• Melancholia : chronique d'un chef-d'œuvre sabordé

    CINEMA. Avec un réalisateur comme Lars von Trier, aussi décrié qu'adulé pour ses frasques et ses films, le nouveau Melancholia revenu avec un Prix d'interprétation à Cannes pour Kirsten Dunst pose une question : peut-on continuer à être un grand cinéaste, tout en étant un grand provocateur ?
    Sélectionné et édité par Christopher Ramoné

     

    Avant d’être déclaré "persona non grata" au Festival de Cannes, Lars von Trier venait présenter en compétition son dernier film, Melancholia, deux ans après son sulfureux Antichrist qui avait valu à Charlotte Gainsbourg le prix d’interprétation féminine. Cette fois encore, Lars von Trier frappe fort et suscite un engouement de la presse presque unanime.

     

    Lars von Trier, réalisateur de la provocation / 15-8-2011 / FRANCOIS GUILLOT / AFP

    Lars von Trier / AFP

     

    Considéré comme son chef d’œuvre absolu, le jury du 64e Festival de Cannes ne s’y trompe pas en décernant à Kirsten Dunst le prix d’interprétation féminine pour sa performance dans Melancholia, récompensant également indirectement le talent de son réalisateur. Pour autant, ses frasques, son comportement très bordeline et sa réputation risquent de voir Melancholia boycotté par bon nombre de personnes. Peut-on alors dissocier les provocations d'un réalisateur à son travail?

     

    Lars von Trier : un réalisateur talentueux et controversé

    19 mai 2011. Lors de sa conférence de presse cannoise, Lars von Trier déclare avoir de la sympathie pour "Hitler" et provoque un tôlée de la part de l'assistance et des festivaliers. Avant de s'enfoncer plus, il déclare à demi-mot pour clôturer le débat "Ok, I'm a Nazy" en riant à moitié. Peut-on alors rire de tout ? La réponse est non.

    Et même si on est un réalisateur très talentueux – on lui doit les bouleversants Dancer In the Dark, le fascinant Dogville, et le choquant Antichrist – il y a des choses à ne pas dire. Malgré ses excuses, le Festival de Cannes n'a alors pas le choix et le renvoie, lui et sa caravane, dans d'autres contrées.

    Le film, pas exclu de la compétition, sera le dernier Lars von Trier sélectionné à Cannes. Déclaré "persona non grata", Lars von Trier ne viendra plus provoquer la Croisette, ni par ses frasques, ni par ses films. Lars, qu'as-tu fait ?

     

    Affiche de Melancholia / Allociné

    Melancholia, affiche du film

     

    Melancholia, la fin du monde vue par un atypique

    Que vaut alors le film ? Et bien on se dit que Lars von Trier n'avait pas besoin de faire autant parler de lui tant ce dernier long métrage se suffit à lui-même ! Avec Melancholia, Lars von Trier nous livre son interprétation de la fin du monde, lorsqu'une planète menace d'entrer en collision avec la Terre. Une interprétation très personnelle, très sombre qui vous bouleversera au plus profond de votre âme. Rarement on avait vu une fin du monde si esthétisante, si fascinante et si angoissante.

    Les premières minutes du film valent à elles-seules le déplacement. Lars von Trier commence son film de la plus belle des manières. Pendant près de dix minutes, on assiste à la fin du monde, ou du moins à quelque chose qui y ressemble ! Des scènes aux ralentis incroyables, rythmées par le Prélude de Tristan und Isolde par Wagner. Si The Tree of Life a été souvent applaudi pour ses qualités esthétiques attendez de voir ce que vous a préparé le réalisateur danois. Époustouflant !

     

    Si la première partie du film est relativement longue à se mettre en place et est quelque peu déroutante (un mariage de rêve, une résidence magnifique, des invités fortunés...) la seconde partie est une pure merveille. Lorsque le mariage est passé et que plus rien n'est sûr, on assiste à une montée en puissance hallucinante du dramatique qui nous assure une immersion totale et un voyage sans retour !

     

    Kirsten Dunst, prix d'interprations féminine à Cannes 2011 / 22-5-11 / VALERY HACHE / AFP

    Kirsten Dunst / AFP

     

    Maîtrise d'un art sans équivoque : von Trier a encore frappé fort !

     

    Lars Von Trier crée un climat d’angoisse permanent. D’abord par une première partie pleine de monde où on voit Justine (Kirsten Dunst) ne plus en pouvoir, comme noyée dans la foule. Puis le film ne quitte plus la propriété de Claire (Charlotte Gainsbourg) et un huit clos insoutenable voit le jour autour de quatre personnages. Seul lien avec le monde extérieur, un ordinateur connecté à Internet. Et quand les éléments se déchaînent, toute fuite vers le village le plus proche est impossible. Comme si cette famille était maudite et destinée à rester coupée du monde. Rien à faire d’autre qu’attendre la mort, sagement ou pas.

    Les films de Lars von Trier sont souvent des puzzles où chaque pièce s’imbrique petit à petit. Ici le puzzle reste en chantier et toutes les questions ne trouvent pas de réponses. Pourquoi ce cheval refuse-t-il de traverser ce pont ? Combien de temps s’est écoulé depuis le mariage ? Où est le reste du monde pendant que Melancholia (nom de la planète en question) approche dangereusement ? Où se trouve cette maison si grandiose et si éloignée de la vie?

    Quant à la toute fin du film, elle est des plus réussie. Le côté dramatique est alors à son paroxysme, et l'apocalypse peut enfin arriver. D'une beauté incroyable, ces dernières minutes sont lancinantes, fascinantes, et terrifiantes. Le cataclysme final ne vous laissera pas de marbre et le retour à la réalité est des plus douloureux. Lars von Trier a encore frappé !

     

    Aux allures de chef-d'œuvre inclassable et intemporel, Melancholia sera-t-il pénalisé par un réalisateur trop provocateur ? Oui, certainement. Les "exploits" de Lars von Trier ont déjà coûté la Palme à Melancholia et on espère qui ne lui coûteront pas un boycott trop cruel.

     

    Oubliez alors l'homme et regardez son œuvre,

    car au final c'est la seule chose qui compte !

    Auteur parrainé par Christopher Ramoné


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  • 05 août 2011 - 12H57  

    Les diasporas celtes fêtées au Festival interceltique de Lorient
     

    Venus d'Australie, des Etats-Unis, du Chili, du Mexique ou même du Vietnam, des chanteurs et musiciens des diasporas celtes feront entendre leur voix, encore méconnue, au 41ème Festival interceltique de Lorient (FIL), qui les met à l'honneur du 5 au 14 août.

    Venus d'Australie, des Etats-Unis, du Chili, du Mexique ou même du Vietnam, des chanteurs et musiciens des diasporas celtes feront entendre leur voix, encore méconnue, au 41ème Festival interceltique de Lorient (FIL), qui les met à l'honneur du 5 au 14 août.

    es pays ou régions traditionnellement représentées au FIL (Irlande, Ecosse, Bretagne, Galice...) "ont envoyé des migrants partout, en Amérique du Nord et du Sud notamment", mais aussi au Vietnam et aux Philippines, explique Lisardo Lombardia, le directeur général du festival interceltique. . AFP PHOTO FRED TANNEAU

    Les pays ou régions traditionnellement représentées au FIL (Irlande, Ecosse, Bretagne, Galice...) "ont envoyé des migrants partout, en Amérique du Nord et du Sud notamment", mais aussi au Vietnam et aux Philippines, explique Lisardo Lombardia, le directeur général du festival interceltique. . AFP PHOTO FRED TANNEAU

    AFP - Venus d'Australie, des Etats-Unis, du Chili, du Mexique ou même du Vietnam, des chanteurs et musiciens des diasporas celtes feront entendre leur voix, encore méconnue, au 41ème Festival interceltique de Lorient (FIL), qui les met à l'honneur du 5 au 14 août.

    Les pays ou régions traditionnellement représentées au FIL (Irlande, Ecosse, Bretagne, Galice...) "ont envoyé des migrants partout, en Amérique du Nord et du Sud notamment", mais aussi au Vietnam et aux Philippines, explique Lisardo Lombardia, le directeur général du festival interceltique.

    "Nous avons voulu mettre en valeur cette continuité, cette génération qui, bien intégrée et sans rien renier de ses racines, a réussi à s'exprimer", poursuit-il, en se félicitant que "pour la première fois, les cinq continents soient présents à Lorient".

    Pour rendre hommage à ce "souffle d'air nouveau", le FIL propose ainsi de découvrir une dizaine de formations, parmi lesquelles le groupe de rock celtique australien Claymore, qui mêle guitare, mandoline, violon, caisse claire, cornemuse et didgeridoo (sorte de grande flûte aborigène); le pipe-band mexicain La Banda de gaitas del Batallon de San Patricio, et le groupe chilien Ta Fechu, créé en 2007, qui marie pour sa part la tradition asturienne et le folk chilien.

    "Les portes de l'Annam", une création musicale, racontera l'épopée de marins bretons, partis au XIXe siècle en Indochine, décidés à soutenir le prince Nguyen Phuc Anh dans la reconquête de son royaume.

    Nouveauté de l'édition 2011, un "dôme des diasporas", pavillon en forme d'hémisphère, accueillera de nombreuses expositions, des projections et une scène pour les animations musicales.

    Réputé pour son ambiance festive, le festival interceltique espère accueillir quelque 800.000 personnes pour une centaine de spectacles - plus de la moitié gratuits - qui animeront pendant dix jours et dix nuits les quais et rues de la ville.

    Rendez-vous incontournable, la Grande parade des nations celtes verra défiler devant plus de 65.000 spectateurs quelque 3.000 danseurs, chanteurs et musiciens en costumes traditionnels.

    Outre les diasporas celtes, le festival met aussi à l'affiche des artistes bretons comme la harpiste et chanteuse Cécile Corbel, Denez Prigent, Eric Le Lann, les groupes Tri Yann et Carré Manchot. La chanteuse Luz Cazal, The Waterboys, The Chieftains, Carlos Nunez, le groupe de Glasgow Texas, actuellement en tournée européenne, feront également une halte à Lorient.


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    "Il y a longtemps que j'ai pris l'habitude de noter non seulement  les étapes et incidents de mes voyages, mais les événements  petits et grands de ma vie quotidienne, le temps qu'il fait, les  métamorphoses de mon jardin, les visites que je reçois, les coups  durs et les coups doux du destin. On peut parler de "journal" sans  doute, mais il s'agit du contraire d'un "journal intime". J'ai forgé  pour le définir le mot "extime".

    Michel Tournier


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  • 2 août 2011 "SAUCE PIQUANTE"

    Entrez donc dans le « musée des erreurs » !

    Antonin Nompar de Caumont, duc de Lauzun

     On dira que c'est un livre du dimanche, il était là sur l'étal du bouquiniste d'un marché de Paris. Couverture sans doute jaune pâle à l'origine, encore un peu plus pâle par les années. Albin Michel, éditeur ; année d'édition : 1928. Deux auteurs : l'un qui fut surnommé "le prince des gastronomes", l'autre fut traducteur de russe, notamment de Tolstoï. La langue étant donc une gastronomie, voilà les compères (aidés de nombreux lecteurs) partis à la très goûteuse chasse aux "barbarismes et solécismes", "fausses citations et fausses attributions", "pataphars" (joli mot que nous ne connaissions pas, un synonyme de salmigondis), "jargon journalistique", perles judiciaires, envolées des textes commerciaux, joyeusetés de style des romans-feuilletons... Nous sommes en 1928, donc. Le passé aurait-il trompé les lecteurs, ô vous lecteurs, si critiques notamment sur l'actuelle qualité des articles et de leur correction ?

    Au sujet de ces perles début de (XXe) siècle, deux suppositions : soit les correcteurs étaient provisoirement aux champs (quoique... vous verrez bientôt sur ce blog que même aux champs, ils causent métier), soit on avait carrément fait l'économie de leurs services (ah bon ? est-ce possible ?). Bref, n'importe nawak.

    Respectant la typo' de l'ouvrage, nous vous offrons donc un florilège de ce Musée des erreurs, vous livrant au plaisir de découvrir des pataphars ou rectifier les bourdes... et ne vous laissez pas avoir par le lyrisme de certains passages ! :

    "Son acte homicide accompli, le meurtrier fuya droit devant lui..." (Gazette de Liège, 27 juin 1927)

    "Certes, notre confrère Louis Forest a parfaitement raison de s'élever, dans l'Animateur des temps nouveaux, contre notre manie d'anglicaniser la langue française" (Le Rappel, 22 janvier 1927)

    "Voici venir l'hiver, hostile aux pauvres gens !" (Le Journal, 17 octobre 1926)

    "Hier matin, H. R., partit pour Paris, laissant sa jeune femme couchée, car depuis huit jours, elle était atteinte de fièvre aphteuse" (Le Journal, 22 juillet 1928)

    "Cinq ou six messieurs ont oublié cette Société (des nations) et ont essayé de créer un triumvirat" (Le Temps, 22 mars 1926)

    "Une jeune revue vient précisément de se fonder dans la patrie de Heredia, à l'île Maurice" (Les Nouvelles Littéraires, 27 février 1927)

    "Lauzun, le beau Lauzun, se présente à l'histoire surtout comme un compagnon de La Fayette dans la lutte pour l'Indépendance américaine (...)" (L'Illustration, 9 octobre 1926)

    "Avait-elle le droit de tuer au vol les mots d'amour, comme on détruit les papillons multicolores parce que demain, ils se transformeront en chenilles voraces ?" (Le Mendiant dans la Cour, conte publié par la Mode du Jour, du 20 janvier 1927)

    "Rue de Rivoli, Mlle Antoinette Dondardi, 27 ans, de nationalité corse, demeurant rue Berzélius, est renversée par une auto" (dans L'Intransigeant, 15 juin 1927)

    "Si Léon Cladel était né dans les Pyrénées-Orientales, sa prose aurait eu les replis argentés de l'eau grondante et écumeuse du gave de Pau. C'est simple, mais encore fallait-il y penser" (Le Canard Enchaîné, du 1er juin 1927)

    "La belle fille devint pourpre comme un beau Château Yquem" (Francis Jammes, Revue Universelle, 15 février 1928)

    "Je fus assise au dîner à la droite du prince de Galles, à ma gauche était l'ambassadeur d'Autriche" (Yvette Guilbert, la Chanson de ma vie, P. 222)

    "Clermont-en-Argonne. – La jolie église Saint-Didier, du XVIe siècle (mon. hist.) quoique incendiée, subsiste en entier, malgré l'effondrement des voûtes" (Guides bleus, édition 1923, p. 213)

    "Le talent de Madame Judic est comparable à de la mousse de champagne : n'y portez pas le scalpel, vous ne trouveriez plus que de la cendre" (Paul de SAINT-VICTOR)

    "Sur le port, la foule plus nombreuse est accourue et les fenêtres sont pleines de curieux maintenus à distance par la troupe" (Excelsior, 31 mars 1927)

    "Elle venait de se suicider dans son domicile en se sectionnant les poignets avec un rasoir, et en se tirant ensuite un coup de fusil de chasse" (Le Petit Parisien, 10 avril 1926)

    "Aussi nos divisions sont-elles réduites à l'état d'un squelette dont les os percent la peau" (compte-rendu d'un débat à la Chambre des députés, 19 déc. 1925)

    Un restaurant de Monaco affiche : "Bouillabesse vivante"

    "Il y a là contradiction flagrante avec les déclarations du sourd-muet, qui prétend avoir assommé sa belle-mère avec une barre de fer ; on a des doutes aussi sur l'existence du deuxième sourd-muet dont le meurtrier a parlé" (Le Journal, 16 mars 1926)

    Un avocat : "Hélas ! Messieurs, dans cette affaire mon client  été plumé comme un lapin"

    "Le misérable se précipita sur l'enfant. Il lui saisit la tête, lui en vida le contenu dans la bouche, et le pauvre petit retomba suffoqué" (Alexis BURNIER)

    "Mais le choc même d'une réalité horripilante n'est-il pas moins mauvais que l'agacement des efforts soutenus pour en retarder l'effet ?" (C. de BUSSY, les Ecueils du bonheur)

    "Triomphante, elle rompait de son pied cette épée de Damoclès suspendue sur sa tête" (Gabriel MARTIN : Margarett, p. 171)

    "La place que la Bretagne occupe au centre de l'Europe la rend beaucoup plus curieuse à observer que le Canada" (H. de Balzac, les Chouans)

    "Le seul moyen efficace de combattre le chômage, c'est de donner du travail aux chômeurs" (D'un discours de M. FALLIÈRES, ministre du Travail)

    "Lorsque sur un sol vierge et nu, l'on ne voit aucun ennemi, c'est qu'il n'y en a pas" (De la Revue Militaire Française, 1er mai 1927)

    Quoique... si nous pouvons nous permettre.


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  • Dernière modification : 29/07/2011 
    - Censure - Liban - Musique

    La brève arrestation du chanteur Zeid Hamdan provoque un tollé au Liban
     
     La brève arrestation du chanteur Zeid Hamdan provoque un tollé au Liban 
    Nom : Zeid Hamdan. Profession : chanteur et compositeur libanais. Signe particulier : figure de la scène musicale underground. Chef d'accusation : avoir "diffamé" le président Michel Sleiman. Sentence : une journée de détention.
    Par Marc DAOU (texte)
     

    "Je suis libre maintenant, merci pour votre aide". C’est par ce court message rédigé sur son profil Facebook que le chanteur et compositeur libanais Zeid Hamdan a annoncé sa libération à ses fans. Et ce quelques heures après avoir été arrêté, mercredi, par la police judiciaire.

    C'est avec une chanson intitulée "General Suleiman" que cette figure emblématique de la scène underground libanaise, âgée de 35 ans, s’est attirée les foudres des autorités au point de risquer jusqu’à deux ans de prison. Selon ces dernières, le titre du groupe Zeid and the Wings aurait "porté atteinte à la personne et à l’honneur du président de la République", le général Michel Sleimane.

     
     
     
    "Si je dois aller en prison pour cela, j’assume"
     
    Une nouvelle surprenante sachant que "General Suleiman" a été écrite en 2008, soit peu après l’élection de Michel Sleimane, alors à la tête de l’armée libanaise, et que le clip vidéo est posté sur YouTube depuis près d’un an.
     
    Chantée en anglais, elle dénonce sur un rythme reggae aussi bien le militarisme, la corruption, les milices que l’ingérence des pays étrangers et des services de renseignement voisins. Enfin, elle se termine par "General Go Home!" ("Général, rentre chez toi !"). C’est cette ultime phrase "diffamante" qui a valu à Zeid Hamdan son arrestation après avoir été convoqué trois fois au cours du mois de juillet par le procureur de la République libanaise.
     
    "Après avoir écrit cette chanson, certains membres de mon groupe ont eu peur des conséquences de cette phrase. Mais j’ai pris le risque de l’écrire car je ne m’imaginais pas finir en prison pour une raison aussi légère", explique à France24.com Zeid Hamdan, joint par téléphone à Beyrouth.
     
    Étonné par la réaction tardive des autorités, il affirme néanmoins que son intention n’était "ni d’insulter ni de provoquer" qui que ce soit. "Cette dernière phrase est innocente et universelle. Ma chanson est pacifiste et appelle à mettre un terme au rôle politique des militaires. Il y a encore beaucoup trop de généraux au pouvoir, notamment en Égypte et en Libye. Si je dois aller en prison pour cela, j’assume plutôt que de céder à l'autocensure."
     
    "Libérez Zeid Hamdan"
     
    Le chanteur ne dormira toutefois pas en prison puisque les autorités ont fini par le relâcher dans la soirée de mercredi. "Peut-être ont-ils été influencés par la forte mobilisation en ma faveur sur Internet et la médiatisation de mon arrestation. Ils n’ont peut-être pas voulu faire de mauvaise publicité au président Michel Sleimane pour une raison aussi futile", note le compositeur.
     
    Peu après sa mise aux arrêts, Zeid Hamdan avait appelé, via Facebook, ses fans à se mobiliser. Sans s’attendre à l’ampleur de la vague de soutien qui a alors déferlé en quelques heures sur la Toile. Les messages de soutien ont afflué sur Twitter, Facebook, où une page intitulée "Libérez Zeid Hamdan" a été rapidement créée, et sur la page YouTube du clip de la chanson incriminée. "Cette mobilisation et tout ce bruit m’ont beaucoup touché. Et dire que seule une vingtaine de personnes sont venues assister au lancement du nouvel album de mon groupe, "Aasfeh", quelques jours plutôt", ironise Zeid Hamdan.
     
    "Si j’avais été arrêté en Syrie, vous n’auriez plus de mes nouvelles"
     
    L’arrestation d’un artiste a en tout cas provoqué un tollé au Liban, où la presse dénonce fréquemment un climat de censure. "Les atteintes à la liberté d’expression se répètent dangereusement", titrait, jeudi, le quotidien francophone L’Orient-Le Jour. "Le pays a récemment changé d’orientation politique, le gouvernement actuel soutient une dictature voisine sanguinaire [la Syrie, ndlr], les armes circulent dans tout le pays et les atteintes aux libertés sont flagrantes", déplore Zeid Hamdan.
     
    Et le chanteur d'ajouter : "le Liban doit rester un exemple en matière de combat pour la liberté et le précurseur des soulèvements démocratiques arabes. Ce dont je suis fier. Si j’avais été arrêté en Syrie, vous n’auriez plus de mes nouvelles".

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