Dans la partie de campagne que s'offre la droite parisienne à un an des municipales de 2014, ils sont quatre mousquetaires. Face à Nathalie Kosciusko-Morizet, archifavorite, et Rachida Dati, le quatuor a un point commun : un cruel déficit de notoriété. Pour ces quasi-inconnus au bataillon médiatique, les primaires ouvertes aux électeurs parisiens – dont le premier tour est prévu du 31 mai au 3 juin – sont d'abord l'occasion de s'attirer la lumière des projecteurs.
<section class="portfolio atome" id="portfolio-atome-5173fbdb77fe6">Jean-François Legaret, le jour du dépôt des parrainages des candidats UMP a la primaire pour la mairie de Paris, le 9 avril 2013.
Crédits : Albert Facelly / french-politics.com
A cet exercice, Jean-François Legaret est le plus aguerri. Ce chiraquien pur jus fut aussi un tiberiste pur sucre qui officia en tant qu'adjoint chargé des finances et des marchés publics du dernier maire RPR de la capitale. Maire du 1er arrondissement depuis 2001, Jean-François Legaret s'est illustré par la virulence de son combat contre le chantier des Halles engagé par l'actuelle majorité municipale. Il préside le groupe UMP au conseil de Paris et siège à la région Ile-de-France. Depuis des années, ce féru d'équitation à l'allure de dandy et à l'éternelle barbe de trois jours monte sur ses grands chevaux pour "dénoncer le caractère factice, superficiel et uniquement festif du bilan" de Bertrand Delanoë. Face à ses concurrents de droite, il entend faire valoir sa réputation "d'homme de dossiers" et s'affirmer comme l'un des meilleurs connaisseurs des affaires parisiennes.
Rastignac de la butte Montmartre, Pierre-Yves Bournazel prétend quant à lui "déringardiser la droite parisienne". Ce fringant trentenaire élu du 18e arrondissement depuis 2008 a applaudi Paris-Plage, Vélib' et le tramway des Maréchaux, qui sont autant de chiffons rouges aux yeux des barons UMP. Favorable au mariage pour tous "mais pas au droit à l'adoption", il veut "incarner la droite décomplexée sur tous les sujets". A 35 ans, ce proche de Jean-François Copé a soutenu Pierre Charon lors de sa candidature dissidente au Sénat en 2011. L'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée le parraine et le coache. "Je serai maire de Paris comme Boris Johnson, élu alors que personne ne l'attendait", proclame Pierre-Yves Bournazel, qui promet des "taxis roses la nuit réservés aux femmes, comme à Londres".
"NOUVEAU VISAGE" À PARIS
Chenva Tieu a pour sa part l'ambition de donner un "nouveau visage" à Paris. Boat people débarqué à 12 ans dans la capitale avec sa famille, ce quinqua d'origine chinoise et né au Cambodge s'était présenté aux dernières législatives dans le 12e arrondissement. "Sur 96 000 électeurs de l'arrondissement, 12 000 à 13 000 sont d'origine asiatique, calcule-t-il. Parmi ceux-là, beaucoup ont encore une faible conscience politique et votent par mimétisme." Ce fin lecteur de Confucius, diplômé de l'université de Paris-Dauphine, n'a pas l'intention de s'enfermer dans l'image de "candidat ethnique". Copéiste, Chenva Tieu, qui se définit comme "libéral économique et libéral sociétal", se dit favorable au mariage gay, lui qui est "pacsé avec un garçon".
Chef d'entreprise, seul non-élu des candidats en lice, il est un pilier du Club XXIe siècle, ce think-tank de la nouvelle élite de la diversité où il côtoie des figures de gauche. "Il fourmille d'idées, il est innovant. Il aurait été bien mieux au PS", s'amuse la ministre chargée de l'économie numérique Fleur Pellerin, qui fut un temps présidente du Club. Président délégué du Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin, Franck Margain, 51 ans, avoue son aversion pour les "bobos individualistes" et déteste les jeunes loups UMP qu'il voit "rouler en 4 × 4" dans le 12e arrondissement où il s'est présenté aux dernières législatives.
Directeur général d'une grande banque européenne, conseiller régional élu sur la liste de Valérie Pécresse, dans les Yvelines, il compte sur ses réseaux associatifs, proches du diocèse de Paris, pour mobiliser. Porteur, dit-il, "des valeurs chrétiennes", il se pose en défenseur "des gens qui ne vont pas à la même allure, des miséreux qui dorment sous la tente". Elu, il proposera de réserver des logements sociaux aux familles qui accueillent leurs "vieux parents". L'espoir d'être investi en position éligible sur la liste UMP du 12e est aussi ce qui motive sa décision de tenter sa chance dans ce tour de chauffe droitier et printanier sur les pavés de Paname.