PARIS (Reuters) - François Hollande a reçu vendredi les dirigeants des grandes banques françaises, une première pour celui qui se posait lors de sa campagne électorale en "adversaire de la finance".
Jean-Paul Chifflet, directeur général de Crédit agricole S.A. et président de la Fédération bancaire française (FBF) a été reçu aux côtés des dirigeants de BNP Paribas, Société générale, BPCE, Crédit Mutuel et la Banque postale.
"Les banques, qui sont une tour de contrôle formidable, constatent un frémissement de l'économie", a-t-on déclaré dans l'entourage du chef de l'Etat.
A sa sortie, Jean-Pierre Chifflet a insisté sur l'importance d'aider les banquiers à financer l'économie réelle.
"Le contexte actuel réglementaire, fiscal, juridique est très important et vient nous contraindre", a-t-il déclaré à la presse, une allusion au durcissement de la réglementation en Europe.
"Cela pourrait nuire au financement de l'économie et nous souhaitons que cela stoppe, surtout s'il y a une reprise", a-t-il ajouté, plaidant pour "les banques puissent faire ce qu'elles ont envie de faire et qui est leur métier : l'économie. Cela est vital pour notre pays, pour l'emploi et pour la croissance".
En France, le Parlement a adopté jeudi la loi bancaire promise par François Hollande pendant la campagne présidentielle, un texte très édulcoré selon ses détracteurs.
La nouvelle loi impose aux banques d'isoler d'ici à 2015 leurs activités pour compte propre et de mettre un terme à des pratiques jugées particulièrement risquées comme le trading à haute fréquence (HFT) ou l'achat-vente de dérivés sur matières premières agricoles.
Le texte ne prévoit pas de séparation stricte entre les activités de marché et de détail des établissements financiers, et préserve le modèle de "banque universelle", cher aux banques françaises qui ont déployé de gros efforts de lobbying pour adoucir le projet de loi.
Le projet de taxe européenne sur les transactions financières, auquel les banques sont opposées, le reversement aux banques d'une partie des sommes placées sur le livret A et le livret de développement durable ont été abordés lors de la rencontre, ainsi que l'avenir de la Bourse de Paris.
"Il y a eu consensus pour dire qu'il doit y avoir une place de Paris forte", a-t-on déclaré dans l'entourage de François Hollande.
Elizabeth Pineau, avec Matthias Blamont, édité par Jean-Baptiste Vey