Le septième Festival Musique et Histoire pour un Dialogue Interculturel se déroulera dans le cadre magique de l’Abbaye de Fontfroide du 15 au 19 juillet. Une édition pleine d’émotion car entièrement dédiée à la mémoire de Montserrat Figueras, disparue le 23 novembre 2011. Elle qui a été, tout au long de ces six premières années, la véritable âme du festival, en tant qu’inspiratrice de la programmation et comme chanteuse et musicienne faite d’amour infini et de grâce, de sensibilité extrême et de générosité. Montserrat Figueras l’illuminait de sa présence, de sa voix, de son humanité et de sa lumière qui caressait les mélomanes. C’est cette lumière qui donne la force à l’équipe du festival de continuer sans sa présence et qui aidera à combler le grand vide qu’elle laisse, avec les projets qu’elle aurait souhaité réaliser…
Le Festival Musique et Histoire pour un Dialogue Interculturel débutera donc dimanche 15 juillet dans Eglise Abbatiale à 21h30 avec le programme Judicii Signum / Pèlerinages de l'âme : un dialogue des âmes qui réunira La Capella Reial de Catalunya, les musiciens invités de Turquie, d’Arménie, de Grèce, du Maroc ainsi que ceux d’Hespèrion XXI dirigés par Jordi Savall à la vielle. Ce dernier, a composé ce programme en faisant référence aux premiers vers des Sibylles d’origines diverses, dont lui et Figueras se sont fait une spécialité tout au long de leur carrière commune. Les sibylles étaient des prophétesses de l’Antiquité dont la figure a perduré bien après cette période et dont le rôle était d’annoncer les événements marquants de leur temps.
Le lendemain, lundi 16 juillet, toujours à 21h30 mais cette fois dans le réfectoire, les festivaliers pourront entendre The Teares Of The Muses : Elizabethan Consort Music (Fantaisies, In Nomines et Danses) consacré à l’âge d’or de la musique pour ensemble de violes et luths dans l’Angleterre des Tudor, d’Henry VIII et Élizabeth IOeuvres d’Henry VIII, Robert White, Clement Woodcock, John Taverner, Robert Parsons, John Dowland et Christopher Tye avec Hespèrion XXI, Rolf Lislevand, Philippe Pierlot, Sergi Casademunt, Imke David, Lorenz Duftchsmid, Xavier Puertas, Michael Behringer, Pedro Estevan et Jordi Savall au dessus de viole et à la direction.
Toujours au réfectoire, mardi 17 juillet cette fois, à 21h30, Le Temps retrouvé réunira Arianna Savall, Ferran Savall, Haig Sariyoukoumdjian, Hakan Tockal, Dimitri Psonis, Driss el Maloumi, Pedro Estevan et Jordi Savall. Avec ce concert en souvenir du programme Du Temps et de l’Instant qu’ils avaient créé et interprété en famille en 2004, Arianna, Ferran et Jordi Savall rendront un chaleureux hommage à Montserrat Figueras. Chants médiévaux, romances séfarades, chansons populaires de Catalogne et les créations d’Arianna et de Ferran complétées par des œuvres instrumentales et des improvisations sur des ostinatos, deviendront un hommage émouvant à celle qui fût leur muse, compagne, mère et par dessus tout, cette merveilleuse voix de l’émotion immortalisée dans tous les différents enregistrements de ce riche et touchant héritage qu’elle a laissé… A noter qu'Arianna Savall (avec Petter Udland Johansen) publie ces jours-ci un nouvel album chez ECM intitulé Hirundo Maris, mot latin pour désigner une hirondelle de mer (la Sterne). Car tel le vol nomade de cet oiseau, le quintet de la harpiste est un groupe qui s’inspire en partie de musique ancienne et en partie de musiques traditionnelles et qui dérive sur des courants musicaux entre Norvège et Catalogne.
Avec La Rêveuse donnée mercredi 18 juillet dans le réfectoire à 21h30, le public dégustera la viole au temps de Marin Marais, Monsieur de Sainte Colombe, Monsieur de Machy et Jean-Sébastien Bach. Une viole de gambe tenue ce soir-là par un certain Jordi Savall…
Cette édition 2012 se terminera en beauté, jeudi 19 juillet, en l’Eglise Abbatiale, à 21h30, avec Jeanne d'Arc, interprété par Hespèrion XXI, La Capella Reial de Catalunya, Récitants Louise Moaty, René Soso, Pascal Bertin, sous la direction de Jordi Savall. Ce programme est constitué de musiques de l'époque, mais aussi de musiques nouvelles, créées en 1993 pour illustrer cette épopée à l'occasion des films Jeanne la Pucelle. Batailles et Prisons réalisés par Jacques Rivette et celles préparées en 2011 pour le concert donné le 11 novembre à la Cité de la Musique, à Paris. C'est pour rendre hommage à l'incroyable épopée de Jeanne, à l'occasion de la célébration des six cents ans de sa naissance, que Jordi Savall et ses musiciens avaient voulu préparer et réaliser ce projet : une approche différente de la vie de cette jeune fille, injustement brûlée vive à dix-neuf ans…
Grand maître du baroque ayant souvent joué ces œuvres et les ayant enregistrées, Jordi Savall donne au public six concerts de ces musiques splendides, avant d'aller écouter, sur le Grand Canal, leur exécution (bande sonorisée) avec les effets pyrotechniques et les jeux d'eau du spectacle Feux d'Artifice Royaux, mis en scène par Groupe F.
Dans l’univers de la musique actuelle, Jordi Savall tient une place assez exceptionnelle. Depuis plus de trente ans, il fait connaître au monde des merveilles musicales abandonnées dans l’obscurité et l’indifférence : jour après jour, il les lit, les étudie, et les interprète, avec sa viole de gambe ou comme chef d’orchestre. C’est un répertoire essentiel rendu à tous les mélomanes curieux et exigeants. Un instrument, la viole de gambe, d’un raffinement au-delà duquel il n’y a que le silence, a été soustrait aux seuls happy few qui le révéraient. Avec trois ensembles musicaux fondés avec Montserrat Figueras, disparue le 23 novembre 2011, – Hespèrion, La Capella Reial de Catalunya et Le Concert des Nations – les deux interprètes ont créé un univers rempli d’émotions et de beauté, offert à tous ces passionnés de musique.
Savall est l’une des personnalités musicales les plus polyvalentes de sa génération. Concertiste, pédagogue, chercheur et créateur de nouveaux projets musicaux et culturels, il se situe parmi les acteurs essentiels de l’actuelle revalorisation de la musique historique. Sa participation au film d’Alain Corneau Tous les matins du monde, son intense activité de concerts (environ 140 par an), sa discographie (six enregistrements par an) avec la création d’Alia Vox, son propre label, prouvent que la musique ancienne n’est en rien élitiste et qu’elle peut intéresser, dans le monde entier, un public chaque fois plus jeune et plus nombreux.
Comme bien des musiciens, Jordi Savall a commencé sa formation à six ans au sein d’un chœur d’enfants à Igualada (Barcelone), sa ville natale, la complétant par des études de violoncelle, terminées au Conservatoire de Barcelone en 1964. Un an plus tard, il commence en autodidacte l’étude de la viole de gambe et de la musique ancienne (Ars Musicae), et se perfectionnera à partir de 1968 à la Schola Cantorum Basiliensis en Suisse. En 1973, il succède à son maître August Wenzinger à Bâle, y donne des cours et des master-class. Au cours de sa carrière, il a enregistré plus de 170 CD.
Parmi les distinctions et titres que Savall a reçus, mentionnons : officier dans l’ordre des Arts et des Lettres (1988), la Creu de Sant Jordi (1990), « musicien de l’année » du Monde de la Musique (1992) et « soliste de l’année » des Victoires de la Musique (1993), Médaille d’or des Beaux-Arts (1998), membre d’honneur du Konzerthaus de Vienne (1999), docteur honoris causa de l’Université Catholique de Louvain (2002) et de l’Université de Barcelone (2006), Victoire de la Musique pour l’ensemble de sa carrière (2002) et, en 2003, la Médaille d’or du Parlement de Catalogne, le Prix d’honneur de la Critique de disque allemande. Plusieurs Midem Classical Awards lui ont été décernés (1999, 2000, 2003, 2004, 2005, 2006).
En 2006, l’album Don Quijote de la Mancha : Romances y Músicas a non seulement été récompensé dans la catégorie « musique ancienne », mais il a aussi créé l’événement en étant élu « disque de l’année ». Dans l’ouvrage Lachrimæ Caravaggio s’unissent de façon novatrice la littérature, la musique et la peinture en un album dédié à ce peintre génial et infortuné : sept larmes et sept stances, avec de la musique d’époque et de Jordi Savall, sont un contrepoint musical à sa vie, telle une « bande originale imaginaire », tandis que sept de ses dernières peintures sont commentées par Dominique Fernandez de l’Académie Française.
En 2008, il a été nommé Ambassadeur de l’Union Européenne pour un dialogue interculturel et, avec Montserrat Figueras, Artistes pour la paix dans le cadre du programme des Ambassadeurs de bonne volonté de l’UNESCO. Dans le cadre de l’année européenne 2009, Savall a été nommé Ambassadeur de la créativité et de l’innovation par l’Union Européenne. En juillet, le Conseil National de la Culture et des Arts de Catalogne lui a décerné le Prix National de la Musique. En 2010, en compagnie de Montserrat Figueras, il a reçu le Prix Méditerranée remis par le Centre Méditerranéen de Littérature à Perpignan et le Midem Classical Award 2010 du meilleur disque classique de musique ancienne, ainsi que le Praetorius Musikpreis Germany en novembre 2010 pour le livre-disque Jérusalem.
Le site de Jordi Savall
Le site de l’Abbaye de Fontfroide