La justice égyptienne a ajourné, dimanche 25 août, le procès pour "incitation au meurtre" des trois principaux chefs des Frères musulmans, la confrérie du président déchu Mohamed Morsi, ainsi que celui de son prédécesseur Hosni Moubarak pour "complicité de meurtre" de manifestants en 2011.
Ces audiences ont lieu en plein chaos politique en Egypte, où le nouveau pouvoir dirigé de facto par l'armée réprime dans le sang depuis 10 jours les manifestations organisées par les Frères musulmans.
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Le procès du Guide suprême des Frères, Mohamed Badie, de ses adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, actuellement incarcérés, et de 32 autres islamistes a été reporté au 29 octobre, car aucun des accusés n'était présent. La justice a sommé la police de présenter les accusés ce jour-là.
ABSENTS
Des sources de sécurité ont expliqué à qu'ils n'avaient pas été amenés dimanche au tribunal, de crainte que leur convoi ne soit assailli par des partisans ou des adversaires de la confrérie, notamment parce qu'il doit traverser le centre-ville, une zone difficile à sécuriser.
Les trois dirigeants encourent la peine de mort pour "complicité" dans le meurtre de huit manifestants anti-Morsi le 30 juin. Trois autres membres de leur confrérie sont accusés de ces "meurtres" et 29 autres militants islamistes doivent comparaître avec eux pour avoir participé, armés selon l'accusation, à ces heurts.
<figure class="illustration_haut"> </figure>Des millions de manifestants avaient réclamé le 30 juin le départ du président islamiste, lui reprochant d'avoir accaparé les pouvoirs au seul profit des Frères musulmans et achevé de ruiner une économie déjà exsangue. L'armée s'est appuyée sur cette mobilisation pour justifier son coup de force contre le premier président d'Egypte élu démocratiquement. "Les accusations sont montées de toutes pièces, c'est un procès politique", a déclaré l'avocat d'un des leaders islamistes avant l'audience.
MOUBARAK EN LIBERTÉ CONDITIONNELLE
Peu après, un tribunal du Caire a ajourné le procès en appel de M. Moubarak au 14 septembre, à l'issue de la sixième audience. L'ex-raïs encourt également la peine de mort pour "complicité de meurtre" de centaines de manifestants lors de la révolte de janvier-février 2011 qui l'a renversé après trois décennies à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe.
<section class="portfolio atome" id="portfolio-atome-521a2bb8bc0fc">Né le 4 mai 1928 dans la petite bourgeoisie rurale, il devient commandant en chef de l'armée de l'air puis, en 1975, vice-président d'Anouar Al-Sadate. Après l'assassinat de celui-ci par des islamistes en 1981, il accède à la présidence de la République.
Crédits : AFP/TOM HARTWELL
M. Moubarak est apparu dans le box grillagé des accusés, lunettes fumées sur le nez, assis sur un brancard aux côtés de plusieurs responsables de son régime et de ses deux fils, poursuivis avec lui pour "corruption".
M. Moubarak, 85 ans, avait été condamné en juin 2012 en première instance à la prison à perpétuité pour "complicité" dans le meurtre de manifestants. Il avait fait appel et la cour de cassation avait ordonné un nouveau procès.
Jeudi, il a été remis en liberté conditionnelle dans quatre procédures pour corruption et complicité de meurtres, mais a été immédiatement assigné dans un hôpital militaire du Caire par l'armée.
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Depuis plus de 10 jours, l'armée et la police répriment dans un bain de sang les manifestations réclamant le retour de M. Morsi, dont la confrérie avait remporté haut la main les législatives un an après la chute de Hosni Moubarak.
FAIBLE MOBILISATION POUR LES FRÈRES
Près de 1 000 personnes ont été tuées, essentiellement des pro-Morsi, et les principaux cadres des Frères ont été arrêtés, en plus de quelque 2 000 partisans du président déchu. Une centaine de policiers et soldats ont également trouvé la mort, dans les pires violences qu'a connues l'Egypte dans son histoire récente. Dimanche encore, un manifestant pro-Morsi a été tué lors d'une attaque contre un poste de police à Assiout (sud), selon des sources de sécurité.
Lors de la révolte de début 2011, en plein Printemps arabe, 850 personnes avaient péri en 18 jours de mobilisation émaillée de violences.
Le procès des trois principales figures de l'exécutif des Frères musulmans est intervenu alors que le mouvement semble ne plus être en mesure de mobiliser, tant ses principaux activistes ont été décimés et ses dirigeants emprisonnés ces derniers jours.
Vendredi, alors qu'ils appelaient à des manifestations de "millions" de personnes contre le "coup d'Etat" des militaires, les Frères ont mobilisé tout au plus quelques milliers de partisans.
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Avant le début de la répression mi-août, les pro-Morsi rassemblaient des dizaines, voire des centaines de milliers de manifestants au Caire et dans les autres grandes villes.
Le pays est sous état d'urgence et les grandes villes sont truffées de chars de l'armée et de barrages. Signe d'apaisement, le couvre-feu imposé au Caire et dans treize provinces a été raccourci de deux heures samedi.