25 juillet 2013 - 21H25
Ayrault en Nouvelle-Calédonie, 25 ans après le drame d'Ouvéa
Vingt-cinq ans après l'accord de Matignon qui avait ramené la paix en Nouvelle-Calédonie, Jean-Marc Ayrault se rend cette semaine sur le Caillou pour mesurer le chemin parcouru dans le rééquilibrage économique en faveur des kanaks, un voyage encadré par deux escales asiatiques en Corée du Sud et Malaisie.
BIO
AFP - Vingt-cinq ans après l'accord de Matignon qui avait ramené la paix en Nouvelle-Calédonie, Jean-Marc Ayrault se rend cette semaine sur le Caillou pour mesurer le chemin parcouru dans le rééquilibrage économique en faveur des kanaks, un voyage encadré par deux escales asiatiques en Corée du Sud et Malaisie.
Le calendrier politique semblait à la fois idéal et assez serré: on vient de fêter les 25 ans des accords de Matignon (26 juin), les 15 ans de ceux de Nouméa (5 mai), le nickel a coulé (11 avril) dans l'usine de la province nord gouvernée par des kanaks tandis que les campagnes électorales pour les échéances de 2014 n'ont pas encore débuté.
En mars 2014, comme en métropole, ce seront les municipales et en mai se tiendront les élections provinciales, cruciales pour l'avenir de cette collectivité du Pacifique: en seront issus les membres du Congrès qui auront la charge de fixer la date du référendum d'autodétermination.
Les temps forts de ces deux jours et demi, de vendredi matin à dimanche midi, seront la visite de l'usine Koniambo Nickel et le déplacement à Ouvéa.
"Cette usine est un symbole très fort de l'accord de Nouméa", fait-on valoir dans l'entourage de M. Ayrault. Dix ans après l'accord de Matignon qui avait partagé le pouvoir politique entre kanaks et caldoches d'origine européenne, celui de Nouméa prévoyait un meilleur partage du pouvoir économique.
Le Premier ministre se rendra ensuite à Ouvéa, atoll théâtre de l'attaque d'une gendarmerie puis d'une prise d'otages par des indépendantistes kanaks et finalement de l'assaut meurtrier de la grotte où ils s'étaient retranchés.
"C'est la première fois qu'un Premier ministre se rend à Ouvéa (depuis les événements) et ce n'est possible que parce que nous sommes dans une phase de réconciliation et de paix", a-t-on insisté à Matignon.
La commémoration, à la fois devant une stèle à la mémoire des gendarmes et sur la tombe des indépendantistes, sera "silencieuse".
M. Ayrault rencontrera aussi l'ensemble des instances politiques et coutumières calédoniennes, avant de les revoir à Paris en octobre pour un comité des signataires de l'accord de Nouméa.
Economie en Corée du Sud et MalaisieCe déplacement en Nouvelle-Calédonie sera précédé d'une étape d'une journée en Corée du Sud (jeudi) et suivi d'une escale en Malaisie (lundi), respectivement les 4e et 5e partenaires économiques de la France en Asie.
Elles s'inscrivent dans la politique globale de renforcement des relations entre la France et l'Asie, "tous les pays d'Asie, pas uniquement les plus gros", dit-on à Matignon.
Le président François Hollande s'est déjà rendu en Chine, en Inde et au Japon ainsi qu'au somment UE-Asie en novembre 2012, tandis que Jean-Marc Ayrault s'est rendu à Singapour, aux Philippines, au Cambodge et en Thaïlande. L'ambition de l'exécutif est "d'avoir noué des contacts avec tous les pays de l'Asean (association des nations d'Asie du sud-est) en un an".
La teneur de la visite à Séoul sera essentiellement économique. Les échanges entre les deux pays atteignent 8 milliards d'euros (aéronautique, équipements électriques et électroniques..).
Alors que 200 entreprises françaises sont implantées au Pays du Matin calme - 15e puissance mondiale - , seules 44 entreprises coréennes ont pris le chemin inverse. "Notre objectif est de renforcer les investissements coréens en France", a expliqué Matignon.
Le ministre aux Anciens combattants, Kader Arif, restera en Corée pour le 60e anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée, le 27 juillet.
En Malaisie, où la venue de M. Ayrault sera la première d'un chef de gouvernement étranger depuis la réélection en mai du Premier ministre Najib Razak, les perspectives sont également économiques et de défense.
"Nos relations sont bonnes mais le dialogues politique souffrait d'un déficit de rencontre au plus haut niveau", a-t-on relevé à Matignon.
La Malaisie, qui a un partenariat de défense "étroit" avec la France, a fait part de son "intérêt" pour le Rafale afin de remplacer sa flotte de MIG vieillissants. De plus, le pays envisagerait de recourir au nucléaire civil pour la production d'électricité, et travaille sur des projets de TGV et de transports urbains.