L'ESSENTIEL
• La situation reste sous tension en Egypte au lendemain d'une journée sanglante, après la dispersion des manifestations pro-Morsi. Plusieurs chefs d'Etat dont Barack Obama et François Hollande ont condamné la répression.
• Mercredi matin, les policiers ont pénétré sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda, où des milliers d’islamistes étaient barricadés depuis un mois et demi avec femmes et enfants pour réclamer le retour de du président destitué et arrêté par l’armée le 3 juillet.
• L’opération, très violente, a fait au moins 535 morts civils et 43 chez les policiers selon un bilan établi jeudi matin. Un caméraman de la chaîne Sky News a été tué. Le bilan sera sans doute plus lourd.
• Les affrontements entre pro et anti-Morsi ont déjà fait plus de 250 morts depuis fin juin, essentiellement des manifestants islamistes. Le vice-président Mohamed ElBaradei a démissionné.
20 heures. Un nouveau bilan fait état 578 morts mercredi dans le pays, dont 535 civils, annonce le ministère de la Santé. Détaillant ce bilan, le ministère a précisé que 228 personnes avaient péri sur la seule place Rabaa al-Adawiya, principal point de rassemblement occupé depuis près d’un mois et demi par les partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué et arrêté par l’armée le 3 juillet.
En outre, 90 ont péri dans la dispersion de l’autre sit-in pro-Morsi au Caire. Selon les autorités, 43 policiers ont également été tués mercredi dans la journée la plus meurtrière depuis la chute de Moubarak.
19h55. La France, le Royaume-Uni et l’Australie ont demandé conjointement une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Egypte, ont indiqué jeudi des diplomates. Cette réunion pourrait se tenir sous la forme de consultations à huis clos, ont-ils ajouté.
19h30. Les Etats-Unis «vont maintenir» leurs relations militaires avec l’Egypte mais les violences «mettent en danger des éléments importants» de la coopération entre les deux pays, affirme le chef du Pentagone Chuck Hagel.
Plus tôt, le président Barack Obama avait annoncé l’annulation de manoeuvres militaires conjointes avec l’Egypte, mais n’est pas allé jusqu’à couper l’assistance militaire à cet allié stratégique des Etats-Unis.
17h30. Le ministère de l’Intérieur égyptien annonce que la police était désormais autorisée à tirer à balles réelles sur les manifestants attaquant des biens publics ou les forces de l’ordre.
Cette annonce intervient peu après que des manifestants islamistes ont mis le feu au siège de l’administration d’une province au Caire.
17h20. Au moins sept soldats égyptiens ont été tués et trois autres blessés dans une attaque jeudi d’hommes armés dans le Nord-Sinaï, ont indiqué à l’AFP des sources au sein des services de sécurité. Les assaillants, membres présumés de la mouvance radicale islamiste, ont visé les militaires qui se trouvaient sous une tente au sud de la ville d’Al-Arich, ont précisé ces sources.
L’Egypte a déployé en juillet des forces supplémentaires dans cette péninsule largement désertique pour lutter contre les groupes radicaux armés qui y ont multiplié les attaques contre les forces de l’ordre depuis la destitution par l’armée du président Morsi le 3 juillet.
16h30. Barack Obama a dénoncé jeudi la répression en Egypte, engagée selon lui «sur un chemin dangereux», et a annoncé l’annulation de manoeuvres militaires conjointes avec le Caire le mois prochain.
Le président américain s’est toutefois gardé de couper les ponts avec l’armée égyptienne, rappelant les liens de longue date entre Washington et Le Caire et affirmant que c’était aux Egyptiens de déterminer leur propre avenir.
«Les Etats-Unis condamnent avec force les mesures prises par le gouvernement intérimaire égyptien», a affirmé Obama depuis son lieu de vacances de Martha’s Vineyard, dans le Massachusetts (nord-est) évoquant en particulier la réinstauration de l’état d’urgence annoncée la veille. «Si nous souhaitons maintenir notre relation avec l’Egypte, notre coopération habituelle ne peut pas continuer comme si de rien n’était lorsque des civils sont tués dans les rues et que les droits régressent», a expliqué le président.
15h35. Navi Pillay, haut commissaire de l’ONU en charge des droits de l’homme, a demandé jeudi une enquête sur les agissements des forces de sécurité en Egypte dans les affrontements de mercredi. Dans un communiqué publié à Genève, Mme Pillay déclare qu’il «faut une enquête indépendante, impartiale, effective et crédible sur les agissements des forces de sécurité, et tous ceux qui auront été reconnus coupables» devront «en répondre».
15h25. La Maison Blanche annonce que Barack Obama va s'exprimer sur la situation en Egypte dans l'après-midi, depuis son lieu de vacances de Martha’s Vineyard, dans le Massachusetts.
14h55. Deux policiers ont été tués jeudi dans deux provinces d’Egypte par des militants du camp du président islamiste déchu Mohamed Morsi, ont affirmé à l’AFP des responsables de la sécurité.
Un policier de 21 ans a été tué par balles dans l’attaque d’un club de la police à Al-Arish, dans la péninsule du Sinaï, un fief des groupes islamistes armés qui visent régulièrement les forces de l’ordre. Un autre a péri dans l’assaut d’un commissariat à Assiout, dans le centre.
14h45. Le siège de l’administration de la province de Guizeh était en feu dans la métropole, la télévision d’Etat attribuant l’attaque à des «islamistes». La télévision privée CBC montrait également des images du siège du gouverneur de la province de Guizeh en feu. Guizeh est une province qui fait partie de la métropole du Caire
14h30. La situation en Egypte présente «toutes les caractéristiques d’un coup d’Etat militaire», a estimé le chef de la diplomatie norvégienne. «Un président élu a été démis, un vice-président a démissionné et l’homme fort (actuel) est un chef militaire», a expliqué le ministre des Affaires étrangères Espen Barth Eide.
12h45. Le bilan officiel se monte désormais à 525 morts selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, dont 482 civils. Détaillant ce bilan à l’AFP, Khaled al-Khatib, chef des services d’urgence égyptiens, a précisé que 202 personnes avaient péri sur la seule place Rabaa al-Adawiya, principal point de rassemblement occupé depuis près d’un mois et demi par les partisans du président islamiste Mohamed Morsi.
Une affiche de Mohamed Morsi, place Rabaa al-Adawiya, jeudi. (Reuters)
12h35. Londres a également convoqué l’ambassadeur d’Egypte pour demander aux autorités d’agir «avec la plus grande retenue», a annoncé le ministère des Affaires étrangères. «Hier (mercredi) nous avons convoqué l’ambassadeur égyptien pour exprimer notre profonde inquiétude à propos de l’escalade de la violence et des troubles en Egypte», a annoncé un porte-parole du Foreign Office.
12h20. «Des nouvelles trop douloureuses arrivent malheureusement en provenance d’Egypte: je désire adresser mes prières aux victimes, à leurs familles, aux blessés et à ceux qui souffrent», déclare le pape François lors de son Angélus sur la place centrale de Castel Gandolfo, un petit village près de Rome où se trouve la résidence estivale des papes, avant d'ajouter: «Prions ensemble pour la paix, le dialogue et la réconciliation dans cette chère terre».
12 heures. Les Frères musulmans appellent leurs partisans à manifester ce jeudi au Caire, au lendemain de la dispersion sanglante de leurs rassemblements par les forces de l’ordre. Les partisans du président Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet, appellent à un défilé au départ de la mosquée Imane, au centre de la place Rabaa al-Adawiya, pour dénoncer la mort d’une centaine de manifestants dans l’attaque de mercredi.
Dans cette mosquée, également QG des dirigeants des Frères musulmans qui n’ont pas été arrêtés, une centaine de cadavres étaient toujours exposés jeudi matin dans la morgue improvisée. Le bilan officiel fait état de 137 morts à Rabaa.
11h40. L'ambassadeur d'Egypte à Berlin a également été convoqué. «A la demande du ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle (en voyage en Tunisie, ndlr) la position du gouvernement allemand a été signifiée en toute clarté à l’ambassadeur égyptien», a indiqué à l’AFP une porte-parole. Mercredi avant son départ pour Tunis Guido Westerwelle avait appelé «toutes les forces politiques» en Egypte «à empêcher une escalade de la violence».
11h25. Le président François Hollande a appelé jeudi à tout mettre «en oeuvre pour éviter la guerre civile» en Egypte. Dans un communiqué, l’Elysée rappelle que le président français a «convoqué l’ambassadeur d’Egypte pour qu’il transmette à ses autorités la très grande préoccupation de la France face aux événements tragiques intervenus dans son pays».
Le Président a «condamné avec la plus grande fermeté les violences sanglantes intervenues en Egypte et demandé un arrêt immédiat de la répression. Le droit de manifester pacifiquement doit être respecté, poursuit le communiqué. Ce droit a, bien sûr, comme contrepartie le devoir des manifestants de se comporter de manière pacifique.» François Hollande a par ailleurs souligné que «l’état d’urgence devait être levé rapidement». La France «souhaite que des élections soient organisées dans les meilleurs délais» conclut le communiqué.
11 heures. Le bilan s'alourdit de nouveau : le gouvernement évoque désormais 464 morts dont 421 civils. 3 572 blessés ont également été recensés dans tout le pays, selon ces chiffres fournis par le ministère de la Santé. Selon ce bilan, près de 200 personnes ont péri sur les seules places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire.
Des corps installés dans une morgue de fortune, au Caire, jeudi. (AFP)
10h45. L’Egypte a fermé mercredi son point de passage avec la bande de Gaza pour une durée indéterminée, annonce un responsable de la sécurité. Des centaines de travailleurs palestiniens traversent chaque jour le point de passage de Rafah, dans la péninsule du Sinaï, dans les deux sens.
10h30. Selon un nouveau bilan officiel, la dispersion sanglante des camps de manifestants au Caire et les violences à travers l’Egypte ont fait mercredi au moins 370 morts. Le ministère de la Santé a fait état de 327 civils tués à travers le pays – dont 134 dans la dispersion des deux sit-in pro-Morsi au Caire –, tandis que le ministère de l’Intérieur a fait état de la mort de 43 policiers. Il s’agit de la journée la plus meurtrière de l’histoire récente de l’Egypte.
Ce bilan pourrait cependant être plus élevé car sur la seule place Rabaa al-Adawiya, principal point de rassemblement des manifestants réclamant le retour du président islamiste déposé le 3 juillet par l’armée, un journaliste de l’AFP a dénombré 124 cadavres d’hommes tués pour la plupart par balles. Le ministère de la Santé y a recensé 113 morts, ainsi que 21 à Al-Nahda, l’autre place occupée depuis un mois et demi par les pro-Morsi.
10 h 15. En France, la présidence de la République fait savoir que l’ambassadeur d’Egypte à Paris a été convoqué à 10 heures à l’Elysée.
9h30. Un premier bilan de la journée annonce au moins 343 morts pour la journée de mecredi, dont 300 civils.
9h15. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir «rapidement» pour «discuter de la situation en Egypte», a-t-il dit devant la presse à Ankara, estimant que tous les pays membres du Conseil devraient donner leur feu vert à une telle réunion. Il dénonce un «très grave massacre visant le peuple égyptien qui ne faisait que manifester dans la paix» et critique l'«hypocrisie» de la communauté internationale.
8 heures. L’Egypte se prépare à une nouvelle journée sous haute tension au lendemain de la dispersion sanglante au Caire des manifestations réclamant le retour du président islamiste Mohamed Morsi. Aucun incident majeur n’avait été signalé jeudi à l’aube dans le pays, où le calme était revenu en fin de soirée moins d’une heure après l’entrée en vigueur d’un couvre-feu, selon des responsables de sécurité joints par l’AFP. A l’issue d’une journée de heurts meurtriers, les autorités avaient décrété l’état d’urgence et un couvre-feu dans la moitié des provinces, dont celles du Caire et d’Alexandrie (nord).
Ce calme pourrait toutefois n’être que temporaire, la tension restant à son comble dans le pays où les islamistes ont appelé à de nouvelles manifestations tandis que les forces de l’ordre prévenaient qu’elles n’accepteraient aucun nouveau sit-in, après avoir pris le contrôle des deux places du Caire où des pro-Morsi campaient depuis un mois et demi.