• Le Parlement vote la création de 24 000 places de prison en cinq ans

    LEMONDE.FR avec AFP | 29.02.12 | 21h01   •  Mis à jour le 29.02.12 | 21h09

     

    La gauche, qui reproche au gouvernement de tout miser sur "l'enfermement" sans faire reculer la délinquance, a voté contre ce projet, approuvé par la droite et le centre, qui ont taxé "d'angélisme" l'opposition lors des débats.

    La gauche, qui reproche au gouvernement de tout miser sur "l'enfermement" sans faire reculer la délinquance, a voté contre ce projet, approuvé par la droite et le centre, qui ont taxé "d'angélisme" l'opposition lors des débats.REUTERS/RUBEN SPRICH

    Le Parlement a adopté mercredi soir par un dernier vote de l'Assemblée nationale un projet de loi prévoyant la création de         24 000 places de prison dans les cinq ans. L'objectif est de réduire le nombre de peines non exécutées.

    La gauche, qui reproche au gouvernement de tout miser sur "l'enfermement" sans faire reculer la délinquance, a voté contre ce projet, approuvé par la droite et le centre, qui ont taxé "d'angélisme" l'opposition lors des débats.

    Le nombre de peines "en attente d'exécution" devrait être ramené, selon le gouvernement, à 35 000 en 2017, contre 87 000 à la fin de l'an dernier et 100 000 en 2010. Ce chiffre concerne uniquement les délits, les peines criminelles étant appliquées sans délai. La moitié des peines non encore exécutées correspondent à des durées inférieures ou égales à trois mois de prison.

    Inspiré par un rapport du député UMP Eric Ciotti, ce texte avait été annoncé par Nicolas Sarkozy mi-septembre. Le ministre de la justice, Michel Mercier, l'avait présenté en conseil des ministres le 23 novembre, quelques jours seulement après le meurtre en Haute-Loire d'une adolescente, Agnès, avoué par un lycéen déjà poursuivi pour viol dans le Gard en 2010. Un article du projet de loi fait également obligation à la justice d'informer les chefs d'établissements scolaires si un élève est placé sous contrôle judiciaire pour des crimes ou délits violents ou de nature sexuelle.

     

    Prisons en France

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  • Des milliers d'Européens manifestent contre l'austérité

    LEMONDE.FR avec AFP | 29.02.12 | 17h53   •  Mis à jour le 29.02.12 | 18h21

    La Confédération européenne des syndicats (CES) a appelé à une journée d'action dans les 27 pays de l'Union mercredi 29 février, à la veille du sommet de l'UE, les 1er et 2 mars, qui doit signer le nouveau traité européen de discipline budgétaire. Sous le mot d'ordre "Trop c'est trop", ou encore "Ce n'est pas aux salariés de payer", les syndicats dénoncent un traité accusé d"institutionnaliser l'austérité".

    • En France

     

    Partie de Bastille, la manifestation contre l'austérité devait se terminer place de la Nation à Paris, mercredi 29 février.

    Partie de Bastille, la manifestation contre l'austérité devait se terminer place de la Nation à Paris, mercredi 29 février.Reuters/CHARLES PLATIAU

     

    En France, cent soixante manifestations ou rassemblements étaient prévus, selon un comptage de la CGT. Plusieurs milliers de personnes – 15 000 selon la CGT, 8 700 selon la police – ont défilé dans l'après-midi à Paris, derrière la banderole de tête de cortège où était inscrit : "Partout en Europe, trop c'est trop, les alternatives existent pour l'emploi et la justice sociale".

    "On est là contre l'austérité généralisée, pour qu'on sorte d'une approche politique qui fait payer aux salariés les conséquences d'une crise dont ils ne sont pas responsables", a lancé Bernard Thibaut, le numéro un de la CGT. "Nous avons besoin d'une Europe au service des citoyens, pas des marchés", a pour sa part déclaré le secrétaire général de l'UNSA, Luc Bérille, lors d'une tribune sur les marches de l'opéra Bastille.

    A cinquante-trois jours de la présidentielle, la CFDT, opposée à des actions à caractère "politique", était absente des rassemblements à Paris et dans la plupart des villes de province. Minimisant les divergences entre les syndicats, Bernard Thibault a affirmé qu'ils étaient "unanimes pour dire que le traité est nocif" et que seules les modalités d'action étaient "différentes".

    Les manifestants étaient entre 750 et 1 000 à Lille, où une douzaine de représentants de syndicats belges et anglais ont rejoint leurs partenaires français en tête de cortège. A Marseille, ils étaient entre 2 700 selon la préfecture et 10 000 selon l'intersyndicale pour dire "non aux politiques d'austérité". "L'exemple type, c'est la Grèce : on baisse le smic de 22 % et on ne taxe pas les riches, il y a 200 milliards d'euros planqués en Suisse de milliardaires grecs", a dénoncé Patrick Pieroni, secrétaire adjoint de l'union départementale CFDT.

    • En Grèce

     

    Un manifestant derrière un bateau portant, à la proue, la photo de la chancelière allemande Angela Merkel, mercredi à Athènes.

    Un manifestant derrière un bateau portant, à la proue, la photo de la chancelière allemande Angela Merkel, mercredi à Athènes.REUTERS/© John Kolesidis / Reuters

    Rassemblements symboliques devant les bureaux de la Commission européenne et l'Acropole d'Athènes ou concert de solidarité devant le Parlement : les syndicats du pays européen le plus touché par les cures d'austérité étaient aussi mobilisés mercredi. "Les syndicats grecs se joignent de nouveau aux syndicats de l'Europe contre les politiques néolibérales et réclament une Europe plus juste et égale", a indiqué la centrale grecque des salariés du privé, la Confédération générale des travailleurs (GSEE).

    Dans une action commune, la GSEE et la centrale des fonctionnaires, Adedy, ont observé un arrêt de travail de trois heures, qui a entraîné la fermeture du site de l'Acropole d'Athènes. Par ailleurs, une délégation des deux syndicats et des dirigeants d'associations professionnelles ont déposé une motion à la représentation grecque de la Commission européenne pour dénoncer "les politiques antisociales et antitravailliste" que les créanciers du pays, "l'UE et le FMI, imposent au pays".

    Panayiotis Prountzos, président de l'Union des employés des entreprises touristiques, a notamment dénoncé "le chantage" exercé sur les employés pour signer "des conventions d'entreprises prévoyant des réductions de salaires allant jusqu'à 22 %".

    • En Espagne

     

    Des étudiants manifestent mercredi à Barcelone derrière la bannière : "On ne paiera pas pour vos fraudes. Il faut sauver l'université publique".

    Des étudiants manifestent mercredi à Barcelone derrière la bannière : "On ne paiera pas pour vos fraudes. Il faut sauver l'université publique".AFP/LLUIS GENE

    Les syndicats espagnols avaient eux aussi appelé à la mobilisation dans tout le pays, où des marches étaient prévues dans une quarantaine de villes pour dénoncer la cure d'austérité imposée par le nouveau gouvernement de droite, qui cherche à juguler un déficit qui a atteint 8,5 % du PIB en 2011.

    Les étudiants ont également fustigé la réforme du travail annoncée pour tenter de relancer l'emploi dans un pays qui souffre d'un chômage record de près de 23 %. Plusieurs dizaines de milliers de jeunes – étudiants et lycéens – ont défilé à Madrid, Valence et Barcelone, où des heurts ont éclaté entre policiers et manifestants.

    Selon un porte-parole de la police régionale, "un petit groupe de personnes a commencé à lancer des objets contondants contre les agents de police et contre la façade de la Bourse. On a procédé à une dispersion et à des arrestations". Les policiers ont chargé des manifestants à coups de matraque, a constaté un photographe de l'AFP.


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    Des manifestants ne cachaient pas leur colère comme cette infirmière d'une clinique privée de Toulouse, Josiane Dupuy, qui dit avoir "honte d'être française", depuis que le pays est gouverné par Nicolas Sarkozy.

    Des manifestants ne cachaient pas leur colère comme cette infirmière d'une clinique privée de Toulouse, Josiane Dupuy, qui dit avoir "honte d'être française", depuis que le pays est gouverné par Nicolas Sarkozy.

    Des dizaines de milliers de salariés sont descendus dans la rue mercredi, décrétée journée européenne contre l'austérité, sur fond de divergences entre la CGT, fer de lance du mouvement, et la CFDT, en retrait, refusant comme FO une politisation avant la présidentielle.

    Appelée par la Confédération européenne des syndicats (CES), la mobilisation avait pour principal mot d'ordre "trop, c'est trop" pour dénoncer l'"austérité" et réclamer "plus de justice sociale", à la veille d'un sommet de l'UE qui va signer le nouveau traité de discipline budgétaire.

    Au total, 160 manifestations et rassemblements ont réuni quelque 130.000 personnes dans toute la France, selon la CGT.

    Des militants de partis de gauche étaient parfois de la partie. A Montpellier, c'est la candidate Eva Joly (EELV) qui a battu le pavé pour dénoncer "un traité uniquement de contrôle budgétaire". François Hollande (PS) qui veut renégocier ce traité, a apporté son soutien à la mobilisation.

    "Cette journée, c'est le plus important meeting du mois de février", s'est targué le leader de la CGT, Bernard Thibault, à la tête du cortège parisien. A l'appel de la CGT, FSU et Solidaires, 15.000 Franciliens, selon la CGT et 8.700 selon la police, ont défilé entre Bastille et Nation.

    Le leader cégétiste s'est employé à minimiser les divergences avec ses partenaires, alors que la CFDT et FO avaient refusé de prendre part au défilé: "Tous les syndicats sont unanimes pour dire que le traité" européen "est nocif", mais les modalités d'actions choisies sont différentes, a-t-il dit.

    M. Thibault, qui ne cache pas qu'il votera contre Nicolas Sarkozy au scrutin présidentiel, a dénoncé aussi la TVA sociale en cours d'adoption mercredi par le Parlement.

    "Il veut finir son sale boulot, anéantir le modèle social français", dénonçaient sur une banderole quelque 300 manifestants à Strasbourg, en allusion au président sortant dont ils brandissaient un portrait.

    A Marseille, les 2.700 à 10.000 manifestants (selon les sources) s'en sont pris aux "profiteurs" et au "patronat voleur".

    Dans la plupart des villes, comme à Bordeaux, Toulouse, des banderoles appelaient à "la solidarité avec les peuples grecs, espganols, portugais, italiens", réclamant "une autre répartition des richesses". "La crise, c'est eux, la solution, c'est nous", lançait-on à Lille.

    Des manifestants ne cachaient pas leur colère comme cette infirmière d'une clinique privée de Toulouse, Josiane Dupuy, qui dit avoir "honte d'être française", depuis que le pays est gouverné par Nicolas Sarkozy.

    "Voter c'est bien, mais manifester c'est une façon de mettre la pression aux différents candidats", à 53 jours de la présidentielle, souligne Fabien, conducteur de RER de SUD-Rail.

    Mais c'est justement cette politisation qui a été décriée par la CFDT dont le leader François Chérèque a accusé la CGT d'être "rentrée dans une démarche partisane". Le leader cédétiste a, lui, manifesté à Bruxelles où il a dénoncé "trop de rigueur" et "trop de blocages de l'économie".

    De son côté, FO - qui continue de bouder l'intersyndicale- était absente des défilés: "Nous ne participons pas à des manifestations en France avec une connotation politique", a lancé son numéro un, Jean-Claude Mailly.

    L'appel à la grève lancé par la CGT a eu un écho limité. L'aéroport de Rouen a fermé et à Pau des vols ont dû être annulés à la suite d'une grève des contrôleurs aériens. Les aéroports de Marseille, Nice et Lyon ont été les plus touchés. A Lille-Lesquin, Air France a annulé sept vols sur 18 au départ.


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  • La Cour de cassation osera-t-elle interdire les licenciements économiques ?

    Créé le 29-02-2012 à 16h02 - Mis à jour à 17h24      Réagir

    EXCLUSIF La Cour de cassation s'apprête à trancher un litige qui, selon la décision qu'elle prendra, remettrait complètement en cause la validité des plans sociaux pour motif économique. Et risquerait d'enterrer une fois pour toutes le licenciement économique.

     
     

    Plusieurs détenus de la prison de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, réclameront mercredi à la Cour de cassation de les libérer, compte tenu de conditions d'incarcération "indignes et dégradantes" dans cet établissement surpeuplé à l'état déplorable.
(c) Afp

    Plusieurs détenus de la prison de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, réclameront mercredi à la Cour de cassation de les libérer, compte tenu de conditions d'incarcération "indignes et dégradantes" dans cet établissement surpeuplé à l'état déplorable. (c) Afp

    Ce mercredi 29 février 2012 a débuté à la Cour de Cassation une audience que les experts en droit social, les syndicalistes et les DRH des entreprises vont suivre avec la plus grande attention.

    Les magistrats de la plus haute juridiction doivent en effet valider ou infirmer un récent arrêt de la Cour d’appel de Paris. Le 12 mai 201, celle-ci avait estimé que le motif économique invoqué par la société Viveo France pour justifier son plan social n’était pas valable. Et si cet arrêt est confirmé, ce sera un véritable tremblement de terre.

    Retour sur les faits. L'affaire remonte à 2010. Peu après son rachat par le groupe suisse Temenos, l’entreprise de logiciels bancaires engage un plan social qui prévoit la suppression de 64 postes. Le comité d’entreprise (CE) s'y oppose et décide de porter l'affaire devant la justice. A ses yeux, le motif économique invoqué par Temenos pour justifier la procédure de licenciement ne tient pas. En première instance, le CE est débouté. Mais un an plus tard, la Cour d’appel lui donne raison, soulignant "un défaut de cause économique". Tout en assurant qu’elle ne s’immisce pas "dans la gestion de l’entreprise", la Cour estime que la légalité du motif de la procédure n’est pas justifiée.

    D'autres cours d'appel ont tranché dans le même sens

    Si ce jugement inquiète, c’est parce qu’il n’est pas isolé. A la fin de l’année dernière, la Cour d’appel de Reims renvoyait également une procédure de licenciement pour une absence de motif économique. La société Sodimécal, spécialisée en matériel médico-chirurgical avait voulu fermer un site. Saisi par le comité d’entreprise, le tribunal avait annulé la procédure de licenciement. Et donc bloqué en cours d’élaboration un plan social, au motif que la restructuration ne reposait réellement sur un motif économique. Une première.

    Et pour cause. Jusqu’à présent, lorsqu’une entreprise engage un plan social, les salariés ont le droit de saisir, au travers de leurs délégués, les tribunaux pour le contester. Mais d’une part, cela se fait en amont, avant que les salariés aient reçu leur lettre de licenciement. Et deuxio, ce n’est qu’en cas d’absence de mesures de reclassement ou si elles sont jugées insuffisantes, que les magistrats du tribunal de grande instance peuvent annuler un PSE.

    Ils ne peuvent en aucun cas juger la pertinence ou non que l’employeur a pour supprimer des emplois au nom de difficultés économiques. Cette disposition n’est possible que dans un second temps, devant le conseil des prud’hommes, seul habilité à statuer sur "la cause réelle et sérieuse" d’une rupture de contrat. En général, le salarié se lance dans une procédure, et s’il l’emporte, le patron lui verse des dommages et intérêts. C’est souvent une mesure personnelle, et la condamnation qui peut en découler est seulement pécuniaire.

    Quelles seraient les conséquences d'une confirmation en cassation ?

    Si le jugement Viveo venait à être confirmé, les salariés auraient désormais la possibilité, en amont, de remettre en question la pertinence d’un plan social. Et en d’autres termes, les magistrats pourraient juger la motivation économique d’une restructuration.

    Cette possibilité inquiète patrons comme salariés. Fait rare, mais le syndicat d'avocats d'entreprises en droit social, Avosial, a adressé une lettre à tous les candidats à la présidentielle pour alerter de la difficulté à faire reconnaître la validité des licenciements économiques. Selon eux, si les juges se donnent le pouvoir de faire annuler l'ensemble d'un plan social, les conséquences économiques seront catastrophiques.

    "S’ils ont de telles entraves pour supprimer des postes, les patrons n’embaucheront plus", assure Etienne Pujol, un membre d’Avocial. Et de souligner les aberrations qui en découleront. Par exemple, dans le cas de Sodimédical, les salariés  -ils sont une cinquantaine - ne peuvent pas être licenciés économiquement, puisque le plan social pour ce motif a été considéré comme nul. Ils ne peuvent pas non plus réintégrer puisque leur site a fermé. De fait, l’employeur est tenu de leur verser un salaire. Déjà en difficulté, il est probable que celui-ci bientôt ne puisse plus le faire. Qu’en sera-t-il alors de l’avenir des salariés ? Ceux-ci risquent en tout cas d’y perdre. Non seulement ils n’auront plus de job, mais ils seront moins bien pris en charge.

    Le licenciement économique serait enterré une fois pour toutes

    "Dans le cadre d’un plan social, ils avaient au moins l’assurance de bénéficier de mesures d’accompagnement", poursuit Etienne Pujol. Un constat qui n’a pas échappé aux organisations syndicales. Elles savent que des mesures négociées collectivement sont toujours plus intéressantes. Les licenciements économiques étaient souvent assortis d’indemnités de départs, mais aussi d’aides pour la recherche d’emploi... Pour Michel Ghetti, le PDG de France Industrie Emploi, qui fait beaucoup d’aide à la revitalisation et d’accompagnement des entreprises dans leur restructuration, "au fond, c’est l’attractivité de la France qui est menacée". Et le patron d’assurer que déjà, devant de telles rigidités juridiques, des entreprises étrangères qui prévoyaient d’installer des sites dans l‘hexagone renoncent.

    En réalité, si la Cour de Cassation confirme le jugement Viveo, elle enterrerait une fois pour toute, le licenciement économique. Trop complexe, et trop cher, ce dispositif est déjà mal en point. Ainsi, comment expliquer qu’en pleine crise, les licenciements économiques aient baissé de moins 4% en un an ? Les employeurs préfèrent passer par un plan de départ volontaire ou une rupture conventionnelle plus simple et nettement moins couteuse. Preuve en est, les ruptures à l'amiable sont deux fois plus nombreuses que les licenciements économiques. En janvier, 14.000 licenciements ont été enregistrés pour 30.000 ruptures conventionnelles. La cour de cassation a prévu de rendre sa décision dans trois semaines. Une attente interminable pour toutes les parties concernées.

     


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  • Air France : l'accord syndical qui fâche

     

    Par Benoist Pasteau avec AFP

    Publié le 28 février 2012 à 12h12 Mis à jour le 28 février 2012 à 12h12

     

    Un accord entre la direction d'Air France et le syndicat des pilotes remet en cause le service minimum.

    Un accord entre la direction d'Air France et le syndicat des pilotes remet en cause le service minimum. © MAXPPP

    Un accord entre la direction et le syndicat de pilotes compromet la loi sur le service minimum.

    La loi sur le service minimum dans l'aérien a du plomb dans l'aile avant même d'être adoptée. Cette loi, qui doit définitivement être votée à l'Assemblée mercredi matin, est compromise dans la pratique par l'accord passé entre la direction et les pilotes et que Libération dévoile mardi.

    En effet, la loi prévoit que les grévistes se déclarent 48 heures à l'avance afin que la compagnie, détenue à 15% par l'Etat, puisse prévoir le trafic et prévenir les passagers, et limiter les perturbations en mobilisant les non-grévistes pour assurer les principaux vols.

    Un accord pour un "planning stable"

    Or l'accord passé entre la direction et le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) ne va pas dans la même direction. Selon le fac-similé de "l'accord relatif à la stabilité planning du personnel navigant technique" dévoilé par le quotidien, il est prévu que "le planning est stable à compter du constat d'élaboration, en toutes circonstances et en toutes périodes, et ce sans exception".

    Surtout, "toutes modifications de planning, après le constat d'élaboration, doit faire l'objet d'un accord entre la compagnie et le navigant concerné". En clair, chaque pilote contacté pourra refuser de remplacer au pied levé un collègue gréviste.

    "Le gouvernement est furieux"

    Cet accord a agacé Thierry Mariani. Contacté par Libération, le ministre des Transports a d'abord jugé que l'objectif principal de la loi – prévoir le trafic –, n'était pas remis en cause. Mais il a fustigé "l'acharnement" de "certains syndicats" qui, selon lui, "montre qu'ils n'ont pas compris la situation préoccupante de leur compagnie".

    Un connaisseur du dossier cité par Libération assure que "le gouvernement est furieux contre Air France", tandis qu'un salarié de la compagnie française juge l'accord "préférable", tout en estimant qu'il est "gagnant-gagnant".

    "Préserver un minimum de stabilité"

    Air France s'est défendu de porter atteinte à la loi sur le service minimum, estimant que "cette clarification ne porte atteinte à aucun des avantages dont bénéficieront nos passagers avec la future loi Diard".

    Le SNPL a aussi confirmé cet accord. "Nous sommes convenus d'un accord de portée générale, pas seulement pour les périodes de grève, rétablissant ce qui existe dans d'autres compagnies aériennes, pour préserver un minimum de stabilité, de vie privée et familiale", a indiqué Louis Jobard, porte-parole du SNPL d'Air France.

    En période de grève, la direction ne pourra réaffecter à sa guise les pilotes en congés, non déclarés comme grévistes, "et les transformer en briseurs de grève" contre leur gré, s'est réjoui le porte-parole.


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