Alors que
des tractations se poursuivent au Caire pour le poste de Premier ministre, dimanche les pro-Morsi sont une nouvelle fois rassemblés pour manifester leur mécontentement suite
à la destitution mercredi de Mohamed Morsi.
Mais contrairement à la veille, ils ne sont pas seuls à occuper la rue au nom de la «légitimité» du premier
président élu de l'après-Moubarak. Sur la place Tahrir du Caire, ils sont des dizaines de milliers de manifestants réunis pour défendre la «légitimité du peuple» et montrer leur soutien à la décision de l'armée d'écarter Morsi,
malgré les violences de vendredi qui ont fait au moins 36 morts.
Alors qu'au sol une nuée de drapeaux recouvre la place noire de monde, dans le ciel, des avions de chasse tournoient régulièrement, lâchant derrière eux une fumée aux couleurs du drapeau égyptien. Dans un cortège en direction de l'emblématique place, une pancarte affirme, en anglais: «L'Egypte a connu une révolution populaire, pas un coup d'Etat».
Des photos d'al-Sissi visibles un peu partout
Un gigantesque drapeau est déployé sur lequel est écrit «Dégage», un slogan scandé à l'adresse du président islamiste
le 30 juin, lors des premières manifestations monstres anti-Morsi, à qui il était reproché d'accaparer le pouvoir et gérer le pays au seul profit des islamistes. Des photos
du général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, qui a annoncé l'éviction de Morsi, sont visibles un peu partout.
Non loin de là, Yasser, ingénieur explique que la destitution de Morsi n'est pas contraire à la
démocratie en raison du nombre de «manifestants descendus dans la rue pour exprimer leur colère». Il dit désormais attendre «la déclaration constitutionnelle» qui doit lancer «l'Egypte nouvelle dans laquelle tout le monde sera intégré».
Place Tahrir dimanche (capture Al-Jazira)
A Nasr City dimanche (capture Al-Jazira)
L'armée a mené une campagne d'arrestations au sein des dirigeants des Frères musulmans, dont est issu Mohamed, lui-même toujours retenu.
Nasr City crie sa colère contre l'armée
Dans l'autre camp, à Nasr City, ce sont des portraits de Mohamed Morsi qui sont brandis, comme devant la Garde républicaine, où
quatre islamistes ont été tués vendredi et où leurs partisans ont lancé dimanche un sit-in illimité. Séparée des blindés de l'armée par d'imposants fils barbelés, une foule d'hommes et de femmes crie sa colère contre l'armée.
«Les militaires ont volé la légitimité et mon vote. Ce sont des traîtres et des voleurs», lance Ahmed Mohamed, un étudiant venu d'Assiout (sud). Mohamed Morsi, premier président égyptien à ne pas être sorti des rangs de l'armée, avait été élu en juin 2012 à la
tête du plus peuplé des pays arabes, après seize mois d'une transition au cours de laquelle les chefs militaires avaient directement géré le pays.
Les islamistes ont installé des barrages
Hassan Siam, un avocat venu d'Ismaïliya, sur le canal de Suez, promet pour sa part : «C'est un coup d'Etat militaire et nous le combattrons jusqu'à notre dernier souffle». «Nous ne reconnaissons pas le nouveau président. Nous n'avons qu'un seul président légitime et élu, Mohamed Morsi», dit Emad Sayed, trois jours après la nomination d'Adly Mansour comme président intérimaire. Dans divers endroits de la capitale, des milliers d'islamistes ont dressé des barricades et installé des barrages. Ils ont notamment fermé la principale voie menant à l'aéroport. Il est toutefois toujours possible de s'y rendre en empruntant une autre route.
D'importantes manifestations ont lieu également à Alexandrie.