SeaFrance, la société coopérative et participative (SCOP) qui gère la compagnie MyFerryLink, a été placée en liquidation judiciaire, vendredi 31 juillet, par le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer . Cette procédure doit permettre le paiement des salaires du mois de juillet des 487 salariés, la coopérative n’ayant pas la trésorerie suffisante pour le faire. Comme le dit la décision du tribunal de commerce dont l’AFP a pu prendre connaissance : « La SCOP SeaFrance n’existe plus ».
Après avoir appris cette décision, Eric Vercoutre, secrétaire général du Syndicat maritime Nord, ultramajoritaire, a déclaré que la liquidation « est une bonne chose pour les salariés. Ils vont toucher leur salaire ». Le syndicaliste a cependant affirmé son intention de « négocier un bon plan social » et de « faire comprendre au gouvernement qu’[ils] ne [lâcheront] rien ».
« L’Etat doit maintenant nous aider de façon concrète. On promet une activité très perturbée le temps que l’on soit entendus. »
La « goutte d’eau qui fait déborder le vase »
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Des centaines de marins de SeaFrance ont lancé des actions coup de poing avant la décision de justice pour manifester leur mécontentement face aux mesures proposées par le gouvernement. Près de 300 manifestants ont bloqué pendant plus de trois heures les bretelles d’accès au port de Calais avec des tas de pneus enflammés.
Ce blocage du port est la « goutte d’eau qui fait déborder le vase », grogne le président du port de Calais, Jean-Marc Puissesseau. « Que les marins de la SCOP luttent pour leur emploi, moi, je n’ai pas de problème, mais depuis un mois, le port est livré au bon vouloir du syndicat Maritime Nord », dit-il alors que, selon la Société d’exploitation des ports du détroit, au mois de juillet, le port enregistre une baisse de 30 % du trafic camion transmanche, - 36 % pour les voitures et - 20 % pour les autocars.
« Aujourd’hui j’en ai marre, j’appelle au secours, je voudrais savoir si les services publics existent. »
Plus tard, en milieu d’après-midi, une cinquantaine de véhicules effectuaient une opération escargot qui causait d’importants bouchons sur l’A16 en direction de Loon-Plage. Le trafic était toujours totalement interrompu peu après 16 heures sur la nationale 216.
« Le ministre [Alain] Vidalies [secrétaire d’Etat aux transports] a simplement dit qu’à Calais, seulement 380 emplois pouvaient être sauvés » sur un total de 487, avait déclaré Eric Vercoutre à la sortie d’une assemblée générale houleuse avec les marins, qui réclament toujours que davantage d’emplois de la SCOP soient sauvegardés.
« Le gouvernement n’est pas capable de nous verser un fonds d’aide alors qu’il a donné 100 millions d’euros à la SNCM. »
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Pas d’accord global
Le gouvernement a proposé la semaine dernière aux acteurs du dossier – SeaFrance, Eurotunnel (à qui appartiennent les bateaux exploités par MyFerryLink) et la compagnie danoise DFDS (qui doit racheter deux de ces trois bateaux) – un protocole de sortie de crise.
Il prévoit notamment la liquidation de la SCOP SeaFrance, la création d’une nouvelle SCOP exploitant un seul navire et la reprise au total de 380 salariés sur 487. Il a fixé pour objectif « d’obtenir dans un délai de trois mois une solution pour chaque salarié ».
« S’il était considéré que la liquidation était un préalable, comme notamment par DFDS, force est de constater que le préalable on y est. Maintenant on peut attendre que les propositions soient améliorées, que des garanties soient données », a confié Yann Capet, député du Pas-de-Calais.
Eurotunnel a « réitéré son engagement d’une offre d’affrètement » d’un des trois bateaux, qui « sera formalisée par écrit dans les prochains jours », selon le secrétaire d’Etat aux transports.