Battre le pavé tant qu'il est encore chaud. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour voir à nouveau Jean-Luc Mélenchon dans la rue. Six mois après son grand rassemblement à la Bastille lors de la campagne présidentielle, le Front de gauche réunit ses partisans à Paris dimanche 30 septembre pour une marche contre le traité européen de stabilité (TSCG). Cette fois-ci, le trajet emmènera les "nonistes" de Nation à la place d'Italie.
Alors que le Parlement se prépare à ratifier le texte, la gauche radicale a fait de ce combat son cheval de bataille de la rentrée politique. Il s'agit pour Mélenchon d'ériger une force alternative à gauche du PS. Le TSCG est la première pierre de l'édifice. Le Front de gauche se targue d'avoir organisé une manifestation unitaire dans laquelle se retrouvent le NPA (relire le tchat avec Olivier Besancenot), Attac, la Cimade, FSU, Solidaires, des secteurs de Branche de la CGT, ainsi que plusieurs organisations citoyennes d'économistes, d'écologistes ou de féministes…
Des méthodes de campagne
Le timing n'était pourtant pas évident. "Le TSCG, c'est la bataille la plus difficile à mener, on n'avait qu'un mois pour mobiliser, et ça coûte beaucoup d'argent…" explique Mélenchon. Réunir des milliers de personnes pour protester contre un texte que peu de gens ont lu, et qui ne sera pas soumis au référendum est une gageure. Les problèmes de chômage et de pouvoir d'achat sont bien plus au coeur des préoccupations des Français que le traité. D'ailleurs, quel que soit le succès de la mobilisation, le PS est bien décidé à ratifier le texte. Mais Eric Coquerel, le conseiller de Jean-Luc Mélenchon, reste confiant : "Quand on s'engage dans un combat, ce n'est jamais avec l'intention de le perdre." Le but pour le parti est de "délégitimer les socialistes". Nous voulons montrer que la majorité des gens à gauche et en France sont opposés à ce traité, et que s'ils avaient l'occasion de voter, ils le diraient", ajoute Coquerel.
Pour Jean-Luc Mélenchon, l'objectif est triple : "Il faut redonner confiance à nos militants, éprouver notre capacité intacte à la mobilisation, et reformer nos rangs." Pour ressouder les liens, rien de tel que les méthodes de campagne qui avait fait la force du candidat. Au premier rang desquelles, le rassemblement populaire. "Ca sera un succès si on est plusieurs dizaines de milliers", explique l'eurodéputé. "Ca prend peu à peu, on voit département par département, les copains qui réservent un car, puis un deuxième, etc." Alors qu'ils affichaient une prudence de mise sur l'affluence, les responsables du Front de gauche laissent de plus en plus filtrer leur satisfaction à l'approche du jour J. "Ca sera une grosse manifestation, l'unité de mesure sera la dizaine de millier", confie Eric Coquerel. Si les grands syndicats se sont abstenus, la présence de la CGT Ile-de-France est une garantie de mobilisation.
Pédagogie
En revanche, Jean-Luc Mélenchon, adepte des adresses aux foules, devra se retenir cette fois-ci. Il n'y aura pas de tribune à l'arrivée place d'Italie, manifestation "unitaire" oblige : les différents participants n'apprécieraient pas que l'un d'entre eux s'arroge seul le succès de la mobilisation. Pourtant, pour le Front de gauche, c'est dans le travail de pédagogie que réside la clé de sa bataille contre le TSCG. "Cette manifestation est un moment très important", plaide Mélenchon. "Il faut expliquer aux gens que les fameux 3% inscrits dans le TSCG, ce n'est pas seulement pour le déficit de l'Etat, c'est aussi pour ceux des collectivités locales qui vont avoir des budgets d'austérité. Ils vont voir les effets de la rigueur dans leur quotidien. Cette politique va saigner le pays à blanc."
En préparation de dimanche, l'ancien candidat à la présidentielle a repris les routes de France pour marteler son message contre les mesures "austéritaires". Jeudi à Toulouse, au chevet des 600 emplois menacés chez Sanofi, Mélenchon en profitait pour glisser son message personnel sur le traité : "les socialistes ont sous les yeux les échecs de leurs solutions. C'est la Grèce, c'est le Portugal, c'est l'Espagne... Les gens sont dans la rue." En attendant, le Front de gauche chauffe la place.