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    La Licra demande l'inéligibilité des élus condamnés pour délits racistes

    publié le 23/07/2013  
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    Les propos tenus par Gilles Bourdouleix ne constituent hélas qu'une marche de plus dans la surenchère de l'ignominie à laquelle certains hommes politiques nous ont habitué. Et c'est bien cette "accoutumance" à l'ignoble qui est, dans cette affaire, le plus grave.

    La Licra ne cesse, depuis des années, de mettre le monde politique face à ses responsabilités. Les écarts de langage, les insultes, les calomnies, les rumeurs, les propos  racistes et xénophobes tenus par une minorité agissante en mal de publicité et de vil racolage électoral, jettent le discrédit sur la classe politique tout entière. Veut-on en arriver à la mauvaise farce italienne qui conduit les électeurs à porter leurs suffrages sur un vieux clown populiste et raciste qui fait davantage peur que rire ?

    Comme si ses propos sur les gens du voyage n'étaient pas assez accablants, Gilles Bourdouleix nous inflige une défense pathétique. La reconnaissance de sa faute et ses excuses publiques auraient pu ouvrir le débat d'un élu local qui a "pété les plombs" sous la pression.  Au lieu de cela, il oppose des dénégations grotesques, dignes d'un petit délinquant de droit commun pris en flagrant délit. Ce faisant, Gilles Bourdouleix manque au devoir le plus élémentaire d'un élu : celui de l'exemplarité. Et ce nouvel avatar montre qu'aucun parti n'est à l'abri.

     

    A moins d'un an de deux échéances électorales majeures, la Licra lance un nouvel appel  solennel : celles et ceux qui tiennent des propos contraires aux valeurs de la république doivent être évincés de la scène politique. Les partis doivent y veiller sans faiblesse.

     

    La Licra demande que cette règle élémentaire soit gravée dans le marbre de la loi, en prévoyant des peines complémentaires d'inéligibilité contre les élus condamnés pour des délits à caractère raciste et antisémite. Cette sanction sera d'autant plus forte qu'elle sera prononcée au nom du peuple français.
     

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    AfricADN, le business des tests génétiques

    LE MONDE | <time datetime="2013-06-26T19:50:17+02:00" itemprop="datePublished">26.06.2013 à 19h50</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-06-27T15:52:30+02:00" itemprop="dateModified">27.06.2013 à 15h52</time> |

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    <figure class="illustration_haut"> Barack Obama devait visiter jeudi l'île de Gorée, symbole de la traite négrière. </figure>

    Dans la petite foule qui débarque de la "chaloupe" de Dakar sous un soleil d'acier, on les distingue facilement des Sénégalais : smartphone dernier cri brandi pour tout photographier, sac à dos de touriste chargé d'eau minérale et surtout visage grave qui tranche avec la bonne humeur ambiante. A l'instar de Barack Obama qui, avec son épouse et leurs enfants, devait visiter, jeudi 27 juin, l'île symbole de la traite négrière, les Noirs américains abordent Gorée en pèlerins. Ces derniers jours, ils sont pourtant moins nombreux que les malabars à verres fumés et cheveux ras des services de sécurité américains venus inspecter les ruelles débordantes de bougainvillées que doit emprunter le président.

    Lire aussi l'article A Dakar, Barack Obama renoue avec l'Afrique

    "Certains visiteurs font des libations à leur arrivée. Ils forment un cercle et ferment les yeux, versent du lait et de la bière sur le sable, raconte un témoin sénégalais. Ils pensent être arrivés chez eux. C'est un moment d'intense émotion." Une émotion souvent partagée par les autochtones dans un mélange de respect et d'incompréhension. "Un jour, une Américaine m'est tombée dans les bras. Elle disait que j'étais le portrait de sa soeur et était persuadée que nous étions parents, raconte Kine Diop, une vendeuse de souvenirs de Gorée. Elle n'arrivait plus à me quitter. J'ai fini par pleurer avec elle." Thyonne Gordon, qui conduit le voyage pédagogique au Sénégal de vingt jeunes des quartiers difficiles de Los Angeles, insiste sur leur "immense fierté" : "Ils ont compris que nos ancêtres passés par ici ont ensuite contribué à construire les Etats-Unis."

    Sur le livre d'or de la Maison des esclaves, le clou absolu de la visite de l'île, Bridgit, une Noire américaine, a écrit en anglais : "Préservons ce monument qui nous rappelle que nous venons de si loin", avant d'assortir sa signature de la mention : "Africaine pour toujours."

    LES "BLACK HERITAGE TOURS" FONT FLORÈS EN AFRIQUE DE L'OUEST

    Le lieu, que Bill Clinton, George Bush, Jean Paul II ou Nelson Mandela ont honoré avant Barack Obama, a sans doute joué un rôle mineur dans la traite transatlantique, mais il a acquis une notoriété internationale grâce à l'éloquence de Joseph Ndiaye. Cet ancien combattant de la seconde guerre mondiale, qui a inspiré le film de Rachid Bouchareb Little Senegal, y fut conservateur et guide pendant quarante ans, jusqu'à sa mort en 2009. Il fit frémir des générations de touristes dans les ténèbres du couloir qui débouche directement sur l'Atlantique par une ouverture baptisée "porte du voyage sans retour".

    "Gorée a été érigée en mémorial au moment de l'indépendance, lorsque les discours magnifiaient l'unité africaine contre le colonialisme, explique l'historien Ibrahima Thioub, directeur du Centre africain de recherches sur les traites et l'esclavage de Dakar. Plutôt que de choisir un lieu situé à l'intérieur du pays, là où des élites africaines ont capturé des paysans pour les vendre, ce qui aurait affiché la fracture entre Africains, on a préféré Gorée, un lieu de "rencontre" avec les Européens, quitte à oublier que les esclaves ne tombaient pas du ciel."

    Un quart des 42 millions de Noirs américains d'aujourd'hui ont des ancêtres déportés depuis les côtes du Sénégal et de la Gambie. C'est dire l'importance que revêt l'Afrique de l'Ouest francophone pour le secteur du tourisme mémoriel américain – les "Black Heritage Tours" y font florès –, mais aussi pour les recherches généalogiques que des milliers d'Africains américains effectuent grâce à des tests ADN.

    Si beaucoup de Noirs sont partis à la recherche de leurs racines africaines dès la fin des années 1970 après le succès du feuilleton "Roots", les promesses affichées par la génétique ont transformé cet engouement en marché prospère et en phénomène de société dans un pays où presque chaque habitant vient d'ailleurs. Pour 100 à 900 dollars, des dizaines de sociétés exploitent cette obsession des origines. Il suffit de frotter un coton-tige dans sa cavité buccale, de l'expédier sous enveloppe par la poste, pour que Family Tree DNA ou 23andMe (en référence à nos 23 paires de chromosomes), après analyse, vous indique quel pourcentage de sang européen ou asiatique coule dans vos veines. Aux Africains américains, les mêmes firmes se font fort de préciser l'ethnie d'origine, à la fois en lignée maternelle et paternelle depuis cinq siècles.

    UNE MODE POPULARISÉE PAR LES STARS AFRO-AMÉRICAINES

    "L'esclavage avait systématiquement effacé cette connaissance. L'ADN élucide un mystère douloureux dont recherchaient le secret de façon obsessionnelle, celui de leur identité", s'enthousiasme Henry Louis Gates Jr, professeur à Harvard et célébrité des études afro-américaines. Soudain, nos ancêtres sortent de l'abstraction. Ils étaient ghanéens, nigérians, sénégalais, et nous pouvons enfin leur donner un visage !" Le professeur reconnaît en riant qu'il n'est "pas absolument objectif" pour parler des tests ADN parce qu'il est... actionnaire d'African DNA, une des sociétés qui les commercialisent. Mais en tant qu'universitaire, il estime que ces analyses génétiques "permettent aux Africains américains de renverser symboliquement" les stigmates de la traite en "renouant avec leur patrimoine africain".

    Henry Louis Gates est devenu un pape dans ce domaine en produisant la série télévisée "Finding Your Roots" diffusée sur la chaîne publique PBS. Chaque documentaire conduit le téléspectateur à la recherche des racines de célébrités. Regardée en 2012 par 24,9 millions d'Américains, elle a contribué à populariser la démarche. L'actrice Whoopi Goldberg y a découvert ses origines papels et bayotes, deux tribus bissau-guinéennes ; le cinéaste Spike Lee peut prétendre désormais que ses ancêtres vivaient au Cameroun et au Niger. Quant à l'animatrice Oprah Winfrey, très populaire en Afrique du Sud, on lui a trouvé une ascendance zouloue, avant que des historiens sud-africains rappellent que cette tribu n'avait probablement pas connu l'esclavage vers l'Amérique du Nord. Un test postérieur l'a prudemment rattachée au groupe ethnique Kpelle du Liberia.

    "Si tant de Noirs américains sont prêts à investir autant de ressources matérielles et symboliques pour se relier à un territoire, c'est que, plus d'un siècle après les abolitions, les sociétés n'ont toujours pas trouvé la thérapie pour guérir ce traumatisme", constate Ibrahima Thioub. L'historien sénégalais en a pris conscience lorsqu'une collègue noire de La Nouvelle-Orléans lui a confié un souvenir scolaire : tous les enfants se définissaient par leur origine – irlandaise, allemande, voire kényane si leurs parents avaient émigré – sauf elle, dont l'identité passait seulement par la couleur de sa peau.

    Pourtant, le professeur Thioub se dit "mal à l'aise devant pareille utilisation de la génétique en histoire". "Toutes les sociétés atlantiques – africaine, américaine ou européenne – sont des victoires du métissage, estime-t-il. En enfermant les gens dans des catégories, on nie cette réalité. Cela revient à prétendre que les Wolofs ou les Bretons ont été créés à côté des souris et des chameaux, une fois pour toutes, sans jamais subir de modification. C'est anti-darwinien !"

    Souvent critiqué sur ce point, Henry Louis Gates a une riposte toute prête : "Contrairement à ce que j'imaginais, les Africains américains sont moins intéressés par leur ascendance tribale que par leur degré de mélange ethnique. La complexité géographique de leur identité les fascine." Lui-même n'a-t-il pas appris qu'il était 50 % africain et 50 % européen ? "Nous avons établi qu'un tiers d'entre nous descend d'un homme blanc . Tout le monde est mélangé. Qui peut penser que le "gène" de la culture wolof se transmet ?"

     LES OBAMA ONT FAIT PARLER LEUR ADN

    Aux Etats-Unis même, la mode des tests ADN fait l'objet de vives critiques. Les témoignages faisant état de résultats aberrants rectifiés après saisine du service après-vente fleurissent sur l'Internet. "Les tests génétiques vendus directement aux consommateurs tombent dans un vide juridique et ne font pas l'objet de contrôles suffisants (...) pour assurer la qualité et l'interprétation des informations vendues", estiment un groupe d'universitaires dans la revue Science.

    Les tests consistent à comparer l'ADN des Afro-Américains avec celui contenu dans des bases de données génétiques recueillies en Afrique. La taille des échantillons est trop restreinte, et les filiations trop complexes pour pouvoir rattacher un individu à un groupe ethnique spécifique, arguent des scientifiques. Commandée par le marketing, la référence obligée à ces ethnies contribue à les figer, comme si ces ensembles humains étaient restés immuables au cours des siècles.

    Sans compter que le sentiment identitaire est loin de pouvoir se réduire à un diagnostic sorti d'une éprouvette. L'écrivaine américaine Saidiya Hartman, partie au Ghana à la recherche des ancêtres qui la hantaient, a raconté sa souffrance de ne pas pouvoir partager avec les Africains sa relation intime avec l'histoire de la traite. "Je ne me suis jamais autant senti américaine qu'au Ghana, a-t-elle rapporté. Les Ghanéens plaisantent à propos de l'esclavage. C'est incroyablement bizarre." Elle dit s'être libérée du "mythe de l'Afrique comme mère idéale".

    Personne ne sait, au-delà de l'extraordinaire symbole, quels sentiments animent le premier président américain noir et son épouse Michelle au moment où ils entreprennent, à leur tour, le pèlerinage de Gorée. Pour eux aussi, l'ADN conjugué à un travail d'archives a déjà parlé, révélant deux formidables histoires américaines : l'un des ancêtres de Michelle, côté maternel, est un mulâtre né de l'union, volontaire ou contrainte, d'une esclave noire et de son maître ou de l'un de ses fils.

    Quant à Barack Obama, d'origine kényane par son père et censé ne pas descendre d'une lignée d'esclaves, il compterait parmi ses ancêtres un certain John Punch, esclave rebelle ayant vécu en Virginie au XVIIe siècle. La société Ancestry.com qui, en juillet 2012, a affirmé l'avoir établi, n'a pas fait les choses à moitié : selon elle, John Punch serait un ascendant de Stanley Ann Dunham, la mère du président. Ainsi, Barack Obama serait issu d'un esclave noir par sa mère, une femme blanche.

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  • Vialatte veut "réparer" son tweet raciste

    Par Europe1.fr avec AFP

    Publié le 26 juin 2013 à 16h48 Mis à jour le 26 juin 2013 à 16h48

    Le député UMP Jean-Sébastien Vialatte, poursuivi pour "provocation à la haine raciale", a signé mercredi un "protocole de médiation" avec la Fondation du mémorial pour la traite des Noirs, en guise de "réparation" après un tweet raciste. Le 13 mai, lors des violences autour du sacre du PSG au Trocadéro, à Paris, Jean-Sébastien Vialatte avait écrit sur le réseau social Twitter : "Les casseurs sont sûrement des descendants d'esclaves, ils ont des excuses #Taubira va leur donner une compensation !" Le message avait provoqué un tollé général.

    Mercredi, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée, Jean-Sébastien Vialatte et le président de la Fondation du mémorial pour la traite des Noirs, Karfa Sira Diallo, ont signé un "protocole de médiation". Selon ce document, l'élu s'engage à "dénoncer des déclarations racisantes qui attaquent l'unité nationale" et "oeuvrer à la déconstruction des clichés racistes qui confondent 'population noire', 'descendants d'esclaves' et 'délinquants'", "organiser une exposition, dans le cadre du centenaire d'Aimé Césaire, sur la mémoire de l'esclavage et un colloque" le 5 octobre dans sa commune, et "initier un festival culturel annuel sur l'esclavage chaque 27 avril", date anniversaire de l'abolition de l'esclavage en France le 27 avril 1848.

    En conséquence, la fondation a retiré sa plainte pour "provocation à la haine raciale" déposée à Toulon. Mais le retrait de la plainte "n'éteint pas l'action publique", a rappelé Jean-Sébastien Vialatte, le procureur de Toulon (tout comme celui de Paris où une autre association a déposé une plainte similaire) pouvant décider de poursuivre malgré tout. L'élu a indiqué avoir signé ce protocole "parce (qu'il a) eu l'impression de blesser", "on est bien dans un protocole de réparation".


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  • Accueil > Signatures > Crise : le salut par le partage

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    Crise : le salut par le partage

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    <time datetime="2013-05-29T13:09:46" itemprop="dateCreated">Créé le 29-05-2013 à 13h09</time> - <time datetime="2013-05-29T15:23:46" itemprop="dateModified">Mis à jour à 15h23</time>

    Ce qui inspire une nation, c’est un espoir commun. Il n’y en aura pas aujourd’hui sans un fort message sur la répartition équitable des sacrifices.

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    François Hollande avec des habitants de Vernarey-les-Laumes en Bourgogne, sur le site d'Alesia, lors de sa dernière visite en province. (Sipa)

    François Hollande avec des habitants de Vernarey-les-Laumes en Bourgogne, sur le site d'Alesia, lors de sa dernière visite en province. (Sipa)

    1. Un espoir commun

    Pendant la guerre, Camus disait qu’il avait mal à l’Algérie. Nous pourrions dire aujourd’hui que nous avons mal à la France mais aussi à la gauche. Nous aurions raison, car l’une et l’autre ont profondément changé. Sondages et enquêtes, qui expriment désormais la seule vraie voix du peuple, nous confirment que les Français sont préoccupés par le chômage, l’avenir de leurs enfants, l’école, la sécurité et la santé. Et comme on leur demande en même temps de se prononcer en faveur de la transparence du patrimoine, ou du mariage gay, tandis que leurs représentants s’injurient, on ne peut pas dire qu’il leur soit facile de se réfugier dans l’espoir.

    Or c’est là l’essentiel de notre angoisse. Nos pères croyaient connaître leurs ennemis et avoir les moyens de les combattre. Depuis la perte de pouvoir et de prestige de l’Eglise, le discrédit du marxisme et la crise de l’école laïque, les refuges de l’espérance et du combat se sont évanouis.

    Alors que faire ? Les plus éminents de nos économistes, qu’ils se rejoignent ou s’opposent, doutent tous soit de l’efficacité des mesures envisageables, soit de la capacité de François Hollande à les appliquer. J’ai eu l’occasion, très jeune, de m’entretenir avec Pierre-Mendès France. Il était loin d’avoir, à cette époque, l’autorité intellectuelle dont il bénéficie aujourd’hui.

    Après les cours d’économie politique qu’il pouvait faire, souvent absconds mais qui le rendaient heureux, il finissait par dire : "A la fin des fins, si l’on veut faire le gouvernement du possible, pour lequel il faut s’adresser à la Nation en lui disant toute la vérité et toutes les obligations qui en découlent pour chacun, le principe doit être l’égalité absolue dans le partage des sacrifices". Il insistait sur le mot "partage" avec une ferveur quasi ecclésiastique. Tous ses amis financiers ont connu ce numéro et le redoutait. Cette notion de partage, et l’inspiration qui l’accompagne ne devraient pas faire peur au président actuel. Elles peuvent par exemple, l’aider à ne pas revenir sur sa décision de toucher aux paradis fiscaux. C’est le symbole des symboles. Une audace dans ce sens diviserait ses ennemis. Il faut dramatiser la crise pour donner du pathétique au partage.

    Reste un point que je voudrais souligner même s’il est délicat pour nous. Devant la tornade des polémiques, ce que je supporte le moins, ce ne sont pas les informateurs qui, très professionnellement, entendent nous montrer qu’ils sont étrangers à ce qu’ils relatent. Ils font leur métier et s’ils en faisaient moins, peut-être le leur reprocherait-on. En revanche, chez les commentateurs, on peut percevoir toutes les déclinaisons du ricanement et du désenchantement persifleur. Les Français en sont réduits à se gausser de leur déclin, à s’attendrir sur leurs échecs et à découvrir avec complaisance dans leur miroir le destin d’une chute qui leur avait semblé réservée à d’autres. L’humour est indispensable pour dé-solenniser le tragique et il ne faut pas que l’Etat se mêle de moraliser. Mais en revanche, il pourrait se passer de démoraliser parfois en laissant apparaître maladroites ou superflues les réformes qu’il propose. D’autant que dans ces cas-là, les étrangers, et surtout nos voisins, ne manquent pas de se montrer impitoyables.

    Aujourd’hui, on entend partout rejeter la France, immense réceptacle de l’incompétence, du désordre et des aveuglements qui caractérisent la construction européenne. Je ne sais pas ce qu’il va advenir de cette merveilleuse entreprise : en fait, la plus belle qu’un groupe de nations ait jamais inventée, sans être parvenu, il faut le dire, à la réaliser. Il y a eu des empires, des fédérations, des confédérations des rassemblements de tribus de toute sorte, mais il ne s’est jamais trouvé, si j’en crois mes amis historiens, un ensemble de nations qui choisissent librement et sans le moindre usage de la force, de construire une telle utopie.

    ***

    2. La postérité, cela existe

    La vie galope, elle s'envole même pour certains. Ils sont nombreux ceux qui nous ont quittés sans que nous ayons pu ou su les saluer comme il eût fallu. Stéphane Hessel, Antoine Weil, André Fontaine, Zao Wou Ki, Jean-Bertrand Pontalis, Walter Lewino et quelques autres. Pendant ce temps-là, d'autres renaissent. Eh bien oui, la postérité, cela existe. En tout cas, le beau livre de Christophe Prochasson sur François Furet est l’occasion d’une magnifique résurrection. Je n'ai pu encore lire cette biographie qui paraît à la fin d’avril, mais j'en ai profité pour relire certains des textes de François Furet que j'ai le plus aimés.

    Cet homme qui abhorrait la Terreur n'a parlé que de révolution. Il a illustré magnifiquement l'élégance du doute. Il faut relire son portrait de Robespierre, dont il détestait pourtant toutes les idées, après avoir lu celui qu’il a brossé d’Antoine Barnave, dont il partageait les prudences. Quel bonheur, en tout cas, de retrouver la présence de François Furet, notre ami, tout en regrettant, une fois encore, qu’une armée mandarinale continue de sous-estimer l’intérêt et l’apport d’un aspect de son œuvre qui a enrichi pendant des années les pages de notre journal.

     Jean Daniel - "Le Nouvel Observateur"


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    JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE

    JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE

    Publié le vendredi 3 mai 2013. Mis à jour le mardi 17 mai 2013.lien

    39 Prédateurs de la liberté de l’information recensés par RSF en 2013

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    A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières publie une liste de 39 Prédateurs de la liberté de l’information, chefs d’Etats, hommes politiques, chefs religieux, milices et organisations criminelles qui censurent, emprisonnent, enlèvent, torturent et parfois assassinent les journalistes et autres acteurs de l’information. Puissants, dangereux, violents, ces Prédateurs se considèrent au-dessus des lois.

    Ces prédateurs de la liberté de l’information sont responsables des pires exactions contre les médias et leurs représentants. Leurs actions sont de plus en plus efficaces : 2012 a été une année historiquement violente pour les acteurs de l’information, avec un nombre record de journalistes tués”, déplore Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. “La Journée mondiale de la liberté de la presse, instaurée à l’initiative de Reporters sans frontières, doit être l’occasion de rendre hommage à tous les journalistes, professionnels et amateurs, qui payent leur engagement de leur vie, leur intégrité physique ou leur liberté, et de dénoncer l’impunité dont bénéficient ces prédateurs.

    Cinq nouveaux prédateurs rejoignent la liste : le nouveau président chinois Xi Jinping, le groupe djihadiste Jabhat Al-Nosra en Syrie, les membres et partisans des Frères musulmans en Egypte, les groupes armés baloutches du Pakistan et les extrémistes religieux des Maldives. Quatre prédateurs ont disparu de la liste : l’ancien ministre somalien de l’Information et des Télécommunications, Abdulkadir Hussein Mohamed ; le président birman Thein Sein, dont le pays connaît une ouverture sans précédent, malgré une situation instable ; le groupe ETA, ainsi que les forces de sécurité du Hamas et de l’Autorité palestinienne, dont les exactions envers les médias sont en sensible diminution.

    Pour mieux dénoncer les Prédateurs, Reporters sans frontières formule des actes d’accusation étayés dans l’espoir que ces individus ou ces mouvances soient un jour forcés de rendre des comptes à la justice. Pour mettre en évidence le décalage entre leurs propagandes et la vérité, leurs assertions officielles sont confrontées aux faits. Pour démontrer leurs intentions profondes, Reporters sans frontières se met dans leurs têtes et présente leurs pensées au style direct, à la première personne. La transcription est librement établie par l’organisation, mais les faits invoqués conformes à la réalité.

    De nouveaux noms dans la liste des Prédateurs

    Un prédateur en remplace un autre : Xi Jinping reprend sans surprise la place de prédateur de l’ancien président chinois Hu Jintao. Le changement d’individu ne remet en rien en cause le système liberticide porté à bout de bras par le Parti communiste chinois.

    La liste des prédateurs subit elle aussi le contre-coup des printemps arabes et des mouvements de soulèvements populaires. Les membres et partisans du parti des Frères musulmans en Egypte se rendent responsables d’actes d’agressions, de pressions et de harcèlement envers les médias indépendants et les journalistes critiques du parti et du président Morsi.

    L’entrée de Jabhat Al-Nosra symbolise l’évolution du conflit syrien et le fait que les exactions ne sont plus du seul fait du régime, représenté dans la liste des prédateurs par Bashar Al-Assad, mais également de groupes armés de l’opposition, qui s’avèrent de plus en plus intolérants et suspicieux envers les médias. Du 15 mars 2011 au 3 mai 2013, au moins 23 journalistes et 58 citoyens-journalistes ont été tués en Syrie. A ce jour, 7 journalistes sont toujours portés disparus.

    Au Pakistan, les groupes armés Balochistan Liberation Army (BLA), Baluch Liberation Front (BLF) et Musallah Defa font du Balochistan l’une des régions les plus dangereuses au monde pour les journalistes. Ils ont instauré la terreur au sein des médias, assassiné des journalistes et créé des trous noirs de l’information. A noter que les services de renseignement pakistanais, également responsables d’exactions contre la presse, figurent déjà dans la liste des prédateurs.

    Aux Maldives, depuis la mutinerie militaire de 2012, qui a renversé le président Mohamed Nasheed, les groupes religieux extrémistes tentent d’user de leur force de nuisance pour étendre leur influence dans le pays. A l’approche des élections présidentielles de juillet 2013, ils durcissent leurs positions. Ils intimident les médias et les blogueurs et instrumentalisent la liberté d’expression pour imposer un agenda religieux en refusant que cette liberté soit étendue aux autres.

    Ces Prédateurs qui jouissent d’une intolérable impunité

    Les agressions et assassinats de journalistes se soldent généralement par une impunité totale des responsables. C’est pour les Prédateurs un encouragement à poursuivre les violations des droits de l’homme et de la liberté d’information. Les trente-quatre Prédateurs qui figuraient déjà sur la liste 2012 continuent de piétiner la liberté d’information dans le dédain le plus complet et l’indifférence générale.

    Les dirigeants des régimes dictatoriaux et des pays les plus fermés coulent des jours paisibles tandis que la presse et les acteurs de l’information étouffent ou ont été réduits au silence. C’est le cas de Kim Jong-un en Corée du Nord, Issaias Afeworki en Erythrée ou Gourbangouly Berdymoukhamedov au Turkmenistan. Pour ces pays, ainsi que pour le Bélarus, le Vietnam, et certaines dictatures d’Asie centrale (Ouzbékistan en tête), le silence de la communauté internationale est plus que coupable, il est complice. RSF appelle la communuté internationale à ne plus se cacher derrière les intérêts économiques et géopolitiques. Forts de leurs ressources naturelles, Ilham Aliev en Azerbaïdjan, et Noursoultan Nazarbaïev au Kazakhstan savent pertinemment que nul ne viendra leur taper trop fort sur les doigts. Les intérêts économiques passent avant tout, comme avec la Chine. Même scénario pour des Etats ‘stratégiques’ pour les pays occidentaux.

    Les deux prédateurs iraniens - le président Mahmoud Ahmadinejad et le Guide Suprême, l’Ayatollah Khamenei - ont déjà pris des mesures pour dissuader les médias d’assurer une couverture indépendante de l’élection présidentielle du 14 juin 2013. En témoignent les vagues d’arrestations de journalistes et détentions préventives qui se succèdent depuis le dimanche noir, 27 janvier 2013.

    Les organisations criminelles ou paramilitaires, souvent liées au narcotrafic - Zetas au Mexique, Urabeños en Colombie ou mafias italiennes - continuent de prendre pour cibles journalistes et médias jugés trop curieux, trop indépendants, souvent hostiles. Pays particulièrement meurtrier pour les journalistes, le Mexique en compte 86 tués et 17 disparus depuis 2000. Justice n’a été réellement rendue dans aucune de ces affaires.

    En Russie, un tour de vis répressif a été mis en place depuis le retour à la présidence de Vladimir Poutine, en réponse à une mobilisation sans précédent de l’opposition. Le pays reste marqué par l’impunité intolérable de nombreux assassins et agresseurs de journalistes. Pas moins de 29 journalistes ont été tués en lien direct avec leur activité professionnelle depuis l’année 2000, dont la journaliste Anna Politkoskaïa.

    Pourquoi les prédateurs échappent-ils à la justice ?

    La persistance d’un haut niveau d’impunité ne s’explique pas par l’existence d’un vide juridique. Des normes et des mécanismes existent pour protéger les journalistes dans l’exercice de leur profession. La protection des journalistes et autres acteurs médiatiques incombe en premier lieu aux États comme le rappelle la résolution 1738 relative à la sécurité des journalistes, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies en 2006. Pourtant, les Etats sont trop souvent défaillants, soit par manque de volonté politique de réprimer de telles exactions, soit parce que leur appareil judiciaire est inexistant ou affaibli, soit encore parce que les autorités sont responsables de ces exactions. La mise en place d’un mécanisme de contrôle du respect et du suivi de la résolution 1738 par les Etats membres des Nations unies, proposée par Reporters sans frontières, inciterait les Etats à adopter des dispositions pénales spécifiques incriminant les crimes, agressions et disparitions de journalistes, à étendre les obligations des États envers les acteurs de l’information non-professionnels et à renforcer leur lutte contre l’impunité.

    Au niveau international, la protection juridique des journalistes est également garantie par la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les Conventions de Genève entre autres textes. Les Nations unies ont récemment publié un Plan d’Action sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité.

    La mise en place d’une Cour pénale internationale n’a malheureusement pas fait progresser la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves contre les journalistes, malgré leur rôle fondamental d’information et d’alerte pendant les conflits armés internes et internationaux. La CPI n’est compétente que lorsque les faits ont lieu sur le territoire d’un Etat partie ou si la personne accusée du crime est ressortissant d’un Etat partie. En outre, le Statut de Rome (constitutif de la CPI) ne prévoit aucune incrimination spécifique des attaques délibérées contre les journalistes. Un amendement à l’article 8 est nécessaire pour que les attaques délibérées contre les professionnels des médias soient considérées comme un crime de guerre.

    (Lire à ce sujet notre note juridique)

    Ces personnalités et mouvements qui sortent de la liste des Prédateurs

    Abdulkadir Hussein Mohamed Surnommé "Jahweyn", cet homme politique somalien a quitté son poste de ministre de l’Information et des télécommunications. Son successeur ne semble pas directement responsable de pressions, d’intimidations ni d’exactions à l’encontre de la presse. L’exercice du métier d’informer reste certes très périlleux en Somalie (où 18 morts ont été recensés en 2012).

    Le président birman Thein Sein Au pouvoir depuis mars 2011, Thein Sein ne mérite plus le qualificatif de prédateur de la liberté de la presse. C’est sous sa présidence que la junte militaire a été dissoute et que tous les journalistes et blogueurs emprisonnés, y compris les 17 vidéo-journalistes de la Democratic Voice of Burma, ont été libérés. En 2012, la censure préalable a été abolie, nombre de médias en exil sont rentrés. Les premiers quotidiens privés sont parus début 2013.

    Les forces de sécurité du Hamas et de l’Autorité palestinienne Les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et celles du gouvernement du Hamas à Gaza sortent cette année de la liste des prédateurs. Le nombre de violations de la liberté de la presse qu’elles ont commises a considérablement diminué au cours des quatre dernières années. Toutefois, la situation de la liberté de l’information reste préoccupante, en Cisjordanie et à Gaza. Le gouvernement du Hamas a récemment interdit aux journalistes gazaouis toute collaboration avec des médias israéliens, et très nombreux sont les procès pour ’insulte à la personne du Président Mahmoud Abbas.

    ETA L’organisation a été retirée de la liste des Prédateurs en 2013. ETA a en effet annoncé en 2011 la “fin définitive de ses actions armées" et depuis n’a pas réalisé d’attentats contre des journalistes ou médias. Reporters sans frontières n’oublie naturellement pas les journalistes tués ou agressés par ETA et continue de demander que justice soit faite pour les actes commis. A l’avenir, RSF demeurera extrêmement vigilante, attentive au moindre indice de menace contre la liberté de la presse dont se rendrait coupable ETA.


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