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Par marialis2.2 le 23 Novembre 2012 à 20:22
Le Point.fr - Publié le <time datetime="2012-11-23T16:42" itemprop="datePublished" pubdate=""> 23/11/2012 à 16:42 </time>
lienLe candidat battu jeudi à l'élection au poste de premier secrétaire fédéral du Parti socialiste de l'Hérault conteste les résultats
Laurent Pradeille, candidat battu jeudi à l'élection au poste de premier secrétaire fédéral du Parti socialiste de l'Hérault, va déposer un recours au bureau national du PS, a-t-il annoncé dans un communiqué publié vendredi.
Laurent Pradeille a obtenu 43 % des suffrages contre 57 % à Hussein Bourgi, un ancien collaborateur de Georges Frêche, aujourd'hui décédé, et d'Hélène Mandroux, à la mairie de Montpellier, dont l'élection a mis fin à quelque deux années de mise sous tutelle.
"Au regard des retours d'analyse des bureaux de vote, les irrégularités et les décisions arbitraires de la commission électorale portent sur 500 voix. Nous n'avons donc pas signé les procès-verbaux, et nous n'avons pas validé les résultats", écrit-il. "Une contestation écrite précisera les griefs et sera déposée au bureau national du Parti Socialiste", ajoute-t-il, mettant notamment en cause la tutelle - dirigée par Alain Fontanel - qui, assure-t-il, a effectué "800 radiations" et "s'est montrée hostile envers (s)a candidature".
Ne pas imiter l'UMP
Cependant, pour Laurent Pradeille, Hussein Bourgi gouvernera les instances tant que sa "coalition hétéroclite (...) n'aura pas éclaté". "Je ne tiens pas à ce que le Parti socialiste et la fédération de l'Hérault donnent le lamentable et désolant spectacle de l'UMP ces jours-ci", souligne-t-il.
La fédération de l'Hérault a été longtemps dirigée par le sénateur et vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon Robert Navarro, contre lequel le PS a porté plainte, en avril 2011, sur des soupçons d'irrégularités comptables, en particulier des paiements de billets d'avion. L'immunité parlementaire de Robert Navarro a été levée le 15 mars et il est convoqué devant le juge d'instruction le 11 décembre.
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Par marialis2.2 le 31 Octobre 2012 à 21:26
Le Point.fr - Publié le <time datetime="2012-10-23T18:28" itemprop="datePublished" pubdate=""> 23/10/2012 à 18:28</time> - Modifié le <time datetime="2012-10-24T21:42" itemprop="dateModified"> 24/10/2012 à 21:42 </time>
lienLe PS doit se doter d'une nouvelle direction à l'issue du congrès de Toulouse. En attendant, selon l'Élysée et les ministères, il manque une force de soutien.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l'ancienne patronne du PS, Martine Aubry, et son successeur, Harlem Désir, à Paris le 12 septembre 2012. © MAX PPPP Thomas Padilla
Ce dimanche 21 octobre, dans l'animée rue de Bretagne, le maire du 3e arrondissement de Paris, Pierre Aidenbaum, est de sortie. Devant le marché des Enfants rouges, où il y a foule, il est entouré d'une poignée de militants PS qui distribuent des tracts à qui veut. Des tracts du PS en soutien au gouvernement qui promettent que la majorité est mobilisée pour l'emploi !
Certains en plus haut lieu n'en croiraient pas leurs yeux, qui se demandent en ces temps tendus à quoi sert leur parti. Popularité du couple exécutif en berne, accrochages entreJean-Marc Ayrault et ses ministres ou entre ministres et, pire, promesses de lendemains difficiles pour les Français... Le pouvoir encaisse les coups... Pendant ce temps, "le PS est aphone", lâche un conseiller de François Hollande.
Certes, la période est délicate, dite "de transition", souligne-t-on rue de Solférino, où il n'y a plus grand monde. Les fortes têtes, celles que l'opinion identifiait, celles dont la parole portait - Manuel Valls, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg ou Vincent Peillon -, sont toutes entrées au gouvernement. "Maintenant, il faut faire émerger une nouvelle direction", admet le porte-parole, David Assouline, qui concède dans une interview au Point.fr manquer encore lui-même de notoriété.
"Absence choquante"
Pour la nouvelle direction, ce sera chose faite à l'issue du congrès qui se tient à Toulouse ce week-end. La répartition des 204 places du conseil national à la proportionnelle des courants est actuellement un casse-tête, mais au moins, depuis jeudi dernier, le PS a un chef, Harlem Désir, élu par les militants pour succéder à Martine Aubry. Il était le candidat de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, mais le flou qui a entouré cette décision, et surtout le sentiment que ce choix n'était pas une évidence, l'ont fragilisé.
C'est d'autant plus dommageable qu'un ministre estime qu'"il n'y a pas de bon fonctionnement politique de nos institutions sans le trépied président-gouvernement-parti" : "Là, il y a un vrai manque." Un autre, poids lourd du gouvernement, a le même avis, qui estime que "le parti manque beaucoup dans le dispositif aujourd'hui".
Le premier, ami de François Hollande, va plus loin : "Où est le parti ? Les fédérations ne reçoivent rien, aucun document, aucun tract, il n'y a pas une seule campagne d'affichage. L'absence totale du PS est quand même assez choquante."
Pas franchement partisan de Martine Aubry, il estime que le problème remonte au congrès de Reims, en 2008. Le parti se déchirait alors entre partisans de la maire de Lille et ceux de Ségolène Royal, sur fond de triche à l'élection interne et de menaces de porter l'affaire en justice. "Un parti est fort quand il y a une majorité et une minorité, là, il n'y avait pas de minorité, donc aucun intérêt."
L'UMP, ce modèle "exemplaire"
Dans les ministères, on juge donc qu'il est grand temps que le PS se réveille, avec une idée très précise du rôle qui doit être le sien. Être un lieu de débat tout d'abord, puisque "le conseil des ministres n'est pas fait pour ça", dixit un ministre, mais aussi faire "la coordination entre les groupes parlementaires et mener la riposte à la droite".
Une conseillère ministérielle va jusqu'à prendre comme modèle l'UMP sous Nicolas Sarkozy... "Pendant cinq ans, le travail de propagande du pouvoir a été exemplaire !" note-t-elle. De fait, pas une action positive du président de la République qui n'était relayée par les dirigeants du parti via des rafales de communiqués, une omniprésence sur les chaînes et une parole unique...
On reconnaît que ce dernier point est impensable au PS, où, comme le dit joliment David Assouline, "le culte du chef n'est pas absolu". Néanmoins, la conseillère ministérielle estime que "le PS doit être l'appartement témoin de la politique du gouvernement". Il reste donc à ouvrir la porte, à faire entrer la lumière.
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Par marialis2.2 le 28 Octobre 2012 à 23:43
Congrès du PS : ce que vous n’avez pas vu à la télé
On ne vous a jamais raconté de congrès politique par le menu ? C’était avant. Embarquez avec nous pour Toulouse !
Ségolène Royal, Pier Luigi Bersani, Harlem Désir, Sigmar Gabriel et Jean-Christophe Cambadélis, le 26 octobre 2012 au Congrès de Toulouse (Chamussy/Lancelot Frédéric/SIPA)
Quai de Tounis, à Toulouse, Harlem Désir me double. Il est dans sa voiture, moi dans le bus 38. Il est 13h11. « Risque de courant fort », avertit un panneau en contrebas du pont du Garigliano. Je me dis que de ce côté-là, le PS est à l’abri.
Devant le Parc des Expositions, ce vendredi, la pluie fait des claquettes et la CGT manifeste. Les 4 000 participants annoncés à ce congrès sont encore invisibles. A l’intérieur, j’avale un croque-monsieur socialiste (4,5 euros). Constat d’une photographe : « Il manque une salle de sieste. » Sympa, je lui indique l’infirmerie, bien pourvue en lits de camp.
« La préhistoire, c’est chez nous ! »
Un seul VIP dans la salle : Bertrand Delanoë. Petit pull bleu ciel, tout petit jean, le maire de Paris a enfilé son costume de militant. Il lit le journal. En homme politique honnête, il ne cherche pas à dissimuler son ennui.
L’essentiel- Les socialistes tenaient leur 76e congrès ce week-end à Toulouse.
- Il a servi à mettre en scène l’unité du parti ainsi que sa solidarité avec le gouvernement. Il s’agissait de « faire bloc » derrière le Premier ministre.
- Jean-Marc Ayrault est venu défendre sa méthode et donner un nom à la politique qu’il poursuit : « le nouveau modèle français ».
- Martine Aubry a transmis le témoin à Harlem Désir, le nouveau premier secrétaire du PS.
Pour la cinquième fois, un orateur appelle les « chers camarades » à prendre place dans la salle. Pour tuer le temps, la régie balance un spot sur la région Midi-Pyrénées. On y voit Martin Malvy, son président. Il lance :
« La préhistoire, c’est chez nous ! »
Ils ont de ces idées. Zebda lui succède, « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? ». Derrière moi, quelqu’un craque :
« Ils parlent des socialistes ou quoi ? »
A 15 heures, les écrans géants offrent le triste et vain spectacle d’une caméra qui tente tous les cadrages possibles pour donner l’illusion d’une salle pas trop vide.
Entouré de chaises inoccupées, on voit par exemple Sofiane Gomis. Boucles d’oreilles et piercing sur la lèvre, il est le délégué de la fédération du Pas-de-Calais. Présent à Reims en 2008, il ne voulait pas rester sur ce calamiteux souvenir. « J’avais envie de vivre un congrès apaisé. » L’impatience des Français, il l’entend, mais ne la comprend pas trop :
« On ne gouverne pas avec une baguette magique. On a cinq ans pour faire changer les choses. »
Festival de clichés
Au micro, Sébastien Denard, le premier fédéral, inaugure le festival de clichés sur « la ville rose qui n’a jamais aussi bien porté son nom ».
Dix minutes plus tard, Axelle Lemaire ose « la ville rose qui n’a jamais été aussi rose ». Axelle Lemaire ? Mais si, vous savez, celle qui a refusé le poste de ministre des Français de l’étranger. Ses syllabes sont criardes et très découpées. Elle doit fréquenter de jeunes enfants un peu sourds.
Personne n’écoute ensuite Catherine Trautmann parler d’Europe. Elle a l’habitude. Mais le brouhaha qui gagne la salle ne cessera plus de la journée. Sigmar Gabriel, le patron du SPD allemand, se taille un petit succès avec la formule suivante :
« Merkel veut des démocraties conformes au marché. C’est le contraire qu’il nous faut. »
Pier Luigi Bersani, le président du Parti démocrate italien, joue la carte intemporelle :
« C’est l’Europe de Jacques Delors qui n’est pas encore là. »
Au même moment, la condamnation de Silvio Berlusconi fait vibrer les smartphones.
Ségolène Royal : « Avançons ! »
16h30. Voici l’attraction de la journée : Ségolène Royal. Son attachée de presse a distribué son discours. Le nom de François Hollande n’y figure pas. Finalement, l’Ex le prononcera quatre fois. Elle offre aussi quelques os à ronger aux exégètes de l’interpénétration de la vie privée et de la vie politique :
« Que chacun trouve son espace pour construire sa vie en respectant celle des autres. »
Surtout, elle presse l’exécutif d’agir :
« Transformons nos engagements en actes ! Ayons le courage de lever tous les faux obstacles ! »
Faire remonter les interrogations et les impatiences des « sans-voix », voilà comment elle voit son rôle. « Avançons ! », répète-t-elle, avant de rendre hommage à Mitterrand (ce matin, dans l’éphéméride de La Dépêche, j’ai vu que c’était son anniversaire) et de proposer la construction des « Etats d’Europe unis ».
On se croirait chez Drucker
« Ségolène, merci pour ce que tu es, pour ce que tu représentes ! », hurle Axelle Lemaire. Les applaudissements, bien mous, redoublent pour saluer l’arrivée de Martine Aubry.
Jaurès, tant cité, se voit offrir un peu de répit par Jean-Christophe Cambadélis. Celui-qui-aurait-pu-être-un-brillant-premier-secrétaire-mais-à-qui-Désir-a-été-préféré choisit Habermas, mais les sténos qui sous-titrent les discours en direct l’amputent de son H. Suit un grand moment de cirage de pompes ministérielles :
« Notre remarquable ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius que je vous demande d’applaudir. »
On se croirait chez Drucker.
Le délégué du PC chinois n’est pas d’accord
Puis JCC tonne :
« Ça suffit les critiques, ça suffit les attaques, ça suffit les coups bas, à chaque instant, contre le gouvernement, contre les ministres, contre le PS... Ça suffit ! »
« Merci Harlem ! », lance l’orateur suivant. Lapsus du jour.
Un peu plus tôt, « Camba » a salué les « camarades haïtiens qui sont là », les « amis venus clandestinement de Syrie ou d’Iran qui sont là »... 170 personnes sont parquées dans la zone « invités internationaux ». Je les rejoins.
Quel rôle doit jouer un parti au pouvoir selon eux ? Abdeslam Seddik, du PPS (Parti du progrès et du socialisme) marocain, m’explique qu’il faut « une certaine distance entre le parti et le gouvernement pour jeter un regard critique sur l’action menée ».
Le délégué du Parti communiste chinois trouve au contraire qu’il ne doit pas y avoir l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre le parti et le gouvernement.
« Faisons un cauchemar... »
Je médite leurs paroles en faisant un tour au stand des souvenirs. 15 euros la boule à neige, 20 euros les 100 ballons, 4,5 euros les cinq capotes, 12 euros la clé USB. Bon. On verra une autre fois.
17h48. Guillaume Bachelay s’égosille à toute vitesse et le congrès sort de sa torpeur.
« Faisons un cauchemar : imaginons une France où Sarkozy aurait été réélu... »
Il a tricoté un sketch où l’on stigmatise les corps intérmédiaires et les étrangers au petit déjeuner, les chômeurs « cancer de la société » au déjeuner, où l’on décrète au goûter que « l’écologie, ça suffit », où l’on augmente la TVA au dîner et où l’on se couche en se disant que décidément, l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire.
Hessel : « Ne perdez plus de temps ! »
Il offre trois autres formules à ses camarades en mal d’inspiration :
- « La droite, ça commence par un D comme déficit » ;
- « L’Europe ne doit plus être le ravi de la crèche mondiale » ;
- « Le socialisme, c’est le partage, alors pourquoi ne pas partager aussi les mandats et les fonctions ? »
Marre des grincheux. Pour lui, « le congrès de Toulouse, c’est le congrès de la fierté ! »
Stéphane Hessel chevrote son message par vidéo interposée (« Ne perdez plus de temps ! ») et à la tribune, les orateurs se succèdent, quatre minutes chacun.
On enfile les citations « plus que jamais d’actualité » et les poncifs sur « les lendemains qui déchantent ». On répète que « le débat et la confrontation font partie de notre ADN. » Julien Dray insiste : il n’y a pas de « couacs », pas de « dysfonctionnements », mais des « discussions volontaires ». On a compris.
« Tu as trois minutes, Colette »
Les pompiers postés aux portes de la salle ont l’air déprimé. Et s’ils étaient de droite ? Je m’inquiète de leur état psychologique. Ils affirment qu’ils n’ont « pas le droit de répondre aux questions ».
Il est 19h09. Il y a bien longtemps qu’il n’y a plus l’ombre d’une trompe d’éléphant dans la salle. Une certaine Colette Gros (« Tu as trois minutes, Colette, merci de les tenir ») propose des primaires européennes pour désigner un candidat commun progressiste à la présidence de la commission européenne.
Mon attention est de plus en plus flottante. J’entends Thierry Marchal-Beck, le président des Jeunes socialistes, regretter que « cet adversaire, le monde de la finance, six mois après, gouverne encore ». Il parle fort et fait de grands gestes :
« Génération de la crise, soulève-toi. »
Mais la salle est déjà partie lever le coude ailleurs.
« Ils ont aligné tous les ministres »
Samedi. Mes chaussures sont encore trempées. La nuit et le sèche-cheveux de l’hôtel n’auront pas réussi à les sauver. A l’entrée du Parc des expositions, une dame du service d’ordre annonce qu’aujourd’hui, « c’est différent, y aura du monde, ils ont aligné tous les ministres ».
La sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol est punie : on lui a collé la première intervention de la journée. Mais comme elle est caustique elle dit : « J’aime ces moments d’intimité. » Il est 9h54. Deux minutes plus tard, elle s’interrompt :
« Parler devant une salle vide est plaisant parce qu’on se regarde droit dans les yeux, mais parler devant une salle vide aussi bruyante qu’une salle pleine est assez troublant. »
Elle vient de fixer la ligne de ce congrès : chers-camarades-écoutez-moi-s’il-vous-plaît. La prière reviendra, inlassablement, d’intervention en intervention.
« Comme on dit dans les Deux-Sèvres... »
Que disent les orateurs à leurs camarades qui ne les écoutent pas ?
- Que « 30% du parti est aujourd’hui pour la sortie du nucléaire » ;
- qu’il faudrait organiser « un Solférino du développement durable, comme il y a eu un Grenelle de l’environnement » ;
- que « le rôle du parti, comme on dit dans les Deux-Sèvres, c’est d’être un va-devant » (dixit Delphine Batho) ;
- que « le cumul n’est pas de gauche, pas démocratique »...
Pauvre Paul Quilès ! Obligé, amer, de se rendre à l’évidence :
« La dissuasion nucléaire, je ne pense pas que ça intéresse tout le monde dans ce congrès... »
Crèmes glacées
Les salariés de Pilpa, un fabricant de crèmes glacées, venus raconter leur lutte, n’ont guère plus de succès. Sauf lorsqu’ils s’écrient :
« Le changement, c’est maintenant ! Pilpa vivra ! »
Dans ce qui ressemble à un réflexe pavlovien, la salle se lève et se sent socialiste.
10h49. François Rebsamen fait le coup du cauchemar, comme Bachelay vendredi, et le coup de « la ville rose qui n’a jamais aussi bien porté son nom », comme tout le monde. Encore une intervention pour rien.
Métaphore de son parcours politique, Robert Hue erre sans trouver sa place. Il échoue dans le carré réservé à la presse. Dans les travées, quelques caciques devisent sur un PS « balkanisé », transformé en « coopérative de personnalités ».
Le match des Gérard
Il est chaud, Benoît Hamon. Il est venu balayer le procès en amateurisme instruit par la droite, cette « belle bande de professionnels qui nous ont laissé 600 milliards d’euros de déficits supplémentaires », ce « concentré d’efficacité et d’intelligence qui nous a fait un million de chômeurs en plus », ce « concentré de compétences qui nous a laissé 350 000 pauvres de plus »...
Place au match des Gérard. Collomb croit pouvoir affirmer que l’heure n’est plus aux congrès-concours de formules audacieuses mais Filoche, se charge de lui montrer qu’un congressiste se chauffe toujours par la gauche. Son résumé du débat rigueur / relance est expéditif :
« Essayez de brancher un chauffe-plat dans un réfrigérateur ! »
Mais à 11h28, il triomphe en s’écriant : « C’est magnifique les cotisations sociales ! »
Instant testostérone
Elisabeth Guigou « espère que le quinquennat de François Hollande nous laissera le même souvenir que celui [sic] de François Mitterrand ». Un « chef d’entreprise socialiste » ose l’anaphore « moi chef d’entreprise ». On a honte pour eux.
11h51, instant testostérone, voici Manuel Valls, très applaudi. Il entonne un couplet sur « les sondages, les cotes de confiance, les indicateurs statistiques, les cotes d’avenir [...] les baromètres des baromètres » :
« Quand ils sont mauvais, ce n’est pas bon, et quand ils sont bons, on me dit que ça peut être mauvais. »
Valls, ce fayot
Il enchaîne sur un très bel exercice de fayotage à l’égard de Jean-Marc Ayrault, ce « Premier ministre disponible, à l’écoute, qui arbitre, tranche, coordonne les engagements ». Ecoutez son cri :
« Je suis fier d’être ministre de Jean-Marc Ayrault ! »
Suit Anne Hidalgo. Elle dit « je me réjouis, oui je me réjouis », « nous avons compris et nous avons appris », parle de « cette expérience qui est la nôtre » et explique que l’emploi, oui l’emploi, c’est important (et elle n’a pas peur de le dire).
Le jeu est simple : il faut faire se succéder à la tribune le maximum d’intervenants. Peu importe ce qu’ils ont à dire, ils seront contents, leurs amis aussi, leur sensibilité sera représentée, et le folklore proprement perpétué. Mais personne n’est dupe.
Anémone et Roberto Benigni
Prenez Claude Bartolone, ce président de l’Assemblée qui parle de plus en plus comme Roberto Benigni. Une phrase mise à part (« La dette, c’est un contresens de la nature, c’est de la souffrance différée »), il n’a tellement rien à dire qu’il abdique :
« Chers camarades, vous trouverez la fin de mon intervention sur mon blog. »
Marie-Noëlle Lienemann (qui, elle, ressemble de plus en plus à Anémone) affirme que « le capital public est une idée neuve » et que « si à Florange on ne trouve pas d’autre solution, il faut nationaliser ». L’assemblée semble assister à son intervention comme on avale un médicament au goût répugnant.
L’aspirateur et « Le Temps des cerises »
Même absence d’enthousiasme devant Pierre Moscovici. Pourtant, il fait des efforts. Il se montre tour à tour :
- orgueilleux (il salue la victoire de François Hollande avant de rappeler qu’il a été « vous le savez, le directeur de sa campagne présidentielle ») ;
- provocateur (« Croyez que je ne suis pas tombé amoureux de je ne sais quel chiffre ») ;
- condescendant (« Nous devons être sérieux ») ;
- dogmatique (« Le combat contre l’endettement, c’est le combat de la gauche »).
Non, vraiment, c’est bizarre. A 12h42, Mosco se tait. Un collègue journaliste radio me demande : « C’était le dernier ministre, non ? Alors c’est l’heure du sandwich. » Tant pis pour Pervenche Bérès.
Quelques minutes plus tard, dans cette grande salle vide, on passe l’aspirateur sur « Le Temps des cerises ».
« La gauche qui se lève tôt »
14h46. Olivier Faure, protégé de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, député de Seine-et-Marne, annonce, lyrique :
« Je suis venu vous parler de la gauche qui se lève tôt. »
Sa meilleure phrase.
Il invite le PS à aller à la rencontre de cette « France périurbaine », cette « France des petits collectifs et des rocades »... « Ces Français attendent de nous l’attention qu’ils méritent. S’ils nous voient à leurs côtés, alors la progression de Marine Le Pen sera endiguée », croit-il.
On voit défiler des vieilles gloires sur le retour et des inconnus qui ne donnent pas envie de les connaître. Je commence à trouver le temps long. Mais à 15h06, l’enthousiasme contenu depuis vingt-quatre heures se libère enfin.
Aubry : « J’espère que d’autres partiront »
« Martine ! Martine ! Martine ! », scande la salle. Accueil de star pour la maire de Lille. Leitmotiv : « Je suis heureuse ». C’est tout sauf un discours d’adieu.
Certes, elle passe le témoin à Harlem Désir, le « militant » parfait pour « reprendre le combat contre tous les racismes, toutes les discriminations ». Mais « ma génération a peut-être encore des choses à apporter au pays », glisse-telle. Devenue une sorte d’intouchable papesse, elle peut tout se permettre :
« Je suis partie... mais j’espère que d’autres aussi le feront. Il faut changer. »
Elle se pose en principal soutien de Jean-Marc Ayrault, cet « homme de gauche qui est droit ». Puis elle se lance dans un cours sur la compétitivité.
« Le coût du travail, c’est la cerise sur le gâteau. Il faut d’abord traiter le gâteau. Mais attention au sens dans lequel on met la cerise. »
L’incompréhension se lit sur les visages. La salle entière tente mentalement de se représenter comment on peut voir plusieurs sens à une cerise et décroche.
« C’est facile de signer des pétitions »
Elle assigne une tâche aux socialistes : « expliquer le sens » de la politique menée « au pied des HLM, sur les marchés ».
« Ne cédons pas à la tentation de haranguer le gouvernement. Nos réactions, passons-les aux ministres directement ou au Parti socialiste. Arrêtez de parler dans la presse ! Les Français ont besoin de nous voir comme un seul bloc. »
Elle insiste :
« Si nous voulons être utiles, ce sont les Français qu’il faut convaincre [sur le “mariage pour tous”, sur le droit de vote des étrangers, ndlr]. C’est facile de signer des pétitions, c’est moins facile d’aller convaincre son voisin. »
Une minute trente de standing ovation.
« Dix ministres au Medef... »
Et soudain, on entend le mot « idéologie ».
« Mener la bataille culturelle, lutter contre l’idéologie dominante, c’est notre mission principale. »
C’est Emmanuel Maurel qui parle. Pour le nouveau leader de l’aile gauche du parti, « il n’y a pas de compétitivité sans salaires corrects, il n’y a pas de compétitivité sans protection sociale de qualité, il n’y a pas de compétitivité sans services publics forts. »
« Fraternellement », il demande :
« Un ministre socialiste aux universités d’été du Medef, ça va ; dix ministres, était-ce bien nécessaire ? »
« Cher Harlem »
Il annonce qu’il a « proposé à Harlem » que le PS mène « trois grandes campagnes » dès la fin du congrès :
- une sur le droit de vote des étrangers ;
- une sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ;
- une pour une loi contre les licenciements boursiers.
Pour ce « cher Harlem », ça va être compliqué de se défiler.
Trois ministres défilent ensuite (je me retiens d’écrire une vacherie sur leurs costumes) :
- Arnaud Montebourg (qui a franchi un nouveau cap dans la préciosité) affirme que « l’Etat est de retour » et raille la droite qui, « pendant que des pans entiers de notre industrie étaient déménagés hors de France, organisait dans les sous-préfectures des débats sur l’identité nationale ».
- Vincent Peillon brode sur « les aurores incertaines » et affirme – ô, sublime audace ! – « Nous préférons les valeurs de la connaissance, du respect, de la transmission, de la laïcité à celles de l’argent, du bling-bling, du désengagement européen, du mépris des étangers. » Non mais quelle audace !
- Stéphane Le Foll invite les socialistes à avoir confiance en eux pour que les Français aient confiance en eux. Voilà voilà.
Corvée de timbres et pointes sèches
Au quatrième rang, Cambadélis s’offre une petite revue de presse égotiste sur iPad.
Au cinquième, corvée de timbres pour un délégué de la fédération de l’Eure. Il a des dizaines de cartes postales à affranchir, toutes à l’effigie de François Hollande. Son premier fédéral, Marc-Antoine Jamet, a décidé d’écrire aux militants.
Derrière, ça facebooke, ça tweete, ça se remaquille, ça s’examine la chevelure, ça fait la moue en se triturant les pointes sèches.
« Congrès du Parti national-socialiste »
Pendant ce temps, Alain Bergounioux, un des rares intellectuels de ce parti, parle de l’urgence qu’il y a à réhabiliter l’idée de « responsabilité collective », la rhône-alpine Claire Donzel s’en prend aux « jeunes hommes socialistes qui n’ont pas compris que leurs soeurs, leurs mères, sont des hommes comme les autres », et Malek Boutih parle de lui.
Malaise en écoutant la bourguignonne Nesrine Zaïdi. D’abord parce qu’elle dit la vérité :
« C’est bizarre de parler entre deux ministres, j’ai l’impression d’être un entracte, un divertissement... »
Elle précise qu’elle « plaisante », mais c’est exactement ça.
Malaise ensuite à 17h11 quand elle exprime sa « joie de [s]’exprimer au congrès du Parti national-socialiste ». Hum. Elle patauge.
Coitus interruptus
Une voix la coupe : « Je vous demande d’accueillir Jean-Marc Ayrault, notre Premier ministre ! » Musique.
Coitus interruptus, c’est finalement David Assouline qui apparaît. On ne comprend rien à ce qu’il raconte. Il est pourtant porte-parole du PS depuis que Benoît Hamon est entré au gouvernement.
17h23. « Je vais vous demander une nouvelle ovation pour le Premier ministre de la France », intime la sono. C’est la troisième de la journée. C’est tellement spontané.
Jean-Marc Ayrault est venu exiger du temps :
« Comme si en 100 jours nous pouvions interrompre la montée du chômage, rétablir la croissance, mettre fin aux inégalités, régler la crise de l’euro, arrêter la guerre en Syrie… »
Le « nouveau modèle français » d’Ayrault
Il est aussi venu revendiquer sa méthode, « celle de la mobilisation de toutes les forces du pays, de la fédération de toutes les énergies, de l’adhésion des Français à des solutions durables qui permettent d’ancrer le changement dans la durée » :
« Je revendique le choix de la négociation, au risque d’être parfois critiqué sur le rythme des réformes. »
Il bombe le torse : « Nous choisissons d’être audacieux en actes plutôt que radicaux en paroles ! » (Si seulement...)
Après « le rêve français » de François Hollande, Jean-Marc Ayrault a trouvé un concept dont il a l’air très content : « le nouveau modèle français ».
Qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas la question. C’est un peu tout à la fois. C’est tout ce qu’il veut faire – y compris « le non-cumul des mandats pour assurer la parité, la diversité et le renouvellement des générations », et là, la salle est en délire. Elle se lève et l’applaudit aussi chaleureusement qu’Aubry – l’honneur est sauf.
« Danse avec les stars »
Ayrault regagne sa place, Faure le renvoie sur scène avec Désir. Flashs. C’est dans la boîte.
Une dame du service d’ordre commence à s’inquiéter :
« Si ça continue on va rater le début de “Danse avec les stars”. C’est pas bientôt fini ? »
Non. Encore quelques minutes de gloire pour :
- « le gardien de la tombe de François Mitterrand » (le maire de Jarnac, Jérôme Royer) ;
- Pierre Larrouturou (« Notre rôle, c’est d’être des fouteurs d’espoir », OK Pierre) ;
- une intersyndicale de Sanofi, des autocollants plein les blouses ;
- Jérôme Guedj (« Le rôle du socialisme, c’est de créer de la conscience politique là où il y a de la conscience sociale », OK Jérôme) ;
- une poignée d’autres intervenants dont je n’ai pas le temps de noter les noms.
« Le changement d’heure, c’est maintenant »
Un type crie au scandale parce que « le texte de synthèse a changé entre Paris et Toulouse, et on nous dit que c’est venu d’en haut ». Personne ne réagit. Ils ont l’air d’avoir l’habitude.
Je me demande où est Jack Lang. Je me demande où est Lionel Jospin.
Patrick Bloche présente sa nouvelle coiffure et ses conclusions : il a assisté à des débats d’une « extraordinaire densité », à des échanges d’une « extraordinaire richesse ». Tu parles ! En élaguant les répétitions et les propos convenus, le journée aurait pu tenir en deux heures.
Dans le hall, j’entends trois fois la même blague :
« Le changement d’heure, c’est maintenant ! »
Repousser les limites du gnangnan
Dimanche. Des marathoniens en collant ont envahi la ville. Les militants lestés de cassoulet se font attendre. Le juke-box socialiste, lui, est immuable : Patti Smith et Barbara pour chauffer la salle.
On récite la litanie des 204 nouveaux membres du conseil national, le « parlement » du PS, censés représenter ses différentes sensibilités. On se dote d’une « charte éthique ». On regarde des petits films sur les riches heures du parti. On écoute des discours qui repoussent les limites du gnangnan.
« Jean-Marc Ayrault n’est pas un homme des dîners en ville », nous apprend Kader Arif, le ministre des Anciens combattants.
« Soyons fiers de Jean-Marc Ayrault parce qu’il est nous ! »
Désir comme aux Césars
11h39. Harlem Désir arrive. Il remercie le monde entier, comme aux Césars. Puis, en un peu moins d’une heure, parvient à faire oublier qu’il a été désigné plus qu’élu.
Cinq standing ovations ! Des militants déchaînés qui tapent des mains sur les tables ! Même Martine Aubry s’y est mise. Même le Premier ministre s’est levé (après avoir échangé un regard avec Brigitte Ayrault).
Vous méritez une récompense
Le fond de son propos n’a pourtant rien de trépidant. Il veut « inventer un nouveau modèle économique pour l’après-crise. » Affirme que « l’avenir de la France, c’est l’Europe ». Que « rien ne sera possible si nous ne restaurons pas l’unité de la République ». Et qu’il faut « bâtir un nouveau parti socialiste ».
Mais il a su trouver les mots pour enthousiasmer l’homo solferinus. Si vous êtes arrivés jusqu’à ces lignes, c’est que vous faites partie des courageux. Vous méritez une récompense : je vous ai concocté le top 10 des phrases les plus applaudies d’Harlem Désir.
Le mur de l’argent :
« Oui, il y a dans notre pays un nouveau mur du privilège et de la rente, comme on parlait hier du mur de l’argent [...] Eh bien je veux être clair : [...] ce nouveau mur du privilège et de la rente, nous allons l’abattre ! »
La « nostalgie Sarkozy » :
« Ils essaient de faire croire à une “nostalgie Sarkozy”, mais de quoi les Français devraient-ils être nostalgiques ? Du yacht de monsieur Bolloré ou de celui de monsieur Takieddine ? Du soutien à Ben Ali ou de la tente de Kadhafi plantée dans les palais officiels en plein Paris ? Des interviews dans Minute de Nadine Morano ou des “Auvergnats” de Brice Hortefeux ? Du paquet fiscal ou de la TVA sociale ? »
Le SMS :
« Le changement, cela ne va pas à la vitesse d’un SMS, cela ne se fait pas d’un coup de menton ! »
La droite donneuse de leçons :
« Nous n’avons aucune leçon à recevoir de la droite : la droite c’est 600 milliards de dettes en 5 ans ; les comptes sociaux plombés ; 70 milliards de déficits du commerce extérieur. Et plus d’un million de chômeurs supplémentaires en 5 ans. »
L’Europe, l’Europe, l’Europe :
« Oui nous voulons une autre Europe, plus sociale, plus démocratique, mais nous n’y parviendrons pas avec moins d’Europe [...] J’assume de vouloir que nous soyons le parti le plus européen de France. »
Pas de pitié sur la parité :
« Il est inacceptable, dix ans après la première loi, que des partis puissent encore payer pour se dispenser de réaliser la parité. Alors je propose une mesure simple : supprimer le financement public aux partis qui ne respectent pas la parité »
Harlem « Vie de meuf » Désir :
« Je serai un premier secrétaire féministe. »
Occupy Solférino :
« A tous ceux qui prédisent ou qui redoutent un parti-godillot, je dis : vous allez être surpris ! [...] Voilà mon message dans ce congrès : Socialistes, ouvrez grandes les portes du parti, occupez Solférino et invitez y les Français ! Prenez le pouvoir ! »
Les promesses, ça se tient (1/2) :
« Oui nous donnerons le droit de vote aux étrangers aux élections locales ! »
Les promesses, ça se tient (2/2) :
« Oui, nous ferons la loi sur le non-cumul des mandats. »
12h39. Le congrès est terminé. Reste à démonter la salle. Les permanents du PS vont enfin pouvoir libérer l’énergie révolutionnaire qui sommeille en eux.
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Par marialis2.2 le 28 Octobre 2012 à 23:32
Congrès du PS : Harlem Désir a pris les clés
Créé le 28-10-2012 à 12h34 - Mis à jour à 20h45 lienPar Nicolas ChapuisLe nouveau premier secrétaire du Parti socialiste a prononcé son discours d'intronisation, dimanche à Toulouse.
Harlem Désir lors de son discours au congrès PS de Toulouse, dimanche 28 octobre. (CHAMUSSY/LANCELOT/SIPA)
12h30, l'heure de la photo de famille. Harlem Désir achève son discours au congrès de Toulouse dimanche, et aussitôt les dirigeants socialistes montent sur scène. Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault encadrent le nouveau premier secrétaire du PS. Les autres jouent des coudes pour se placer. Olivier Faure et David Assouline, rivaux pour le porte-parolat - qu'ils devraient se partager bien malgré eux -, se marquent à la culotte. De leur côté Emmanuel Maurel et Jérôme Guedj, les tenants de la motion de l'aile gauche, se faufilent sur scène à l'appel de Désir. Tout le monde est là, souriez, c'est dans la boîte !
Harlem Désir, le premier, affiche sa mine réjouie. La tension du discours retombe. Avec elle, c'est trois jours de congrès qui se dissipent. Trois jours pour rien, ou presque. Toutes les questions de postes avaient été discutées en amont et les détails ont été réglés dans les coursives du palais des expositions. Pas de "nuit des résolutions", ces veillées nocturnes dans lesquels les courants se partagent au couteau, voire à la machette, les places au Conseil national. Les discours ont rythmé les jours, Ségolène Royal le vendredi, dans un exercice de style indéchiffrable, Martine Aubry libérée samedi, suivie d'un Jean-Marc Ayrault en quête de réconfort. Et donc "Harlem" ce dimanche.
Des fulgurances
On attendait de savoir qui de de l'apparatchik grisonnant ou de l'ancienne bête médiatique de SOS racisme allait l'emporter chez Désir. On a eu les deux. Le nouveau premier secrétaire a franchi l'étape obligée du grand discours sans la flamboyance d'autrefois mais avec quelques fulgurances. Comme cette pique qui fait mouche dans la salle sur le mariage homosexuel : "Ce n'est pas parce que M. Copé et M. Fillon ne s'aiment pas qu'ils doivent empêcher ceux qui s'aiment de se marier."
C'est d'ailleurs sur la droite que Désir s'en sort le mieux. Bonne nouvelle pour les socialistes, car c'est en bastonneur anti-UMP que le gouvernement conçoit le parti. "A chaque fois que M. Fillon fait une proposition, il déchire une page du code du travail", lance-t-il à l'adresse de l'ancien Premier ministre. "Quant à M. Copé, il est peut-être sur le point de se faire voler son pain au chocolat par M. Fillon, mais ce n'est pas une raison pour empoisonner la France en jouant sur les peurs, les préjugés et les amalgames." Avec la crédibilité du militant antiraciste, il attaque l'extrême droitisation de l'UMP : "ils courent se réfugier dans les jupes de Marine Le Pen."
Occupy Solférino !
Pour son premier discours, Désir respecte scrupuleusement les codes socialistes. Une louche d'histoire, de Jaurès à Mitterrand, quelques citations bien senties de René Char et d'Aimé Césaire, une touche d'Europe sauce Delors... Il surprend son monde tout de même en lançant dans un style à la Hessel : "Socialistes ouvrez grandes les portes du parti, occupez Solférino, et invitez-y les Français." La Puerta del Sol à Solférino !
Sur le rôle du parti, Désir prévient : "A tous ceux qui prédisent ou qui redoutent un parti-godillot, je dis : Vous allez être surpris !" Il rappelle les engagements sociétaux du parti, le mariage homosexuel, le droit de vote des étrangers aux élections locales et le non cumul des mandats. Le triptyque magique qui garantit à l'orateur une standing ovation.
Le discours touche à sa fin, Martine Aubry apparaît sur le grand écran. Elle glisse un mot à l'oreille d'Ayrault avec un air de passeuse de témoin convaincue. Celui qu'elle n'a pas choisi a bien pris le relais.
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Par marialis2.2 le 28 Octobre 2012 à 01:17
FRANCE
Ayrault propose d'édifier « un nouveau modèle français »
Critiqué depuis fin août, affaibli par son impair du début de la semaine, le Premier ministre a été longuement applaudi ce samedi au congrès du PS à Toulouse. Il a revendiqué sa méthode, lancé la contre-attaque face à la droite, et cherché à calmer les inquiétudes des Français en donnant un objectif à l'action gouvernementale.
A chacune de ses entrées dans la salle du congrès du PS à Toulouse, Jean-Marc Ayrault a été longuement applaudi par les militants. Entre la série de couacs gouvernementaux, la contestation de son autorité et son impair du début de semaine sur l'annulation de la loi Logement, Jean-Marc Ayrault avait besoin du soutien de la base. Et à Toulouse tout a été organisé pour qu'il l'obtienne. Pas un ministre, pas un dirigeant du PS n'a oublié de lui signifier son soutien à la tribune, au risque d'en faire un peu trop.
Jean-Marc Ayrault n'en était que plus attendu. Comme à son habitude, il a « assumé » et « revendiqué » sa méthode malgré les critiques. Mais cette fois, il a su donner « un sens » -« la justice » -et un horizon à l'action gouvernementale : la construction d'un « nouveau modèle français ».
Alors que nombre de socialistes estiment avoir, ces derniers mois, perdu la bataille de communication face à l'opposition, le chef du gouvernement a voulu lancer la contre-attaque. Chiffres à l'appui, il a fustigé le bilan de la droite : « 3 millions de chômeurs », « dette abyssale », « déficit commercial de 70 milliards »... Puis, comme d'autres orateurs avant lui, il s'est appuyé sur « l'aveu accablant » de François Fillon, jeudi sur France 2, selon lequel le gouvernement précédent a « volontairement retardé le plan social de PSA » : « Quel cynisme, quel mépris du peuple et du monde du travail », a-t-il lancé sous les applaudissements.
Il a également cherché à réhabiliter aux yeux des Français, les décisions prises dans la cadre du budget 2013, « un budget de combat contre le crise ». Conscient que « l'effort demandé aux Français est considérable », il a voulu convaincre qu'il est « équitablement réparti ».Et surtout que cet effort « est indispensable pour préserver notre souveraineté ». « Si nous laissons encore filer la dette alors ce seront les agences de notation et les marchés financiers qui dicteront notre politique. Je ne le veux pas pour mon pays », a-t-il lancé. Le message s'adressait à l'aile gauche du PS et, au-delà, à tous les socialistes qui doutent ouvertement de l'opportunité de maintenir l'objectif de réduction des déficits à 3% du PIB.
Alors que les impatiences sont grandes sur le rythme des réformes, le chef du gouvernement s'est attaché à prouver que son choix de laisser du temps au dialogue social peut porter ses fruits. « J'assume qu'il ait fallu plusieurs mois pour parvenir à un accord historique sur les dépassements d'honoraire ! J'assume le fait d'avoir pris le temps de la négociation pour le contrat de génération et je me félicite qu'elle vienne de se conclure », a-t-il souligné. Et d'expliciter encore : « les réformes structurelles que nous allons engager ne peuvent se faire à la hache (...). L'heure est trop grave pour que nous ne cherchions pas en permanence la solidarité dans l'effort ».
Parce que l'effort passe mieux quand on lui donne un but, Jean-Marc Ayrault a donc tenté de « réenchanter » la politique de son gouvernement en se fixant pour objectif « l'édification d'un nouveau modèle français », qui « allie la solidarité et la performance », qui « permette de pérenniser ce que nous avons réussi et d'améliorer ce qui ne fonctionne plus ». Le contenu de ce nouveau modèle est, sans surprise, le programme présidentiel de François Hollande.
A part la confirmation que des « décisions seront prises » sur la compétitivité le 6 novembre prochain, le Premier ministre n'a pas fait d'annonce à Toulouse. Les socialistes attendaient surtout de lui un cap et un discours offensif. « C'est l'élément qui, manquait entre le programme gouvernemental et l'idéal du « rêve français » (promu par François Hollande pendant la campagne, ndlr) », s'est félicité le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi.
Au passage, Jean-Marc Ayrault a consacré un paragraphe de son discours à un plaidoyer pro domo : « Je viens de cette France, la vôtre, cette France des territoires, cette France qui entreprend, cette France qui réalise, cette France qui parle peu mais qui travaille. Cette France qui ne se vante pas, mais qui a su s'imaginer un avenir ». Manière de se poser en représentant de la province victime des critiques d'une élite parisienne, façon de se dessiner un profil certes besogneux mais efficace.
Décidés à prouver qu'ils font bloc derrière le Premier ministre, les ténors du PS en ont fait des tonnes. « Je suis fier d'être ministre de Jean-Marc Ayrault ! Et il n'y aura pas de réussite individuelle sans réussite collective du gouvernement de Jean-Marc Ayrault », a lancé Manuel Valls, le ministre le plus populaire du gouvernement. « Les moralistes du XVIIIè siècle auraient qualifié Jean-Marc Ayrault d'honnête homme. « C'est un homme de gauche et il est droit », a commencé Martine Aubry, avant d'ajouter, comme emportée par sa tirade : « En politique, être de gauche et être droit, c'est pas souvent que cela arrive... ». Pas sur que tous les socialistes aient apprécié.
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