• Marseille: le PG veut des listes autonomes

    Front de gauche

    Créé le 18/06/2013 à 18h26 -- Mis à jour le 18/06/2013 à 18h26
    Une affiche pour le candidat Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, en mars 2012 à Marseille
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    Une affiche pour le candidat Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, en mars 2012 à Marseille Gerard Julien AFP

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    Marseille - Le Parti de Gauche (PG) souhaite que le Front de Gauche (FG) présente des listes autonomes aux municipales à Marseille, ville tenue par l'UMP Jean-Claude Gaudin depuis 1995, afin «de proposer une alternative radicale et une politique cohérente aux Marseillais», a-t-il annoncé mardi.

    «Finissons-en avec le clientélisme, la corruption et le népotisme de la mairie UMP et la communauté d'agglomération PS», affirme le PG dans un communiqué, souhaitant que le FG «présente à Marseille des listes autonomes du Parti socialiste».

    «L'an prochain, les enjeux seront doubles avec les élections municipales et les européennes, nous devrons mener la bataille sur les deux fronts», a expliqué à l'AFP la porte-parole du PG à Marseille et membre du bureau national, Marie Batoux.

    «On veut notre autonomie à Marseille encore plus qu'ailleurs», a-t-elle ajouté, disant faire particulièrement attention à «l'abstention et au score du FN».

    Par ailleurs, Mme Batoux a précisé que des discussions avec EELV étaient en cours «puisqu'ils se sont positionnés sur une autonomie par rapport au PS».

    Au second tour, la consigne de vote donnée aux militants du FG «dépendra de la présence du FN», a précisé Mme Batoux.

    Le 9 juin, Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, s'est déclaré «à titre personnel» favorable à des listes autonomes aux élections municipales, la question étant toujours discutée au sein du Front de gauche où «il n'y a aucun enthousiasme à être allié avec les socialistes» selon lui.

    En désaccord avec cette stratégie, le PCF marseillais -qui lors des municipales de 2008 s'était allié au socialiste Jean-Noël Guérini dès le premier tour à Marseille- appelle de son côté au «rassemblement le plus large possible», a rappelé le secrétaire départemental Pierre Dharréville, contacté par l'AFP.

    © 2013 AFP

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    - Publié le <time datetime="2013-06-13T19:36" itemprop="datePublished" pubdate=""> 13/06/2013 à 19:36</time>

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    Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche, a demandé jeudi "que la France s'oppose à l'ouverture de négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis en vue d'un accord de marché commun", jugeant que François Hollande "n'a aucun mandat pour engager notre pays dans cette mauvaise aventure".

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    Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche, a demandé jeudi "que la France s'oppose à l'ouverture de négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis en vue d'un accord de marché commun", jugeant que François Hollande "n'a aucun mandat pour engager notre pays dans cette mauvaise aventure".

    Les Européens se réunissent vendredi pour le lancement de négociations commerciales avec les Etats-Unis. La France a menacé d'utiliser son droit de veto pour garantir l'exception culturelle.

    "Je demande que la France s'oppose à l'ouverture de négociations entre l'Union européenne et les Etats-Unis en vue d'un accord de marché commun. François Hollande n'a aucun mandat pour engager notre pays dans cette mauvaise aventure. Il n'en a jamais parlé dans sa campagne présidentielle, alors qu'il en savait autant que moi à ce moment-là", écrit M. Mélenchon dans un communiqué.

    "Je mets en garde: la défense légitime de l'exception culturelle ne saurait être l'arbre qui cache la forêt des reculs sociaux, écologiques ou sanitaires prévus par ailleurs dans cet accord", poursuit-il, jugeant que "c'est bien l'ensemble du mandat de la Commission européenne qui pose problème" et que "c'est le principe même d'un tel accord qu'il faut faire échouer".

    Vendredi, "les ministres de la France ne doivent pas être les passe-plats des Nord-Américains. S'ils acceptent l'ouverture de cette négociation, ils condamnent à mort tout projet d'évolution sociale de l'Europe et toute indépendance de la France", assure l'ex-candidat à la présidentielle.


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  • 17 mai 2013 - 10H55  lien

    Mélenchon sur Hollande: "L'an II, c'est l'an pire"

    Jean-Luc Mélenchon (PG) a assuré vendredi, en commentant la conférence de presse de François Hollande, que "l'an II, c'est l'an pire", et il a souhaité une "explosion" sociale.

    Jean-Luc Mélenchon (PG) a assuré vendredi, en commentant la conférence de presse de François Hollande, que "l'an II, c'est l'an pire", et il a souhaité une "explosion" sociale.

    AFP - Jean-Luc Mélenchon (PG) a assuré vendredi, en commentant la conférence de presse de François Hollande, que "l'an II, c'est l'an pire", et il a souhaité une "explosion" sociale.

    Alors que le chef de l'Etat a placé la veille la deuxième année de son quinquennat sous le signe de l'offensive, le coprésident du Parti de gauche a tranché sur RTL: "C'est l'an II, c'est l'an pire !"

    "J'affirme que les Français n'avaient pas compris que c'était ça que voulait faire François Hollande", a poursuivi l'ancien candidat à l'Elysée.

    Le chef de l'Etat est-il de droite ? "Sur certains domaines, oui, il faut bien appeler les choses par leur nom", a répondu l'eurodéputé.

    "Le résultat de tout ça, c'est une récession généralisée, l'économie est en train de se contracter sur tout le continent", a dit M. Mélenchon. "Je ne crois pas que la situation européenne sera assainie par les politiques de récession".

    "Nous allons mourir", "le chômage va exploser", ce qui veut dire "des millions de gens dont la vie est intégralement pourrie".

    Craint-il une explosion sociale en France ? "Je la souhaite oui, je ne la crains pas", a répondu M. Mélenchon, mais "le problème c'est que cette explosion, nous ne l'aurons pas. Pourquoi ? Parce que les gens ont peur, parce qu'il y a de la résignation".


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  • Les députés Front de Gauche proposent de

    supprimer le mot "race" de la législation française

    Le HuffPost/AFP  |  Publication:   |  Mis à jour: 11/05/2013 15h59 CEST

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    POLITIQUE - Le groupe des députés Front de Gauche (GDR) a présenté une proposition de loi

    visant à supprimer le mot "race" de la législation française, une initiative à laquelle le gouvernement e

    st "favorable" tout en soulignant les difficultés de rédaction.

    Cette PPL doit être débattue en séance jeudi lors de la niche du groupe. Il s'agit de supprimer le mot "race"

    du Code pénal, du Code de procédure pénale et de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

    Et précision utile, le mot "race" serait supprimé partout, "à l'exception des textes où il se réfère à la

    désignation d'espèces animales".

    Dans l'exposé des motifs, les députés rappellent que cette idée "a été défendue à plusieurs reprises

    dans l'enceinte du Parlement" depuis 1991. La première proposition de loi en bonne et due forme

    a été discutée en mars 2003 et avait été repoussé par les députés de la majorité de droite qui "prétendaient

    être d'accord avec la philosophie (...) mais arguaient de difficultés juridiques de mise en œuvre".

    "En supprimant la catégorie juridique de 'races', nous cesserions de donner une légitimité juridique aux

    idéologies racistes et nous affirmerions, enfin, qu'elles s'appuient sur un concept qui n'a aucun fondement scientifique", expliquent les députés.

    Prendre le temps de la conviction

    Devançant le contre-argument majeur, ils rappellent que "dans nos textes de loi, le mot 'race' n'apparaît

    jamais seul et est toujours accompagné d'autres mots comme 'origine', 'ethnie', 'nation' ou 'religion'.

    Sa suppression n'enlèverait rien au contenu des textes concernés et n'empêcherait nullement les poursuites judiciaires pour motif raciste".

    Ils insistent aussi sur le fait que leur PPL doit aller de pair avec la suppression du mot "race" "au sommet

    de notre ordre juridique" à savoir dans le Constitution de 1958 et dans le préambule de la Constitution

    de 1946, "comme le président de la République s'y est engagé" lors de sa campagne devant les ultramarins.

    A l'Elysée, on a assuré vendredi que cette promesse n'était "pas enterrée", tout en expliquant qu'elle ne

    pouvait être insérée dans le premier train de réformes constitutionnelles, prévu fin juillet, et qui concerne

    "les institutions", pas les "sujets sur les valeurs comme la race, le droit de vote des étrangers, la laïcité".

    "On n'a pas renoncé à le faire durant le quinquennat. C'est un engagement auquel le président tient,

    mais il faudra prendre le temps de la conviction", a-t-on ajouté.

    "Compte tenu de l'opposition et des divisions que cela peut créer, nous avons préféré ne pas le présenter",

    a précisé le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, qui fait valoir aussi "l'arithmétique parlementaire et du

    Congrès à Versailles" qui nécessite d'être sûr de la majorité des 3/5èmes des parlementaires.

    Quant à la PPL communiste, "en principe le gouvernement y est favorable mais il faut faire attention à la

    rédaction pour ne pas faire tomber l'incrimination de racisme", a-t-on déclaré à l'Elysée.


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  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    La stratégie du coup de gueule

    M le magazine du Monde | <time datetime="2013-05-02T18:49:04+02:00" itemprop="datePublished">02.05.2013 à 18h49</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-05-05T10:20:48+02:00" itemprop="dateModified">05.05.2013 à 10h20</time>

    Par

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    <figure class="illustration_haut">

    Jean-Luc Mélenchon. Laurent Hazgui/french-politics.com

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    Ce mercredi 10 avril, Jean-Luc Mélenchon a décidé de rencontrer "la France des oubliés". Avant un meeting à Martigues, il a opté pour un petit tour dans les quartiers nord de Marseille. Une visite qui se résume finalement à une courte déambulation dans la rue qui mène au local du Parti de gauche où l'attendent pêle-mêle militants et associatifs.

    Il fait beau ce jour-là et la conversation ronronne gentiment dans le coquet jardin de la permanence. Soudain, une dame d'une quarantaine d'années s'approche de l'ancien candidat à la présidentielle. Elle est furieuse. Elle vient du quartier Malpassé et elle aurait aimé qu'il se déplace là-bas, dans sa cité. "Bon sang, quand est-ce que vous vous bougerez, vous les politiciens ? Vous avez peur de venir nous voir ?", lui lance-t-elle. "Vous avez peur de quoi ? De salir vos chaussures ?" Et de raconter sa détresse quotidienne, le chômage dans les zones sensibles, les petits qui grandissent "avec la haine".

    Lire aussi : Le Front de gauche comptera ses troupes à la Bastille

    Son ton monte jusqu'à imposer le silence. Mélenchon est tétanisé. Il n'ose l'interrompre, attend que l'orage passe. "Moi, je viens et vous m'engueulez", tente-t-il enfin. Mal à l'aise. La grande gueule a trouvé son maître. L'orateur virulent, qui défouraille à tout-va sur les plateaux de télévision et sur les estrades, ne fait pas le malin lorsqu'il croise plus énervé que lui. Ce n'est pas la seule contradiction de Jean-Luc Mélenchon, personnalité complexe aux multiples facettes.

    Après avoir appelé à une grande manifestation "coup de balai" prévue le 5 mai et fustigé le "gouvernement de voleurs" dirigé, selon lui, par François Hollande, il s'est dit prêt, lundi 22 avril, à devenir premier ministre, si, bien sûr, le président acceptait de changer de cap. "Je n'ai pas peur !", ajoutait-il, bravache. Toujours prompt à souffler le chaud et le froid, un coup chef de parti responsable, un autre tribun provocateur flirtant avec le populisme.

    "EN COLÈRE CONTRE LA SOCIÉTÉ"

    Derrière ses coups d'éclat quotidiens, qui est vraiment cet homme en colère ? Le député socialiste de l'Essonne, Jérôme Guedj, qui a passé vingt ans à ses côtés, le définit ainsi : "C'est un lambertiste, un philosophe et un méditerranéen." Né le 19 août 1951 à Tanger, d'un père télégraphiste et d'une mère institutrice, Jean-Luc Mélenchon s'est toujours vécu comme quelqu'un "à part" parce que fils de parents divorcés, pied-noir.

    "Au Maroc, il y avait une petite société de colons, de petits Blancs, qui était tout à fait insensible au sort de la majorité de la population avec laquelle lui vivait, explique son bras droit au Parti de gauche, François Delapierre. Pour Jean-Luc, c'est cet égoïsme-là, terrible, qui a tout fait capoter. Il juge que si on les avait traité autrement, tout le monde aurait pu vivre ensemble et que la République se serait agrandie de l'autre côté de la Méditerranée".

    Le jeune Mélenchon quitte le Maroc en 1962 pour être "déporté dans le pays de Caux", selon ses propres termes : "C'était l'hiver le plus froid depuis longtemps, on vivait dans un grenier, on nous appelait les "bicots"", confiait-il il y a une quinzaine d'années. Depuis, il ne cesse de se dire "en souffrance".

    Rien ne semble l'avoir apaisé : ni la philosophie, qu'il a étudiée, ni les livres qu'il lit en abondance, ni la paternité, ni la politique dans laquelle il s'est engagé à 17 ans. "C'est quelqu'un qui est en colère contre la société, sa morale, ses normes, sa violence, son hypocrisie, poursuit François Delapierre. C'est quelqu'un qui en descendant de chez lui voit un homme qui dort dans la rue et trouve ça insupportable. Le soir, il se fait poudrer pour être sur le plateau de télévision avec des gens qui font des plaisanteries au "Grand journal". C'est quelqu'un qui ressent comme une brutalité la discordance de ces mondes."

     

    Il est passé du trotskisme au Parti socialiste, du Parti socialiste à la gauche radicale, avec toujours cette même révolte si perceptible dans son regard gris fer et sa verve tonitruante. Longtemps, il a pensé que son mauvais caractère lui avait causé du tort. "ça m'a fait perdre dix ans dans ma vie politique", confiait-il du temps du PS à ses amis d'alors.

    Aujourd'hui, à 61 ans, il semble assumer la rage qu'il laisse déborder chaque jour, de meetings en studios, jusqu'à en faire sa marque de fabrique. Hargne contre les riches et les bourgeois, qu'il fustige tout au long de ses interventions publiques. "Vous allez payer, messieurs-dames les riches. (...) Votre argent pue, vos méthodes sont dégoûtantes", lance-t-il ainsi pendant la campagne présidentielle. Et peu importe qu'il soit lui-même propriétaire d'un appartement à Paris et d'une maison dans le Loiret et qu'il déclare 590 000 euros de patrimoine.

    Hargne contre les "belles personnes parfumées", "l'oligarchie", les "sachants", les "satisfaits", les "énarques" comme François Hollande. Etrange encore de la part de celui qui fut conseiller municipal, conseiller général, sénateur pendant plus de vingt ans, député européen et ministre docile de Lionel Jospin.

    Hargne enfin contre les journalistes, qui sont, selon lui, les porte-parole de la pensée dominante. "Je hais votre corporation", a-t-il récemment asséné à une journaliste du Point. Une détestation ancrée de longue date. Et encore une fois, pleine de contradictions.

    Il parcourt les plateaux de télévision qui s'arrachent ce bon client, tout en critiquant la "meute que l'odeur du sang affole". Jeudi 25 avril, l'émission "Des paroles et des actes", sur France 2, a enregistré, grâce à sa prestation, son record d'audience de l'année. Jean-Luc Mélenchon a d'ailleurs son rond de serviette dans toutes les grandes émissions, ce qui ne l'empêche pas de se plaindre du traitement qui lui est fait "dans la presse parisienne" où, selon lui, "quotidiennement, sans relâche, continue le carrousel des diffamations, des insinuations, des photos effrayantes et le folklore habituel de ma diabolisation", comme il l'écrit sur son blog.

    <figure class="illustration_haut"> Jean-Luc Mélenchon. </figure>

    "Il est victime de beaucoup d'attaques personnelles qui visent à le délégitimer", abonde Martine Billard, coprésidente, à ses côtés, du Parti de gauche. Avec Le Monde, qu'il appelle "journal de révérence" et dont il attaque régulièrement les journalistes (voir encadré ci-dessous), il refuse toute demande d'interview, préférant se réserver pour les émissions de grande écoute, fussent-elles de divertissement.

    Lui qui s'offusque que ceux qui l'interrogent ne s'intéressent pas au fond, confie qu'"On n'est pas couché", l'émission de Laurent Ruquier sur France 2, est son "émission préférée" : "Ce n'est pas politique, c'est du divertissement. Ils n'ont pas de comptes à régler."

    A l'image d'une starlette lambda, il se félicite des audiences qu'il a faites samedi 20 avril sur le plateau de l'animateur vedette. Comme il a adoré se rendre, le 16 janvier, à la soirée chic et branchée du magazine GQ qui le désignait "homme politique de l'année 2012". Le héraut de la lutte contre la finance n'a d'ailleurs pas hésité à s'y faire prendre en photo, sur fond publicitaire de GQ et Lacoste, au côté de l'homme d'affaires Yannick Bolloré et de Xavier Romatet, PDG de Condé Nast France, qui publie le mensuel masculin.

    Celui qui a tenu la plume dans Les Dépêches du Jura, à la fin des années 1970, dénonce sans relâche les "médiacrates"comprendre les éditorialistes – tout en défendant les petites mains du journalisme. C'est pourtant à ces dernières qu'il s'attaque le plus souvent : les rubricards des quotidiens qui le suivent jour après jour et auxquels il peut refuser d'adresser la parole, les photographes qu'il houspille sans ménagement. Rien ne semble lui convenir, ni ce qui est écrit sur lui, ni les clichés qui le représentent. Dimanche 21 avril, avant d'être interviewé par Le Monde, TV5 et RFI, il lance à la maquilleuse qui s'apprête à s'occuper de lui : "Vous faites ce que vous voulez, mais je ne veux pas avoir l'air gros, hier, j'avais l'air gros."

    "IL GARDE UNE ANALYSE COHÉRENTE"

    Ses colères sont de plus en plus fréquentes, comme si, désormais, elles faisaient partie de son personnage. Certaines sont restées célèbres. Il y a bien sûr la "petite cervelle" lancée à un étudiant en journalisme en 2010. Une vidéo qui fera le tour du Net et sera vue près de 80 000 fois. Nouvel épisode un soir de mars 2012, pendant la campagne présidentielle. Mélenchon est dans le bus des journalistes. Il s'en prend à un photographe de Libération en lui reprochant de n'avoir pas été "correct" auparavant dans la journée. La discussion se tend et le candidat la clôt d'un cinglant "Allez dégage !". Puis il fait arrêter le bus et rejoint sa voiture.

    Rien ne semble l'arrêter, ni l'insulte ni la diffamation. En mai 2012, alors en campagne pour les législatives à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), il s'en prend à un journaliste de L'Express sur un marché de Méricourt. "Qu'est-ce que vous faites encore là, sale petit espion ? Ça fait trois jours que vous m'espionnez, rentrez à Paris écrire vos saloperies dans votre journal fasciste. Fichez-moi le camp, dégagez !", s'emporte-t-il, selon les propos rapportés par l'hebdomadaire. Christophe Barbier, directeur de la rédaction, avait alors dénoncé "les injures et les intimidations de Jean-Luc Mélenchon prompt à dénoncer des dérives fascisantes dont il est devenu lui-même coutumier".

    <figure class="illustration_haut"> Jean-Luc Mélenchon à la fête de l'Humanité en 2011. </figure>

    "Certaines colères sont calculées, d'autres réelles, juge l'ancienne ministre Marie-Noëlle Lienemann, qui a été proche de lui pendant des années au Parti socialiste. Même s'il peut être soupe au lait, il garde une analyse cohérente." "C'est à la fois sincère et stratégique, complète Arnauld Champremier-Trigano, son directeur de campagne pendant la présidentielle. Il pense vraiment que les médias sont dans la défense d'un système global. En même temps, il attire l'attention par des prises de parole fortes. C'est une stratégie de communication qui marche bien. La preuve, il n'a jamais eu autant de tribunes pour exprimer ses idées."

    "Les gens de médias (...) n'imaginent même pas qu'on puisse les manipuler à leur tour et se servir de leurs plus bas réflexes pour faire avancer nos machines de guerre contre le système !", jubilait récemment Mélenchon sur son blog. "C'est un jeu pour montrer qu'il n'est pas dans l'establishment", conclut Marie-Noëlle Lienemann.

    Il n'a pas trop à se forcer : pousser des gueulantes est dans sa nature. Même ses proches n'échappent pas à ses montées de colère. "Il a le sang chaud, il peut partir très vite, témoigne Clémentine Autain, du Front de gauche. Quand il y a un truc de travers, il vous envoie un sale texto, parle tout de suite de rupture. Il est très affecté par la violence des autres à son endroit sans pour autant mesurer celle dont il est parfois capable." "Il a un tempérament méridional, le défend Arnauld Champremier-Trigano. Il parle haut, fort, avec des expressions à la Audiard. Il gueule un bon coup et revient derrière en te prenant dans ses bras : "Ne m'en veux pas"."

    Enfin, parfois, il n'a pas tant d'attentions. Car son credo, c'est un peu : "Tous ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi." Jérôme Guedj en a fait l'amère expérience. Mélenchon fut son mentor en politique. Les deux hommes partageaient une vision commune du socialisme et une solide amitié. En 2008, lorsque le sénateur de l'Essonne décide de claquer la porte du PS pour se lancer dans l'aventure du Front de gauche, son poulain refuse de le suivre et choisit de rester au PS.

    "Que tu viennes ou que tu ne viennes pas, on restera potes", lui promet alors Mélenchon. Promesse non tenue. Mélenchon a refusé de serrer la main de son ancien protégé lorsqu'il l'a recroisé par hasard, dans la rue. "Plus tard, on s'est retrouvés tous les deux autour du cercueil d'un camarade, à chanter L'Internationale sans se dire un mot. On était à deux mètres l'un de l'autre, comme deux cons", se souvient Jérôme Guedj.

    "ÉRUCTER DANS SON BLOG"

    Jean-Luc Mélenchon est un susceptible. Il supporte peu la critique. Rien ne le met plus en rage que de se voir comparé à Marine Le Pen, avec laquelle il partage pourtant un langage commun tout en proposant des solutions radicalement différentes. Il a également mal vécu les accusations d'antisémitisme après avoir dit de Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances, qu'il était "quelqu'un qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale". "D'autant plus que c'était répercuté par Harlem Désir, qui était son compagnon au PS, souligne René Revol du Parti de gauche. Qu'une accusation aussi vile vienne de quelqu'un dont il a été aussi proche l'a profondément touché."

    Le député européen n'apprécie pas ceux qui appuient là où ça fait mal. Comme José Bové qui a dénoncé début avril sa "présence épisodique" sur les bancs de Strasbourg. "Mesquine jalousie", a répondu Mélenchon dans un communiqué en compilant une série de chiffres censés prouver son assiduité. Selon le site VoteWatch.eu, qui recense des données fiables sur l'activité des députés européens, l'ancien candidat à la présidentielle, avec un taux de présence de 67,50 %, se classe pourtant à la 736e place sur 754 aux sessions plénières du Parlement européen à Strasbourg.

    Dans son blog, l'élu ne cache d'ailleurs pas sa détestation de l'institution pour laquelle il a sollicité le suffrage des Français. Le 17 avril, il faisait à nouveau part de son ras-le-bol : "Quelques heures passées dans l'hémicycle du Parlement européen sont totalement démoralisantes. Non seulement c'est une addition de pleurnicheries sans conséquences face au désastre qui s'avance, mais l'adjonction d'une épaisse couche de voeux pieux achève d'écœurer", écrit-il. Il préférera d'ailleurs rencontrer le président bolivien Evo Morales, le 13 mars à Paris, plutôt que de participer au vote sur le projet de budget européen, pour la première fois en baisse.

    <figure class="illustration_haut"> Jean-Luc Mélenchon. </figure>

    "On ne peut pas être dans le cri et la fureur, annonçant qu'il faut un coup de balai, en se prétendant au-dessus de la mêlée et ne pas assumer ce pour quoi on a été élu", s'agace José Bové. Même s'ils ont partagé des combats dans le passé, les deux hommes n'en communiquent pas mieux pour autant. Lors de la dernière session parlementaire à Strasbourg, la semaine du 15 avril, l'ancien leader de la Confédération paysanne a regretté le silence de son collègue. "Ni bonjour, ni oui, ni merde, rien. Sa seule logique, c'est d'éructer dans son blog."

    Marie-Noëlle Lienemann connaît bien les "bouderies" de son ancien complice de la Gauche socialiste. Ces derniers mois, les relations sont plutôt fraîches. "Il y a des moments où il vaut mieux qu'on ne s'appelle pas, raconte la sénatrice PS. On se connaît assez pour savoir quand les passerelles sont difficiles à mettre en place."

    DÉBAT SUR LA FORME

    La radicalisation de Jean-luc Mélenchon l'éloigne chaque jour un peu plus du PS, y compris de son aile gauche. "Il n'est pas en phase avec la majorité du peuple de gauche qui est en colère mais qui essaie de dépasser cette colère", assure Marie-Noëlle Lienemann. "C'est fait de manière trop sectaire, ajoute Julien Dray. La manif du 5 mai apparaît comme une manif contre le PS. Il ne veut pas faire l'unité, mais faire disparaître une organisation pour la remplacer par une autre."

    La stratégie du "parler cru et dru" ne fait pas non plus l'unanimité au sein du Front de gauche, et en particulier chez les communistes. L'expression "coup de balai" est restée dans la gorge de Pierre Laurent, leur premier secrétaire. D'autant plus que ce dernier a appris l'existence de la manifestation du 5 mai en même temps que les auditeurs de France Info.

    "Si on est d'accord sur le fond et sur la critique du gouvernement, il y a débat sur la forme, admet Clémentine Autain. Je ne suis pas convaincue par les formules type "coup de balai"." Cette colère, qu'il ne cesse de déverser, pourrait-elle cacher une profonde inquiétude ? "Les amis, j'ai 61 ans et la révolution, c'est tout de suite", glissait-il à des journalistes il y a quelques mois.

    Depuis 2005, date du référendum sur le traité européen où il prôna le "non" avec succès, les victoires ont été rares. Lors de la présidentielle où "il s'est vu au second tour", rapporte Clémentine Autain, il a finalement fini derrière Marine Le Pen, avec 11 % des suffrages. Un score inespéré en début de campagne, mais qui sera vécu comme un échec au vu des exigences qu'il s'était fixées. Un mois plus tard, aux législatives, il arrive encore une fois derrière la leader d'extrême droite à Hénin-Beaumont, avec un score qui ne lui permet pas de se maintenir au second tour.

    Aujourd'hui, il mise sur les européennes de 2014 pour s'installer au cœur du jeu politique. "C'est une élection où le PS peut s'effondrer. Il peut y avoir une percée très significative du Front de gauche qui le placerait devant les socialistes, estime Martine Billard, la co-présidente du Front de gauche. Cela changerait beaucoup la situation et obligerait le président à s'interroger sur sa politique et ses alliances."

    Si ça ne marche pas, il attendra la prochaine présidentielle. Il a trois livres en préparation : le premier s'intitule Comment faire ?, prévu chez Flammarion à l'occasion de la prochaine Fête de L'Huma (en septembre), le second sera consacré aux révolutions citoyennes dans l'histoire, chez Plon, le troisième est un recueil de ses discours chez Bruno Leprince.

    "Il est malheureusement dans une logique à la Bayrou, l'homme de la présidentielle", constate le député socialiste Jérôme Guedj. Pour continuer d'ici là à exister, Jean-Luc Mélenchon arpente plus que jamais les émissions de télévision. Son nouveau positionnement : la victimisation. "Vous croyez que je ne sais pas comment ça va finir ? Ils vont me tirer dessus", lâche-t-il au Point, mi-avril, dans un excès paranoïaque. A propos de la manifestation du 5, il crie sur tous les toits qu'il a prévu de venir avec un pyjama et une brosse à dents. Il assure qu'il va finir en "garde à vue". ça lui ferait tellement plaisir.

    </article>

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