Laurent Lopez, candidat du Front national, est arrivé largement en tête, dimanche soir, lors du deuxième tour de la cantonale partielle, avec 53,9 % des voix contre 46,1 % pour la candidate UMP, Catherine Delzers. Sur l'ensemble du canton de Brignoles, le taux de participation s'est élevé à 47,47 % contre 33,40 % au premier tour. Et sur la ville même de Brignoles, le taux a dépassé les 50 % (50,2 %), contre 35,97 %.
Présidente du FN, Marine Le Pen a salué cette «poussée assez spectaculaire». «Je pense à mes électeurs, les bannis, les opprimés, les oubliés, le peuple des modestes qui n'a jamais été pris en compte par l'UMPS, l'union des copains et des coquins», s'est réjoui Laurent Lopez, qui se présente en mars aux municipales à Brignoles. Il affrontera, entre autres, la députée UMP Josette Pons.
Présente au côté de Laurent Lopez, la députée FN Marion Maréchal-Le Pen s'est dite «fière» de lui. «Le front des petits copains, ce soi-disant front républicain, est bien mort et enterré», a renchéri le secrétaire départemental du FN, Frédéric Boccaletti, depuis le hall des expositions de la sous-préfecture du Var, où se sont réunis dans la soirée de très nombreux militants. «C'est une victoire essentielle pour nous, en vue des municipales dans le Var», a-t-il dit.
«Le vent en poupe»
«Nous l'avons emporté avec un taux de participation élevé, tordant le cou une fois de plus aux idées toutes faites. La mobilisation a joué pour nous, nous avons réellement le vent en poupe.» «Un sentiment de joie», a encore commenté Bruno Gollnisch, le député européen FN «venu en voisin» de Hyères, où il est candidat aux municipales. «Des électeurs de la droite classique et de la gauche nous ont rejoints entre les deux tours, c'est indiscutable», a-t-il observé. Selon lui, Laurent Lopez a «de fortes chances» de gagner aux municipales. Le FN n'avait pas connu une telle victoire en duel contre la droite depuis la cantonale de Toulon en 1994. La candidate FN Éliane de La Brosse l'avait emporté contre l'UDF Maurice Arreckx.
«C'est une mauvaise nouvelle pour la démocratie et pour la République», a réagi de son côté Vincent Peilllon, le ministre de l'Éducation nationale. Secrétaire national du PS aux élections, Christophe Borgel, a souligné «l'enracinement du FN» sans pour autant qu'il soit, «loin de là, devenu le premier parti de France». «La gauche, a-t-il ajouté, doit tirer comme enseignement qu'elle ne peut pas partir divisée là où le FN est fort.» «Plus que jamais, le combat contre le Front national, l'extrême droite, continue», a déclaré le responsable des élections au PCF, Pascal Savoldelli. La majorité gouvernementale a pour lui «une responsabilité, en refusant de rompre avec la politique d'austérité de la droite, ce qui désespère notamment les classes populaires».
Le premier tour avait été marqué par une abstention de près de 67 %
Le premier tour avait été marqué par une forte abstention, près de 67 %, au détriment de la gauche partie désunie et écartée du second tour. En allant voter dimanche à l'ouverture des bureaux de vote, Catherine Delzers espérait encore en la réaction d'un front républicain pour «faire barrage au FN». Mais très vite après la fermeture des bureaux, les premiers résultats sont tombés. Dans le bureau de vote du petit village de Vins-sur-Caramy dirigé par un maire proche du PS, Laurent Lopez l'a emporté avec 145 voix contre 128… Pour François Fillon, le résultat est «surtout une défaite de la gauche» et démontre «l'échec de la stratégie dite de front républicain».
Présidente de SOS-Racisme, Cyndi Léoni a passé son enfance à Camps-la-Source dans le canton de Brignoles. Elle était sur place dimanche. Pour elle, «les résultats illustrent plus la défaite des partis républicains qu'une victoire du Front national». Secrétaire de la section PS de Brignoles, Cédric Omet, a signalé que les bureaux marqués à gauche de la ville de Brignoles ont majoritairement voté en faveur de la candidate UMP…
En 2011, le FN avait arraché ce canton à cinq voix près. Après l'invalidation de l'élection, le maire PCF de Brignoles, Claude Gilardo, l'avait à son tour emporté en 2012, de treize voix, avant une nouvelle annulation.