• En grève depuis deux mois,

    les sages-femmes défilent lundi à Paris

    Créé le 12/12/2013 à 18h41 -- Mis à jour le 12/12/2013 à 18h46
    Les sages-femmes ont défilé le 19 novembre 2013 à Lyon.
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    Les sages-femmes ont défilé le 19 novembre 2013 à Lyon. FAYOLLE PASCAL/SIPA

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    SANTE - Les sages-femmes manifesteront lundi pour la reconnaissance de leurs compétences...

    Les sages-femmes, en grève depuis le 16 octobre pour une meilleure reconnaissance de leurs compétences, manifesteront à nouveau lundi à Paris pour peser sur la concertation en cours au ministère de la Santé.

    La précédente "marche" des sages-femmes, le 7 novembre, avait rallié 4.000 manifestants selon la police, 6.000 selon les organisateurs. Les sages-femmes défileront sur le même parcours lundi, entre la place Denfert-Rochereau (XIVe) et le ministère de la Santé (VIIe), à partir de 12h00.

    Le collectif d'associations et de syndicats de sages-femmes à l'origine du mouvement entend ainsi maintenir la pression sur le ministère, où se tiennent des réunions de concertation sur la place de ces professionnelles dans le système de santé.

    Le collectif souhaite que les sages-femmes exerçant à l'hôpital sortent de la fonction publique hospitalière pour intégrer un statut médical qui leur permettrait d'être plus autonomes, sur le modèle des praticiens hospitaliers (médecins).

    Il demande également une reconnaissance comme professionnel de premiers recours, c'est-à-dire comme le praticien vers lequel les femmes peuvent être orientées en premier pour leur suivi gynécologique, qu'elles soient enceintes ou non.

    Ces revendications leur permettraient d'être mieux rémunérées.

    "Bien sûr qu'on veut gagner décemment notre vie ! J'ai cinq ans d'études, la vie des gens tous les jours entre les mains et je suis à découvert chaque fin de mois", a dit à l'AFP Caroline Reiniche, sage-femme à Paris.

    Selon Pimprenelle Longcho, sage-femme à Colombes (Hauts-de-Seine), "ils essaient de nous avoir à l'usure mais il faut leur montrer qu'on est encore là".

    Les manifestants ont prévu d'arriver lundi au ministère juste avant une nouvelle réunion du groupe de travail sur le rôle des sages-femmes.

    "On ira mais on est prêt à quitter la table", a déclaré Caroline Raquin, présidente de l'organisation nationale syndicale des sages-femmes, qui regrette l'"opposition systématique des centrales syndicales".

    Ces syndicats représentatifs sont hostiles à la sortie des sages-femmes hospitalières du statut de fonctionnaire.

    Avec AFP

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  • Une prime de Noël pour les chômeurs ?

    Ajouté le
    28
    nov. 2013
     
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    Les associations de demandeurs d'emploi accusent le gouvernement et Pôle emploi d'être insensibles à leur situation. Ils exigent une prime de 500 euros pour les fêtes de fin d'année.

    Le gouvernement jugé incapable de réduire chômage

    Selon Pierre-Edouard Magnan du Mouvement National des Chômeurs et Précaires, Pôle emploi est incapable de faire son travail.

    Sur son site, il n'y a qu'environ 100.000 offres d'emploi alors que les demandeurs d'emploi sont de 160.000 dans la seule ville de Paris.

    Alain Florin confirme en disant que des offres d'emploi existent mais Pôle emploi se refuse expressément à les diffuser. C'est l'exemple des offres de la RATP qui recherche des conducteurs de bus mais cette offre n'est pas sur le site de Pôle emploi.

    Une marche prévue le 7 décembre

    Face à cette situation insupportable pour les chômeurs et aux promesses mutilées de François Hollande, les organisations de chômeurs appellent tous les demandeurs d'emplois et les précaires à se mobiliser pour une marche le 7 décembre prochain.

    Il s'agira de dénoncer la stabilité de leur situation afin que le gouvernement prenne des décisions concrètes à leur égard. Ils demandent en outre, le financement des formations, un suivi lucide des demandeurs d'emploi par Pôle emploi, et l'augmentation des indemnisations.

    Ils réclament en toute urgence qu'une somme de 500 euros soit allouée à tous les chômeurs comme prime de Noël.

    Selon le chiffre communiqué par Alain Florin de la CGT, le nombre de Français sans emploi est d'environ 6 000 000.


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  • Dans la galère quotidienne d’un agent Pôle emploi

    Bertrand*, conseiller Pôle emploi dans une des agences les plus chargées de France, située en zone urbaine sensible (ZUS), a envoyé un témoignage marquant sur son quotidien professionnel aux organisations syndicales de l'organisme, qui l'ont mis en ligne. J'ai décidé, avec son accord, de le reproduire ici. J'ai complété ce témoignage par des précisions obtenues par téléphone.

    Bertrand est conseiller depuis huit ans. Il est payé 2 000 euros brut, sur 14,5 mois, comme le prévoit la convention collective de Pôle emploi. Il a décidé d'écrire ce texte intitulé "Ce matin est  un jour comme les autres...", "le soir même d'une journée particulièrement tendue", raconte-t-il. "J'ai voulu dénoncer notre charge de travail, qui ne cesse de s'alourdir. Dans notre agence, il y a toujours entre trente et quarante demandeurs d'emplois qui attendent à l'accueil où se trouvent seulement deux conseillers." Son témoignage, criant de vérité, atteste également de l'incroyable pesanteur administrative et informatique que doivent affronter les conseillers de terrain.

     

    06 h 30 : Je me lève,

    07h30 : J'arrive au travail. Je connecte mon PC sur ma session IXXX9999. Heureusement je n'ai pas oublié mon code... heureusement.
    15 minutes plus tard ma session s'ouvre enfin ! "Écran bleu", j'attends que NOVELL Zenworks 7 ait lancé tous mes applicatifs en espérant que tout fonctionne cette fois-ci !... tout fonctionne (pour le moment).

    07 h 45 : Je lance en priorité ma boite mail pour vérifier que je n'ai pas d'autres mails "urgents" à traiter pour hier... J'ai une dizaine de mails que j'arrive à épurer. Il m'en reste une dizaine encore, on verra plus tard. Je ne désespère bien sûr pas mais en attendant je dois finaliser le travail de montage de l'Action de Formation Préalable au Recrutement (AFPR) [dispositif qui prévoit de former un chômeur non rémunéré en entreprise avec une promesse d'embauche à la clef] que je n'ai pas eu le temps de faire hier au service employeur parce que j'étais seul en accueil téléphonique à courir dans tous les sens pour tout gérer "à temps"... [Au service employeur, les conseillers se chargent de traiter les annonces et de répondre aux questions des recruteurs]

    Je viens souvent à 7 h 30, même si Pôle emploi ne m'autorise à badger qu'à partir de 7h45. Je fais certes cadeau de ce temps à la direction, mais on a souvent une activité contrainte de 8 h 30 à 16 h 30.  Cela permet de traiter les dossiers en retard. On peut déclarer jusqu'à une quinzaine d'heures supplémentaires et poser des jours de récupération pour les récupérer. Mais il faut que ce soit accepté au planning, ce qui n'est pas toujours évident. Au delà, les heures sont écrêtées. L'année dernière, j'ai perdu ainsi une quarantaine d'heures de travail.

    Convention Action de Formation Préalable au Recrutement (AFPR), Rémunération de Formation Pôle Emploi (RFPE), Demande d'Aides aux Frais Associés à la Formation (DAFAF),... et Jourform [qui permet de calculer le nombre de jours ouvrés entre deux dates] et Viamichelin [qui permet de calculer la distance entre le domicile du demandeurs d'emploi et son lieu de formation] qui plantent en permanence... une histoire de Mozilla Firefox surement !

    On est obligé de travailler avec Jourform et Viamichelin, même si Google Maps est plus rapide. Sinon nos dossiers ne sont pas retenus par l'organisme avec lequel on travaille. On est très contraints sur nos outils, qui ne sont malheureusement pas les plus efficaces.

    30 minutes après, il est temps que j'aille enfin (re-)consulter mon planning pour vérifier que depuis hier 17 h 30 , mon planning n'ait pas changé... et il a changé : je suis en Entretien Individuel Diagnostic (EID) [l'entretien d'inscription des nouveaux chômeurs, censé durer 50 minutes] finalement, mais cette fois je dois former une collègue nouvellement arrivée qui est en "immersion". Nos responsables changent souvent l'organisation de notre planning sans nous le demander. Trois RDV programmés durant la matinée, trois RDV qui s'enchaînent de 50 minutes alors qu'ils nécessiteraient 1 heure de temps voir 1 h 10.

    [Le planning des conseillers Pôle emploi est organisé en demi-journées, chacune dédiée à un activité. Au sein d'une agence, les conseillers sont normalement censés tourner sur tous les postes. Dans une semaine type, Bertrand passe une demi-journée à traiter des dossiers d'indemnisation des chômeurs en 'back-office', deux à l'accueil de l'agence et le reste à inscrire les nouveaux chômeurs ou à recevoir certains des 380 chômeurs de son "portefeuille".]

    9 h10, 10 h 20, 11 h 10 : Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis déconnecté de l'espace temps... Je me répète machinalement.

    11 h 30 : (vu sur la barre d'outils), le MANAC [le responsable de l'équipe d'accueil] m'informe qu’à cause de surbooking en EID (12 conseillers de prévus pour 14 RDV par tranche de 50 minutes) je dois recevoir un 4e RDV EID qui attend depuis 10 h 30.
    Je le reçois, je l'inscris, tout va bien cette fois-ci, il s'en va... Pour maintenir notre taux de remplissage, les responsables surchargent les rendez-vous, en espérant que tous les chômeurs ne viennent pas. Parfois, ils nous appellent en renfort quand nous sommes en back-office.

    12 h 45 : Je pars en pause déjeuner pour normalement 45 minutes : cet après midi je dois reprendre en Gestion de Portefeuille (GPF) [activité de réception et de suivi des chômeurs du portefeuille] à 13 h 30. Dans quel bureau ? [les conseillers Pôle emploi n'ont pas de bureau attitré] On verra bien tout à l'heure, j'ai faim, j'ai soif.

    13 h15 : Alors que je débauche, une collègue me sollicite pour une aide à la mobilité que j'ai initiée la semaine dernière. Elle en profite pour m'interroger sur le CUI-CAE [contrat aidé] de M. Azer (où ? quand ? comment ?) sur la possibilité ou non de monter d'autres mesure pour "forcer" le recrutement. On a des recruteurs identifiés comme des "chats noirs" qui ne sont pas sérieux dans l'intégration des demandeurs d'emploi en stage ou en formation [rémunérés par Pôle emploi]. Nous n'avons pas le temps de contrôler les entreprises, mais lorsqu'on a deux ou trois retours négatifs de chômeurs, on repère celles qui abusent.  J'en profite pour lui demander des informations sur les orientations des travailleurs handicapés. Rien n'est clair, rien n'est officiel, tout n'est que "bruit de couloirs"mais je prends, même sur mon temps de pause, même dans ces conditions...

    13 h 25 : Me revoilà à la cuisine, j'y ai perdu quelques collègues qui ont couru vers leur poste de travail. Je finis de déjeuner à grande vitesse (DGV).

    13 h 30 : Je m'aperçois via GOA [le logiciel qui permet aux conseillers de l'accueil de signaler l'arrivée des chômeurs convoqués] que j'ai mon premier RDV - il a été positionné par la plateforme téléphonique pour une durée de... 5 minutes. Cela ne me pose pas de problème que la plateforme nous cale des rendez-vous, mais il faudrait au moins quinze minutes pour recevoir les chômeurs. Dans le doute, je consulte ce planning de RDV et je me rends compte que je vais être sur la dent toute l'après midi !! Malgré mon alerte auprès des Équipes Locales de Direction (ELD), personne n'est en mesure de pouvoir m'aider, pas même un(e) des membres de l'ELD, réunion ELD trop récurrente oblige, tous mes collègues étant dans la même position que moi... Je me débrouille comme je peux, après tout je suis autonome (comprendre débrouillard et magicien) !

    14 h 00, 15 h 00 15 h 05, 15 h 25, 15 h 30... Je ne sais toujours pas, je ne sais toujours plus…je continue malgré tout, mon retard s'accumule : je veille à ne pas dépasser 15 minutes de retard.

    Je reçois ou j'appelle par téléphone entre 7 et 8 chômeurs par demi-journée. Je réponds aussi aux mails, mais ce n'est pas considéré dans l'organisation du planning. Étant donné le temps dont je dispose, je ne peux pour l'instant que réaliser les convocations obligatoires [au quatrième et neuvième mois de chômage] et ceux qui me sollicitent. Les autres, je n'ai pas encore eu le temps de m'y plonger.

    Et puis, il y a tous ceux qui sont convoqués mais qui ne viennent pas, alors qu'on leur a envoyé une convocation et qu'on leur a rappelé la veille par SMS leur rendez-vous. Je dirai que la moitié des gens ne viennent pas. On est censé les rappeler pour savoir pourquoi ils ne sont pas venus avant de leur envoyer un avertissement avant radiation. Mais je ne le fais pas : on les déjà a prévenus par plusieurs moyens. Ils trouvent souvent un moyen de se faire réinscrire en faisant un recours auprès du directeur d'agence ou du médiateur. Quand ils disent que leur véhicule était en panne, on ne leur demande pas de justificatif. Mais ça va peut-être bientôt changer. [Un projet de circulaire contesté de Pôle emploi prévoit de demander des justificatifs presque systématiquement pour justifier des absences aux convocations.]

    D'autres collègues me sollicitent parce que je suis CLI (correspondant local informatique) pour des demandes d'interventions, d’informations et autres.
    Les appels à l'Accueil Diagnostic, le changement de Toner, le papier coincé, les câbles débranchés, les néons qui clignotent que je me vois obligé de débrancher. Je m'impose électricien, plombier, femme de ménage... Je travaille à Pôle Emploi je dois être polyvalent ! Dromadaire, je tiendrai jusqu'à la fin de la journée pour aller boire et faire pipi.

    16 h 14 mon dernier RDV : J'avais officieusement espéré qu'il ne viendrait pas. Il est là, je le reçois pour les 30 minutes règlementaires. Allocation de Retour à l'Emploi (ARE), Allocation de Solidarité Spécifique (ASS), aide fin de droit, activité reprise, activité perdue, Conditions d'Ouverture de Droit (COD), Formations conventionnées (AFC), formations prévues au Programme Régional de Formation (PRF), Rémunération de Fin de Formation (RFF ou R2F pour les habitués), différents arrêtés préfectoraux, indus, etc. [autant d'acronymes administratifs avec lesquels jonglent quotidiennement les conseillers]

    J'essaie de répondre à toutes les questions, j'y réponds car j'ai la chance d'avoir été formé à la double compétence [indemnisation et placement des chômeurs] et que c'est mon dernier rdv de la journée ! La double compétence, parlons-en... ou pas : elle a été oubliée, mise au placard, il paraît même qu'elle n'est plus indispensable, il paraît ! [Lors de la fusion de l'ANPE et des Assedics, il avait été prévu que tous les conseillers Pôle emploi puissent à la fois traiter l'indemnisation et le placement des chômeurs. Une volonté ensuite abandonnée face à la difficulté de bien accomplir les deux missions, les règles d'indemnisation des chômeurs étant particulièrement complexes]

    17 h00 : J'ai terminé ma journée marathon, sur les rotules je quitte mon poste de travail. Je débadge et récupère mes affaires mais…il y a toujours un "mais", on me coince dans le couloir pour encore m’interroger sur l'informatique, sur les aides à la reprise d'emploi, sur les CAE, sur la convention d'assurance chômage, etc. Je vais une dernière fois soutenir un collègue.

    17 h 20 : soit 20 minutes après avoir débadgé, je quitte enfin les locaux en ayant commencé à planifier ma journée de demain... (je suis prévoyant)

    Pas d'inquiétude je suis encore en EID le matin puis d’Accueil Relation Client (ARC) l'après-midi..

    J'aurai très certainement le temps de réaliser mes activités en toute quiétude et de répondre à toutes les sollicitations de mes demandeurs d'emploi :

    Demain s'annonce, un jour comme les autres.

    ----------------

    Malgré ce sombre témoignage, Bertrand, titulaire d'un master, assure ne pas regretter d'avoir choisi ce métier. "Ce métier me plaît, il me permet de mettre en application mes compétences en RH, assure-t-il. Mais je voulais dénoncer la hausse de la charge de travail. En 2009, lors de la fusion, je faisais une demi-journée d'inscriptions par semaine, maintenant c'est quatre ou cinq. A l'époque, je pouvais aller dans les entreprises rencontrer les recruteurs, je n'ai plus le temps maintenant, alors que c'est censé être le coeur de notre métier".

    Selon lui, la hausse des effectifs de 4 000 conseillers depuis 2012 n'a pas permis de faire face à l'explosion du chômage. "Depuis septembre, on a eu des renforts en CDD. Mais on les a mis à l'accueil, alors que c'est le dernier endroit où il faudrait les mettre. Sans formation ou presque, ils doivent régler rapidement les problèmes des demandeurs d'emploi. Cela génère beaucoup de tensions, il y a beaucoup de violence à l'accueil", explique-t-il.

    Bertrand veut aussi dénoncer le discours de sa direction, axé "uniquement sur les statistiques". "Dans les couloirs, on nous dit à peine bonjour, assure-t-il, on nous parle taux de remplissage, taux d'inscription dans les dix jours, taux de mise en relation. Je suis censé envoyer une offre à au moins 60 % des chômeurs que je suis tous les deux mois. Mais où est l'intérêt d'envoyer des annonces à des chômeurs qui y ont déjà accès sur le site de Pôle emploi ? On a vraiment des statistiques sur tout et n'importe quoi : la direction nous parle même maintenant d'un taux d'extinction de nos ordinateurs le soir en partant !"

    * A sa demande, le prénom de Bertrand a été modifié pour préserver son anonymat.


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  • Les "dérives inacceptables" des tarifs

    des soins dentaires

    LE MONDE | <time datetime="2013-11-25T10:21:47+01:00" itemprop="datePublished">25.11.2013 à 10h21</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-25T11:36:53+01:00" itemprop="dateModified">25.11.2013 à 11h36</time> | Par

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    <figure class="illustration_haut"> Une étude publiée lundi 25 novembre dénonce les dérives des tarifs dentaires. </figure>

    Les frais dentaires sont-ils toujours justifiés ? L'Observatoire citoyen des restes à charge en santé, créé par le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui représente les patients, le magazine 60 millions de consommateurs et la société Santéclair, a décidé de s'intéresser à ce poste majeur de dépenses de santé, souvent source de renoncements aux soins. Dans une étude publiée lundi 25 novembre, il a analysé les données de l'assurance-maladie et 177 000 devis. Ce sont non seulement des prix élevés qu'il dénonce, mais aussi des « dérives inacceptables ». Notamment une fâcheuse habitude des dentistes parisiens à pratiquer des dépassements d'honoraires sur des soins de base (carie, détartrage, dévitalisation), ce qui est interdit, et une tendance générale à privilégier les actes les plus rentables.

    Première surprise donc, l'ampleur des dépassements abusifs à Paris, qui ne peut, selon l'Observatoire, s'expliquer par des demandes exceptionnelles de patients (urgence, rendez-vous hors horaires d'ouverture) pour lesquelles ils sont permis sur les soins classiques, ou la présence de très rares praticiens autorisés à en facturer. Au niveau national, 35 millions d'euros de dépassements ont été repérés (2 % du total des actes). Dans 57 % des cas, c'est à Paris que cela se produit, pour un montant moyen de 9,50 euros par acte. Dans les départements d'outre-mer aussi, un tel problème est relevé.

    Lire aussi les témoignages : Une jeune retraitée : « J'ai dit à mon dentiste que c'était cher, mais je n'ai pas discuté », Des dents en moins, et pas les moyens

    Ainsi, l'Observatoire s'offusque de la généralisation des « inlay-core », ces reconstitutions partielles de dents posées dans 8 cas sur 10 sous les couronnes, alors qu'elles devraient être réalisées uniquement quand la dent est trop abîmée. De surcroît, ce recours à des produits commandés à un prothésiste permet de pratiquer des tarifs libres, alors qu'il existe une solution de reconstitution réalisée par le dentiste, à un tarif encadré, et moins élevé (79,53 euros, contre entre 150 et 300 quand l'inlay est réalisé hors cabinet). En 2006, des objectifs avaient été fixés région par région pour en finir avec cette tendance. Depuis, elle s'est au contraire partout accentuée.

    « MANQUE D'ENCADREMENT »

    « Nous avions repéré ces phénomènes dans les devis. Désormais, nous en avons quantifié les volumes et les montants », se félicite Frédérick Cosnard, directeur médical de Santéclair, société de conseil auprès des complémentaires de santé et de leurs usagers. L'Observatoire s'étonne en outre de constater qu'en orthodontie, il y a plus de semestres dits de traitement actif facturés que de semestres de contention – la suite de la prise en charge, effectuée pour consolider le redressement des dents, à un tarif moindre. Il se demande s'il s'agit de renoncements aux soins, de mauvaises pratiques ou de mauvais codage, ce qui permettrait aux praticiens de toucher plus, et à leurs patients d'être mieux remboursés.

    L'Observatoire réclame « le respect des règles ». Dénonçant « un manque d'encadrement » de l'assurance-maladie, il en attend des réponses. Interrogée, celle-ci promet qu'elle va examiner chaque point soulevé. Mais on n'y semble pas plus étonné que cela de ce qu'avance l'étude. La CNAM indique qu'un programme de contrôle des dépassements sur les soins de base va être lancé, et que le tarif des inlay-cores sera discuté. Autrement dit, il pourrait être revu à la baisse. Elle remarque par ailleurs qu'en orthodontie, le nombre de patients a augmenté de 35 % en cinq ans.

    « Tout cela interpelle aussi sur le problème de l'information du patient, qui ne sait jamais combien il va payer, et qui, alors que les techniques sont de plus en plus sophistiquées, accepte ce qu'on lui propose sans tellement avoir le choix », estime Marc Morel, directeur du CISS.

    « DÉSENGAGEMENT » DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

    Les dentistes, eux, dénoncent le « désengagement » de la Sécurité sociale dans les remboursements, et le fait que les tarifs fixés ne correspondent plus au coût réel des soins de base. Réunis en congrès cette semaine, ils auront l'occasion de le réaffirmer. Selon eux, ces faibles tarifs génèrent des effets pervers : des praticiens privilégient les prothèses au détriment des soins, avec un risque à terme pour la santé publique, préviennent-ils.

    Et pour les dépassements d'honoraires sur les soins de base ? « Cela se sait, ces pratiques sont devenues habituelles à Paris, lance, directe, Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires. L'assurance-maladie n'est jamais intervenue, et il y a même des complémentaires qui les prennent en charge ! » Elle décrit une « tolérance » liée au coût de la vie, « alors que dans les autres départements les praticiens se font rappeler à l'ordre ».

    « Il n'y en a pas dans le Tarn », élude Christian Couzinou, le président de l'Ordre des chirurgiens-dentistes, qui reconnaît qu'ailleurs il est possible que certains praticiens abusent. En ce qui concerne les coûts élevés, il rétorque : « Un devis est présenté. Si le patient n'est pas satisfait, il est libre d'aller voir un autre dentiste. »

    Selon l'Observatoire, il reste en moyenne à la charge du patient, après remboursement de la Sécurité sociale et de la complémentaire santé, 240 euros pour une couronne, 700 pour un dentier. Quant aux prix en orthodontie, ils sont élevés (650 euros en moyenne le semestre), et très variés (de 400 euros en Ariège jusqu'à 1 000 euros à Paris).

    Prix élevés, faibles remboursements, manque de transparence, complexité du système… les acteurs sont conscients des problèmes, et un effort est en cours. En juillet, des négociations ont débouché sur de petites revalorisations et la mise en place d'une grille détaillée de cotation des actes, ce qui permettra aux patients et aux mutuelles d'y voir plus clair, par le biais de devis.

    Une charte de bonnes pratiques entre dentistes et complémentaires a été signée. Les premiers s'engagent notamment à ne plus adapter leurs honoraires aux remboursements des mutuelles, et les secondes, entre autres, à mieux renseigner leurs adhérents sur le reste à charge, en respectant les choix thérapeutiques des praticiens. Le 28 novembre, une première réunion entre ces acteurs est prévue. Car le problème de telles chartes, c'est de les faire appliquer.

    Laetitia Clavreul
    Journaliste au Monde


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  • Bretagne: les "bonnets rouges"

    prêts à rencontrer Ayrault

    Les organisateurs de la manifestation de Quimper se sont dits prêts dimanche à répondre à l'invitation de Jean-Marc Ayrault pour élaborer un "Pacte d'avenir pour la Bretagne".

    L. B. avec AFP
    Le 03/11/2013 à 13:22

    De 15.000 à 30.000 personnes de tous horizons ont défilé samedi dans les rues de Quimper contre l'écotaxe et pour l'emploi en Bretagne. (BFMTV)

    De 15.000 à 30.000 personnes de tous horizons ont défilé samedi dans les rues de Quimper contre l'écotaxe et pour l'emploi en Bretagne. (BFMTV)

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    La grogne des "bonnets rouges" a été entendue par le Premier ministre. Les organisateurs de la manifestation de Quimper sont prêts à rencontrer Jean-Marc Ayrault pour élaborer un "Pacte d'avenir pour la Bretagne". Mais ils exigent des mesures immédiates et concrètes.

    Le Premier Ministre a invité samedi "toutes les parties prenantes à se retrouver" autour du "Pacte d'avenir pour la Bretagne", au cours d'une réunion qui pourrait se tenir dès mercredi.

    "Nous comptons nous rendre à cette réunion et on va avoir énormément de propositions à faire. Mais il y a urgence et il faut des mesures immédiates et concrètes", a déclaré Christian Troadec, élu DVG et porte-parole du comité organisateur de la manifestation.

    "Il y a le feu, on ne met pas autant de gens dans la rue par hasard", a ajouté Christian Troadec au nom de ce comité, qui regroupe notamment des syndicalistes FO, la FDSEA du Finistère et des artisans et chefs d'entreprise.

    Mettre fin au "dumping social"

    Parmi les mesures exigées à court terme figurent notamment la suppression définitive de l'écotaxe, l'ouverture par la France de négociations avec ses partenaires européens pour mettre "fin au dumping social" qui fragilise la Bretagne, et "l'interdiction pour une entreprise qui fait des profits de laisser ses salariés sur le carreau", a énuméré Christian Troadec.

    "Les dernières déclarations de Marylise Lebranchu (ministre de la Réforme de l'Etat, et élue bretonne, ndlr) selon qui le problème de l'écotaxe serait 'réglé', alors que cette taxe n'est que suspendue, font craindre que nous n'ayons pas été bien compris", a souligné l'élu.

    "Le dialogue est la seule issue possible, mais il y a une très forte demande des gens de se retrouver à nouveau dans la rue", a ajouté Christian Troadec, qui est maire de Carhaix (Finistère).

    De 15.000 à 30.000 personnes de tous horizons ont défilé samedi dans les rues de Quimper contre l'écotaxe et pour l'emploi en Bretagne, lors d'un rassemblement émaillé d'échauffourées qui ont fait cinq blessés.


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