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    Bac 2014 : la réussite en hausse, tirée par les séries

    technologiques et professionnelles

    MARIE-CHRISTINE CORBIER / JOURNALISTE | <time datetime="2014-07-10T17:29:55+02:00">LE 10/07 À 17:29, MIS À JOUR À 18:48   </time>lien 
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    • <figure itemid="/medias/2014/07/10/1023732_bac-2014-la-reussite-en-hausse-tiree-par-les-series-technologiques-et-professionnelles-web-tete-0203634858765_660x453p.jpg" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"><figcaption itemprop="description">

    Le taux de réussite au bac 2014 est en hausse de 1,1 point par rapport à 2013. - AFP

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    + DOCUMENT - Le taux de réussite au bac 2014 s’est hissé à un niveau record de 87,9%, en hausse de 1,1 point par rapport à 2013, selon les chiffres quasi définitifs publiés ce jeudi par le ministère de l’Education nationale.

    Le taux de réussite global au baccalauréat est en hausse de 1,1 point par rapport à 2013 et « atteint un niveau inégalé », selon les résultats quasi-définitifs publiés ce jeudi par le ministère de l’Education nationale. Sur les 710.600 candidats qui étaient présents aux épreuves du baccalauréat en juin, 624.700 ont décroché le diplôme, soit un taux d’admis de 87,9 %. Le pourcentage de bacheliers dans une génération atteint 77,3 %. Il « s'approche des 80 % », s’est félicité le ministère, en faisant référence l’objectif fixé en 1985 par l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement.

    Un pourcentage qu’on peut aussi lire autrement : près d’un jeune sur quatre n’obtient pas le bac. « Il serait faux de dire que le bac est attribué universellement à toute une génération. Sauf à considérer qu’un quart des jeunes, ce n’est rien »,commentait, début juin, avant le début des épreuves, la directrice générale de l’Enseignement scolaire, Florence Robine.

    Recul du bac général

    La hausse affichée par le ministère cache, par ailleurs, une disparité des résultats selon les séries. Le taux de réussite au bac général s’élève à 90,9 %. Il reste élevé malgré une baisse de 1 point. Ce recul touche toutes les séries. La série ES enregistre la régression la plus forte (-1,7 point), suivie des séries L (-0,9 point) et S (-0,6 point). La régression reste néanmoins relative, les trois séries affichant des résultats approchant ou dépassant les 90 % de réussite.

    Les résultats sont surtout en hausse dans les séries technologiques (+4,2 points) et professionnelles (+3,4 points). « Le bac pro s’installe comme un diplôme de première importance », indiquait le ministère avant le début des épreuves, en évoquant le nombre d’inscrits dans cette filière (205.000 contre 341.317 pour le bac général). La direction de l’Enseignement scolaire y voyait alors « une grande satisfaction traduisant le caractère insérant et qui recueille l’adhésion de beaucoup d’entreprises, de jeunes et de familles autour du bac pro », alors que ce bac vient d’être réformé (trois ans au lieu de quatre).

    Des inégalités criantes

    Les résultats définitifs seront connus à l’issue de la session de septembre, réservée aux candidats qui n’ont pas pu se présenter en juin pour des raisons de force majeure.

    Ces taux de réussite dont se réjouit le ministère seront toutefois à examiner aussi en fonction de l’origine sociale des bacheliers - les chiffres seront connus à l’automne. Si le taux de réussite progresse au fil des ans (60,5 % en 1960), le baccalauréat illustre aussi les inégalités criantes que produit l’école républicaine. L’an dernier, le ministère avait d’ailleurs déploré les « écarts insupportables » de réussite selon les origines sociales. Les enfants d’inactifs, d’employés de service et d’ouvriers non qualifiés voyant « leur chance d’obtenir le bac, quel qu’il soit, diminuer. »

    POUR EN SAVOIR PLUS :

    DOCUMENT L’intégralité des résultats du bac 2014

     
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    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/0203634858695-baccalaureat-2014-un-taux-de-reussite-record-a-879-1023732.php?bt2q3sy2zxTDAKGK.99


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  • Après un faux départ, le Festival d'Avignon démarre

     

    Publié le 05.07.2014, 17h54 | Mise à jour : 19h26     lien 


     
    Avignon, vendredi soir. En lieu et place d'un des spectacles d'ouverture du festival, les badauds ont assisté à une projection militante sur l'immense façade du palais papal, en soutien aux artistes et techniciens. 

    Avignon, vendredi soir. En lieu et place d'un des spectacles d'ouverture du festival, les badauds ont assisté à une projection militante sur l'immense façade du palais papal, en soutien aux artistes et techniciens.  | (AFP/BORIS HORVAT.)

     
    Après un levé de rideau raté vendredi soir, le Festival d'Avignon tente de repartir du bon pied. Comédiens, mimes et musiciens, ont envahi samedi les rues de la ville pour le lancement du «Off» qui rassemble 1 083 troupes de théâtre.<btn_noimpr> </btn_noimpr>Concernant le programme officiel, le «In», quatre pièces sont programmées ce samedi soir. 

    Parmi elles, le «Prince de Hombourg» doit se jouer à 20 heures dans la Cour d'honneur du palais des Papes. Cette pièce de Kleist montée en 1951 par le fondateur du festival d'Avignon Jean Vilar avec Gérard Philipe, a été annulée vendredi soir - avec une autre pièce - pour cause de grève en soutien au mouvement des artistes et techniciens intermittents du spectacle. 

    «Le combat des intermittents doit rester dans un cadre légal»

    Selon Olivier Py, le directeur du festival, ces annulations se chiffrent à quelque 29 000 euros, rien qu'en billetterie. S'il s'est déclaré respectueux du droit de grève, il a rappelé vendredi que «le combat des intermittents doit rester dans un cadre légal».  

    De son côté, le personnel du festival a fait savoir vendredi qu'aucune autre grève n'était prévue à ce stade. Toutefois, sur le terrain, des éléments radicaux de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) espèrent encore convaincre les équipes des spectacles de se mettre en grève. La Coordination a appelé à une grève le 7 juillet, et le syndicat CGT Spectacle le 12. 

    Les grévistes s'opposent à la nouvelle convention d'assurance chômage qui durcit leurs conditions d'indemnisation. Vendredi, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a dit comprendre leur inquiétude.

    Voir l'image sur Twitter



    Le festival de théâtre de rue de Bar-le-Duc également perturbé

    Depuis son ouverture vendredi, le festival «Renaissances» de Bar-le-Duc (Meuse), qui programme théâtre de rue, danse, cirque et arts visuels, a été fortement perturbé par le conflit des intermittents.

    Samedi, sur 36 spectacles programmés initialement, 28 spectacles étaient annoncés. Dans l'après-midi, selon le site du quotidien régional l'Est républicain, des intermittents en colère ont manifesté devant le local du Parti socialiste de la ville dont ils ont repeint la vitrine en rouge. Un acte de «fermement» condamné par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. 

    Vendredi, seuls trois spectacles sur les 15 prévus ont pu être joués. «Ceux qui ont joué étaient des compagnies étrangères, venues avec leurs propres techniciens», a précisé Christelle Meriguet, coordinatrice et administratrice de ce festival organisé par la municipalité. Avant le déclenchement de la grève, les organisateurs de cette 17e édition tablaient sur 40 000 spectateurs.

     

     

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    LeParisien.fr 


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  • Festival d'Avignon : deux spectacles annulés, les ministres «persona non grata»

    Marie Campistron | Publié le 04.07.2014, 11h37 | Mise à jour : 17h37    lien 

     
    Avignon (Vaucluse), mercredi soir. Les répétitions du « Prince de Hombourg Â» ont été perturbées par des intermittents, donnant lieu à des échanges violents.

    Avignon (Vaucluse), mercredi soir. Les répétitions du « Prince de Hombourg » ont été perturbées par des intermittents, donnant lieu à des échanges violents.

     
    Après le vote d'une majorité du personnel en faveur d'une grève, jeudi soir, en soutien au mouvement des intermittents, le 68ème festival d'Avignon s'ouvre par une grève. Le directeur du festival, Olivier Py, a annoncé que la pièce «Le Prince de Hombourg» et le ballet «Coup fatal» ne se joueraient pas, à la suite d'un vote des équipes. <btn_noimpr> </btn_noimpr>

    Lors de cette assemblée générale, 204 salariés du festival ont voté pour la grève, 144 contre et 4 se sont abstenus, selon un représentant de laCGT-Spectacle. Ces votes «ont lieu à bulletins secrets et de manière ultra majoritaire», a précisé Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT.

    Le collectif des salariés du festival d'Avignon a indiqué vendredi qu'aucune autre grève n'était programmée pour la suite de la manifestation, mais que les «membres du gouvernementétaient «persona non grata» au festival. Lors d'une conférence de presse au coeur de la ville, place de l'Horloge, le collectif s'est désolidarisé des appels à la grève pour le 7 juillet (lancé par la coordination des intermittents et précaires), et le 12 juillet, émanant de la CGT Spectacle.

    «Une riposte nécessaire»

    Selon le responsable cégétiste, l'action de ce vendredi soir est «la riposte nécessaire à l'avenir du spectacle vivant», après l'agrément de la convention d'assurance chômage par le gouvernement. La CGT «s'oppose à la convention (...) telle qu'elle a été négociée et à l'agrément qui a été donné par le ministre du Travail.» Le gouvernement doit «assumer ses décisions et leurs conséquences» a-t-il ajouté au micro de France Info

    Les intermittents protestent contre la nouvelle convention d'assurance-chômage qui durcit leurs conditions d'indemnisation

    La «force» des intermittents, «c'est leur démarche collective telle qu'ils l'ont engagée depuis plusieurs semaines maintenant», a poursuivi Thierry Lepaon, rappelant que «les blocages (de spectacles), ce n'est pas la CGT». Il est également revenu sur le groupe de travail mis en place sur le statut des intermittents, en déclarant que «tout ça arrive bien tard». «Depuis les négociations ayant trait à la convention d'assurance chômage, nous mettons en garde le patronat et le gouvernement sur les conséquences de leurs actes», a-t-il ajouté.

    Le spectre de l'annulation totale s'est toutefois éloigné, après le vote mardi du personnel à 80% contre une grève frappant l'ensemble des représentations.

    Manifestation dans le calme devant la préfecture d'Avignon
    Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi à 15 heures devant la préfecture d'Avignon, où une délégation a été reçue par le préfet, en soutien au mouvement des intermittents du spectacle. Au milieu des quelque 300 manifestants, selon la police (500 selon la CGT), une pancarte «On ne mange pas par intermittence» rappelait l'attachement du monde de la culture à ce régime d'assurance chômage spécifique, créé en 1936 pour tenir compte de la précarité des métiers du spectacle.

    Une banderole «Plus belle la vie soutient la grève» témoignait de la présence d'intermittents de l'audiovisuel, très nombreux avec le développement des sociétés de production travaillant pour la télévision. La CGT Spectacle dénonce l'emploi abusif d'intermittents dans l'audiovisuel, et réclame leur reclassement en contrat à durée indéterminée.

    Outre la CGT Spectacle, on notait la présence de militants du Parti communiste et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).

     

     

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    LeParisien.fr


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  • Festival d'Avignon : une forte majorité du personnel vote pour le maintien

    Le Monde.fr | <time datetime="2014-07-01T13:10:39+02:00" itemprop="datePublished">01.07.2014 à 13h10</time> • Mis à jour le <time datetime="2014-07-01T15:10:45+02:00" itemprop="dateModified">01.07.2014 à 15h10</time> |Par Clarisse Fabre

    <figure>Manifestations d'intermittents du spectacle à Avignon, en 2003, quand le festival avait dû être annulé.</figure>

     

    Jouer en militant, telle est la position du personnel du Festival d'Avignon, à trois jours de l'ouverture de la manifestation, vendredi 4 juillet. Selon les résultats du vote, organisé lundi 30 juin, au Théâtre Benoît-XII, à Avignon, 80 % des salariés – permanents, intermittents, vacataires… – se sont exprimés en faveur du maintien du festival, assorti d'actions, de prises de paroles.

    « On essaie d'être intelligents. On a mis dans la balance tous les éléments. On vajouer en provoquant des tribunes », a expliqué Denis Rateau, l'un des porte-parole du collectif du « in » et régisseur-son. Un autre membre du collectif a ajouté :

    « On veut utiliser le festival pour aller plus loin, et faire des propositions (...) On veut bien travailler avec le triumvirat nommé par le gouvernement pour mener la concertation, mais à condition qu'elle aboutisse. »

    Ce trio est constitué d'Hortense Archambault, ancienne codirectrice du Festival d'Avignon, de Jean-Patrick Gille, député socialiste, et de Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du travail.

    Une autre motion a été soumise au vote : pour ou contre la grève reconductible qui conduirait à l'annulation ? Elle n'a recueilli que 13 % de votes favorables. La participation au vote a été forte puisque 309 personnes sur 350 votants potentiels se sont exprimés.

     

     

    Ces premiers résultats ont été dévoilés à la FabricA, à Montclar, nouveau lieu de fabrique qui accueille des spectacles du « in », dans la banlieue toute proche d'Avignon. Et c'est via un tweet que Collectif A, le collectif des salariés, a précisé que les 80 % de votes « pour » avaient été prononcés en faveur d'un « festival militant ».

    Sur 309 votants : 13% pour la grève / 80% pour un festival militant / 5,5% d'abstention.


    Lire le décryptage Qui paie en cas de grève ou d'annulation de festival ?

    UN VOTE ORGANISÉ PAR LE COLLECTIF

    Détail important, le vote a été organisé par un collectif, et non par la direction du Festival. Né à la mi-juin, ce collectif comprend tous les personnels, « quels que soient leurs contrats » : artistes, techniciens, personnel de la billetterie, salariés permanents, membres de la direction.

    Reste à savoir si cette ligne sera respectée, ou sera mise à mal par des actions émanant de syndicats, venus de l'extérieur. Comment les décisions seront-elles prises chaque jour ? « Les décisions du collectif seront souveraines et devront s'appliquer », a précisé une porte-parole de ce collectif.

    Une nouvelle AG est prévue, jeudi soir, 3 juillet, pour décider des actions à menerle lendemain. De son côté, la CGT-Spectacle a appelé à « une grève massive »vendredi 4 juillet, jour d'ouverture. « Avignon n'aura pas lieu tranquillement », a confirmé son secrétaire général, Denis Gravouil, dimanche 29 juin sur Europe 1.

    Face aux tensions qui ne manqueront pas de s'exprimer, le Collectif d'Avignon appelle chacun à « s'écouter et se respecter ». Et précise, surtout, que la lutte ne concerne pas que les artistes et les techniciens du spectacle, mais toutes les professions précaires. Ici, la « colère » contre le gouvernement qui a agréé l'accord du 22 mars sur l'assurance-chômage est intacte.

    L'APPEL DE FILIPPETTI

    Les coordinations d'intermittents protestent contre la nouvelle convention d'assurance-chômage qu'elles jugent discriminatoire, notamment au regard des congés maternité ou maladie.

    Dans une tribune au Monde, lundi, la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, a appelé les intermittents mobilisés à cesser leur mouvement, soulignant qu'un dialogue avait été engagé pour un nouveau système d'indemnisation.

    Lire aussi le décryptage Si vous n'avez rien suivi à la crise des intermittents

     

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  • On a failli être amies : "Il n'y a pas assez de rôles
    d'Etre Humains pour les femmes !"

    Par Laetitia Ratane â–ª mardi 24 juin 2014 - Il y a 16 minutes 

    "On a failli être amies" sort en salles cette semaine. La réalisatrice Anne Le Ny et les actrices, Karin Viard et Emmanuelle Devos se confient à propos de leur métier et de leurs héroïnes, personnages dans l'air du temps, loin

    des clichés...

       lien
    <figcaption>Emmanuelle DevosAnne Le Ny et Karin Viard</figcaption>

     

     J’ai voulu traiter du rapport intime entre la vie privée et le travail, où il n’est pas si courant de pouvoir s’épanouir et où le "burn out" existe...
    Anne Le Ny : Mes parents s’investissaient beaucoup dans ce qu’ils faisaient et j’ai été élevée avec l’idée qu’une des sources de bonheur importante de la vie, c’est le métier qu’on exerce. En outre, je me rends compte que ce n’est pas si courant de pouvoir s’épanouir dans son travail et que le burn out existe. C’est pour cela que j’ai voulu traiter du rapport intime au travail en allant d’un bout à l’autre du spectre. Du personnage de Roschdy Zem qui est reconnu, talentueux et a une vocation. Au personnage d'Emmanuelle Devos, sa femme, qui l'a suivi et ne sait pas très bien pourquoi elle est là. En passant par celui de Karin Viard qui fait un métier qui peut être ne fait pas rêver mais qui s’inscrit dans une démarche utile ; ce qui est fondamental pour se sentir bien dans sa peau et inscrit dans la société.

     

    Cela m’importait aussi de parler de ce genre de métier comme celui des instituteurs ou des infirmiers qui font le ciment de la société et pourtant restent totalement déconsidérés. Ce sont aussi des métiers dangereux car on est confronté à la détresse humaine et pour être à la bonne place, pas trop dans l’empathie et pas trop dans le détachement non plus, je pense que c’est un tiraillement constant. Le personnage de Karin Viard arrive au burn out parce qu’elle s’est oubliée, consumée là-dedans. Elle est à un point de déséquilibre.

     

     
    <figure></figure><figure><figcaption></figcaption></figure>

     

    Dans ma vie, moi aussi j'ai eu des moments où je me suis dit "A quoi bon?"

    Karin Viard : En vieillissant, on a la nécessité de se rapprocher d’une forme de vérité. Si l’on est malheureux dans son travail, si l’on est maltraité, si l’on sent qu’on n’est pas à la bonne place, il y a un moment où cette vérité éclate. Et ce que l’on supporte quand on a 20 ou 30 ans, on ne le supporte plus à 50. Notre travail est une vocation, mais on reste perméable à ce qu’il se passe autour. On a des enfants, des amants, on voit la société changer et le cinéma avec elle. De nouvelles modes arrivent et nous font nous aussi douter. 


    Emmanuelle Devos : Dans ma vie, j’ai eu des moments où je me suis dit « A quoi bon ?» Mais je ne savais tellement pas vers quoi me tourner… A une période, je souhaitais faire du montage, j’avais alors 26 ans. J’ai fait un stage, j’étais très intéressée. Mais jouer reste ma vocation, c’est vrai.

    Anne Le Ny : Même si je suis actrice encore aujourd’hui, j'ai l'impression d'avoir changé de métier parce que dans ma tête, ça a changé. Il y a quelque chose de nouveau, de l’ordre de la prise en charge de et par moi-même. La base du métier d’actrice, qui est aussi sa grandeur, c’est de servir l’univers des autres, de s’y couler. A un moment j’ai eu envie d’affirmer aussi mon point de vue. D’actrice je me suis mise à écrire sans songer à réaliser. C'est, pour tout vous dire, mon compagnon de l'époque qui m'a encouragée à faire ce pas, en me traitant de dégonflée ! J’ai fini par le faire pour lui claquer le beignet. A piètres raisons, grands effets, ça m’a beaucoup épanouie !

     
    <figure></figure><figure><figcaption>Anne Le Ny</figcaption></figure>

     

    Ces deux femmes sont au bord de l'implosion mais une le sait, l’autre pas !
    Karin Viard : Il y a un vers dans le fruit.  Ce moment où le personnage d’Emmanuelle dit à mon personnage : « Je le vois bien, vous aussi, vous êtes à la croisée des chemins », c'est la première fissure. Personne ne s’en rend compte, elle non plus d’ailleurs. Il n’y a pas d’hystérie, de « il faut que je change tout. » C’est beaucoup plus silencieux.

     

    Anne Le Ny : Ces deux femmes sont au bord de l'implosion, à la "croisée des chemins" mais une le sait, l'autre pas. Je pense qu’on peut refaire sa vie à 80 ans, mais quand même, à un moment les trains ne passent plus toutes les cinq minutes et on le sait. Si on ne monte pas dedans…


    Emmanuelle Devos : La croisée des chemins c’est le « avant qu’il ne soit trop tard ». C’est une histoire d’âge mais aussi de chemin de vie. Si l'on veut bifurquer, il faut le faire maintenant ! Personnellement, je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela, je pense qu’on peut changer de vie à n’importe quel âge. J’aime penser que rien n’est jamais acquis et qu’on n’est jamais trop vieux, qu’il n’est jamais trop tard.

     
    <figure></figure><figure><figcaption></figcaption></figure>

     

    Je voulais pour ce film des situations fortes fondées sur les rapports entre les gens et non sur les événements extérieurs.

    Anne Le Ny : Dans mes films précédents, les situations étaient fortes et venaient de l’extérieur : un conjoint en train de mourir d’un cancer (Ceux qui restent) ou mon père marié avec une moldave de 40 ans de moins que lui (Les Invités de mon père). Là, je voulais quelque chose de plus intérieur, comme une corde tendue à l’extrême et dont les fils vont commencer à péter. Quelque chose de fondé sur les rapports entre les gens et non sur les événements extérieurs. Chez Proust, il se passe moins de choses que chez Hemingway, mais c’est passionnant car regardé avec une extrême minutie."

     

    Karin Viard : On est dans une variation autour de l’amitié. Si ces deux femmes avaient été amies, que ce serait-il passé ? Elles ne le sont pas mais ne renoncent pas non plus à ce lien-là. Il y a un enjeu dans leur relation même si les circonstances ne permettent pas leur engagement. Elles se sont reconnues, avaient des choses à partager, ont eu un coup de foudre. Leur relation est ambivalente, ambiguë.

     
    <figure></figure><figure><figcaption></figcaption></figure>
    Karin et Emmanuelle n'occupent pas le même terrain dans le cinéma français ...

    Karin Viard : J'ai rencontrée Anne pour Les Invités de mon père que je voulais vraiment faire. A ce moment-là, j’étais dans une crise identitaire d’actrice, je trouvais que j’avais des rôles principaux avec des metteurs en scène qui m’intéressaient moyennement. J’avais envie de changer la donne, de bouger les choses. Aux côtés de Luchini, j’ai adoré faire ce film piquant, pas convenu, politiquement incorrect.

    Emmanuelle Devos : Anne Le Ny ne me voyait pas dans le rôle principal deCeux qui restent. J’étais trop « dame » selon elle. C’est le producteur et Vincent Lindon qui lui ont parlé de moi. Je joue chez elle des personnages de composition, de contre emploi.

    Anne Le Ny : Elles sont toutes deux parmi les actrices françaises les meilleures et dieu sait qu’il y en a beaucoup. Elles ont des tempéraments très différents et n’occupent pas du tout le même terrain. Je pressentais qu’en les mettant ensemble, il y allait avoir une synergie où elles allaient se stimuler l’une l’autre et s’étonner et qu’en même temps sur leur manière de creuser le personnage, d’aller en profondeur, elles allaient s’entendre. Elles étaient plutôt copines personnellement mais professionnellement ça a fonctionné au-delà de mes espérances.

     
    <figure></figure><figure><figcaption></figcaption></figure>
    Karin et moi sommes amies dans la vie mais ne nous sommes jamais croisées à l'écran peut-être parce que les vrais duos féminins y sont rares...

    Karin Viard : Quand on a su qu’Anne écrivait pour nous deux, on s’est appelée, on était ravie.
    Si on avait l’argent et le temps de refaire le film en inversant nos rôles, on le ferait.

    Emmanuelle Devos : Karin et moi sommes amies dans la vie mais on ne s’est jamais croisées à l’écran peut-être parce que les vrais duos féminins y sont rares. Il y a tellement de clichés sur les rôles féminins. Par exemple, dansCeux qui restent, les gens étaient choqués par l’attitude de mon personnage qui n’est pas une mater dolorosa, vient tous les jours à l’hôpital, qui ose dire à quel point ça l’ennuie d’y être ou que son mec soit malade, et qui avoue ne pas être sûre d’avoir le courage de suivre cette maladie jusqu’au bout. Ça a choqué comme si la douleur chez une femme, c’était tout de suite des hurlements. Je sais ce que c’est que vivre la mort en direct et ça ne se passe jamais comme ça. Ce sont des clichés de cinéma très difficiles à dépasser.

    Anne Le Ny : J’avais envie d’un duo féminin, parce qu’il n’y en a pas tellement. Il y a beaucoup de duos masculins. Mon héros est important mais il est l’équivalent d’un premier rôle féminin habituel, en beaucoup moins potiche que dans les autres films, je tiens à le dire ! Et ça m’intéressait aussi d’être sur une relation de femmes qui soit pas dans la rivalité, qui soit complexe, qui sorte des clichés.

     
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    Je voulais sortir des clichés des relations entre femmes, des fantasmes de scénaristes et de réalisateurs. Je trouve qu'il n'y a pas assez de rôles d'êtres humains pour les femmes !


    Karin Viard :  En général, les rôles de femmes clichés sont dans des films qui le sont aussi, qui véhiculent des idées toutes faites. Ils enfilent les évidences comme des perles, sans ambivalence ni profondeur, ni même d’enjeu. Parfois ça peut être drôle d’assumer une vraie caricature, mais il faut que le film le porte. Les Américains sont super forts pour cela, pour te montrer une potiche habillée en rose avec un caniche et en faire quelque chose.


    Anne Le Ny : Au cinéma, les personnages de femmes sont étonnamment gentilles, douces, d’une patience infinie. C’est un fantasme de réalisateurs, ça ! Les jeunes filles ravissantes tombent amoureuses d’hommes dégarnis de 30 ans de plus qu’elles, c’est aussi un fantasme de réalisateur ou de scénariste en retour d’âge, si je peux me permettre. Sinon les femmes entre elles parlent beaucoup des hommes. Or je suis désolée, avec mes copines je parle boulot, politique, de la dernière expo. Je n’ai plus 15 ans ! On parle des garçons entre 15 et 18 oui, ensuite il y a d’autres sujets de conversations.

    Et puis les rôles féminins sont toujours extrêmement sexués. Ils sont rarement dans le discours général ou dans la fonction. Il faut toujours qu’on remarque que c’est une femme pour une raison ou pour une autre. Nous sommes des femmes certes mais bon nombre de nos réactions dans la vie ne sont pas engendrées par ce fait. On est juste des êtres humains. Je trouve qu’il n’y a pas assez de rôles d’êtres humains pour les femmes, voilà !

     

     
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    Ce n'est pas aux acteurs si bons soient-ils de réparer un problème du scénario...
    Anne Le Ny : Une grande majorité des films qui m’ont plu cette année sont des films de femmes, notamment dans le cinéma d’auteur. Cela me réjouit, ça fait de la diversité, ça secoue un peu les réalisateurs hommes dans leurs habitudes, bref c’est bien pour tout le monde.

     

    Un petit problème qui vient d'emblée du scénario contamine le film, ne s'arrange jamais. Il devient conséquent au tournage, un problème énorme au montage et un éléphant dans la pièce à la fin. Ça ne peut qu’empirer. Or, c’est le seul moment de la fabrication du film où on a le temps, où ça ne coute pas grand-chose, où on n’a pas une équipe de 40 personnes qui attend. Il n’y a donc aucune excuse de ne pas travailler le scénario. Et ce n’est pas aux acteurs si bons soient-ils de réparer un problème du scénario....C’est comme si vous demandiez à un neurochirurgien de réparer votre voiture.

     
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    L'échappée, c'est la libération de la femme d'aujourd'hui. Emmanuelle et moi sommes symptomatiques de la société française...

    Emmanuelle Devos : Le cinéma filme les échappées d’hommes et de femmes, les tournants, les besoins de liberté parce que c’est intéressant à mettre en scène et parce que c’est un beau thème de cinéma. Filmer ces moments de fracture, ces aspérités. Le bonheur se raconte difficilement. Il y a là aussi peut-être dans cette tendance un message d’hommes ou de femmes cinéastes. C’est la libération de la femme d’aujourd’hui. Si on a encore besoin de le filmer, c’est qu’il y a encore des femmes engluées, comme à l’époque l’étaient pour d’autres raisons La Princesse de Clèves ou La Femme de trente ans de Balzac.


    Karin Viard : On est très françaises Emmanuelle et moi, très symptomatiques de la société française. On porte une certaine banalité mais on peut aussi avoir du panache, on peut se déplacer et faire des femmes de tous les milieux. On est purement française et cela nous appartient un peu malgré nous.

    Emmanuelle Devos : A New York, un journaliste me l’a dit : « Vous représentez tellement la femme française. Pour moi, la femme française, c’était Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart. On est le fruit de cette génération-là.
     

    Propos recueillis par Laetitia Ratane, le 11 Juin 2014 à Paris.

    La bande-annonce de "On a failli être amies"

    On a failli être amies Bande-annonce

     


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