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    Congrès du PS : on a déniché un (semblant de) programme !

    <time datetime="2012-10-26T11:27:18+02:00" itemprop="datePublished">26 octobre 2012 à 11:27</time> (Mis à jour: <time datetime="2012-10-26T11:51:20+02:00" itemprop="dateModified">11:51</time>) lien

    Harlem Désir à Alfortville le 17 octobre.

    Harlem Désir à Alfortville le 17 octobre. (REUTERS)

    De nos envoyés spéciaux Le 76e congrès du parti débute ce vendredi à 14 heures à Toulouse.

    Par LILIAN ALEMAGNA et LAURE BRETTON, envoyés spéciaux à Toulouse

    De ce 76e congrès du Parti socialiste à Toulouse, on sait presque tout depuis des jours voire des semaines. Du nom du nouveau premier secrétaire, Harlem Désir, aux équilibres internes, dealés avant l’arrivée des militants en Haute-Garonne. A une grosse exception près : le déroulé des trois journées de débats, activement recherché par la presse.

    Un congrès de rassemblement et de combat

    Vidé d’une partie de ses cadres et de ses petites mains, pour cause d’arrivée au pouvoir, le PS a bien du mal à fonctionner. Le départ précipité de Martine Aubry n’a pas facilité le travail d’Harlem Désir qui s'est souhaité à Toulouse, «un congrès de rassemblement et de combat». Mais à peine posés sur place, les reporters de Libération ont toutefois réussi à dégoter quelques grandes lignes logistiques du week-end socialiste…

    Les festivités commencent vendredi à 14 heures par un mot d’accueil des deux puissances invitantes, le premier secrétaire fédéral du PS local, Sébastien Denard, et le maire de Toulouse, Pierre Cohen. Temps fort de la journée : la rencontre des leaders sociaux-démocrates européens doit débuter dans la foulée.

    L’Allemand Sigmar Gabriel et l’Italien Pierluigui Bersani y prendront la parole juste avant Ségolène Royal, attendue au parc des Expositions vers 15 heures. Vice-président du Parti socialiste européen à défaut d’avoir été choisi comme premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis clôturera les débats avant la proclamation officielle des résultats des votes des 11 et 18 octobre à 18h15. Le soir, les délégations étrangères sont invitées à dîner par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.

    Dimanche, Désir sur la rampe de lancement

    Samedi matin, place au défilé de ministres devant les délégués socialistes. Sont annoncés à la tribune Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Manuel Valls et Delphine Batho pour vendre la politique du gouvernement. Et leur propre action. Comme Martine Aubry, que personne n’a vue dans un cénacle socialiste depuis son départ surprise du 13 septembre, attendue vers 15 heures pour, nul n’en doute, défendre ses quatre années à la tête du parti. Jean-Marc Ayrault suivra l’ancienne première secrétaire sur scène avant les assemblées générales de chacune des «motions». Pinacle des congrès socialistes et traditionnel moment de dramatisation politique, la «commission des résolutions» n’aura pas lieu cette année pour cause de changement de statuts. En 2008 à Reims, le parti avait failli exploser au cours de cette ultime nuit de tractations et les images de Ségolène Royal quittant la réunion ses lieutenants sous le bras à bord d’un escalator gris restent imprimées dans les rétines socialistes.

    Dimanche, ce sera la rampe de lancement d’Harlem Désir à la tête du PS. Après l’annonce de la composition du Conseil national, le parlement du parti, le nouveau patron des socialistes sera, enfin, pour environ 45 minutes, seul en scène.


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  • Accueil > Les Off politiques > Comment les éléphants socialistes se sont partagé le parti

    Comment les éléphants socialistes se sont partagé le parti

    Créé le 25-10-2012 à 17h36 - Mis à jour à 19h08  lien

    Dès avant le début du congrès, les cadres du PS ont bataillé quatre jours durant pour placer les leurs. Résultats des tractations.

    Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry et Harlem Désir, le 12 octobre à Paris (CHESNOT/SIPA)

    Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry et Harlem Désir, le 12 octobre à Paris (CHESNOT/SIPA)

    A la veille du congrès... tout est réglé ! L'élection d'Harlem Désir au poste de premier secrétaire déjà survenue, il restait encore une inconnue : le partage des 306 places du conseil national, le parlement du parti chargé de contrôler les instances dirigeantes et de valider les grandes orientations. 

    102 premiers secrétaires fédéraux seront élus le 15 novembre dans chaque département. Quant aux 204 autres membres, ils doivent être désignés samedi à Toulouse par les délégués des motions en lice. Mais au PS plus qu'ailleurs, on aime régler les problèmes de chiffres à l'avance, histoire de ne pas avoir de mauvaises surprises...

    La règle de départ est pourtant simple : les places sont distribuées au prorata des suffrages des militants exprimés le 11 octobre. La motion emmenée par Harlem Désir et soutenue par tout le gouvernement obtient de droit 143 places, loin devant celles de Emmanuel Maurel et Jérôme Guedj (27), Stéphane Hessel et Pierre Larrouturou (24), Juliette Méadel et Gaëtan Gorce (10).

    C'est à l'intérieur de la motion majoritaire que les choses se sont compliquées. Les 143 places ont été très disputées. Depuis lundi, pas moins de cinq réunions se sont tenues entre les représentants des éléphants. Ce jeudi encore, les téléphones ont chauffé pour aboutir à un savant équilibre qui scellera les rapports de forces durant les trois prochaines années. 

    82 places ont finalement été attribuées aux hollandais, véritable majorité dans la majorité. Une vingtaine pour chacun des trois ministres apparatchiks : Stéphane Le Foll, Vincent Peillon et Pierre Moscovici. Manuel Valls et Ségolène Royal en auront, eux, une dizaine chacun. Quelques unités sont également réservées à Bertrand Delanoë et... Michel Rocard !

    40 places échoient aussi aux amis de Martine Aubry, Laurent Fabius, Arnaud Montebourg et Jean-Christophe Cambadélis. 21 places, enfin, ont été obtenues par Benoît Hamon pour les siens. Ne restera plus à Toulouse qu'à écouter les discours...


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    Congrès du PS : "Le moment de la riposte est venu"

    Les socialistes se retrouvent à partir de demain à Toulouse pour "un congrès de rassemblement et de combat" autour de leur nouveau premier secrétaire, Harlem Désir.

    A l'attaque !

    Publié le 25 octobre 2012     lien
     

     Crédit Reuters

    "Livrer bataille contre la droite." L'ordre de mission est clair et il est signé Jean-Marc Ayrault. Devant des proches, le Premier ministre a estimé que Harlem Désir, nouveau premier secrétaire du PS, avait toute latitude pour mener cette mission. Pour l'exécutif, le congrès de Toulouse, qui se tiendra de vendredi à dimanche, sera donc l'occasion pour les socialistes de se positionner en tant que nouveau parti de la majorité, soucieux de soutenir l'action gouvernementale.

    Car aux yeux du président Hollande, il est temps de mettre le parti en ordre de bataille. Selon lui, l'opposition s'est radicalisée. "Il y a aujourd'hui des mouvements anti-étrangers, anti-Europe, anti-Etat", a-t-il relevé en dressant un parallèle avec "les néo-libéraux de 1981". De son côté, Harlem Désir a déjà promis "un congrès de rassemblement et de combat".

    Lundi, le porte-parole du PS, David Assouline, a souligné que le congrès de Toulouse constituera le "signal d'une nouvelle offensive" du parti. "Cette semaine, le PS va à nouveau montrer sa force", a encore dit David Assouline. "Nous sommes dans un moment où la droite, sur tous les sujets (...) vocifère et caricature." "Le moment de la riposte est venu", a-t-il assuré.

    Mais cette approche est contestée au sein même du PS, notamment par Razzy Hammadi, l'un des animateurs de l'aile gauche du PS. Pour lui, rien ne serait pire que d'apparaître comme un simple soutien de l'exécutif, un parti "sur la défensive au bout de quelques mois". Il souhaite plutôt un parti "de combat et de conviction, qui aille chercher une majorité dans l'opinion".

    Le congrès de Toulouse, sera aussi l'occasion d'investir officiellement Harlem Désir, qui n'a guère suscité l'enthousiasme des militants. Moins de la moitié des 173.000 adhérents ont voté le 18 octobre pour le départager du représentant de l'aile gauche, Emmanuel Maurel. Harlem Désir entend bien "faire la synthèse" entre les différentes sensibilités du parti et de sa motion - les "hollandais", les "aubrystes", les "hamonistes", les "royalistes". Il devra aussi asseoir sa légitimité, après les critiques internes qui ont accompagné tout son processus de désignation depuis septembre : un processus jugé "opaque" et "verrouillé".

    Pour Ségolène Royal, qui s'exprimera demain, Toulouse sera avant tout un "congrès d'apaisement", quatre ans après celui de Reims à l'issue duquel elle avait vu Martine Aubry, l'emporter d'un cheveu pour diriger le PS.

    La quasi totalité du gouvernement devrait faire le déplacement. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a bien besoin d'un soutien militant alors qu'il est chahuté par la droite et contesté au sein même de la majorité, prononcera un discours samedi après-midi. Ségolène Royal doit s'exprimer vendredi et Martine Aubry samedi, avant le discours de clôture du nouveau premier secrétaire, Harlem Désir, dimanche.


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  • Accueil > Le congrès du PS > Parti socialiste : les 5 chantiers qui attendent Harlem Désir

    Parti socialiste : les 5 chantiers qui attendent Harlem Désir

    Créé le 18-10-2012 à 16h58 - Mis à jour le 19-10-2012 à 09h52   lien

     

    Le nouveau premier secrétaire du PS doit rebâtir un parti qui peine à trouver sa place maintenant qu'il est au pouvoir.

     

    Harlem Désir, nouveau premier secrétaire du PS. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

    Harlem Désir, nouveau premier secrétaire du PS. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

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    Harlem Désir peut enfin s'asseoir légitimement dans le fauteuil de Martine Aubry. Grâce au vote des militants (72,1%) jeudi 18 octobre, il peut retirer la mention "par intérim" qu'il portait sur le front, et s'arroger le titre de "premier secrétaire du PS" de plein exercice. Patron du parti au pouvoir, un aboutissement pour l'ancien président de SOS racisme devenu un apparatchik socialiste. Un aboutissement mais pas une sinécure, car il lui faut désormais reprendre en main une machine calibrée pour gagner la présidentielle mais désertée depuis par ses principaux dirigeants devenus ministres. Pour reconstruire Solférino, Harlem Désir va devoir faire dans la maçonnerie lourde.

    Remobiliser la base militante

    Le parti a eu du mal à faire venir ses adhérents aux urnes pour cette élection, où le suspense n'était pas au programme. Avant le vote sur les motions, la semaine dernière, 100.000 adhérents n'étaient pas à jour de cotisation, sur les 174.000 que revendique le PS. Un an après avoir mobilisé 3 millions de personnes pour la primaire ouverte, le retour à la réalité est rude. Conséquence de ce taux de participation très moyen (à peine 50%) : le score des petites motions s'en est trouvé gonflé. La motion Harlem Désir, pourtant soutenue par quasiment tous les dirigeants socialistes, a réalisé moins de 70% des voix (68,44%).

    Luc Carvounas, jeune sénateur proche de Manuel Valls, relativise cette participation. "Entre les différentes votations depuis 2008, on est à des scores aux alentours de 30% de participation. A Reims il y a quatre ans, il n'y avait eu que 56% de participation, alors qu'il y avait davantage d'enjeux et de suspense. Par ailleurs, aucune motion n'avait obtenu plus de 80% des voix avec plus de trois motions en lice."

    Faire émerger des cadres

    Les cadres du PS sont partis par wagons vers les ministères, au lendemain de la victoire du 6 mai. Les têtes de pont se sont vues offrir des maroquins, alors que les seconds couteaux ont rallié les cabinets. Ce fut la chance d'Harlem Désir, qui n'eut face à lui aucune figure de premier rang dans la course au poste de premier secrétaire - Stéphane Le Foll, Vincent Peillon, Pierre Moscovici ou encore Michel Sapin ayant jugé plus valorisant de garder leur ministère.

    Le PS doit désormais rassembler ses forces et faire émerger de nouveaux talents pour rester un parti actif. Martine Aubry a posé la première pierre en nommant beaucoup de nouvelles têtes au secrétariat national. Elle a demandé à son successeur de conserver le fruit de son travail. Mais Désir, élu grâce à une coalition de courants, pourrait être tenté de nommer dans l'appareil des gens à lui. Il a déjà désigné les deux membres de sa garde rapprochée : Elsa Jacquemin et Pierrick Paris, deux anciens collaborateurs de son mentor Bertrand Delanoë. Il devra aussi composer avec son nouveau numéro deux, la valeur montante fabiusienne à tendance aubryste, Guillaume Bachelay.

    Imposer son autorité

    Rien de tel que l'épineux dossier du cumul des mandats pour tester son leadership. Avant de quitter le navire, Martine Aubry avait lancé un ultimatum aux députés pour qu'ils respectent leur engagement de ne plus cumuler. Harlem Désir hérite de la patate chaude, qu'il a eu tôt fait d'avaler. Dans le texte de sa motion, il rappelle pourtant son engagement à encourager le non-cumul des mandats. Aujourd'hui, il considère que "le plus dur est fait. On ne peut plus dire que la plupart des députés PS sont des cumulards." Mais d'après un décompte d'Europe 1, seuls 37 députés (dont une moitié de femmes) ont démissionné de l'un de leur mandat. 160 élus cumulent toujours.

    Le PS reste donc un parti de cumulard, malgré les dénégations de la direction. Les choses ne devraient pas bouger avant la remise du rapport de la commission Jospin. A moins que le nouveau patron ne tape du poing sur la table...

    Dealer avec la corruption

    C'est l'avantage des élections sans enjeu, il n'y a pas vraiment besoin de tricher. Les soupçons de manipulation de résultats, qui avaient entaché le dernier congrès, sont beaucoup moins présents, même si Emmanuel Maurel a tiré la sonnette d'alarme contre d'éventuelles tentatives de gonfler les chiffres de participation.

    De là à dire que le PS est sorti de ses déboires, il y a un pas. La garde à vue de Jean-Pierre Kucheida, pilier de la fédération du Pas-de-Calais, est venue rappeler, s'il en faut, que la rénovation du PS est loin d'être achevée.

    La semaine dernière, au moment du vote sur les motions, une autre ombre embarrassante a ressurgi, celle de Jean-Noël Guérini. L'ancien patron de la fédération des Bouches-du-Rhône, qu'on croyait en retrait, est venu voter comme un simple militant. Une guerre des mots avait opposé Désir et Guérini au moment de la mise en examen de ce dernier en 2011. "Cette mise en examen doit marquer la fin du système Guérini", avait estimé Désir. Le sénateur marseillais lui avait retourné la pareille, rappelant opportunément une vieille condamnation de Désir, en 1998, pour emploi fictif : "S'il faut donner l'exemple, que le premier secrétaire du Parti socialiste par intérim soit le bon élève et commence par le faire. Il a été condamné ? Alors qu'il démissionne!" Un an plus tard, Guérini affirme dans "Le Parisien" : "Je vote Harlem Désir. Harlem sera, j'en suis persuadé, un bon premier secrétaire." Une main tendue qui ressemble à un cadeau empoisonné.

    Assumer l'indépendance de Solférino

    La maison mère socialiste a beau être à deux pas de l'Elysée, Harlem Désir devra imposer sa voix s'il veut marquer de son empreinte son mandat. Le Parti socialiste doit rester une force de proposition pour ne pas tomber dans l'écueil du parti godillot. Une nécessaire distance que le PS n'a jamais réussi à trouver quand les siens étaient au pouvoir.

    Signe de cette volonté ? Harlem Désir s'est prononcé en faveur de la procréation médicalement assistée (PMA) dans la loi sur le mariage homosexuel, alors même que le gouvernement rechigne. "Le parti et les parlementaires peuvent enrichir l'action du gouvernement (...) Il s'agit d'être une force de soutien, d'appui totalement loyale, mais aussi d'alimenter la réflexion et le travail législatif du gouvernement parce que nous sommes en lien avec la société. Moi je veux un Parti socialiste qui soit à l'écoute des Français". Voilà qui ressemble à une lettre de mission. Que Désir s'adresse surtout à lui-même.


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  • Harlem Désir à la tête du PS : un Premier secrétaire fade et sans audace

    Modifié le 19-10-2012 à 18h34    lien

    Temps de lectureTemps de lecture : 4 minutes

    LE PLUS. Harlem Désir a été élu Premier secrétaire du Parti socialiste ce jeudi, avec 72% des voix. Il sera intronisé au congrès du PS qui aura lieu à Toulouse du 26 au 28 octobre. Seuls 46,5 % des militants sont venus voter. Une élection qui n'intéresse pas beaucoup de monde ? C'est l'avis de Vincy Thomas, sympathisant de gauche.
     

    Édité par Lisa Beaujour

    Désir

    Harlem Désir, rue de Solférino, le 5 octobre 2012 (J.MARS/SIPA)

     

    PARTI SOCIALISTE. 72% des voix. Pour un homme qui représentait au minimum 90% de l’appareil, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un plébiscite. Mais le vote est clair et sans appel. Même si n’importe quel autre candidat ou candidate aurait fait plus ou moins le même score face à un unique adversaire minoritaire.

     

    Harlem Désir a une part de responsabilité dans ce mauvais score qu’on aurait espérer plus proche d’un résultat soviétique. Sa première phase de campagne avait, dans un premier temps, les allures d’un combat de coqs. Une sorte de primaires sans idées, où Cambadélis et lui se renvoyaient de gentilles petites piques entre camarades.

     

    Pas de quoi motiver un militant qui sortait de plus de 15 mois de campagne (primaires, présidentielles, législatives), gavé de propagande et de succès.

     

    Un Harlem Désir fade et peu audacieux

     

    Harlem Désir a multiplié les impairs, nerveux sans doute à l’idée de savoir qu’Aubry et Ayrault lui préféraient son rival. Mais il a été sauvé par un quatuor de ministres ambitieux et un président de la République qui avait sans doute un peu de rancune vis-à-vis de l’ancien lieutenant de DSK.

     

    Car, à comparer, la tribune dans "Le Monde" de Cambadélis est supérieure idéologiquement et intellectuellement à celle que Désir a publié quelques jours après dans le même journal. Son texte était d’une fadeur effroyable.

     

    De contradictions en manque de conviction, peinant à vouloir retrouver son charisme des années 1980, Harlem désir a semblé du début à la fin être un choix par défaut, pas dangereux, mais aucunement audacieux.

     

    Bien sûr, tout n’est pas de sa faute. Le mode de nomination (plus proche du mode de sélection naturelle) l’a considérablement désavantagé. Il l’a souligné. En fait, ce congrès de transition n’avait aucune portée majeure d’un point de vue politique. Ses objectifs électoraux (municipales, européennes, régionales) ne seront pas jugés avant 18 mois à 3 ans. 

     

    Il a souffert indéniablement de cette apathie politique. Le vote sur les motions a même montré une certaine dépolitisation puisque la motion "people" conduite par Stéphane Hessel ("Indignez-vous qu’ils disaient") est arrivé 3e.

     

    Un poste qui n'a pas beaucoup d'intérêt

     

    Mais quand le PS est à tous les niveaux de pouvoir, Solférino n’a que peu d’intérêt, hormis préparer les échéances électorales et "gérer" la boutique et ses militants. De là à dire qu’il s’agit d’un Premier secrétaire fantoche, il ne faut pas abuser : de tous temps, les premiers secrétaires ont fait le lien entre la base et les élus/gouvernants. Ce n’est pas un rôle secondaire.

     

    L’essentiel de la bataille est ailleurs que sur ce poste de premier secrétaire. La composition du bureau national et des instances fédérales, les chefs de section sont autant d’enjeux locaux qui dessineront la future carte du PS pour les élections à venir. Les futurs candidats aux élections territoriales seront souvent décidés à ce niveau. Les ambitions des Moscovici, Peillon, Valls, Montebourg et autres Hamon vont s’évaluer au nombre de postes. Le congrès de Toulouse n’a pas encore été joué.

     

    D’ores et déjà, on sait que Benoît Hamon, avec son double jeu (toléré et même validé par un Hollande étonnamment conciliant), est le vrai vainqueur de ce congrès. A la manière de Cécile Duflot, il a ouvertement été solidaire du gouvernement (traité européen) et du parti (motion Aubry-Ayrault). Le tout en poussant ses pions contre le gouvernement (beaucoup de ses amis sont les 17 députés socialistes qui ont voté contre le traité européen) et contre la motion principale (jusqu’à présenter un opposant à Désir et consolider 30 postes au Bureau national).

     

    Reste que ce subterfuge ne durera qu’un temps. Hamon devra obtenir des résultats à son ministère et avaler des couleuvres politiques qui risquent de le mettre rapidement en porte-à-faux avec l’obédience sociale-démocrate du Parti.

     

    Indifférence des militants

     

    Il ne faut donc pas s’étonner que cela n’intéresse ni les Français ni même les militants socialistes. La participation a été faible pour les deux votes internes (motions et premier secrétaire). Une poignée de militants s’est mobilisée.

     

    De cette indifférence, on peut tirer une leçon pour l’avenir : Harlem Désir doit continuer le travail de rénovation du PS. Il a compris qu’il fallait davantage transformer le parti, plutôt que continuer simplement le "job" d’Aubry. Il veut modifier le mode de désignation, faire du PS un élément participatif et contributif aux débats… Et après ?

     

    Sans une diversité sociologique des militants, sans casser le système archaïque de l’organisation pyramidale du parti, sans la possibilité de s’ouvrir au monde de l’entreprise, de s’ancrer dans les territoires délaissés, de conquérir des milliers de militants à qui on ne demande pas simplement d’écouter la parole dogmatique de chefs de courants ou de distribuer des tracts le samedi matin, le PS continuera à rester un gros club d’initiés où chacun se bouscule pour grimper d’un échelon. Est-ce que Désir sera capable de changer ça ?

     

    Une désignation transparente

     

    Heureusement, tout n’est pas noir dans cette molle désignation : au moins, le vote a été effectué démocratiquement, sans triche apparente et, en l’absence d’enjeux, sans couacs majeurs. Bref, circulez, y a rien à voir.

     

    On comprend alors que les médias, qui n’aiment que le spectacle, préfèrent s’intéresser aux bugs gouvernementaux et à la campagne interne de l’UMP. C’est vrai que le match Fillon/Copé est bien plus drôle : petites phrases cultes, alliances entre carpes et lapins, propositions dignes d’un vide-grenier, course au label "plus sarkozyste que mois tu meurs" (et donc dénégation de sa propre identité et de sa propre idéologie).

     

    Sans compter tous les mystères qui entoureront un vote soi-disant transparent dans un parti qui ne l’a jamais été. Pour la droite, la route est étroite, en pente et glissante.


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