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Le procès des anciens magnats du pétrole russe emprisonnés, Mikhail Khodorkovski et Platon Lebedev, a été jugé "inéquitable" jeudi 25 juillet par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
Les juges de Strasbourg ont estimé que les accusations portées contre ces deux chefs d'entreprise "reposaient sur des bases solides", mais que leur procès a été"inéquitable" et que "leur incarcération dans des pénitenciers lointains n'était pas justifiée".
Dans une première réaction à l'agence AFP, depuis Londres, une avocate deMikhail Khodorkovski, Karinna Moskalenko, s'est dite "très satisfaite du fait que le Cour européenne des droits de l'homme ait reconnu le caractère inéquitable du procès".
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PLUSIEURS VIOLATIONS DE LA CONVENTION
Dans un jugement long et complexe, les juges ont retenu plusieurs violations par la Russie de la Convention européenne des droits de l'homme, au premier rang desquelles une violation du "droit à un procès équitable", une "atteinte portée à la confidentialité s'attachant aux relations avocat-client ainsi que la collecte et l'examen des preuves par la juridiction du jugement".
Concernant le même article de la convention, ils n'ont en revanche rien trouvé à redire contre la Russie concernant l'impartialité du juge ayant présidé leur procès, en 2005, ni sur "le temps et les facilités octroyés pour la préparation de leurdéfense".
PAS DE MOTIVATION POLITIQUE
L'ex-dirigeant du géant pétrolier russe Ioukos, et son associé Platon Lebedev, détenus depuis 2003, avaient été condamnés en 2005 pour escroquerie et fraude fiscale à huit ans de camp. Cette peine a été portée à quatorze ans en décembre 2010 à l'issue d'un second procès pour vol de pétrole, un total ensuite réduit d'un an en appel, ce qui devait les maintenir en détention jusqu'en octobre 2016.
Comme dans un précédent arrêt, en 2011, la CEDH, n'a pas reconnu la motivation politique de cette condamnation, invoquée par les requérants. Elle a condamné la Russie à verser 10 000 euros à M. Khodorkovski pour préjudice moral, mais a rejeté la demande de M. Lebedev pour dommage matériel.
Avant son arrestation, M. Khodorkovski, outre un lobbying intense des intérêts de Ioukos au Parlement, finançait l'opposition russe et une puissante fondation consacrée au développement de la société civile. Ses ennuis judiciaires avaient coïncidé avec la volonté affichée par Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir en 2000, de mettre au pas les oligarques très influents au Kremlin dans les dernières années de la présidence de son prédécesseur, Boris Eltsine.