les Echos, citant une source gouvernementale, «l’idée est de faire un repas par an pour faire un point». Tour d’horizon des points d’accord et de clivage des alliés de la majorité.
Europe Ecologie-Les Verts
Avec deux ministres, dix-sept députés et douze sénateurs, les Verts sont un allié précieux du gouvernement. Si les annonces de Jean-Marc Ayrault sur les investissements d’avenir - dont 6 milliards doivent être consacrés «à des investissements directs ou indirects pour la transition écologique» - ont satisfait les écologistes, ils restent vigilants sur la transition énergétique dans son ensemble et sur la fiscalité verte.
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Après le limogeage de Delphine Batho, le Premier ministre a également tenu à les rassurer, en réaffirmant son opposition à l’exploitation des gaz de schiste. L’enjeu de la réunion de ce soir se porte surtout sur les municipales. Pour contrer le Front national, qui pourrait surfer sur la faible popularité du gouvernement, la majorité socialiste aura besoin de tous ses alliés. Mais déjà, des listes exclusivement vertes fleurissent un peu partout en France.
Parti radical de gauche
Jean-Michel Baylet se retrouvera ce soir face à celui qu’il a affronté lors des primaires socialistes. Fort de deux ministres (Sylvia Pinel et Anne-Marie Escoffier), de douze députés et onze sénateurs, le Parti radical de gauche respecte, en règle générale, la ligne gouvernementale. Sauf sur les questions institutionnelles : sur la loi sur la transparence de la vie publique comme sur le non-cumul des mandats, les radicaux sont fermement opposés au gouvernement. Et surtout au Sénat, où les 18 sénateurs du groupe RDSE ont fait bloc contre l’adoption du texte sur la transparence.
«Je suis très content de ce dîner, car il faut remonter à bien loin pour voir les chefs de la majorité dîner avec un Président de gauche, affirme Jean-Michel Baylet à Libération. C'est le Président que mène le bal, mais je crois que nous discuterons aussi du fonctionnement de la majorité. Il est illégitime que les textes soient [faits par seulement une partie] de la majorité et qu'on ne puisse pas les discuter en amont».
Sur les municipales, un accord-cadre entre le PRG et le PS prévoit des listes communes. «Le temps n’est pas celui de la division mais de l’unité», estime-t-il encore.
Mouvement républicain et citoyen
Trois députés, un sénateur : le Mouvement républicain et citoyen, fondé par Jean-Pierre Chevènement et présidé par Jean-Luc Laurent, est un allié poids-plume... mais qu’il faut bichonner. Siégant au Sénat aux côtés des radicaux de gauche et du MUC dans le groupe RDSE, ils se sont opposés à la loi sur la cumul des mandats. Cette année, deux de leurs députés se sont également abstenus sur le mariage pour tous. Au Palais Bourbon, ils se considèrent comme les «charnières» de la majorité, puisque sans leurs trois voix, le groupe Socialiste, républicain et citoyen (SRC) perd la majorité absolue. S’agissant des municipales, leur secrétaire national chargé des élections, Bastien Faudot, a fait savoir le 12 juillet dernier qu’«il ne serait pas acceptable que le PS se contente de proposer aux partenaires quelques strapontins, puis, au lendemain de la défaite, de leur faire porter la responsabilité de la division».
Mouvement unitaire progressiste
Avec ses deux parlementaires - un député, un sénateur -, le Mouvement unitaire progressiste fait surtout figure de soutien symbolique. Son président, Robert Hue, est le seul de sa famille politique d’origine à appuyer l’action du gouvernement. Au Sénat, il siège d’ailleurs avec le groupe RDSE, aux côtés de Jean-Michel Baylet. A plusieurs reprises, il a répété son soutien à François Hollande, comme le 28 juin dernier, où il déclarait au Journal du dimanche : «Je ne suis pas déçu (...) L’heure n’est pas à cisailler les pattes de François Hollande». Sur la question des municipales de 2014, il précise au même journal : «Nous sommes pour l’union dès le premier tour». Seul point de clivage : la réforme des retraites. Robert Hue estime qu’«il est possible d’apporter une réponse différente de celle imaginée par le rapport Moreau (...) Je pense qu’il ne faut pas toucher à l’âge légal de départ à la retraite et il faudrait éviter d’allonger la durée de cotisation». Cette piste est pourtant loin d’être écartée par le gouvernement.