L’union entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou a un coût. Rama Yade en a fait les frais. Pressentie pour prendre la tête de liste en Ile-de-France pour les prochaines élections européennes, la vice-présidente du Parti radical valoisien, une des composantes de l’UDI, s’est vu préférer Marielle de Sarnez, la numéro 2 du Modem, le parti de François Bayrou. Les principaux candidats de «l’Alternative», nom du rapprochement entre les deux formations centristes, le Modem et l’UDI, ont été dévoilées jeudi et baptisés «Les Européens».
«Pour le Modem, la position de Marielle de Sarnez n’était pas négociable», confie un des responsables de l’UDI. Dès juin 2013, Jean-Louis Borloo lui-même avait pourtant tenté de convaincre Rama Yade d’être candidate à cette élection alors qu’elle n’était pas demandeuse, préférant retrouver un mandat national. Un sondage la donnait même devant le bras droit de Bayrou avec 18% des intentions de vote, contre 13% à Marielle de Sarnez. «L’UDI a eu peur que l’Alternative ne se brise si on ne cédait pas à toutes les demandes du Modem», explique un des responsables de l’UDI. Devant la fermeté affichée par le patron du Modem, Borloo propose à l’ancienne secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy d’aller dans le Sud-Est en lui vantant toute la portée du combat à mener contre le FN puissamment implanté dans cette région. Ce qu'elle a décliné.
Les sortants Modem reconduits
Sur les sept grandes circonscriptions métropolitaines, le Modem bénéficie de quatre têtes de listes. Outre l’Ile-de-France, Sylvie Goulard conduira la liste dans le Sud-Est, Robert Rochefort dans le Sud-Ouest et Nathalie Griesbeck dans l’Est de la France. Le Modem voit donc reconduits la presque totalité de ses députés sortants. A l’exception de Jean-Luc Bennahmias, exclu de l’accord pour cause de soutien au socialiste Patrick Mennucci pour les municipales de Marseille, contre la consigne officielle du Modem qui a choisi de s’engager au côté de Jean-Claude Gaudin. L’UDI décroche la pole position dans la grande région Centre avec Sophie Auconie, l’Ouest avec le sénateur et ancien ministre Jean Arthuis, et le Nord avec Dominique Riquet, successeur de Jean-Louis Borloo à la mairie de Valenciennes. Jean-Marie Cavada, élu dans l’Est a été prié de faire ses bagages et de se placer en numéro deux derrière de Sarnez. «L’avantage avec lui, c’est que sa notoriété lui permet de se présenter quasiment n’importe où», explique Eric Azière, le secrétaire général de l’UDI.
Une répartition des postes qui fait grincer des dents à l’UDI. Lors de la dernière réunion du Comité exécutif de l’UDI, l’organe de direction de la formation centriste, Rama Yade a même demandé la convocation d’un conseil national exceptionnel avant de se voir opposé une fin de non-recevoir. «Rama Yade doit intervenir comme une personnalité de premier rang au sein de l’UDI. Il faut qu’elle retrouve un mandat à la faveur d’une élection nationale qui lui permette de s’installer dans un rôle de leader», précise un des patrons de l’UDI. «Si l’on ne considère que le nombre de têtes de liste alors oui, le Modem a un avantage sur l’UDI mais pas si l’on regarde le nombre totale de députés. Là, c’est l’UDI qui est avantagé», constate l’eurodéputé Modem Robert Rochefort. L’Alternative espère entre 12 et 14 députés. Les deux formations n’en comptaient jusqu’à présent que 11.